Après avoir essayé la Seat Ibiza 1.5 TSI 150, citadine du segment B avec un gros moteur, j’étais curieux d’essayer un SUV du segment B du même groupe, à prix voisin pour savoir ce que je privilégierais en cas d’achat : un gros moteur ou un grand espace à bord ? Le Skoda Kamiq 1.0 TSI 110 DSG7 est-il le compromis idéal pour une famille avec deux enfants ?
Skoda – La marque montante du groupe VAG
Tout le monde ne connait pas l’histoire de Skoda ? Alors en voiture Simone !
Pour commencer, Skoda s’écrit « Škoda » en tchèque. Mais bon, le SEO ne va pas aimer si je l’écris comme ça et je vais me faire taper sur les doigts par @Novichok, si ma performance SEO n’est pas bonne.
Petit constructeur tchèque avant la deuxième guerre mondiale, Skoda passe sous le joug allemand pendant 5 longues années puis est nationalisé en 1945. Il devient un constructeur assez novateur (on garde son calme, on reste en Europe de l’est, ce n’est pas la Silicon Valley non plus) durant une trentaine d’années avant d’être complètement dépassé par les technologies occidentales pendant une quinzaine d’années jusqu’à son rachat par VW en 1990.
Jusqu’au début des années 2000, la marque Skoda a été située au sein du groupe VAG comme la marque accessible proposant des technologies éprouvées. Depuis lors, bénéficiant d’un nouveau positionnement au sein du groupe, elle est vraiment montée en gamme. Elle propose désormais des voitures au design travaillé bénéficiant des technologies les plus récentes. En somme, une Skoda c’est une VW en plus habitable, moins chère, plus élégante avec une qualité de finition a priori plus légère. L’Octavia, voiture au très bon rapport qualité-prix en est un très bon exemple.
Le Skoda Kamiq, le SUV que le marché attend ?
Depuis une dizaine d’années, les segments les plus porteurs du marché automobile sont ceux des SUV. Qu’ils soient du segment B (2008, Captur, etc.), C (3008, Austral, T-Roc/Tiguan, etc.), ou D (5008, nouvel Espace, Kodiaq, etc.) tous se vendent très bien et surtout mieux que les berlines correspondantes. Certains constructeurs rationalisent même leurs lignes de production pour favoriser la commercialisation des SUV, tellement plus rentables.
Un constructeur, généraliste qui plus est, se doit donc d’être présent sur le segment SUV-B. Chez Skoda, c’est donc le Kamiq auquel revient la tâche de représenter la marque sur ce segment hyper concurrentiel.
Le modèle à l’essai est le modèle qui a vocation à être parmi les plus vendus de la gamme. Il est raisonnablement puissant (modèle de puissance intermédiaire entre le 95 et le 150 chevaux), annonce une consommation mesurée, est équipé d’une boîte auto et bénéficie des derniers raffinements en matière d’infotainment et assistances à la conduite. Cerise sur le trdelnik (gâteau tchèque) notre modèle en finition haut de gamme était pourvu du bien-nommé pack « simply clever ».
Une voiture pleine de bonnes idées
Je vais me répéter dans cet article mais, à une notable exception près, tout au long de mon essai du Skoda Kamiq je n’ai cessé de me dire que les ergonomes avaient effectué un sacré boulot. D’une part c’est une voiture bien pensée mais surtout c’est une voiture pensée pour ses usagers.
Les exemples sont nombreux. Vous souhaitez ouvrir la porte sans vous poser de question alors que vous êtes garé dans un mouchoir de poche ? D’astucieuses protections de portes se déploient systématiquement à l’ouverture. Vous avez envie de caler dans le coffre des objets pour qu’ils restent immobiles ? Des crochets sont installés vous permettant d’accrocher des sangles ou des sandows. Vous voulez sortir de votre voiture à l’abri alors qu’il pleut ? Saisissez le parapluie disposé dans la porte conducteur. Vous souhaitez recharger votre téléphone en même temps que vos passagers ? Quatre prises USB-C sont installées dans l’habitacle et une prise 12 volts est même présente dans le coffre.
Seul impair ? Les commandes de climatisation sont incompréhensibles. La moitié de celle-ci se gère par des boutons physiques (température et recyclage de l’air) mais l’autre moitié (puissance et orientation de la ventilation) se gère en passant par l’écran tactile. Simply stupid.
Vie à bord
Le Skoda Kamiq mesure 4,24 mètres. Pour la catégorie c’est relativement peu. Je ne m’attendais donc pas à être aussi à l’aise à l’intérieur. L’espace aux places avant est très important pour la catégorie, et deux adultes ou trois enfants y seront très confortablement installés à l’arrière. J’ai moi-même pris place à l’arrière durant un court trajet et j’ai été agréablement surpris par l’espace disponible. Malgré mon mètre quatre-vingt-treize et le fait que je sois installé derrière un conducteur d’un mètre quatre-vingt je n’étais pas à l’étroit. J’ai également noté que ma garde au toit restait bonne malgré l’immense toit panoramique qui offre une luminosité très appréciée. Malheureusement, et comme de coutume dans le groupe Volkswagen, le confort de la banquette arrière reste assez ferme.
Le coffre, annoncé pour 400 litres, est très accessible et sa forme cubique permet de l’exploiter pleinement, un vrai bon point.
La position de conduite n’est pas du tout typée SUV mais plutôt break ce qui est bien plus confortable à l’usage. On est donc assis, dans un fauteuil de type semi-baquet (finition Monte Carlo oblige), avec les jambes en position allongées et non-repliées ce qui très agréable sur longues distances.
Le système d’infotainment est assez fluide à l’usage et intuitif. Comme souvent on regrette que les touches de raccourci ne soient pas de véritables touches physiques. Cela permettrait une manipulation plus rapide.
Enfin, j’ai été bluffé par la finition. Si Skoda était censée être la marque la moins bien finie du groupe, ceci est désormais révolu. La qualité des matériaux, les ajustements, les finitions en général n’ont rien à envier aux modèles des autres marques du groupe (bon je n’ai pas encore essayé de Bugatti ni de Lamborghini mais si les RP me lisent, sachez que je vous aime).
Le design du Skoda Kamiq Monte Carlo
Le design du Skoda Kamiq que nous avons essayé m’a beaucoup plu. En finition haut de gamme Monte Carlo à connotation sportive il se pare d’attributs sportifs qui le valorisent bien. Jantes de 18 pouces au dessin très réussi, logos Monte Carlo sur les ailes, faux diffuseur arrière et rétroviseurs noirs attirent l’œil. On apprécie enfin les ailes larges et les feux arrières très bien intégrés (contrairement à ceux du grand-frère Karoq). Malheureusement ce dessin réussi est, à mon sens, gâché par la teinte Orange Phénix optionnelle (1 100 € !).
Le Skoda Kamiq presque impérial sur autoroute
Je me rappelle que lors de son interview dans le podcast Histoires d’Autos, Pierre Desjardins confiait qu’il trouvait, qu’à de rares exceptions près, il n’y avait plus de mauvaises voitures aujourd’hui. Cet essai le confirme.
Le Skoda Kamiq répond présent partout où on l’attend. Avant l’essai je supposais que la motorisation de seulement 110 chevaux me paraitrait insuffisante pour ses plus de 1400 kg. A l’usage, la gestion parfaite de la boîte à double embrayage DSG7 et le couple de 200 Nm font merveille. J’écrivais récemment que je ne comprenais pas la course à la puissance pour les voitures du quotidien (notamment électriques). Cet essai le confirme. Pour 99 % des usages, 110 chevaux sont amplement suffisants. Sur autoroute allemande on peut maintenir sans aucun problème un rythme soutenu, même lorsqu’il y a du relief. La tenue de cap est très bonne et on se sent vraiment très serein à son volant. La consommation sur autoroute s’est élevée à 8 litres aux 100 km à allure soutenue et 6,5 litres en respectant scrupuleusement les limitations (110-130).
Le seul bémol sur autoroute concerne le régulateur/limiteur de vitesse. Celui-ci, identique à celui de la Seat Ibiza 1.5 TSI, est très difficile à utiliser. En 2023, ce n’est pas possible que l’on n’ait besoin de deux essais, 6 jours au total au volant et plus de 700 km pour comprendre comment utiliser un régulateur et réussir, enfin, à augmenter la vitesse par sauts d’1 km/h et non par tranches de 10 km/h. Ce qui me rassure c’est que je ne suis pas le seul à avoir galéré. Chez Caradisiac ils n’ont même pas trouvé comment faire en plus de 4 000 km de road-trip.
Un SUV urbain très à l’aise en péri-urbain
Sur route, c’est prévisible, le Skoda Kamiq manque de dynamisme lorsque l’on désire conduire sportivement. Malgré sa finition « Monte Carlo » (qui offre seulement un look sportif), il n’est tout simplement pas fait pour ça et privilégie le confort au dynamisme. On sourit d’ailleurs beaucoup quand on voit que l’on peut sélectionner un mode « Sport » qui ne change absolument rien au comportement, ni à la consommation d’ailleurs qui s’est élevée à 7 litres aux 100 sur ce type de parcours.
Cependant, s’il n’est pas « fun », il ne se désunit pas pour autant et garde un comportement neutre et sécurisant. Il m’a beaucoup rappelé sur ce point la Renault Clio hybride essayée récemment. Ceci prouve le tour de force des ingénieurs de la marque tchèque. En effet, réussir à offrir un dynamisme équivalent à celui d’une berline à un SUV n’est pas chose aisée. Il reste donc agréable à mener sur le réseau secondaire où la boite DSG continue à faire des merveilles.
Un SUV très urbain en ville
Je trouve que la dénomination SUV urbain est un oxymore. Comment une voiture par essence plus volumineuse que son équivalent berline peut-elle être faite pour la ville ?
Eh ben range tes a priori Jean-Michel-je-sais-tout car chez Volkswagen Skoda, les mecs ont bossé pour te contredire. Que ce soit en plein cœur de Paris ou bien dans les mignons petits villages des bords de Loire (ceux au bout des autoroutes allemandes), le Skoda Kamiq est impérial en ville. Rayon de braquage court (10,1 mètres), boite DSG parfaite, Stop&Start discret et rapide, caméra 360 efficace, tout y est. Comme en plus la direction est douce, c’est un plaisir de circuler en agglomération avec ce SUV décidément très urbain. Seule la consommation supérieure à 7 litres aux 100 en ville m’a interpellé. Le renfort d’une micro-hybridation serait le bienvenu pour gagner 0,5 litre.
Conclusion
Alors on l’achète ce Skoda Kamiq ? A partir de 32 040 € en finition haut de gamme Monte Carlo et même 35 500 euros avec toutes les options dont on disposait, elle reste chère. Il est donc dur de répondre un oui franc à cette question.
Cependant c’est une très bonne voiture qui répondra sans aucun doute aux attentes de ses acheteurs. Elle est spacieuse, confortable, suffisamment performante et dans la moyenne de son segment pour la sobriété. Elle rend même à elle seule obsolète la catégorie SUV-C. En effet, à quoi bon acheter un Karoq alors qu’un Kamiq moins cher et plus joli peut rendre les mêmes services ?
Enfin, c’est la plus belle voiture de son segment et c’est le SUV Skoda à la ligne la plus réussie. Alors non, effectivement ce ne sera pas un achat passion. Oui on devrait sûrement avoir une micro hybridation à ce prix là. Mais aujourd’hui, dans cette gamme de tarif, pour une famille de quatre ou cinq personnes, c’est sûrement une des voitures les plus pertinentes.