La Mercedes Classe S est incontestablement la reine des berlines de luxe et cette tendance se confirme d’année en année. Loin devant les BMW Série 7 et Audi A8 en terme de ventes, la Classe S s’est écoulée à près de 60 000 exemplaires dans le monde en 2020 (contre 75 000 en 2019 mais entre temps il y a un mec qui a mangé un pangolin et ça a tout fait foirer). Sur le marché français, 80% des acheteurs de la Classe S sont des entreprises, ce qui explique en partie pourquoi la nouvelle génération a d’abord été lancée exclusivement en diesel chez nous. Un seul block moteur de 6 cylindres en ligne avec deux configurations possibles : mono ou biturbo, respectivement 350d ou 400d. Allons tout de suite voir ce que vaut la voiture de luxe la plus populaire du monde dans sa version rallongée et dotée du plus petit moteur.
Le « sleeper » du luxe
Esthétiquement parlant, notre Classe S Limousine ne prend aucun risque. Et comme à peu près toutes les Classe S, notre modèle ressemble à… toutes les Mercedes de sa génération, sans aucune prétention particulière. Un design certes sobre et élégant mais que certains pourraient qualifier de « banal ». Ainsi, les habitués des applications de chauffeur privé auront certainement du mal à faire la différence entre la Classe C qui les a ramenés chez eux quand ils étaient à 3 grammes la nuit dernière et notre limousine. Si seulement ils savaient…
Et on le comprend assez rapidement qu’il ne s’agit pas uniquement d’une plus petite berline étirée. Pour s’en rendre compte, il suffit d’ouvrir une portière. Ou plus précisément, de s’approcher d’une portière dépourvue de poignée. Celle-ci se déploie aussitôt que l’on approche sa main de son emplacement et la magie commence : notre bagnole de VTC classique se métamorphose en un véritable salon VIP. Que dis-je, on accède à une véritable classe affaire.
Les équipements et options toujours plus dingues !
Hors malus et sans aucune option cochée au catalogue, la Mercedes Classe S est affichée à partir de 100 850 €, auxquels il faut ajouter 5 000 € pour avoir la version rallongée. Mais ce prix peut presque doubler si vous passez un peu trop de temps sur le configurateur car les options sont nombreuses et, sans aucune surprise, chères. Certaines d’entre elles coûtent plus cher que la moins chère des Classe A ou Classe B, pour vous donner un ordre d’idées… Alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? Spoiler : oui.
105 850 € de base, 158 540 € le modèle essayé. Soit exactement 52 690 € de plus sur la facture finale mais on ne va pas s’attarder sur chaque « petit » extra de notre limousine. Commençons d’abord par ses équipements de série.
La première chose qui saute aux yeux dans l’habitacle c’est cet énorme écran central placé à la verticale entre les sièges de devant. Le système MBUX Premium est tactile et est dans l’ensemble assez fluide et intuitif. Les menus sont cependant nombreux et on est vite perdu dans l’interface. La commande de climatisation est délocalisée sur ce même écran OLED de 12,8 pouces. Et comme à chaque fois qu’un bouton physique de clim est supprimé au profit du tactile, ça m’agace car ça oblige le conducteur à quitter la route des yeux pour mettre son doigt où il faut sur la dalle… Heureusement que tous les passagers ont la main sur leur propre zone. La connectivité Android Auto ou Apple Car Play est comprise d’office également.
L’éclairage d’ambiance se démocratise chez tous les constructeurs premiums mais celui que Mercedes a installé dans la Classe S est particulièrement lumineux. Cependant, il ne s’agit pas uniquement d’éclairer bêtement l’habitacle façon néon de Norauto car l’éclairage de notre limousine est connecté à son environnement. Une accélération ou un freinage ? L’ambiance lumineuse change. Vous montez ou baissez le chauffage ? Un petit trait rouge ou bleu se précipite sur la bande lumineuse à proximité… C’est 100 % gadget mais c’est 100 % gadget que l’on a envie d’avoir dans sa voiture parce que pourquoi pas !
Toujours de série, on trouve également, et de manière non exhaustive, une sellerie en cuir, les suspensions pneumatiques, le régulateur de vitesse adaptatif, l’aide au maintien dans la voie, le freinage d’urgence actif, le radar d’angles morts, la climatisation automatique à quatre zones et les projecteurs LED avec feux de route adaptatifs. Seule la peinture noire est dispo sans supplément, ce qui explique très certainement la surabondance de cette teinte sur nos routes.
Le pack Exclusif, facturé 6 800 € apporte du cuir Nappa à peu près partout où c’est possible : sur la planche de bord, la boîte à gants, la console centrale, les contre-portes, l’accoudoir central à l’arrière et les poignées de maintien. La qualité perçue est extraordinaire et le toucher très agréable. Cette même option apporte en plus des inserts décoratifs par-ci, un seuil de chargement du coffre en inox par-là… Partout où on pose le regard, c’est magnifique et extrêmement bien fini.
Les inserts décoratifs en ronce de noyer (situés là où se trouvent tous les boutons des portières, en gros), option à seulement 500,40 €, apportent un côté « Piano Black » que l’on trouve chez Rolls-Royce. C’est splendide mais ça n’aime pas beaucoup les traces de doigts.
La sono Burmester 4D-Surround, facturée 6 400 € (mais dans notre cas, il est compris dans le pack business class), est de loin le système son le plus sophistiqué et le plus dingue que j’ai vu (entendu ?) dans une voiture. Il est composé de 31 (oui, trente-et-un) haut-parleurs, dont 6 à large bande (son 3D), et d’un subwoofer délivrant une puissance totale de 1 350 watts. Le son produit est d’une qualité indescriptible, c’est tout simplement parfait. Mais en quoi est-ce de la 4D me direz-vous ? Il s’avère qu’en plus de tout ce matos de boîte de nuit, Mercedes à installé 8 exciters (ou transducteurs acoustiques) dans les 4 sièges de la voiture. Et je vais forcément m’emmêler les pinceaux si je me lance dans une explication de ce que c’est que ce truc… En gros ils font vibrer les sièges au rythme de la musique : plus le son est fort et plus ça vibre fort. C’est un poil déstabilisant au début mais c’est un gadget hautement recommandable dans une limousine Mercedes ! De plus, les 31 haut-parleurs sont capables de jouer deux pistes de son simultanément. Ainsi, les passagers à l’arrière pourront tranquillement regarder leur télé pendant que le chauffeur écoute ce qu’il veut de son côté. Pratique.
Une option absolument indispensable, voire obligatoire pour la Classe S rallongée : les roues arrière directrices, facturées 1 600 €. Selon la vitesse à la quelle on roule, l’arrière va braquer dans le même sens que l’avant ou dans le sens contraire et ce, jusqu’à 10°. Que ce soit pour réaliser les manœuvres en ville ou pour s’amuser sur une route de campagne, l’agilité apportée vaut largement l’investissement.
Passons maintenant à la pièce maîtresse de notre Classe S, une option qui mérite un chapitre à elle-seule car elle transforme le luxueux habitacle à l’arrière en luxueux ++ : le pack Business Class, facturé 34 500 €.
Voyage en classe affaire
Car oui, la meilleure place dans une limousine ce n’est pas forcément celle du conducteur, bien qu’elle soit hyper confortable, mais bien derrière. Derrière à droite plus précisément, on va voir ça en détail.
Contrairement aux limousines américaines, dépassant souvent les 10 mm de long et où l’espace à bord se compte en hectares, les limousines allemandes se la jouent dans la finesse en rallongeant un modèle de base de quelques centimètres seulement (12 cm précisément dans le cas de la Classe S). L’espace à bord est certes très généreux mais il peut l’être davantage avec le pack business class. Enfin, juste pour un passager. Pour LE passager.
Les deux sièges à l’arrière sont indépendants et peuvent s’incliner jusqu’à 43,5°. Le siège de droite a la particularité de disposer d’un repose-pied intégré au siège de devant. Une simple pression sur un bouton suffit pour faire avancer la place du copilote au maximum et déployer le dispositif de sieste. Un peu comme le fauteuil relax de votre papy mais avec en plus, 10 programmes de massages différents et la température réglable. Et les coussins d’une douceur ahurissante au niveau de la nuque. Business Class on a dit !
De plus, les passagers arrière disposent de deux grands écrans tactiles de 16,5 avec toutes les options du véhicule et le tuner TV intégrés. Deux prises micro HDMI sont également disponibles si le programme télé ne leur convient pas ou s’ils veulent regarder deux choses différentes. Car le tuner n’est pas capable d’afficher deux chaînes de TV différentes simultanément (c’est à peu près le seul défaut de la voiture). Chacun bénéficie d’une tablette rabattable pour mettre son ordi portable et d’un casque audio sans fil pour regarder du porno discrètement travailler au calme.
Un troisième écran sous forme de tablette tactile Samsung est disponible dans l’accoudoir central arrière. Elle permet notamment au passager de droite, lorsqu’il est en configuration « sieste », de pouvoir accéder aux commandes de clim, de massage, etc. sans avoir à bouger de son siège.
La sécurité passive des vos VIP à l’arrière est assurée par un dispositif innovant d’airbags intégrés directement dans les ceintures. C’est absolument génial sur papier mais dans les faits ça rend les ceintures de sécurité un poil « rigides » qui ont tendance à mal s’enrouler. Un détail.
Des performances au top pour la « petite » version
Allons voir du côté de la fiche technique ce que nous réserve le 2.9 l turbo diesel de notre Classe S 350d. Les 286 chevaux (seulement ?) et 600 Nm sont distribués aux quatre roues motrices via une boîte de vitesse à 9 rapports 9G-Tronic. Malgré les 2 075 kg sur la balance, notre limousine réalise le traditionnel exercice d’accélération de 0 à 100 km/h en seulement 6, 4 sec. De quoi envoyer pas mal de frérots en enfer, comme dirait un certain Georges Maroun Kikano. La vitesse de croisière maximale est limitée à 250 km/h, un grand classique.
Grâce à l’extraordinaire travail aérodynamique réalisé sur la voiture, son coefficient de pénétration dans l’air (Cx) n’est que de 0,22 et ça, c’est absolument fou ! La nouvelle Porsche 911 Turbo S n’affiche, par exemple, « que » 0,32 alors que le Classe G, avec son aéro d’armoire normande, se contente de 0,54. Les poignées affleurantes (qui se rétractent donc en roulant) ne sont qu’un tout petit exemple des améliorations apportées pour optimiser l’aérodynamique de la berline de luxe. Le résultat est là : la consommation est raisonnable et l’insonorisation est absolument fantastique, même à très grande vitesse.
Quittons les axes autoroutiers et empruntons une route sinueuse. Même avec le mode sport activé, la limousine conserve son confort royal, les 4 passagers pourront même se faire masser pendant que le pilote pilote. Le comportement d’une si grosse voiture sur une route de campagne est étonnamment sain, on oublie vite ses 5 289 mm de long et 1 954 mm de large. Les roues arrière directrices y sont pour beaucoup dans cette agilité inattendue. Si l’on se réfère à la fiche technique officielle, le diamètre de braquage de la Classe S Limousine est de 10,2 m. Si cela ne vous parle pas, une Clio III, avec ses 3,99 m de long, braque moins bien que notre allemande (10,3 m pour la française).
Mercedes Classe S Limousine : le bilan après 800 km au volant
C’était la première fois que je prenais le volant d’une voiture aussi exclusive et aussi luxueuse que cette Mercedes Classe S Limousine et c’était également la première fois que je n’avais presque aucune envie de la conduire. J’avais envie d’être ce passager arrière droit qui finit tranquillement sa sieste dans un siège à moitié allongé, avec un massage relaxant dans le dos… Avec de la place aux jambes à ne plus savoir quoi faire et les stores relevés au maximum pour se protéger du soleil… A me faire conduire dans un calme et un confort absolument fantastique, aussi loin et aussi longtemps que possible.
On ne comprend strictement rien à cette photo mais en gros, il y a tellement de place à l’avant que l’on ne touche même pas l’aérateur en tendant son bras au maximum. L’éclairage d’ambiance de la Classe S est aussi magnifique qu’inutile. Mais il interagit avec l’environnement et c’est plutôt chouette. Inutilement chouette.
Mais « malheureusement », j’ai dû me contenter de la place derrière le volant pendant cet essai et vous savez quoi ? J’ai envie de tout plaquer et de devenir chauffeur de Classe S.