Jamais deux sans toi, Suzuki Jimny. Il s’agit bien du 3ème essai de l’iconique mini 4×4 japonais sur le site Hoonited. C’est beaucoup ? Oui. Pour autant, on fait comme on veut donc on n’allait pas se priver de l’essayer une nouvelle fois sachant que c’était une première pour moi.
Le contexte de l’essai
Le patron a deux frères. Tout comme le film, les Trois Frères sont drôles et sympathiques. Le rapport avec un Suzuki Jimny ? Lui aussi est drôle et sympathique mais le lien ne s’arrête pas là. En effet, les frérots organisent une sortie annuelle en tout-terrain dans l’Yonne. Rien d’aberrant donc à s’y rendre en Jimny puisqu’il est fait pour ça. De ce fait, nous avons sollicité Suzuki pour le prêt d’un Vitara dédié au patron et du plus mignon des mini-4×4 pour le débutant que je suis.
La sortie 4×4 dans l’Yonne en Suzuki Jimny
Rendez-vous samedi à 9h. Le temps de prendre un quatre cafés et un trois croissants puis c’est le moment d’enfiler ses potes bottes. Comme annoncé par @vtyok, la journée sera boueuse ou ne sera pas. Effectivement, en novembre dans l’Yonne, il pleut. De quoi rendre les terrains glissants. Toutefois, on échappe à la pluie mais pas au brouillard. Nous sommes six pour trois véhicules, soit un conducteur et son co-pilote. On notera qu’un co-pilote s’avère toujours utile dans la vie, surtout lors des passages compliqués. Les équipages sont constitués de la manière suivante : Alexi avec Olivier dans un Jeep Cherooke, Victor et Viacheslav (dit Slavik) avec le Suzuki Vitara et Anton et moi-même avec le Suzuki Jimny.
Le Suzuki Jimny
Cette partie sera probablement la moins originale de ma vingtaine d’essais sur Hoonited. Sans aucune surprise et sans aucune difficulté, le Jimny passe partout. Depuis 52 ans, il a vocation à être un petit 4×4 robuste et efficace. De ce fait, il est robuste et efficace. Avec une garde au sol de 21 cm, on sait déjà qu’on ne craint pas grand-chose pour se promener dans les bois. La sensation d’être au volant d’un camion s’affirme d’autant plus par la position de conduite, on y reviendra plus bas.
Dorénavant, c’est le moment de s’engager dans des voies non-carrossées ouvertes au public. J’avais quelques expériences dont une semaine à La Dominique avec une Chevrolet Cruze, vulgaire Ignis rebadgée, mais jamais avec le but spécifique de s’amuser entre copains en testant les capacités techniques et physiques de plusieurs véhicules tout-terrain. Immédiatement, je veux tester les limites du Jimny en deux roues motrices. Je trouve ça rigolo de faire du 4×4 en 4×2. Ça glisse mais ça passe. D’ailleurs, ça passe bien plus que mes prédictions ne l’envisageaient.
Pour autant, il fut nécessaire de passer aux choses sérieuses. Pour cela, on dirige son regard vers le second levier de vitesses, on débraye et on descend fermement d’un cran pour enclencher le mode 4×4 / «4H ». Rustique et charmant. On reprend le levier de vitesses principal et on continue tranquillement son chemin. Cependant, les rapports s’enchaînent sans fluidité à cause d’une boîte trop imprécise voire lâche. Vous voyez la boîte d’une Mazda MX-5 ? Bah ce n’est pas ça.
Le tout-terrain en Suzuki Jimny
Pour l’instant, tout le monde s’aventure gentiment et sereinement avec des projections de boue partout. Grâce aux buses surpuissantes du lave-glace, rien de plus facile que de nettoyer le pare-brise du Jimny. Idem pour les gouttières sur le toit qui amènent l’eau devant et non sur les vitres latérales pour garder une bonne visibilité suite au travail des essuie-glaces. C’est bientôt l’heure de la pause-café et des pains aux raisins. Pour information, il parait que dans l’est de la France, on parle de « schneck » pour nommer cette viennoiserie.
Reprenons notre récit pour engager la boîte courte afin de grimper une première épreuve. De nouveau, on reprend le second levier, on appuie dessus et on tombe sur 4L (comme « Low » qui veut dire « bas » normalement, mais là, ça veut dire « court »), ce qui nous permet d’optimiser la puissance des premiers rapports. Une nouvelle fois, la boîte accroche. Soit il faut y aller plus en douceur, soit plus brutalement. Sûrement un pli à prendre pour éviter de la faire couiner.
Le Suzuki Jimny adore la gadoue
Pour le reste et comme par magie, le Jimny monte. Les pneus ne semblent pas les plus cramponnés de l’histoire sauf qu’ils réussissent à transmettre la motricité au sol tout en adhérent aux champs. Même dans des ornières et dans la boue, le Jimny roule avec légèreté. On dira ce que l’on veut mais seulement 1 090 kg pour un 4×4, on le ressent.
Afin d’en profiter pleinement, il faut couper l’ESP. Pour cela, on reste appuyé longtemps sur un bouton. Et on recommence l’opération à chaque fois qu’on dépasse les 30 km/h car il se réactive automatiquement. La technique pour échapper à ces manipulations fastidieuses est de rouler avec la boîte courte. Là, le Jimny comprend qu’on est ici pour randonner sans assistance électronique. En parlant d’elle, il existe aussi une aide à la descente avec un bouton à engager pour que le véhicule freine à notre place dans les fortes descentes. Pas forcément nécessaire pour notre joyeux périple. Au final, la journée n’aura pas offert suffisamment d’entraves pour bousculer le Jimny. Contrairement à une utilisation quotidienne ?
Le Suzuki Jimny au quotidien
Comme annoncé, le Suzuki Jimny se faufile et se déploie sur tous les terrains. Finalement, comment se débrouille-t-il au quotidien, en région parisienne, sur des routes bitumées et congestionnées ? Plutôt mal. J’y vois une analogie avec la Mazda MX-5 RF. Est-il possible d’être spécifique et polyvalent ? Plutôt non. Va-t-on lui pardonner ? Plutôt oui.
C’était le principal enjeu de cet essai : tester un 4×4 durant une semaine avec de la ville, du péri-urbain et de l’autoroute. Il s’agit de la version « privilège », la seule disponible en France. Elle correspond à l’équipement pour un utilitaire. Sans écran pour Android Auto.
Ah oui, je ne vous avais pas dit, le Jimny est officiellement un utilitaire depuis début 2021. Le but étant bien évidemment d’éviter le malus qui aurait correspondu à plus de 10 000 € pour un véhicule vendu 22 000 €. Pour cela, Suzuki a fait sauter les ridicules places arrière et a installé une grille. Hop, magie de l’optimisation fiscale, le malus a disparu. Du fait de la réglementation évoluant chaque année, ce qui est écrit en décembre 2022 n’aura probablement plus de véracité dans quelques mois.
L’habitacle spartiate du Jimny
On monte dedans. Oui, on monte littéralement vu le gabarit de l’engin. Cependant, il est haut mais petit avec 3m65 de long et 1m65 de large. Probablement la recette de son charme. Contrairement à son habitacle vraiment sommaire. J’aime le luxe et c’est un mot que ne connait pas le Jimny. Lui, il connait le mot austère. Comme ses plastiques et sa présentation du tableau de bord. Et ses compteurs. Et ses boutons. Et ses leviers de vitesses. Et son autoradio complétement anachronique en 2022. Reste son volant qui rappelle celui de la Swift avec des touches supplémentaires pour la connectivité au Bluetooth/téléphone. Bizarrement, je trouve l’ensemble cohérent. Ça va être tout le problème de la suite : objectivement, pas terrible, subjectivement, très attachant.
Le confort ou l’inconfort ?
J’aime être bien installé quand je conduis. Enfin, j’aime être bien installé, tout court, dans la vie. Je pourrais même dire que je n’aime pas l’inconfort. De ce fait, je m’attache à avoir une bonne position de conduite dès que je prends le volant d’une nouvelle voiture. En baissant le siège au maximum, mesurant 1m85. Premier échec, il ne se règle pas en hauteur. Pas grave, je n’ai pas les yeux dans le pare-soleil. Je recule le siège, correctement rembourré, pour avoir de la place aux jambes. Tout va bien. Puis je veux incliner le dossier. Sans succès. Je force. Oui, c’est un principe chez moi. Je force et après je réfléchis. D’aucuns diraient que je suis un abruti. Donc comme la force ne fonctionne pas, je me retourne et je comprends que j’ai une putain de grille qui bloque mon siège. Je laisse tomber.
Après quatre jours, j’ai finalement un peu avancé mon siège pour réussir à légèrement l’incliner. Par contre, j’ai toujours eu l’impression de me déplacer avec deux rottweilers dans l’énorme coffre de 863 litres du fait de cette clôture métallique. J’ai souvent eu besoin de me retourner pour tout simplement m’attacher. Avec une ceinture à Perpète-lès-Oies. Quoiqu’il en soit, je suis content au volant de mon Jimny, comme un routier avec son beau camion.
La conduite du Suzuki Jimny
De toute ma vie, je n’ai jamais été malade en voiture, en bateau, en avion. C’est une chance. C’était avant de rouler avec un Jimny. Dès les premiers kilomètres sur le réseau secondaire, je me dis que c’est surprenant cette sensation. Presque barbouillé. L’impression que le 4×4 bascule d’avant en arrière et en diagonale de façon récurrente et alternative. Je découvre les fameuses suspensions. Parfaites pour le tout-terrain et catastrophiques pour la route.
Pourtant, soit on s’habitue à tout dans la vie, soit je l’aime vraiment beaucoup cette bagnole ; la gêne est passée pour laisser place au plaisir de la conduire. Contrairement au plaisir de manœuvrer. Le sentiment de ne pas avoir de direction assistée. Un soir dans une impasse, j’ai dû faire demi-tour. Il m’a fallu m’y prendre à plusieurs reprises. Un jeune de 20 ans passe devant mon capot et me regarde avec un grand sourire et le pouce levé. Je ne sais pas s’il adorait le Jimny ou s’il se foutait de ma gueule pour mes manœuvres laborieuses.
Il semblerait que le mot « roulis » ait été inventé pour le Jimny. Ça tangue tellement que j’ai pensé faire du deux roues sur le côté durant des centaines de mètres comme les mecs en Arabie Saoudite. Je n’étais vraiment pas loin d’essayer puis je me suis représenté la scène auprès de Suzuki France : « vous n’allez jamais me croire mais le Jimny a fait un bébé tonneau tout seul ».
Le moteur, sa consommation et la sono(risation)
Avec un moteur atmosphérique d’1,5 litres de cylindrée et 102 chevaux, le Jimny se voit doter d’une puissance suffisante pour du quotidien. On le redira pour la 102ème fois, plus on est léger, plus c’est facile d’avancer. Comme pour la Swift, je n’ai jamais été inquiet pour m’insérer ou doubler. Il faut toutefois appuyer sur le champignon. Le problème provient plutôt des consommations (8,5 l / 100 km durant mes 542 bornes) et notamment sur autoroute. On dépasse les 10 l / 100 km avec son physique carré et son aérodynamisme de réfrigérateur américain.
Il manque une 6ème vitesse pour descendre drastiquement les tours par minute et non stagner à 4 000. On atteint les limites de ce véhicule avec notamment le bruit du moteur qui transperce l’habitacle de part en part. Personne ne sera surpris si je dis que l’insonorisation est pourrie. Surtout après 100 km/h. Avant, c’est limite, mais c’est presque acceptable. On ne pourra pas compter sur la qualité de la sono pour couvrir les bruits d’air car elle est juste passable. Faut-il reparler de l’absence d’un écran pour Android Auto dans cette version sans option possible à part le choix des peintures ? Faut-il évoquer la nécessité de regarder un tuto pour connecter le Bluetooth ? Faut-il se plaindre du temps d’attente pour la mise en route de celui-ci ?
Les aides à la conduite
On trouve un régulateur et un limitateur mais sans compteurs digitaux pour définir la vitesse. Il faut se baser sur l’aiguille et la faire avancer au petit bonheur la chance. Pourtant, il existe l’information des vitesses autorisées entre les deux compteurs. Contrairement aux photos ci-dessous, c’était souvent erroné comme le logo indiquant 70 km/h alors que j’étais sur une autoroute.
Il manque un radar de recul à ce Jimny malgré la plutôt bonne visibilité pour se garer. Après, pas besoin de camera 360° pour éviter d’abimer les jantes noires de 15 pouces sur les trottoirs puisqu’elles sont en tôle et c’est parfait ainsi. L’alerte de franchissement de ligne se fait très discrète et de même pour l’alerte anti-collision qui ne se déclenche pas à proximité de chaque auto comme sur la Swift. Encore une différence avec les sièges chauffants qui ne brûlent pas le cul popotin.
En conclusion
Le Suzuki Jimny a un look remarquable pour ceux aimant les petits 4×4 mignons et colorés. Avec sa peinture métallisée so-color à 750 € (Kinetic Yellow – qui est Green – et son toit noir) en option, on trouve son bonheur immédiatement. Pour ses compétences de tout-terrain, là aussi, on sera comblé. Il reste donc à répondre au titre de cet article. Peut-on tout lui pardonner ? Oui, beaucoup de choses. Notamment son utilisation inadaptée après 100 km/h tant sur sa consommation que son absence d’insonorisation.
Donc pourquoi lui pardonner à lui et pas à la MX-5 RF ? Hein, c’est vrai ça, pourquoi cette injustice et ce traitement de faveur. Après de longues réflexions, la raison est simple : 22 440 €. À ce prix, on peut se permettre un manque de polyvalence vu ce qu’il donne en contrepartie. Pour les routes de montagne et pour les chemins de campagne, c’est définitivement un Suzuki Jimny que j’achèterais. En bleu, c’est lui que je veux.