Le Renaut Rafale propose une version hybride rechargeable de 300 ch avec une transmission intégrale. Voici le récit d’une semaine d’essai avec près de 1 300 km au compteur (et plusieurs pleins). L’occasion de comparer les différences avec la technologie E-Tech hybride simple de 200 ch.
Marque et modèle | Renault Rafale |
Version/finition | Hybride rechargeable / Atelier Alpine |
Prix du modèle essayé | 64 800 € |
Kilomètres parcourus | 1 259 km |
Consommation constatée | 7,8 l/100 km avec 600 km d’autoroute |
Type de moteur | 3 cylindres 1,2 l de 150 ch + 3 moteurs électriques de 70 ch, 34 ch et 136 ch |
Puissance | 300 ch |
Couple | 500 Nm |
Boîte de vitesses | Automatique |
Transmission | Intégrale |
Poids à vide | 1 934 kg |
Accélération (0 à 100 km/h) | 6,4 s |
Vitesse maximale | 180 km/h |
La fiche technique complète (bientôt) |
Le contexte de l’essai
Avec un copain, nous devions partir au ski pour un week-end alpin. J’utilise le conditionnel car finalement, il m’a planté pour une histoire de calendrier mal géré. L’organisation, c’est un métier. Pour autant, j’avais déjà booké un Renault Rafale 300 ch pour ce séjour. Un choix éminemment réfléchi puisque ce SUV dispose de 4 roues motrices, d’une belle habitabilité et surtout d’une équipe parc presse au top pour fournir des chaînes obligatoires lors de ce type de trajet (à défaut de pneus hiver). Me voilà donc tout seul au volant de la plus chère des Renault disponibles au catalogue, à 64 800 €. Pour réduire le temps de route, ça sera finalement vers les Vosges. Donc sans aucune neige sur la chaussée et juste suffisamment pour skier durant deux jours.
Le Renault Rafale 300 ch
J’essaye de faire une pause dans les essais de SUV. Marre de leur gabarit et surtout de leur roulis. Sauf que ce Renault Rafale fait partie des exceptions. J’ai toujours eu un faible pour les gros SUV coupés depuis le BMW X6 en 2008. J’aimais déjà bien la tête de l’Austral et j’aime davantage cette version allongée. Spécialement avec cette peinture mate au nom de Bleu Sommet Satin. Une option à 2 200 € qui les vaut à mon sens. Elle semble de grande qualité et met parfaitement en perspective les lignes reconnaissables du designer Gilles Vidal, l’ex de chez Peugeot. Les énormes jantes de 21 pouces de cette finition Atelier Alpine renforcent le caractère affirmé. Les feux et la calandre apportent la touche moderne, sans être trop futuristes. Une belle réussite dans cette configuration haut de gamme.
On va continuer de parler des options comme notamment ce Solarbay à 1 500 €. Un toit panoramique en plusieurs parties quasi immédiatement occultant par un bouton. Une technologie que je découvre et qui existe aussi chez Porsche ou Volkswagen. Malheureusement, je n’ai pas eu de soleil pour tester l’opacité du procédé. Contrairement au système hi-fi Harman Kardon à 1 000 € qui ne se justifie pas du tout. Comme dans les Mini Cooper, un son correct mais sans plus.
De belles finitions, enfin !
La bonne surprise de ce Rafale provient des finitions et surtout de la qualité de l’assemblage. J’avais déjà remarqué une nette amélioration entre l’Austral et l’Espace. Aucun bruit parasite dans l’habitacle durant ma semaine d’essai. Rien, nada, nothing (mon côté polyglotte). On pourrait presque parler de premium. Les quelques plastiques durs ne m’ont pas dérangé et j’ai apprécié la planche de bord ainsi que les beaux tapis de sol bleus. Attention, ils ne s’accorderont pas avec votre Rafale si vous le prenez en Rouge Flamme. Contrairement aux sièges avec le logo Alpine lumineux et variant selon le mode de conduite comme les inserts jusqu’aux portières.
Les sièges ultra chauffants (mon cul ne tenait que le niveau 1 sur 3) et massants (aux lombaires) me semblaient un peu fermes au début mais finalement très confortables sur longs trajets. Je craignais surtout l’insonorisation avec des bruits d’air à 130 km/h, le gros défaut des SUV chez Renault. C’est mieux, bien mieux. Loin encore d’être fantastique car on les perçoit mais pas au point de saigner des oreilles. Si seulement on pouvait en dire autant du 3 cylindres.
Les moteurs du Renault Rafale 300 ch
Comme pour les versions E-Tech full hybride de 200 ch, le Rafale hybride rechargeable de 300 ch dispose d’un petit 3 cylindres 1,2 l. Ce moteur passe de 130 à 150 ch. Et il passe surtout de bruyant et vibrant aléatoirement à très bruyant et trop vibrant régulièrement. Au point de ressentir des vibrations dans la pédale d’accélération. On l’entend moins sur voies rapides mais en ville, en mode hybride, c’est comme si on avait un générateur sous le capot. À l’instar du fonctionnement E-Power chez Nissan. Nonobstant, chez Renault, les batteries se rechargent (mal) en roulant si celles-ci sont « vides ».
On trouve 3 moteurs électriques dont un de 70 ch et un de 34 ch pour la boîte à crabot (sans embrayage) plus fluide que sur les versions de 200 ch. Le dernier moteur se situe sur l’essieu arrière (d’où la transmission intégrale) avec une puissance de 136 ch. Le cumul amène à 300 ch. Comme il s’agit d’un hybride rechargeable, il sera nécessaire de le brancher pour profiter de la totalité de son agrément. Si on peut parler d’agrément dans ces conditions avec un moteur thermique aussi désagréable.
Le mode sport…
On retrouve les modes classiques « éco », « comfort », « sport », « perso » (pour un réglage « dynamique » entre comfort et sport si on le souhaite) ainsi qu’un mode « snow ». Comme j’étais au ski, je l’ai activé. Mais comme je n’avais pas de neige, je l’ai désactivé aussi vite. Par contre, j’ai profité des lacets en (petite) montagne pour pousser ce Rafale 300 ch. En « sport », le ressenti sur la pédale de droite se bonifie avec 500 Nm (non-officiels) cumulés de couple et on peut apprécier la qualité de la direction.
Il faudra être vigilant avec les roues directrices arrière, le fameux 4Control Advenced si génial de chez Renault. Le rayon de braquage tombe à seulement 10,4 m et on peut manœuvrer ce long SUV de 4,71 m comme une petite citadine. Sauf qu’à haute vitesse, cela perturbe les habituels repères pour les courbes. Heureusement, entre les deux autres Renault et la Taycan 4S, je commence à avoir l’habitude.
Je suis surtout étonné par le châssis. Je m’attendais à beaucoup plus de roulis. On n’arrivera évidemment pas au niveau stratosphérique de tenue de route d’un BMW XM mais les barres antiroulis fonctionnent parfaitement. Je suis beaucoup plus sceptique sur les amortisseurs pilotés aidés par une caméra pour anticiper les imperfections de la chaussée. Cela donne des corrections parfois troublantes et peu naturelles.
… sans être sport
Si on se résume, nous avons 300 ch, un bon châssis, une direction précise et une tenue de route appréciable. Donc c’est un véhicule sportif ! Bah non. Car le bât blesse sérieusement au niveau du freinage. Pas à proprement parler pour s’arrêter. Quoi que, on ressent les 1 934 kg quand on arrive lancé en descente de col. Mais surtout pour la sensation au freinage. La pédale s’avère totalement spongieuse et surtout, sa course se modifie en permanence. Impossible de se placer correctement sur les freins avec une réponse aussi aléatoire.
J’ai souvent cru que j’allais m’emplafonner à devoir appuyer plus fermement que trois minutes auparavant. Et cela même à faible allure. Alors imaginez quand on teste l’agilité pour se placer dans les courbes. Pour moi, une sportive, ce n’est pas qu’une accélération en 6,4 s pour le 0 à 100 km/h. C’est aussi la capacité à freiner tardivement car en confiance (comme avec la géniale GR Supra).
Confort et vie à bord en Renault Rafale 300 ch
Il est connu que les hybrides peuvent avoir des variations sur cette pédale du fait du freinage régénératif mais je n’ai jamais connu ce problème si fortement avec les 23 HEV/PHEV testés. D’ailleurs, celui-ci peut se régler sur 3 niveaux avec les palettes au volant, sans atteindre l’arrêt total du véhicule. On arrivera à fluidifier sa conduite si on anticipe davantage. On regrettera les trop fortes compressions des amortisseurs sur quelques dos-d’âne. Pour autant, sans rebondir comme en Spring.
Pour la vie à bord, c’est du déjà connu et avec un super écran de 12 pouces comprenant Google Automotiv. On se connecte à son compte en deux secondes et on retrouve son environnement que j’aime tant. C’est beau et rapide avec une excellente résolution. Peut-être un peu trop de sous-menus mais on s’y retrouve. Pour la caméra 360, elle perd en précision avec la pluie et elle pourrait être plus précise mais comme on braque facilement, on saurait presque s’en passer. Le sélecteur de vitesses se situe toujours sur le commodo droit et ça ne loupe pas, je confonds encore avec les essuie-glaces lors des créneaux. Contrairement aux boutons physiques pour régler la clim.
On pourra recharger son smartphone par induction sur une console coulissante typée aviation. Merci beaucoup à Renault/Dacia de persister avec le satellite de commande radio/musique avec un bouton mute et surtout de disposer d’un bouton physique à gauche du volant pour couper les ADAS d’un rapide double-clic à chaque redémarrage.
Dans ce Renault Rafale, on profite d’une belle habilité à tous les niveaux. Devant, c’est royal et derrière, c’est pas mal du tout. Surtout pour un SUV coupé. Je m’attendais à me prendre le toit dans la tête avec mes 1,85 m alors que non. De la place aux jambes et même pour le passager au milieu malgré un tunnel présent. Le coffre de 469 litres donne l’impression de proposer plus de volume du fait de sa profondeur. On regrettera un seuil de chargement un peu élevé et surtout un bip à la con pour l’ouverture et la fermeture du hayon électrique.
La galette ou la PHEV ?
En cette période d’épiphanie, qui veut la PHEV ? Je fais le même constat à chaque fois. Pour en profiter pleinement, il faut recharger son hybride quotidiennement, surtout quand on roule 60 km par jour comme moi. Sauf que je ne peux pas charger à domicile ni au boulot. Donc c’est relou, très relou même si on peut rester « batteries vides » normalement. Oui mais non, pas avec ce Rafale quand on voit les consommations : 9,6 l/100 km (en moyenne). Avec un RAV4 de 306 ch, je tournais à 5,8 l/100 km pour ce même trajet vers mon bureau.
Donc j’ai dû aller me charger à 5 min de chez moi avec une première expérience sans problème en 3h45 (en 7,4 kW) pour remplir les 22 kWh de batterie et une seconde merdique avec des bornes HS. Ce n’est pas la faute du Rafale. C’est juste l’enfer des recharges sans solution chez soi (en 9h sur une prise domestique). Et quand bien même, avec une autonomie WLTP de 96 km (sur cette finition et 105 km au max), je n’ai pu en réaliser que 65 en 100 % électrique. À cause du froid ? Autant prendre une voiture électrique.
Les consommations (sur autoroute)
Sur autoroute, toujours le même drame car on épuise immédiatement sa réserve électrique et sur un parcours de 300 km (batteries vides), j’ai réalisé 9,4 l/100 km (et 8,8 l au retour) en roulant à 130 km/h. J’ai cru faire un malaise en voyant ce chiffre et encore plus après un plein. Avec 55 litres de réservoir, ça donne une autonomie de 612 km, voire de 588 km. Vous auriez vu la tête de Miss Novichok quand je lui ai dit ça. Elle me toise avec sa 208 HDi 90 ch et ses 1 000 km d’autonomie. Idem avec le Renault Espace 200 ch (6,8 l/100 km sur autoroute) si on veut comparer ce qui est comparable. Car on s’en fout d’avoir 200 ou 300 ch sur autoroute. C’est le Cx SCx qui compte. Et le poids en ville, 300 kg de moins pour l’Espace.
Qu’importe les explications techniques (si elles existent car j’ai eu aussi l’impression d’avoir le réservoir siphonné tant l’autonomie affichée descend rapidement). On pourra conserver une réserve électrique avec le mode « e-save ». Finalement, avec une consommation de 7,8 l/100 km après 1 259 km, c’est en dessous de la moyenne (8,3) des trois autres PHEV (508 PSE, Explorer, XC90) avec lesquels j’ai réalisé des longs trajets (mais avec plus d’agrément). J’en attends toujours plus de ces hybridations. Surtout en comparaison avec les Diesel. J’attends surtout beaucoup plus d’autonomie et de rayon d’action pour un SUV familial.
En conclusion
Moralité : si vous n’avez pas de solution de recharge à domicile, prenez un E-Tech full hybride de 200 ch et non ce Renault Rafale hybride rechargeable de 300 ch. Il aura certes plus de dynamisme, d’agilité et de précision avec notamment sa puissance plus élevée et sa transmission intégrale mais il perd beaucoup en agrément avec un 3 cylindres trop bruyant/vibrant et surtout des consommations excessives avec les « batteries vides ». Son style réussi pour la catégorie pourrait vraiment faire croire à de la sportivité si la pédale de frein n’était pas aussi mal calibrée. Autrement, nous avons un SUV quasi premium avec des finitions appréciables et surtout une habitabilité remarquable.