L’essai du nouveau Suzuki S-Cross à la montagne : en 2 roues et surtout en 4 roues motrices !
Suzuki S-Cross et S-Cross AllGrip
27 090 €
30 690 € et 34 190 €
1,4 l Boosterjet Hybrid
Essence
129 ch
235 Nm
Manuelle ou automatique à 6 rapports
Traction ou 4x4
On ne préfère pas savoir (9,5 secondes ou 10,2 secondes)
On sait que non
4,30 m
1,79 m
1,58 m
1 195 kg ou 1 310 kg
47 l
400 km
7,2 l / 100 km ou 9 l / 100 km (en y allant fort dans la neige et dans les montées avec les palettes !)
119 g ou 139 g
7 CV
En France et en 2021, les ventes de SUV représentaient 40 % du marché automobile français. Quoi de plus logique pour Suzuki que de proposer un nouveau S-Cross avec des déclinaisons en 2 et 4 roues motrices. Pour cela, la marque nipponne (ni mauvaise, comme ça, c’est fait) a convié des dizaines de journalistes/blogueurs à Val Cenis, une belle station des Alpes. Au programme, plusieurs versions du SUV familial à l’essai sur des routes dénivelées et enneigés :
- 2 roues motrices et boîte manuelle,
- 4 roues motrices et boîte automatique,
- 4 roues motrices et boîte manuelle.
- Et un bonus mais c’est secret pour l’instant.
Le Suzuki S-Cross existe depuis 2013 avec un restylage en 2016. S’il était plus proche d’un crossover auparavant, cette nouvelle version de 2021 s’apparente bien à un SUV avec un design renforcé en largeur et des lignes plus horizontales. Il fait face notamment au Toyota CH-R, au Hyundai Niro, au Volkswagen T-Roc et surtout au Dacia Duster 4×4.
Le contexte de l’essai
On va commencer par le contexte de l’essai. Classiquement (dit le mec qui fait ça à peine depuis quelques mois), j’ai le luxe d’avoir un véhicule prêté pendant une semaine. De quoi largement tester toutes les situations de conduite. De quoi surtout prendre le temps nécessaire pour tout fouiller et tout essayer. Le luxe, on a dit. Ici, avec la nouvelle Suzuki S-Cross, c’est quelques heures. Un peu comme pour le Captur E-Tech. Sauf que c’est à la montagne et pas en vallée de Chevreuse. Bien qu’il existe aussi des vallées en Savoie. Revenons au contexte : deux jours d’essais parfaitement organisés par l’équipe communication/relation presse de Suzuki que je remercie ici pour leur accueil chaleureux.
On prend un TGV à Paris et 3h plus tard, on arrive à Grenoble. Jusqu’ici tout va bien. Là, on rencontre la fine fleur de la presse automobile et les fins limiers des blogueurs. Grâce à Twitter, je connais déjà (virtuellement) une grande partie des participants. Ensuite, c’est comme avec Tinder, les physiques ne correspondent pas toujours aux photos. Heureusement, le projet est bien de partager une voiture plutôt qu’un lit. Et à ce petit jeu, j’ai eu la grande chance de passer deux jours avec Thomas de Crank. Un mec rodé aux opérations des constructeurs. Un essayeur particulièrement sympathique et agréable à vivre en bagnole. Pourquoi je raconte tout ça ? Parce que ça aura de l’importance dans la suite de l’article.
La Suzuki S-Cross en 2 roues motrices et boite manuelle
Dans le pool des voitures et surtout des configurations disponibles, Thomas a demandé la S-Cross en « energetic red », qu’on peut traduire légitiment par « rouge énergique ». Son idée étant de faire ressortir, en photos, le physique du véhicule dans des paysages enneigés. Je vous avais dit que ce nouveau camarade aurait de l’importance. Aussi, c’est donc un départ avec une 2 roues motrices. On va tuer le suspense immédiatement : si vous voulez une Suzuki S-Cross, prenez la 4 roues motrices. Sans hésitation. Faudra être un peu patient pour en connaître les raisons.
L’habitacle et la vie à bord de la S-Cross
Pour cette première partie, c’est Thomas qui pilote. En gardant sa culotte. La situation parfaite pour prendre le temps de regarder et d’analyser l’habitacle. Plastique party. Un grand classique de Suzuki. La nouvelle S-Cross ne fait donc pas exception à la règle. Ambiance dure au visuel. Ambiance dure au toucher. Les boutons apparaissent aussi peu chatoyants. La bonne surprise provient des sièges. Un mix de cuir et de tissu. Plutôt agréables sous la main et plutôt confortables sous les fesses. Cela se confirmera durant les deux jours.
L’autre bonne surprise semblait venir de l’écran 9 pouces. Une taille pertinente qui s’amalgame habilement au côté du tableau de bord. Les couleurs donnaient presque envie d’utiliser le GPS natif. Mais évidemment, ça ne vaut toujours pas un Google Maps ou un Waze en terme de précision et de facilité d’utilisation. Les icones sont bien trop nombreuses et surtout bien peu intuitives. Certes, tout le monde ne peut pas faire du Apple. Et certes encore, il faudrait prendre un peu plus de temps à l’usage pour juger. Toutefois, les menus de l’ordinateur ne sont pas bien agencés et quelques paramètres sont au bout du monde des dossiers comme celui de faire taire la voix du GPS.
Le bon point provient des données de consommation. Elles apparaissent rapidement et lisiblement. Du côté de la connexion à Android Auto, elle s’opère classiquement avec un câble, sans difficulté. Son usage reste aisé. Le son, via des musiques sur Spotify, est de qualité. Pour les possesseurs d’iPhone, ça sera une connexion sans fil à Apple CarPlay.
La finition Style
La S-Cross en finition « Style » (la plus haute de la gamme) se voit dotée notamment d’un énorme toit panoramique et ouvrant. S’ouvrant quasiment complètement ! Et non sur un unique pan comme souvent. Cela donne évidemment une quantité de lumière bien appréciable. Le coffre de 430 litres offre l’espace attendu pour une familiale. De plus, une trappe permet d’y glisser une chemise repassée. Ou d’autres choses relativement plates dans cet espace qu’on pourrait nommer « sous-coffre ». La banquette arrière s’incline en 2 positions, soit pour plus de place aux jambes, soit pour ajouter 10 litres de volume au coffre. Les sièges donnent l’impression de confort pour les passagers sachant que j’ai complétement oublié de les tester. Par contre, je n’ai pas oublié de prendre le volant !
La conduite du Suzuki S-Cross
« Un SUV, c’est lourd et ça tangue ! ». Chez Suzuki, un SUV, c’est relativement léger (comme tous les modèles de la marque japonaise) et ça prend du roulis. C’est presque instantané, dès le premier virage un peu serré ou un peu rapide. La direction est légère et donne peu de ressenti sauf celui d’un manque d’appui. Le châssis est embarqué par le haut du véhicule comme si son centre de gravité n’était pas suffisamment encré. Attention toutefois, la voiture est chaussée en pneus neige. C’est à prendre en compte pour la tenue de route sur voies bitumées et parfaitement sèches. Son rayon de braquage est de 10,4 m soit dans la moyenne de la catégorie.
Le moteur légèrement hybridé
La Suzuki S-Cross est motorisée par le 1,4 l Boosterjet Hybrid de 129 ch, bien connu chez Honnited avec la Swift Sport. Pour faire simple, il s’agit d’une micro hybridation de 48 V qui aide la voiture dans des phases bien spécifiques : au démarrage, au ralenti (à moins de 80 km/h) et en apport de couple pour la booster. Sur ce dernier point, non. Rien ne booste ce moteur sur la S-Cross. Vous l’avez bien compris, on ne battra pas les records du Fuji Speedway. Oui, on sait ! Ce n’est pas fait pour ! C’est pour rouler gentiment en famille et en toute fiabilité.
Quand j’ai dit à un membre du service relations publiques et presse de Suzuki que je l’avais poussé dans les tours pour voir le résultat, il a pris sur lui pour me répondre gentiment que le couple maximal de 235 Nm se situait vers 2 500 tr/min. Donc j’étais sympathique avec mes 4 500 tours mais ça ne servait à rien. Le lendemain, armé de son précieux conseil, j’ai pu expérimenter la réalité mécanique en changeant de rapport au meilleur moment. Alors, je n’ai pas doublé de Porsche 911 ainsi mais c’était bien plus efficient.
Le levier de vitesses est confortable et la boîte relativement précise avec ses 6 vitesses. Je dirais dans la moyenne haute. Toutefois, elle n’apparait pas facilement étagée au début. Il faut comprendre que les 129 ch sont montés sur un SUV de 1 195 kg. Une nouvelle fois, on ne pourra pas faire la course aux feux rouges. Sur ce trajet de 160 km pour monter à la station de Val-Cenis, la consommation aura été de 7,3 l / 100 km. Assez élevée finalement mais à prendre en compte avec cette ascension. Le trajet retour en descente donnera 6,3 l / 100 km. Une moyenne de 7 l apparaît vraisemblable. L’autoroute révèle le plus gros défaut du S-Cross : sa mauvaise insonorisation. Elle est déjà perceptible en ville et à moyenne vitesse, mais à 130 km/h, ça en devient bien trop bruyant. Les bruits d’air sont permanents.
La Suzuki S-Cross en 4 roues motrices et boîte automatique
Nouvelle journée et nouvelle version : la S-Cross en 4 roues motrices et boîte automatique. Après une mauvaise expérience chez Mazda, je craignais ce même écueil japonais. Il n’en est rien. Cette boîte automatique à 6 rapports facilite une conduite fluide. Vous pouvez toutefois vous amuser avec des palettes au volant sans bénéficier, pour autant, de relance. Dès lors, ça règle la question de monter dans les tours et du changement de rapport. Elle le fait quand il faut, surtout avec un pied léger.
En parlant de poids, on passe donc de 1 195 à 1 310 kg. Pour plusieurs collègues, le gap est conséquent et ils vont probablement conseiller la plus fluette des versions. A l’inverse, pour moi, c’est bien elle à privilégier. Perdu pour perdu (en agrément de conduite), autant prendre du confort. Il faudra aussi prendre du crédit supplémentaire à la banque car le surcoût de la boîte auto est de 1 500 €. C’est beaucoup. D’autant que les consommations seront aussi surélevées. A voir dans les calculs entre facilité et budget.
S-Cross AllGrip : Le plaisir du snow !
On arrive (enfin) à la qualité principale de ce nouveau S-Cross ! Le All Grip, sa dénomination commerciale pour 4×4. Suzuki double ses ventes en Rhône-Alpes et dans les Pyrénées par rapport à sa moyenne régionale. Y a pas de secret dans la vie. Quand tu proposes un véhicule 4×4 à un bon rapport qualité/prix, ça se vend. Et on les comprend. Il n’est cependant pas question de franchissement et de grimper aux arbres. Pour ça, il faut acheter le Jimny. Il est question ici de rouler en toute sécurité sur des routes enneigés et/ou verglacées.
La version 4×4 propose la système « AllGrip Select ». Une molette en bas du levier de vitesses qui permet de sélectionner son mode :
- Auto : une priorisation des roues avant (traction veut dire aussi moins de consommations d’essence) pour économiser.
- Snow : mon préférée et on va en reparler.
- Sport : aucun intérêt donc on ne va pas l’évoquer.
- Lock : quand t’es bloqué et heureusement, je n’ai pas eu à l’utiliser.
Le mode « snow » privilégie les 4 roues motrices. Le mode idoine pour rouler sous la pluie et la neige. Nous avons eu la chance d’avoir un temps fabuleux donc sans route mouillée. Cependant, nous avons cherché des routes pleines de neige et parfois aussi de verglas. Les genres de routes qui te font serrer très fort les fesses quand t’y aventures avec ta voiture 2 roues motrices non-équipée de pneus neige. Avec la S-Cross AllGrip, quelle facilité ! On sent que le constructeur d’Hamamatsu connaît son sujet. Même un débutant (comme moi) arrive à manœuvrer dans 20 cm de neige. La conduite est aisée sur routes glacées en y allant doucement mais sûrement.
Les aides à la conduite
Suzuki a une grande qualité : l’offre minimaliste de versions et d’options dans sa gamme ! De base, avec la finition « Avantage », vous avez déjà les principaux équipements qu’il vous faut. La finition « Privilège » vous donne du confort et la « Style » offre la totale. Sauf le chargeur à induction tant regretté par Thomas, mon acolyte des deux journées. Une seule option au catalogue : la peinture métallisée à 590 €.
Les aides à la conduite apparaissent dès la version « privilège » et la caméra 360° en version « style ». J’ai apprécié cette caméra de stationnement sur le bel écran. Elle vient et part au bon moment. Pour le reste, tout est perfectible. Notamment les « bip bip » des piétons traversant devant. Et encore « les bip bip » quand on se rabat (avec clignotant) indiquant une présence (relativement lointaine) dans l’angle mort. Le pire étant le régulateur de vitesse adaptatif. Il freine beaucoup trop fort et beaucoup trop tôt (même avec le réglage a minima) et surtout, continuer de freiner quand l’automobiliste devant change de voie. Sans parler du message d’alerte « attention louvoiement » quand on n’a pas une trajectoire parfaitement rectiligne.
Le style de la Suzuki S-Cross
Comme chacun sait dorénavant, l’esthétisme, c’est propre à chacun. Eh bien, à mon goût, la S-Cross ne m’a pas plu. Il n’est pas question de dénigrer le style des SUV car j’y suis souvent favorablement sensible. Pour autant, à part la calandre laquée, dont notamment les feux avant, et les jantes ; ce n’est pas la fête de l’harmonie. Aussi, j’ai décidé de partager des photos à mes amies. Un bon moyen d’exploiter des mères de familles respectables pour utiliser leurs retours (gratuitement) ici.
La plus complète aura été Chloé qui m’indique « aimer l’allure rassurante, le sentiment de fiabilité et de sécurité ainsi que l’espace dans l’habitacle ». Elle s’y voit parfaitement avec ses deux enfants et imagine les aides pour stationner facilement. La plus aidante (non) aura été Angélik disant que c’est une « voiture quoi, quelconque de face mais pas vilaine du tout de dos ». Pour Pauline, c’est l’inverse. Elle préfère l’avant. Pour Alexandra, la S-Cross ressemble à un 3008 (sacré compliment) mais s’interroge sur l’aspect plastique du contour des roues. Pour Aïcha, ce n’est pas le physique qui compte mais la taille ! Enfin, le volume. Celui du coffre.
La conclusion de l’essai à la montagne du S-Cross
Vous l’aurez compris, cette Suzuki S-Cross n’a pas que des qualités. Le roulis, les bruits d’air et les plastiques apparaissent comme des défauts majeurs. Cependant, ils ne le seront sûrement pas pour tous les clients. Pour ne pas dire toutes les clientes. Il est fort probable que ce SUV familial soit genré. On retiendra surtout son intérêt et sa facilité d’utilisation en AllGrip, 4×4. Le fameux « héros local » dans les régions montagneuses. Malgré son malus de 300 €, c’est clairement la version à privilégier. Reste à choisir en boîte manuelle ou automatique. Les deux sont de bonnes qualités et c’est le budget qui aidera à se décider. Pour aider, Suzuki propose 3 500 € de remise pour le premier trimestre 2022 ! Il s’agira aussi de choisir entre les 8 couleurs proposées. Le Silky Silver est classique et discret.
Discret comme son allure générale. Même si durant l’essai, nous avons été interpellés par un sexagénaire du quartier disant : « c’est la nouvelle S-Cross ? J’aime bien la coupe. » Il l’avait repéré comme certains identifient une nouvelle Ferrari. Elle plaira sûrement à une majorité avec un rapport prix/équipement intéressant face à ses nombreux concurrents. Cependant, le Dacia Duster 4×4 tout équipé de 115 ch en boîte automatique est 7 000 € moins cher. Sauf qu’il est en diesel ! Bientôt interdit. De ce fait, le Suzuki S-Cross avec sa micro-hybridation et son mode AllGrip se positionne pertinemment sur le marché français.
Toutes les photos du Suzuki S-Cross
+ La version AllGrip et son mode "snow".
+ Les boîtes de vitesses.
+ Le confort des sièges.
- L'insonorisation et les bruits d'air.
- Le roulis dans certains virages.
- Le plastique dans l'habitacle.