Cette Toyota GR86 propose des aptitudes pour le plaisir de conduire et surtout pour la glisse complètement en décalage avec le marché actuel. Une voiture pour s’amuser régulièrement avec la plus grande des facilités. En d’autres termes : un sexcartoy.
Le contexte de l’essai
Toyota, ce constructeur généraliste, numéro 1 mondial en 2022, offre une incroyable variété dans sa gamme avec notamment 3 sportives (et bientôt 4), toutes badgées GR pour Gazoo Racing. Il s’agit de la branche compétition de la firme japonaise qui décline donc des versions pour la route comme la GR Supra, la GR Yaris, la GR86 et prochainement la GR Corolla.
Dans ma jeune vie d’essayeur, j’ai déjà eu la chance de prendre le volant de la Supra en janvier 2022 et tout récemment de la Yaris en juillet 2023. Jamais 2 sans 3 donc il me manquait la 86. Je vous spoile déjà la suite : j’ai beaucoup aimé. Un peu moins que la GR Supra car je préfère les GT puissantes et confortables mais beaucoup plus que la GR Yaris plaisante uniquement pour les pilotes expérimentés. La GR86 se classe donc 2ème des Toyota essayées et nous allons voir pourquoi.
Le physique de la Toyota GR86
Regardez-bien cette GR86. Vous trouvez que tout est normal ? Déjà la couleur. Vous la verrez passer chez les collègues uniquement en rouge. Et là, elle est bleue. Pas n’importe quel bleu. Le « bleu Cyan », dorénavant indisponible à la configuration. Comme la voiture, on y reviendra. De plus, elle est bizarre cette version. Sans trop savoir pourquoi, elle ne ressemble pas à celle avec des lignes relativement épurées. Forcément, la Japonaise se dote des jupes avant et arrière ! Du tuning dans un parc presse ?! Alors non, dans le monde des constructeurs automobiles, on dit des « accessoires aftermarket ». Dans la vie, on dit du tuning.
Toyota France s’est fait plaisir pour son service marketing. Histoire de voir ce que ça donne. Car oui, je n’ai pas eu la version du parc presse (préemptée par l’émission dominicale Auto-Moto) mais celle du marketing. C’est tant mieux comme ça, vu les nombreux retours positifs sur la couleur, un peu moins sur ce kit carrosserie à 2 000 €. Toutefois, quand on voit les « créations » sur des bases Toyota, ce choix n’apparaît pas incohérent.
La version de base me plait bien. Design simple de coupé sportif. Entre longiligne et compact. La configuration bleue avec jantes noires (de 18 pouces) me rappelle immédiatement celle de la GR Supra. Avec des traits moins excessifs. Enfin, si on ne prend pas en compte les nouvelles jupes. On se dit finalement que « c’est trop ». Pour certains, « c’est bien ». Et comme à chaque fois, c’est propre à chacun.
De la GT86 à la GR86
Cette Toyota GR86 pourrait se nommer GT86 V2. Après celle de 2012 en partenariat avec Subaru qui sortira le BRZ de son côté, nous avons une mise à jour avec un léger restylage stylistique mais surtout une amélioration des caractéristiques techniques ainsi que des performances et des matériaux dans l’habitacle. Je vous écris tout ça sans avoir essayé la GT86. Cependant, j’ai lu de nombreux papiers sur le sujet et tous s’accordent pour donner le même avis : tout est mieux dorénavant.
Les caractéristiques techniques
On garde la 4 cylindres à plat pour le passer de 200 à 235 chevaux. On augmente la cylindrée de 2 à 2,4 litres. On gagne 45 Nm de couple pour atteindre à 250 dès 3 700 tr/min. On performe le 0 à 100 km de plus d’une seconde pour descendre à 6,3 secondes. À son volant et sans connaître la génération précédente, on perçoit (ou on devine) parfaitement ces améliorations. On imagine le travail réalisé par les ingénieurs nippons (et plutôt bons).
Nous avons là une voiture sportive qui se conduit sportivement. Pour autant, nous n’avons pas une bête de bestialité comme la GR Supra avec son 6 cylindres en ligne BM d’une force époustouflante. On perdra bien moins vite son permis en GR86. Si on fait un peu d’efforts, on le perdra quand même. On rappelle que la route (ouverte) n’est pas un circuit et qu’il est nécessaire de respecter les autres usagers. C’était mon hommage à Chantal, ce petit ange de la sécurité routière parti trop tôt.
La pression des pneus
Elément primordial à la sécurité, que j’ai trop négligé précédemment : la pression des pneus. L’expérience étant une suite d’erreurs, je ne me ferai plus peur, comme avec la GR Yaris. J’avais récupéré la bagnole avec des pneus surgonflés à l’avant. Même problème de surgonflage avec la GR86, que j’ai corrigé prestement. Les informations du compteurs sont multiples et lisibles.
La Toyota GR86 : une voiture joueuse
Pourquoi n’ai-je pas aimé la GR Yaris ? Car je n’ai pas pris de plaisir à son volant. Trop difficile à apprécier sans compétences techniques de pilotage. Pourquoi ai-je aimé la GR86 ? Car j’ai pris du plaisir instantanément à son volant. Ultra facile pour s’amuser à rouler/glisser/drifter surtout avec son faible poids (de nos jours) de 1 275 kg.
Attention, je ne suis pas Ken Block. De 1, parce que je suis vivant et de 2, parce que je ne suis pas drifteur professionnel. Pour autant, plein gaz, coup de volant, regard fixe et maintien de la trajectoire et on se croit le roi du monde. Ces cascades ont été réalisées sur des ronds-points fermés. Probablement qu’avec une vision extérieure, le rendu de glisse n’apparaît pas du tout impressionnant et complètement en inadéquation avec le ressenti à l’intérieur. Pour autant, on s’en tape car on se fait plaisir pour soi et non pour amuser la galerie.
ESP et mode track
Dès lors, et même sans couper l’ESP, nous avons l’archétype de la voiture propulsion joueuse qui glisse du train arrière. Sans jamais s’inquiéter pour sa sécurité avec une aide à la correction de trajectoire relativement lâche mais bien présente vu le voyant clignotant régulièrement sur le tableau de bord. En déconnectant l’ESP, c’est la fête des donuts, surtout sur les petits gravillons. En mode track, c’est parti pour 250 m de glisse avec de la gomme s’évaporant. Ce que je n’ai pas réalisé. Car je ne suis toujours pas pilote. Toutefois, j’ai vu des vidéos et on perçoit la joie des instructeurs à placer la voiture dans des longues courbes avec une dérive infinie.
Haut dans les tours et talon-pointe en Toyota GR86
Pour le paragraphe sur les drifts, on a fait le tour. Pour la conduite sportive avec des trajectoires ciselées, on arrivera aussi à bien l’exploiter. La direction pourrait être encore plus précise. Le châssis compense largement avec aussi des suspensions fermes pour placer correctement la voiture dans les virages. Tout cela doit se faire à haut régime car je rappelle qu’il s’agit d’un moteur atmosphérique. A chaque fois avec ces autos (comme une MX-5 ou une Elise), je passe mon rapport supérieur dès 4 000 tours alors que je viens à peine de dépasser la moitié des possibilités. Donc je me réadapte (difficilement) pour continuer à grimper.
Pour rétrograder, avec l’aide d’une super boîte manuelle à 6 rapports, j’ai même réussi l’exercice du talon-pointe. Celui qui consiste à garder son pied sur l’accélérateur tout en freinant afin de repartir rapidement en sortie de virage grâce à un régime moteur élevé. Peut-être pas les plus beaux techniquement, mais sûrement les plus jouissifs pour un débutant. On est content de tout en GR86 ? Pas vraiment.
La sonorité nulle du flat 4
La GR86 est définitivement une voiture sportive. Toutefois, il lui manque ce qu’on attend d’une voiture sportive. Ou plus précisément, ce que j’attends personnellement : une sonorité particulière. Les vrais diront que Toyota n’use pas de vils artifices pour ses moteurs ou son échappement. Effectivement, la GR Yaris l’avait déjà démontré avec son 3 cylindres déplaisant. Ici, le 4 cylindres de 2,4 l ennuie comme un Nantes-Toulouse pour une reprise aoutienne de Ligue 1.
Il fait du bruit, pas désagréable, mais totalement décevant en rapport avec les performances de la voiture. En comparaison, le fameux 1,8 l Rover des Lotus apparaît comme un V8 américain. Et que dire face au 1,8 l turbo de l’Alpine complété par un échappement sport ? Que les artifices ont parfois du bon. On rappelle néanmoins que l’A110 essayée coûte 20 500 € de plus.
Le malus et l’indisponibilité de la Toyota GR86
La GR86 vaut 34 900 €. Sans malus. Car avec un malus de plus de 17 000 €, la moitié de son prix, on atteint minimum 52 000 €. Mais on s’en fout puisque la Toyota GR86 ne s’achète plus. En effet, la centaine d’exemplaires disponibles pour la France ont tous trouvé preneurs. Toyota France attend désespérément les nouvelles règlementations européennes sur le sujet pour adapter (ou non) son modèle à succès. Seuls 2 modèles se trouvent sur La Centrale à ce jour et uniquement en boîte automatique. De là à y voir des projets spéculatifs, il n’y a qu’un pas.
Le quotidien en Toyota GR86
Moi qui aime tant les boîtes auto pour le quotidien et notamment pour ces bouchons infernaux de la région parisienne, j’ai plutôt bien apprécié cette boîte manuelle avec un levier agréable sous la main même si moins performant que celui exceptionnel de la GR Yaris. Par contre, pour se rendre au boulot, tout est mieux dans la GR86. Mais tout n’est pas parfait. Et c’est là que le bât blesse.
La vie à bord avec les quelques défauts contrariants
L’habitacle me plait bien au premier regard. Bon, ce n’est pas la fête des couleurs flashy avec du noir, du noir et du noir mais c’est harmonieux. Le noir va avec tout, c’est connu. Quand on touche, on se rappelle du prix. 34 900 €. Cher pour vous ? Du bas de gamme aujourd’hui. À moins de 50 000 €, il devient difficile de trouver des beaux intérieurs avec des matériaux de qualité. Ici, nous avons du plastique et un peu d’Alcantara sur les portières et derrière le volant. Histoire de dire.
Visuellement, j’aime toujours après 878 km dedans. Par contre, auditivement, ça a encore été le drame. Mais pas pour l’insonorisation, plutôt par ces saletés de bruits parasites et particulièrement par le grincement du boitier de la ceinture de sécurité (celle-ci dispose d’une sangle pertinente sur le siège pour éviter de se tordre en cherchant à la récupérer). Le truc infernal quand, comme moi, on ne supporte pas les bruits à la con. J’ai eu beau le tordre dans tous les sens et tenter de le placer différemment, il n’arrêtait pas de couiner. Ce modèle n’ayant que 12 000 km, je crains pour la suite.
Les bruits agaçants et la bonne insonorisation
Dans le même registre, les commodos ne s’enclenchent pas d’un cran. De ce fait, les clignotants s’engagent par impulsion. En plus d’être chiant, ceux-ci font un bruit agaçant et trop présent contrairement aux bruits d’air, relativement bien filtrés. Même à 130 km/h, cela reste correct. Les bruits de roulement apparaissent eux dès 50 km/h. On ne pourra pas vraiment les couvrir par la sono car elle fait à peine le boulot. On appréciera toute toutefois la connexion facile à Android Auto avec des gros boutons (notamment pour la climatisation, merci !) aux cotés de l’écran. Celui-ci s’avère décent pour la fluidité du tactile. Avec des menus datés mais bien rangés.
Les sièges, la blague à l’arrière et le super coffre
Même première bonne impression en s’installant dans les sièges. On se sent bien. Au début. Puis on fait 400 km d’autoroute dans la journée et on se rend compte que la position de conduite ne se révèle pas des plus confortables. Je ne dirais pas inconfortable mais qu’importe les réglages, aucun ne m’aura permis d’être à l’aise pour cruiser. Je ne l’explique pas vraiment, peut-être mon gabarit ou ma physiologie. Ou le fait que j’aime vraiment beaucoup le confort.
Ceux qui seront bien mal à l’aise seront les passagers à l’arrière. Déjà que c’était limite de limite en GR Yaris, avec cette GR86, on approche grandement du foutage de gueule. Même en conduisant près du volant et à 1m85 pour le conducteur, aucun enfant ne pourra y placer ses jambes. Pire, si les enfants sont petits, comment les attacher dans ce coupé ? Certains y arrivent avec sûrement une grande souplesse. Au pire, ces sièges peuvent servir à y balancer des sacs de voyage.
Avec 276 litres, le coffre double presque celui ridicule de la GR Yaris. De plus, avec son ergonomie, il devient aisé de le bourrer. C’est une bonne surprise d’avoir des modèles sportifs qui permettent de récupérer un gros drive et même de loger des valises.
Les aides à la conduite. Ah bon ? Y a des aides à la conduite ?
On peut reprocher aussi à la GR86 des légères vibrations du moteur au point mort. Je vous rassure, pas de l’ordre d’un Mazda CX-60 diesel mais tout de même, c’est surprenant (négativement). Mais on ne pourra jamais reprocher à la GR86 des aides à la conduite intrusives. Car il n’y en a pas. Enfin si, d’après la brochure, cette Toyota offre une conduite autonome de niveau 2 avec les aides habituelles. Pour ma part et malgré des potentiels logos aperçus sur le tableau de bord, aucune de dispo. Juste un régulateur de vitesses à l’ancienne via un commodo à l’arrache et de travers. Un problème ? Pas du tout ! Au contraire, ça m’a fait des vacances après les bips insupportables de la GR Yaris. Comme quoi, on arrive aussi à conduire sans les aides. Je le dis car j’étais concentré et que tout s’est bien passé.
Concernant la caméra de recul, elle donne une belle qualité et aide bien pour se stationner. Reste le problème des portières gigantesques, comme sur la GR Supra. Je me gare au fin fond d’un parking de supermarché puis deux connards êtres grégaires se sont collés de part et d’autres. J’ai dû desserrer le frein à main et pousser ma caisse pour y rentrer. Heureusement, elle est légère.
La consommation de la GR86
Comme elle est légère et que la motorisation reste raisonnable avec ce 4 cylindres, on obtient une consommation de 9,2 l/100 km en moyenne sur près de 900 bornes dont 400 d’autoroutes et bien 200 à taper dedans. Comme préconisé avec une voiture sportive à moteur atmosphérique. Ce qui donne un excellent ratio plaisir/essence. Bizarrement, l’ordinateur indice 365 km d’autonomie maximum alors qu’on dépasse les 500 avec un plein.
En conduite tranquille, je pense qu’on peut descendre à 7 litres. En bombardant tout le temps, on ne devrait jamais dépasser les 12. Bravo Toyota !
En conclusion
La Toyota GR86 offre du plaisir à son conducteur. On s’amuse à son volant et on glisse facilement en sécurité. La conduite sportive permet de pousser les tours bien aidée par une boîte manuelle de grandes qualités. Un vrai jouet pour ceux aimant les propulsions aux lignes affirmées. On notera des limites pour une utilisation quotidienne (comme les suspensions bien dures) et aussi pour les longs trajets (avec une position de conduite inconfortable sur la durée) mais surtout un assemblage médiocre générant des bruits parasites réguliers. On ne peut pas tout avoir pour 34 900 €. On ne peut même pas l’avoir tout court puisque les stocks disponibles sont épuisés. On le comprend rapidement vu qu’il s’agit d’une bonne bagnole pour s’amuser.
Toutes les photos de la Toyota GR86
Les plus belles photos dont les magnifiques filés proviennent du talent et du travail de @LeStagiaire.