Le Renault Austral Hybrid E-Tech de 200 ch s’essaye en direction de Dieppe pour rendre hommage à sa finition « Esprit Alpine ». Et surtout pour voir la mer en constatant malheureusement des nombreux bruits d’air et des multiples bruits parasites.
Le contexte de l’essai
Avant même sa présentation au Mondial de l’Auto en octobre 2022, j’avais bien aimé la tête de l’Austral lors de ma première rencontre avec ce gros SUV à Montlhéry pour un rassemblement Renault. De quoi presque me suffire pour me donner envie de l’essayer. J’ajoute à cela le fait que Miss Novichok apprécie aussi son look. Habituellement, elle s’en tape complètement des bagnoles. Donc quand un modèle attire son attention, je n’allais pas me priver de le demander pour un prêt. Et comme c’était le week-end de son anniversaire, autant en profiter pour partir à la mer.
Le physique du Renault Austral Hybrid
Comme je vous le disais dans le paragraphe précédent, le physique de l’Austral me convient bien. Toujours pareil avec le design des bagnoles, cela reste de la subjectivité totale. Particulièrement avec les SUV qui apparaissent rarement comme des canons de beauté. Pour autant, dans le style gros morceau (car oui, il mesure 4,51 m de long et 1,83 m de large), je trouve qu’il s’en sort correctement. Reste à aimer les nombreuses lignes torturées de l’ancien designer en chef chez Peugeot, Gilles Vidal. Arrivant sur la fin de ce projet chez Renault et sous la direction de Laurens van den Acker, il a tout de même imposé sa patte notamment pour les feux. De là à dire que l’Austral ressemble beaucoup au 3008, il n’y a qu’un pas qu’on peut allégrement franchir. Bon après, vous me direz que tous les SUV se ressemblent. Et je ne pourrais pas vraiment vous contredire.
Toutefois, la teinte bi-colore « Bleu Iron » avec le toit noir donne un style moderne en complément de la calandre avec l’imposant losange. Je le trouve encore plus réussi dans sa teinte gris mat Gris Schiste Satin. Ce modèle se décline dans la finition haute « Iconic », le pack « Esprit Alpine » et toutes les options. Soit 52 250 €. Ouille. Ouille car on n’a évidemment rien de sportif avec ce badge Alpine. Sauf le plaisir de se rendre à Dieppe, en Normandie, siège historique de la marque de Jean Rédélé.
L’excellent système d’info-divertissement chez Renault
Par contre, à ce prix, on a sûrement un des meilleurs systèmes d’info-divertissement des constructeurs généralistes. Surtout en comparaison avec le scandaleux et honteux système de Stellantis. J’avais découvert cette énorme dalle en L avec la Mégane E-Tech. C’est donc avec un grand plaisir que je la retrouve car elle offre des prestations toujours ultra-satisfaisantes. Surtout par son intégration géniale d’Android Automotive qui permet d’avoir ses applications préférées comme Google Maps. On agrège rapidement son compte Google avec un flash code.
Même plus besoin de brancher son smartphone. Mais si on veut le faire, on peut ! Contrairement à la Volvo V60 Cross Country qui ne disposait pas d’Android Auto. Et comme pour ma part, j’ai des podcasts sur mon téléphone, je les écoute en me connectant ultra facilement. Je vais peut-être en faire des tartines avec l’info-divertissement chez Renault mais c’est tellement réconfortant d’avoir tout qui fonctionne. Tout le temps. Avec aussi des menus bien lisibles qui donnent accès à des fonctionnalités pertinentes. Comme enlever le bip à la con lors des fermetures automatiques quand on s’éloigne de l’Austral avec la clé (système parfait) dans sa poche. Comme aussi diminuer le son des clignotants. D’ailleurs, pourquoi garde-t-on ce son agaçant ? Comme enfin modifier le bruit de l’AVAS. Ce système d’alerte acoustique de véhicule qui est une plaie habituellement sur les Renault électriques ou hybrides.
La technologie E-Tech du Renault Austral Hybrid
Attention, nous rentrons dans le dur de la rédaction de cet essai : la technologie hybride chez Renault. Je vous rassure, on va vite en ressortir. Car je n’ai pas les compétences techniques pour tout comprendre. Alors je vous donne ces informations simplifiées :
- Un moteur thermique avec 3 cylindres 1,2 l turbo de 130 ch,
- Un moteur électrique de 68 ch (batterie lithium-ion de 48V),
- Un alterno-démarreur / générateur de 34 ch.
Le tout fait des Chocapic un ensemble (presque) cohérent à l’usage avec une puissance totale de 200 ch. Et un couple de 410 Nm en cumulé. Donc plutôt 205 Nm en majorité. Car il n’est jamais évident d’avoir la réalité de cette unité métrique avec les automobiles hybridées. Pour plus de détails, vous avez l’essai de la Clio E-Tech par @MandAvocat.
Normalement, vous tiquez sur le 3 cylindres. Car moi aussi, je me suis dit : « putain, après le Nissan Qashqai e-power, je me retape un 3 cylindres qui va hurler de se faire presser ! ». Finalement, non. Aucun problème à l’accélération. C’est même plutôt l’inverse, à basse vitesse. Le moteur thermique râle, claque et vibre avant de suffisamment être aidé par le moteur électrique. Rien de vraiment dramatique mais dérangeant, surtout les vitres baissées. Cela ne dure pas éternellement. Le plus souvent à froid, et parfois dans d’autres moments. Sans pour autant réussir à les identifier précisément. À l’inverse, le moteur électrique (et son silence) peut reprendre la main à 90 km/h ou plus, quand l’allure se stabilise.
La puissance est là pendant que la boîte est aux champignons
Plusieurs confrères indiquent que le Renault Austral Hybrid ne justifie pas ses 200 chevaux présents sur le papier. Pour ma part, on les retrouve tous. Sans aucun problème même. Le problème provient de la boîte de vitesses. Cette fameuse boîte à crabots dérivée de la F1 que j’avais testée pour mon premier essai Hoonited sur le Captur E-Tech. Encore une fois, je ne suis pas suffisamment calé pour vous parler des 15 modes de fonctionnement.
Mais je peux vous dire écrire que les quatre rapports pour le thermique et deux pour l’électrique n’atteignent pas le niveau demandé aujourd’hui pour une boîte automatique. En plus de sa lenteur pour descendre ou monter un rapport, on ressent comme un « crac » dans certaines situations. C’est donc dans ces moments qu’on a l’impression de perdre du temps. Car pour s’insérer ou pour doubler, aucune difficulté, après la seconde de latence causée par la boîte. Le 0 à 100 km/h se réalise en 8,4 secondes. Plutôt honnête pour un SUV.
Les bruits d’air et les bruits parasites dans le Renault Austral Hybrid
J’avais mis les pieds (et les mains sur le volant) d’un Austral en juin dernier lors des e-trophées de l’AM-AM. En 30 km seulement sur autoroute, j’avais halluciné sur les bruits d’air. Comme jamais sur une voiture moderne. Je craignais de les retrouver et j’avais raison. Dès 100 km/h, ils deviennent omniprésents et c’est effarant. Et même à 50 km/h avec les fenêtres ouvertes, on regrette. Cela gâche vraiment le voyage, surtout quand on roule longtemps. Alors oui, un SUV peut s’utiliser uniquement en ville. Notamment quand il est hybride. Cependant, il doit aussi être polyvalent et permettre de partir en vacances. Par les voies rapides.
À faible vitesse, les bruits parasites dans l’habitable prennent le relais. Je n’ai jamais vu entendu ça depuis ma Polo, à 20 000 € de moins. Dans l’Austral, on entend le grincement des contre-portes, le frottement de l’accoudoir, le bruit des vibrations sur la console centrale. Le tout causé par un assemblage de piètre qualité ? Je ne l’explique pas mais je sais que c’est indigne d’une voiture à 52 250 €. Dont 850 € pour une très bonne sono Harman Kardon qu’on peut mettre à fond pour contrer tous ces bruits pénibles. Comme on dit chez Renault : « tous les jours, un bruit nouveau ! »
La vie à bord du Renault Austral Hybrid
J’avais peu goûté l’intérieur de la Mégane E-Tech. Avec ses tissus aux couleurs vieillottes, il manquait de modernité. Ici pour l’Austral, c’est un intérieur pour les moins vieux, notamment avec les belles surpiqûres bleues. Mais sans être très agréable au niveau des sièges. La partie Alcantara, ça va. Pour le reste, la matière est rêche donc peu appréciable au toucher. Concernant le maintien et le moelleux, ils n’excellent pas non plus. Par contre, le réglage électrique se réalise facilement et la position se mémorise en cliquant sur l’écran. Ils massent (seulement pour le conducteur, pas cool pour le passager) et chauffent parfaitement contrairement au volant qui reste tiède.
Pour le reste de l’habitacle, Renault limite l’usage de plastiques durs et on se dit en examinant l’ensemble du tableau de bord jusqu’aux contreportes en passant par le plafonnier : « ça va, ça passe bien ». Le tissu ressemble à de la légère moquette et a le mérite de proposer une alternative aux plastiques moussés habituels. On voudrait ajouter que c’est bien fini mais les bruits parasites empêchent de l’affirmer.
Encore un manque d’espace pour les grands à l’arrière
Un Austral s’adresse majoritairement aux familles avec des enfants. Et les enfants, par définition, ne sont pas très grands. Par contre, les adolescents peuvent le devenir. Je persiste à penser qu’un SUV familial (tout comme une berline ou un break) doivent proposer 5 vraies places ! Dont au moins 2 à l’arrière pour les plus grands, à partir d’1m85. Ici, leurs têtes toucheront le plafonnier. Toujours à cause des lignes abruptes sur la descente de toit. Celui-ci est panoramique et apporte la luminosité attendue.
Pour la place du milieu, cela reste correct au niveau de l’espace aux jambes. On notera la possibilité de glisser les sièges arrière en 1/3-2/3 pour gagner de l’espace dans le coffre. Celui-ci offre 430 litres et même 555 litres avec la banquette coulissante. On pourra aussi y mettre du bordel sous le plancher autour de la batterie. Il s’ouvre électriquement mais nécessite une forte pression pour y arriver.
Le 4Control exceptionnel et les différents modes de conduite
Reprenons le volant pour découvrir ce fabuleux « 4Control ». Vous savez, comme sur la Laguna GT, avec les quatre roues directrices. Sur l’Austral, elles tournent à 35° à l’avant et à 5° à l’arrière. C’est épatant au volant. La maniabilité est décuplée. On se retrouve à conduire une citadine avec un diamètre de braquage de seulement 10,1 m. On manœuvre vraiment facilement à faible vitesse et on prend une grande confiance dans les courbes rapides. Attention toutefois car c’est relativement déstabilisant au début. Surtout si vous aimez drifter dans les ronds-points. Avec le 4Control, vous allez vous déplacer latéralement (et littéralement) comme un crabe. Vous pourrez modifier l’intensité (de 1 à 13) dans votre mode de conduite « perso ».
En complément du mode « comfort », on retrouve les classiques modes « éco » et « sport ». Avec plus de douceur ou de dureté. Cependant, avec une boîte à crabots aussi lente, il est inutile d’espérer une conduite sportive opérante malgré des suspensions parfois raides évitant tout roulis. Au mieux, une conduite dynamique sans trop de virages serrés. Pourtant, on n’accusera pas le poids qui s’affiche à seulement 1 517 kg. Oui seulement car on parle d’un SUV hybridé qui n’a rien en commun avec une Alpine malgré son Esprit (pur terme marketing). On notera les couleurs qui s’adaptent (bleu / jaune / rouge) sur les compteurs et surtout dans l’habitacle. C’est ludique et joli.
La dalle en L et les écrans
Tout comme dans la Mégane E-Tech, on retrouve donc la même dalle en L avec un écran de 12,3 pouces et un de 12 pouces. Le premier pour les instruments de bord s’avère trop grand dans bien des cas pour lire toutes les informations. Celles-ci sont gênées par le volant et surtout le commodo qui remplace le levier de vitesses. Et oui, durant des créneaux à plusieurs reprises, j’ai confondu avec le commodo pour les essuie-glaces. Probablement une question d’habitude.
On a de multiples possibilités pour afficher des compteurs variés dont la projection de Google Maps. Là encore, Renault fait fort pour l’infodivertissement. Tout comme pour son affichage tête-haute nickel. Par contre, il semblerait qu’on ne puisse pas avoir la consommation du dernier trajet. Ou difficilement trouvable. Ce qui est regrettable quand on veut la connaître sur autoroute par exemple.
La consommation pertinente du Renault Austral Hybrid
On peut donc reprocher son 3 cylindres bruyant à froid et les accros pour sa boîte de vitesse à l’Austral E-Tech mais pas ses consommations, comme pour le Captur ! Ce SUV surprend vraiment sur ce point car on réalise du 4,5 l/100 km sur un tranquille trajet péri-urbain. Au total, après 769 kilomètres dont plus de la moitié en électrique, ma consommation moyenne donne 5,4 l/100 km . Soit une autonomie de 1 000 bornes ! Alors certes, avec seulement 20 % d’autoroutes. Nonobstant, cela demeure un excellent résultat dans cette catégorie au point de devenir les plus économes des SUV HEV essayés, devant le Honda HR-V, bien moins puissant et réactif avec sa boîte e-CVT, (c’est dire).
Les aides à la conduite
La conduite autonome de niveau 2 apporte satisfaction 90 % du temps sauf dans quelques phases de freinage, comme en Mégane E-Tech. Dans les bouchons, le redémarrage s’effectue correctement. Le maintien dans la voie se désactive facilement avec un bouton à gauche du volant et tant mieux car il tend beaucoup trop la direction.
On ne retrouve pas de conduite à une seule pédale dans l’Austral mais on a trois niveaux d’intensité pour un freinage régénératif qu’on peut régler avec les palettes. Le plus haut me correspond toujours autant car il permet une conduite fluide dans les bouchons ou en ville. Enfin, la bonne caméra 360 fait bien son boulot en visualisant les contours de la voiture afin d’éviter de niquer les grosses jantes de 20 pouces. Toutefois, celle-ci ne s’enclenche qu’à l’arrêt via un bouton raccourci sur le volant et on voudrait pouvoir l’afficher au moins jusqu’à 20 km/h pour se rassurer sur les chaussées étroites avec des trottoirs agressifs. On notera aussi que la pluie restreint les vues périphériques. Surtout en Normandie. Miss Novichok propose des essuie-glaces pour les caméras. Peut-être un brevet technologique à étudier.
En conclusion
Je voulais aimer le Renault Austra Hybrid. Je voulais l’aimer car je trouve qu’il a une bonne tête et son système d’infodivertissement avec Google Automotive me plait énormément. De plus, sa maniabilité exceptionnelle avec le 4Control impressionne et aide au quotidien. Pour autant, ce SUV familial ne donne pas envie d’enchainer les kilomètres à cause des bruits d’air plombant dès 100 km/h. Enfin, des bruits parasites dans l’habitacle complète le tableau à rendre dingue. Au final, sa boite automatique devient son dernier défaut et on pourrait passer outre avec une conduite douce et apaisée. Sans aucune surprise, le badge « Esprit Alpine » ne sert qu’à la cosmétique. Là aussi, ce n’est pas un souci si l’agrément de cet Austral était au niveau attendu d’un tarif de 52 250 €. Ce qui n’est pas le cas. Sa consommation pertinente amoindrit l’addition.