L’essai de la Hyundai Bayon (micro-hybridée) qui ne nous prend pas pour des jambons !Environ 13 minutes de lecture
Hyundai Bayon
18 150 €
23 500 €
3 cylindres d'1 l avec hybridation légère de 48V
Essence
100 ch
172 Nm
Manuelle à 6 rapports
Traction
10,7 secondes
Faut pas abuser non plus
4,18 m
1,78 m
1,50 m
2,58 m
1 195 kg
40
300 km
6,5 l
118 g
5 CV
Le Bayon, SUV compact micro-hybridé de Hyundai, se teste sur des magnifiques routes basques et notamment à Bayonne !
Le Bayon à Bayonne
La vie est parfois simple. Quand le service relation presse de Hyundai nous propose un week-end en Bayon à Bayonne, il est de notre devoir d’accepter. C’est même indiqué dans la charte éditoriale d’Hoonited sous le commandement suivant « tout essai de bagnole doit comporter un jeu de mots ou une blague puérile. »
La vie est parfois faite d’a priori. (Oui, oui, ce n’est pas bien, tout ça, tout ça.) Je me disais que le Bayon serait un petit SUV sans intérêt avec de nombreux défauts mais qu’il m’offrirait le plaisir de rouler au Pays Basque. Région que j’affectionne énormément depuis ma majorité, souvenir des premières vacances en toute liberté. Surprise, le Hyundai Bayon a de l’intérêt et de nombreuses qualités ! Nous le verrons tout au long de ce papier.
La vie est une question d’opportunités. Le nom Bayon fait bien référence à la cité du jambon et écho à une ville européenne suffisamment identifiée pour le comité exécutif marketing de la marque coréenne. Un véhicule destiné uniquement au marché continental. Comme ses pneus, on y reviendra. Dès lors, Hyundai continue de nommer certains de ses véhicules avec des agglomérations comme Tucson en Arizona et Kona à Hawaï. Vivement que le service relation presse nous recontacte pour ces modèles. Pour terminer, Hyundai se dit « Hyundé » et Bayon se prononce « Béyonne ». A l’américaine, comme Beyoncé. En moins sexy et moins pour les single ladies.
Le physique de la Hyundai Bayon
Vous la voyez venir la transition grossière sur le physique d’une chanteuse avec le physique d’une bagnole dont l’intérêt provient de son arrière ? La voilà. J’aime bien la poupe du Bayon. Avec ses énormes feux en boomerang et sa ligne de toit coupée à la moitié du coffre. Cela m’apparaît finalement comme le seul attrait esthétique favorable à ce SUV compact. Il faut dire qu’ils se ressemblent beaucoup dans ce segment. Notamment de profil, ils ont tous le même.
La différence se fait à chaque fois sur la signature lumineuse et sur les arrêtes des flancs. Je bluffe un peu quand je raconte tout ça car mes connaissances en design automobile sont égales à celles en mécanique. [Quel escroc ce mec qui écrit sur des bagnoles.] Pour autant, je peux vous parler de mes goûts. Et mes goûts ne sont pas favorables à la face avant du Bayon. Surtout la partie haute avec les phares au dessin bien trop fin. Identiques au facelift (le terme marketing pour parler de lifting) du Kona électrique.
Par contre, sa calandre noire laquée similaire au Tucson me convient davantage. Les jantes de 17 pouces donnent une impression de déjà-vu. Toujours la même histoire avec les goûts et les couleurs. Justement la couleur, ce « Intense Blue » qu’on peut traduire aisément par « bleu intense » commence à me lasser. Pourtant, ce fut mon choix alors qu’Yvaneck souhaitait le « Mangrove Green ». Qui est Yvaneck ? Pour le savoir, il faudra lire le prochain paragraphe. Hey ouais, comme les Américains avec leur cliffhanger, on sait générer du suspense chez Hoonited.
Les conditions de l’essai avec Hyundai
Départ d’Orly et arrivée à Pau. Pas en Bayon, en avion. Je rencontre de nouveaux collègues et j’en retrouve d’autres. Ici, le nouveau copain s’appelle Yvaneck, le directeur d’Automotivpress et donc l’ami et patron de Philou. Mais si, Philippe qui roule en Elise S1. Une bande de vieux pilotes expérimentés qui partagent l’amour des Lotus avec une 111S pour Yvan (son surnom). Celui-ci me propose un compagnonnage durant le week-end que j’accepte immédiatement. (Aussi présent, Thomas de Crank, mon premier amour rencontré lors de l’essai du Suzuki S-Cross, se consola rapidement avec Mathias de Blog-Moteur en binôme.) Pour apprendre à se connaître, rien ne vaut des heures dans une voiture pour taper la discussion et appuyer sur le champignon. On le verra prochainement. C’est donc parti pour plusieurs étapes dans les Pyrénées basques.
Premières impressions à l’intérieur du Bayon
Les a priori, toujours eux. Je pensais bien tomber sur des plastiques durs et bas de gamme. Des plastiques, oui. Cependant, tout à fait acceptables et corrects. Le dessin de la planche de bord amène à poser les yeux sur l’écran central de 10,25 pouces et des boutons (physiques !) exhaustifs de climatisation dont mon préféré : « off ». Au programme, pas de bi-zone mais des réglages de température et de puissance via deux lames épaisses plutôt pertinentes. De quoi garder le regard sur la route. Contrairement aux menus/réglages qui demandent une science du classement et des sous-dossiers pour atteindre son objectif. Parfois, sans succès, malgré plusieurs tentatives, comme la désactivation du « bip » insupportable à chaque pression de la dalle. Ecran pas des plus tactiles et il faut parfois s’y reprendre à deux fois. Les compteurs sont numériques et appréciables après un petit temps d’adaptation pour trouver sa configuration favorite.
Il est à noter qu’il faille débrayer et freiner pour démarrer. Ceinture et bretelles. Yvan m’explique que l’usage vient des normes de sécurité américaines. Toujours elles. Les constructeurs asiatiques étant particulièrement présents sur le nouveau continent, ils ont gardé ce fonctionnement.
La motorisation coréenne
Les a priori, encore et toujours eux. Je pensais râler contre ce 3 cylindres d’à peine 100 chevaux. J’avais déjà préparé ma formule : un moteur de tracteur avec une puissance insuffisante !
Terrible amalgame (pour ne pas dire racisme) entre Japonaises et Coréennes. Si le 3 cylindres Suzuki ne fait pas regretter à Beethoven d’être sourd, celui de Hyundai se défend par une sonorité présente, surtout sur les premiers rapports et jusqu’à 40 km/h, mais cependant acceptable. Le point de patinage paraît un peu haut ce qui entraine une prise en main pied désordonnée et hésitante. Dès le lendemain, l’adaptation se fait.
La micro-hybridation récupère de l’énergie au freinage et fournit de la puissance à la batterie de 48V pour le système électrique de la voiture. Aussi, les 100 ch s’utilisent entièrement pour mouvoir le Bayon. L’intérêt premier de cette hybridation légère se constate au niveau des grammes de CO2. Aujourd’hui, le meilleur moyen pour sauver les ours polaires échapper au malus écologique. A l’usage, c’est indolore. Sauf pour la partie « roue libre » qui s’affiche lors des descentes ou des décélérations.
La conduite de la Hyundai Bayon
Dans une volonté de rouler tranquillement pour évaluer la consommation, le comportement routier du Bayon s’avère aisé. Résultat aux alentours de 6,5 l / 100 km pour un parcours mixte et vallonnée de 80 km. En mode « éco » et « confort », le compteur indique de passer les rapports quasi immédiatement pour se retrouver en 6ème dès 55 km/h. Cela permet évidemment des gains d’essence pour diminuer le régime moteur. Impossible à respecter lors de dénivelés positifs.
Autre désagrément bien plus rédhibitoire : « l’assistant de voie ». Dans des lacets montagneux, sans aucune circulation, le respect scrupuleux de sa voie n’offre pas la possibilité de tester les limites du véhicule. Dès lors, un affreux son résonne à chaque franchissement de voie. Il faut se rendre dans les menus pour déconnecter cette « aide » à la conduite et recommencer cette opération à chaque redémarrage du Bayon. Insupportable. Même en ville. On peut toutefois se réconforter en disant que c’est exactement même problème sur une Audi RS 6 Avant à 174 825 €.
Les deux premières impressions sur le confort persisteront par la suite :
- La dureté des sièges. S’ils apparaissent confortables au contact initial avec un dessin du tissa sympa, ma cage thoracique a peu goûté la finesse des flancs et leur rigidité.
- La suspension et c’est le gros point de discorde avec les nouveaux copains ! De nos échanges, la majorité louait la qualité des suspensions dont notamment Flow. Alors qu’avec Yvaneck, on se sentait secoués à la moindre imperfection de la chaussée. Plus la conduite était coulée, plus la sensation était présente.
La conduite sportive (si, si !) du Bayon
Une chose à savoir si vous laissez le volant à Yvaneck : il s’endort à moins de 3 000 tours/min. Dès lors, sa prise en main du Bayon s’effectua avec une conduite plus que dynamique. A mon sens, il malmena emmena la bagnole comme aucun possesseur de SUV compact le fera. Et là, une folie des performances. On se calme, le Bayon n’est pas devenu une 992 GT3. Pour autant, la boîte, le moteur, les freins ainsi que le châssis démontraient une efficacité et une sécurité incroyable pour cette gamme de véhicule. Bien aidés aussi par des super pneus Continental Eco Contact 6 (notés A et A) qui assuraient une tenue de route parfaite malgré une chaussée humide.
On se calme toujours, avec 100 ch à 4 000 tours/min, il n’était pas question de s’inscrire au rallye Monte-Carlo. Pour les montées dans les Pyrénées-Atlantiques, un bon fond de 3ème des familles donnait l’énergie nécessaire pour grimper sans difficulté et surtout sans aucun roulis. Une particularité incroyable pour un SUV. De plus, en mode sport, surprise de constater un « rev matching ». La blague pour un moteur 1 l. Sorte de talon-pointe électronique qui donne la consigne de synchroniser le moteur avec l’arbre de sortie pour réaliser des rétrogradages plus performants. Autre blague, la suspension ! Plus aucun problème avec un rythme sportif et maitrisé. Comme si le châssis prenait le dessus sur les suspensions/amortisseurs. Châssis extrêmement sain au point de ne jamais (ou presque) déclencher l’ABS ou l’ESP.
L’histoire de la marque Hyundai
Continuons sur le châssis avec le conglomérat Hyundai aux 270 000 salariés. Père Novichock, raconte-nous une histoire. Après trois ans de guerre qui scindait la péninsule asiatique en République populaire démocratique de Corée (Corée-du-Nord) et en République de Corée (Corée-du-Sud), il fallut reconstruire les pays. Dès 1953, Hyundai Steel devient la première entreprise sidérurgique sud-coréenne et Hyundai le premier armateur de bateaux industriels au monde.
Aujourd’hui encore, l’acier des voitures est produit par cette société qui a développé des activités du BTP avec des ports, des ponts et des routes. Cette logistique offre une indépendance forte pour un constructeur automobile présent en France depuis 30 ans. Cela ne l’empêche pas d’avoir 6 mois de délais pour certains modèles. Ce qui reste toujours moins que les 18 mois d’attente pour quelques versions premium germaniques.
Hyundai investit dans de nombreuses technologies comme pour le rachat de Boston Dynamics avec des projets de camions à hydrogène, de mobilité aérienne, de robotique industriel et de robotaxi pour 2023 avec l’obsession d’être toujours à la pointe.
Le quotidien en Bayon
Un quotidien relativement agréable dans ce SUV compact qui consomme 6 l aux 100 dans une configuration de routes mixtes et une conduite classique. Les vrais écoconducteurs pourront probablement descendre à 5,5 litres. La boîte manuelle s’étage correctement avec l’écueil intrinsèque d’un inconfort dans les bouchons urbains à garder constamment (ou presque) le pied sur la pédale d’embrayage. Si le 3 cylindres s’entend jusqu’à 40 km/h, l’insonorisation est bonne jusqu’à 90 km/h. Après, des bruits d’air apparaissent fortement causés probablement par les (gros) rétroviseurs extérieurs. A tendre l’oreille dans l’habitacle, j’ai complètement oublié de tester la sono.
Son volume de coffre de 411 litres donne un espace adapté pour des trajets familiaux ou des vacances en amoureux bien chargées. Pour les places arrière, l’accès se fait correctement avec une excellente garde au toit où un @Vtyok d’1m87 peut conserver sa casquette sans gêne.
La caméra de recul s’active aussi en roulant et devient un rétroviseur intérieur !
Le GPS n’a pas été testé. Comme souvent, navigation préférée avec Audroid Auto et Google Maps pour les trajets. La conduite autonome de niveau 2 (sur 5) étant réservé au Kona, le SUV compact plus premium de Hyundai, on ne regrette pas l’absence de ces nouvelles technologies surtout au prix proposé.
Le prix de la Hyundai Bayon en conclusion
A 25 300 € pour cette finition « Creative » avec l’équipement nécessaire dont l’option « toit et rétroviseurs contrastés Phantom Black » et des jantes de 17 pouces ; c’est clairement une offre pertinente. Sans parler de la garantie 5 ans. En « Executive », le haut de gamme avec système audio Bose et de nombreuses aides à la conduite (sans atteindre le niveau 2), c’est forcément avec une boite automatique à 27 900 €.
J’étais surpris que Hyundai mette à disposition la version Creative mais j’ai compris rapidement leur idée : c’est la meilleure rapport qualité/prix. A 1 800 € de moins d’un Kona (qui perd 50 l de coffre) et 2 300 € de plus qu’une petite i20, ce Bayon offre de nombreuses qualités pour le marché des SUV.
Ses défauts de confort limité, d’assistant de voie imposé et de bruits d’air sont largement compensés par les qualités du moteur, si petit soit-il, et de l’ensemble des éléments essentiels (châssis, pneus et freins) à la sécurité sur route. Enfin, le prix étant le nerf de la guerre, cette Hyundai Bayon devrait/pourrait remporter la bataille des SUV compact.
Toutes les photos de la Hyundai Bayon
+ Le moteur de 100 chevaux qui sont tous présents.
+ La comportement routier.
+ Le prix pour ce niveau de qualité.
- La fermeté des sièges et des suspensions.
- L’assistant de voie à désactiver lors du redémarrage.
- Les bruits d’air à partir de 90 km/h.