Essai Audi RS 6 Avant : le break des familles presséesEnviron 12 minutes de lecture
Audi RS 6 Avant
129 150 €
174 825 €
4.0 l V8 biturbo TFSI
Essence
600 ch à 6 000 trs/min
800 Nm à 2 050 trs/min
Automatique à 8 rapports (tiptronic)
4 roues motrices (quattro) et directrices
3,6 sec
12 sec
- 305 km/h avec le Pack Dynamique RS plus (c'est le cas du modèle d'essai)
- 280 km/h avec le Pack Dynamique RS
- 250 km/h par défaut
5,00 m
1,95 m
1,46 m
2,93 m
2 150 kg
73 l
970 km
16,3 l / 100 km
257 g/km
53 CV
Audi et les breaks sportifs, c’est une grande histoire d’amour qui dure depuis plusieurs décennies déjà. Tout a commencé en 1994, avec la légendaire RS 2 Avant que la marque aux anneaux avait co-développé avec son cousin germanique Porsche. Le mythique 5 cylindres Audi développait un peu plus de 300 ch et grâce à ce modèle exceptionnel, Audi s’était vite fait une réputation très mauvaiscul* dans le monde automobile. Les breaks sportifs ont désormais la cote et en 2002, Audi remet couvert en présentant la voiture familiale la plus stupide radicale du monde : la RS 6 Avant de première génération. Le super-break est alors doté d’un moteur V8 développant 450 ch et il est capable de rivaliser avec les meilleures supercars de l’époque…
Pour la seconde génération de RS 6, Audi ira même jusqu’à greffer l’énorme V10 de Lamborghini Gallardo de 580 ch sous le capot de la voiture, avant de revenir à la « raison » en 2013 avec le V8 biturbo sur la troisième génération…
Presque 20 ans et 4 générations plus tard, en 2021, la recette est relativement la même : beaucoup de chevaux, beaucoup de muscles et beaucoup de technologies embarquées ! Allons tout de suite voir ce que donne cette Audi RS 6 Avant de quatrième génération, avec son V8 biturbo de 600 ch et ses quatre roues motrices et directrices.
*mauvaiscul = badass
Audi RS 6 Avant : une fiche technique de supercar
Six cent chevaux. SIX CENT CHEVAUX. SIX. CENT. CHEVAUX. Combien ? Six cent chevaux ! C’est la puissance développée par le 4.0 l V8 biturbo de « ma » RS 6 Avant. La dernière fois que j’ai essayé une voiture de 600 ch, il s’agissait clairement d’une voiture de course homologuée pour la route. Mais là, une telle puissance dans un break familial, est-ce bien raisonnable ? Absolument pas, et c’est pour ça que c’est génial !
Mais outre cette puissance spectaculaire, le V8 produit 800 Nm de couple disponible quasi instantanément (à 2 050 tr/min). Comme vous pouvez vous en douter, le moteur est plein absolument tout le temps et les reprises sont scandaleusement fulgurantes !
Toutes ces données irréelles (ou du moins, inhabituelles pour un break) permettent d’abattre le traditionnel exercice d’accélération de 0 à 100 km/h en à peine 3,6 sec. Pour vous donner un ordre d’idées de comment c’est rapide, c’est 0,1 sec de mieux qu’une Aston Martin DB11 AMR de 639 ch ou qu’une Chevrolet Corvette C7 Z06 de 659 ch. Mais c’est surtout une seconde de moins qu’une RS 6 de 2007, équipée d’un V10 Lamborghini. Rien que ça !
L’optionnel Pack Dynamique RS plus permet de débrider la vitesse de pointe de la RS 6, limitée par défaut à 250 misérables km/h. 305 km/h est la nouvelle donnée, théorique évidemment. Ce qui nous rapproche tout doucement du TGV. C’est fou !
Les quatre roues sont directrices, en plus d’être motrices (la fameuse transmission intégrale quattro). C’est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup plus d’agilité dans les virages et à des vitesses toujours plus élevées.
La plus bodybuildées des Audi RS 6
Les précédentes générations de RS 6 se fondaient presque dans la masse et pouvaient presque être confondues avec une A6 Avant « normale » (j’ai dit « presque » deux fois, hein !). Mais pas question pour ce quatrième opus de jouer les sleepers !
La génération actuelle adopte un look extrêmement agressif tout en conservant une certaine élégance sur les 5 longs mètres de sa carrosserie. Cela a d’ailleurs été le premier modèle RS à adopter le nouveau « langage stylistique » d’Audi Sport : un design athlétique, taillé à la serpe. Un design qui donne du fil à retordre à pas mal de tuners du monde entier : comment faire encore plus agressif ?
Les deux portes avant, le toit et le hayon sont les seules 4 pièces de carrosserie communes entre une A6 de Monsieur Tout-le-Monde et une RS 6 break. Tout le reste a été soigneusement retravaillé. La carrosserie est par ailleurs plus large de 8 cm (4 cm de chaque côté) et plus basse de 2 cm comparée à un modèle standard.
La face avant intègre le nouveau pare-chocs hyper vénère musclé, l’énorme calandre « singleframe » en noir brillant et les feux Matrix LED à éclairage laser. Le capot est nervuré façon muscle-car, avec même un semblant de powerdome.
Amateurs de carbone, vous n’allez pas être déçus. On trouve des éléments en fibre un peu partout sur la carrosserie mais on est à loin de faire une overdose.
Une super familiale
Un break, c’est avant tout fait pour transporter plein de trucs, et notre RS 6 excelle à cet exercice, tel un tableur de la suite Office. Et puisqu’une image vaut mieux que 1 000 données de la fiche technique, voici concrètement ce que notre break est capable de transporter (en plus d’un enfant de deux ans et de deux adultes) :
Le coffre est grand, très très grand même ! Les 565 l de volume en configuration « normale » peuvent se transformer en 1 680 l en rabattant la banquette arrière. De quoi dévaliser un Ikea sans jamais se soucier de « mais comment je vais ramener tout ça à la maison ? ». D’ailleurs j’y pense, ce sont les breaks sportifs qui devraient s’appeler « SUV » et non les SUV.
Les places arrière sont si généreuses que trois ukrainiens (ou autre nationalité) de plus de 1m80 peuvent voyager en toute sérénité. Les genoux ne toucheront jamais le siège de devant et la garde de toit permettra même de conserver sa chapka… C’est très spacieux ! Et ce confort, ce confort bor*el de m*rde !
En mode « Confort » ou « Efficiency », l’auto absorbe la moindre imperfection de la route et rend le voyage aussi souple qu’agréable pour tous les occupants. La suspension pneumatique adaptive est une invention absolument fantastique, surtout lorsqu’elle est aidée par l’optionnel système d’amortissement dynamique, Dynamic Ride Control.
Même avec le mode sport activé, l’auto n’est jamais « tape-cul ». La suspension est certes plus rigide mais c’est loin d’être désagréable. Petit conseil cependant pour les parents – vraiment pressés – avec un enfant endormi dans son siège à l’arrière. Prévoyez un adulte (une mamie, un tonton ou autre cousin) pour tenir la tête de votre progéniture dans les virages ou lors des accélérations.
Le 4.0 l V8 est équipé de tout un tas de technologies destinées à rendre le véhicule plus efficient et donc à alléger votre budget familial. Le traditionnel COD (cylinder on demand) est par exemple capable de désactiver 4 cylindres (les 2, 3, 5 et 8) lorsque vous n’avez pas besoin des 600 chevaux pour avancer. Plus précisément, à une vitesse de croisière comprise entre 55 et 160 km/h. En gros, quand vous roulez en mode pépère au régulateur, l’auto n’utilise que la moitié de son moteur. Sans oublier l’alterno-démarreur de 48 volts. Oui mesdames et messieurs, l’Audi RS 6 Avant est une voiture hybride ! Cette hybridation est certes légère (MHEV), mais elle est suffisante pour vous faire économiser presque 1 l d’essence / 100 km, théoriquement bien sûr. En plus ça permet de rendre l’ensemble politiquement correct dans un monde qui boude de plus en plus le thermique.
Une super sportive
On vient de voir que l’Audi RS 6 était parfaitement taillée pour une famille. Encore heureux, vu les dimensions de l’engin ! Mais qu’en est-il de ses performances en tant que sportive ? Allons voir ça tout de suite.
La première chose à dire ici est que la sonorité du moteur est un peu décevante. C’est peut-être dû au fait que j’avais comme référence l’incroyable mélodie du 5.0 l V8 atmo de chez Ford et que je m’attendais à mieux, surtout avec l’optionnel échappement Sport RS… Toujours est-il que l’excellente insonorisation de l’habitacle fait très bien son job et vous prive des vocalises du 4.0 l TFSI hurlant à plein régime. Un peu dommage.
Ceci étant dit, les accélérations de l’Audi RS 6 sont stupides impressionnantes : 3,6 sec pour réaliser le 0 à 100 km/h, 12 sec pour atteindre les 200 km/h, selon la fiche technique officielle. Mais le break n’est pas fait uniquement pour les drag-races ! Grâce notamment à la transmission intégrale quattro, aux quatre roues directrices et à l’excellente suspension « intelligente », on ne sent presque pas les 2 tonnes de l’auto dans les virages. La répartition du couple s’effectue via un différentiel central mécanique, le rapport par défaut est de 40 :60. En cas de besoin et selon votre conduite, la répartition peut même s’étendre de 70 :30 à 25 :85. En gros, quoi que vous fassiez au volant, l’auto saura s’adapter à votre conduite et sera en mesure de corriger votre trajectoire en cas de besoin.
Facile, intuitive et sécurisante, la RS 6 offre cette agréable sensation d’être un véritable pilote à son volant. Sur une route sinueuse (et fermée, bien évidemment), on se surprend de la vitesse à laquelle on enchaine les virages. Et on est encore loin, très loin des limites de l’auto… Tout est fait pour que vous vous sentiez à l’aise et en confiance. La boîte fait un travail extraordinaire et s’adapte parfaitement à votre rythme de pilotage. Quant au freinage, les énormes freins céramique (fournis avec l’option Pack Dynamique RS plus à 11 000 €) sont efficaces même à froid et semblent assez endurants. Leur mordant est tout simplement bluffant !
Le launch control peut être réalisé en tenant le volant littéralement d’un petit doigt. Ca file droit (contrairement à une GT-R sauvage qu’il faut tenir de toutes ses forces), on a vraiment l’impression que la voiture est posée sur des rails !
Un super équipement
L’une des technos qui m’a le plus marqué dans cette RS 6, ce sont les aides à la conduite qu’elle embarque. Et plus précisément le régulateur de vitesse prédictif. En gros, la voiture lit les panneaux de signalisation et configure sa vitesse de croisière en fonction de ça. A l’approche d’une ville par exemple, l’auto va commencer à ralentir (en se mettant au point mort avec moteur coupé par exemple) très en amont, de manière à arriver au niveau de l’entrée dans la ville en roulant exactement à 50 km/h. Ca parait gadget mais ce niveau d’assistance est très appréciable quand vous voyagez beaucoup sur des routes départementales. Surtout si vous traversez plusieurs départements avec des limitations en freestyle (80 km/h, 90 km/h, 70 km/h, re-80 km/h). Rouler à la cool dans une RS 6, en se faisant assister par une techno de pointe, c’est vraiment génial ! En revanche, désactivez tout quand vous roulez sur une route sinueuse. La voiture étant très large et les routes hyper étroites, l’assistant de franchissement de ligne va passer son temps à vous stresser avec son bip et à considérer que vous roulez trop proche de la ligne. Mais mec, si j’avais pu emprunter une route plus large je l’aurais fait. Ferme-la et apprécie le paysage de l’Yonne plutôt.
Pas d’audace luxueuse à déclarer à bord de notre break mais plutôt une ambiance premium et extrêmement bien travaillée. Le joli volant à méplat est entièrement en alcantara (merci le Pack Design RS rouge à 2 300 €), il intègre une jolie surpiqûre rouge parce que le rouge ça va vite et tout le monde le sait ! On retrouve cette surpiqûre un peu partout sous nos yeux, comme la ceinture, les tapis de sol, le tableau de bord ou encore les sièges. Les magnifiques sièges sport RS ventilés sont facturés 2 100 € et ils offrent un excellent compromis entre confort et maintien. Le tableau de bord et les accoudoirs de portières sont recouverts de cuir nappa noir du plus bel effet avec encore une fois des surpiqûres rouges dans tous les sens. C’est beau !
Autrement dit, l’habitacle de notre RS 6 bleue nous rappelle étrangement quelque chose. Mais quoi ? Quelle est cette étrange sensation de déjà-vu ? Ah oui, je sais ! L’intérieur de la RS 6 est à peu de choses près identique à TOUTES les autres Audi. Un point positif pour un habitué de la marque qui trouvera tout de suite ses repères et un point négatif pour Jean-Michel Relou qui chercherait de l’originalité.
L’optionnel système son Bang & Olufsen (+ 6 250 €) est composé de 19 enceintes pour une puissance cumulée de 1 820 W. La qualité du son « 3D » est absolument fantastique mais je n’ai toujours pas réussi à comprendre ce qu’il avait de 3D… Petit détail qui tue : les tweeters mobiles placés à chaque extrémité du tableau de bord. Quand on met le contact les enceintes sortent et quand on le coupe, elles se rangent à leur place. C’est aussi inutile que fragile mais qu’est-ce que c’est beau !
Comme toutes les Audi modernes qui se respectent, la RS 6 est équipée d’un combiné d’instruments numérique appelé Virtual Cockpit. Ce grand écran de 12,3 pouces, placé juste sous vos yeux, propose plusieurs modes d’affichage selon vos envies ou vos besoins. Le mode sport affiche par exemple la vitesse et le compte tour en grand, mais il est également possible d’afficher la carte du GPS sur toute la surface de l’écran.
De série, la RS 6 reçoit également un grand écran central avec un pavé tactile en guise de « clavier » : le MMI Navigation plus avec MMI touch response. La navigation dans les menus est intuitive et plutôt facile. Je regrette juste que la commande de clim ait été délocalisée sur le fameux écran tactile, pas du tout pratique en conduisant.
Conclusion
La voiture va-t-elle comprendre la destination souhaitée ? Le doute m’habite.
L’Audi RS 6 Avant est aussi belle qu’elle est performante et aussi performante qu’elle est facile à prendre en main. Que ce soit pour aller faire les courses ou pour aller faire la course, elle est parfaite !
Si aujourd’hui j’avais 174 825 € en trop sur mon compte en banque, c’est exactement comme ça que je les dépenserais. A une exception près peut-être : la couleur. Le mat est définitivement une couleur horrible à entretenir au quotidien. La moindre poussière est visible et la moindre trace de doigt saute aux yeux, relou mais beau.
Toutes les photos de l’Audi RS 6 Avant
+ Un look agressif et élégant à la fois.
+ L'inépuisable V8 biturbo.
+ L'excellent comportement routier, que ce soit le confort en conduite pépère ou l'efficacité en conduite sportive.
+ La facilité de prise en main.
- Les options, très nombreuses et très chères.
- Le système "soft lock" est optionnel, c'est dommage.
- Certaines aides à la conduite sont intusives.
- La sonorité du V8 un peu trop timide.