Cupra a une orientation pour son futur et il a fallu conduire l’Urban Rebel dans un délire façon Mario Kart pour le comprendre. Car prendre le volant de l’UrbanRebel et vivre la Cupra Experience revient à vivre un mélange de jeu vidéo et de course automobile EN MÊME TEMPS !
DarkRebel, UrbanRebel, j’avoue attendre la Baby reBel pour rigoler bêtement en mangeant du fromage. Visiblement la nouvelle marque ibérique qui succède à Seat a du pain sur la planche pour exister et de l’ambition pour un futur automobile qui s’annonce bien sombre. Et c’est dans le virtuel que le constructeur a trouvé son salut. Succèderont à cet article un (petit) essai du Formentor VZ5 et une présentation du concept car DarkRebel. Elle n’est pas belle la vie ?
Cupra (UrbanRebel) Experience : le moyen pour Cupra d’exister
Cupra n’existe pas vraiment dans l’esprit des gens. Un aveux de Julio Lozano lui-même, qui n’est autre que le directeur de la marque (oui j’ai parlé avec lui keskevoucroivé !). Alors à qui s’adresse Cupra ? Visiblement pas aux fans de caisses à l’ancienne. D’ailleurs, @Victor (aka Le Patron) n’a pas vraiment kiffé le Formentor VZ5. Pire, le futur de l’automobile n’a rien de radieux. « Si le réel te fait peur, réfugie-toi dans le virtuel » dirait Gandalf s’il avait été inscrit chez Pôle emploi. C’est exactement ce que les gens de Cupra ont fait. Ils se sont tous inscrit chez Pôle emploi ont orienté le futur de la marque vers le virtuel, sans perdre de vue qu’il faut tout même exister IRL.
Gran Turismo, une influenceuse, un peu de jalousie et une bonne surprise du destin
Tout commence à l’événement du film Gran Turismo. J’y rencontre Fjona, une journaliste tantôt geekette, tantôt essayeuse de bagnoles (accessoirement, elle intervient à la TV comme consultante tech et a même réalisé une conférence TEDX). Le genre de profil qui aurait tellement sa place sur Hoonited. Fjona est albanaise mais a vécu en Italie. Donc elle parle vite et avec les mains. C’est rigolo même si je ne comprends rien. Je la suis sur Insta. Ça permet de voir quel niveau faible j’ai dans l’univers social virtuel.
Any-ouais, je suis tombé sur une de ses stories dans laquelle elle conduit la Cupra UrbanRebel, avec un casque de réalité virtuelle sur la tête. C’était une dinguerie et j’ai été pris d’un peu de jalousie. Par un heureux hasard, j’ai aussi un vrai job en dehors de Hoonited. J’écris des articles, mais sous mon vrai nom et je suis payé pour ça. Greg du Journal du Geek me demande si je veux participer à un événement à Barcelone pour Cupra. Je me dis alors qu’avec un peu de chance, je vivrai une expérience identique à celle de Fjona.
Avion et compression
Ni une, ni deux, j’accepte et me voilà dans un A320 « optimisé » siglé Vueling direction Barcelona. Prendre l’avion avec cette compagnie, c’est comme enfiler un jean slim le lendemain d’un repas de fête ou un préservatif trop petit (askip).
Une heure trente et un dépliage méticuleux de chacune de mes articulations plus tard, on me file les clés d’un Cupra Formentor VZ5 pour rejoindre le Cupra Exponential Experience. La vie de stagiaire est parfois magnifique.
Me voilà rouler sur les routes catalanes jusqu’à l’entrée de la frontière française dans une caisse de 310 chevaux. Le Formentor a de la gueule. Son design fait l’unanimité. Je vous en ai fait un petit essai rapide (pour une fois) à lire ici.
Cupra Experience chapitre 1 : le parking
Généralement, un point de rencontre pour un essai automobile dans un aéroport sonne comme une invitation à faire n’importe quoi. Mais ce fut plutôt dans le parking dudit aéroport que je me suis retrouvé. Le ciel était couvert d’un léger voile. À quelques mètres de nous, les avions prenaient leurs envols.
Au milieu, le Cupra Exponential Experience. Nous étions au fief du département de test de Cupra et je ne pus retenir un léger rire. Le département de développement de Cupra, qui succède donc à Seat, est un parking. Exactement comme le parking Lidl sert de centre de développement aux Ibiza Cupra TDI du 77. La boucle est bouclée.
Mais au fond, deux camions du genre à arpenter les abords des circuits et transporter les voitures de course (et le matos qui va avec).
Evidemment, je m’étais déjà fait spoiler et je n’avais qu’une envie, déguster un mini brownie (j’adore les brownies) et mettre mes fesses dedans. D’ailleurs, je n’ai été idiot et j’ai laissé mon estomac vide le temps de tourner en virtuelle réalité.
Cupra Experience chapitre 2 : à tension, tension et demie
La voiture est une Cupra UrbanRebel (attaché oui). Un concept car pensé pour la course initialement, qui aura droit en 2025 à la plus sexy des voitures électriques, la Cupra Raval. Oui, Raval, comme El Raval, le quartier hipster et populaire de Barcelone. Il y a des tags partout, des gens partout et le côté un peu crade donne un certain cachet.
La voiture est un concept particulier de voiture électrique. Elle dispose d’un moteur sur chaque essieu. Chacun d’eux est alimenté par un haut voltage. Ça ne vous dit rien, alors je vais faire simple : l’intensité représente le diamètre du tuyau. La tension représente la pression d’envoi du fluide. Plus la tension est élevée, plus ça envoie vite l’électricité. Plus vous avez de puissance. Mais plus votre réservoir d’électrons se vide rapidement. Puis ça chauffe, ça chauffe fort. Demandez aux proprios de Tesla Y Performance qui tournent sur circuit (oh ça va, si on ne peut plus rire). Donc L’UrbanRebel bénéficie d’un système de refroidissement assez ouf que j’ai complètement oublié de photographier, connard que je suis. Il s’agit d’une version différente de l’e-Cupra. L’UrbanRebel n’offre « que » 320 kW ou 430 ch en ancien francs.
Le 0-100 est avalé en une poignée de seconde et ça rend l’exercice virtuellement assez périlleux. Ok je vous explique !
Cupra Experience chapitre 3 : la course automobile n’appartient pas au passé, mais bien au futur
Mon tour arrive rapidement et on me propose de m’installer dans le cockpit. Baquet inconfortable, harnais mais point d’odeur d’essence. Tout juste de la gomme brûlée. Le pare-brise est sombre. L’écran au-dessus du volant éteint. À ma droite, un pilote. Sur les commandes centrales, de quoi allumer ou éteindre la voiture.
On place sur ma tête un casque de réalité virtuelle. Pas augmentée hein, V-I-R-T-U-E-L-L-E. Autrement dit, je ne vois pas le monde réel quand je roule. Car c’est ça dont il est question dans cette expérience. Conduire réellement une voiture réelle dans un univers 100 % virtuel. La porte se ferme, je vois des mains qui ne sont pas les miennes mais que je contrôle quand même. La personne à ma droite n’est virtuellement plus visible, mais elle est bien là. La sensation est vraiment étrange. Mais il ne m’a fallu que quelques secondes pour m’y habituer. Et devinez quoi ? Ça fonctionne de fou.
Aucune latence, aucun lag, et par conséquent, aucune dissonance. Une parfaite synchronisation qui me fait comprendre que Cupra ne joue pas malgré les apparences. Le constructeur a une idée en tête et elle est bien réelle, elle.
Cupra Experience chapitre 4 : le virtuose du virtuel, ou presque
Je me place lentement dans la place virtuelle. C’est juste hallucinant. On me donne le départ et j’entame deux tours à allure modérée. Je regarde le décor avec les yeux d’un touriste en mal de découverte. On m’a expliqué que tout était modifiable et que que le même parcours réel pouvait être déployés pour au moins cinq tracés virtuels différents.
J’avoue qu’au second tour, l’envie de taper un peu dans la voiture me titille. Pour rien, aucun chrono n’est lancé pour le moment. Le bruit de la voiture est incroyablement sexy. Différent, mais sexy. Avec des relents de V10 des F1 de l’époque.
Les deux tours terminés, je me place à nouveau sur le point de départ. Un compte à rebours en 3D apparaît : trois, deux, un et c’est parti. Voiture électrique oblige, l’accélération est franche, mais je n’ai pas l’impression d’aller très vite pour autant. On ne sent pas de décalage entre les mouvements de caisses et le comportement virtuel, mais la sensation de vitesse semble moindre. Cela dit, nous sommes sur un parking et de l’extérieur, ça ne paraît pas super rapide non plus. Au sol, un tracé de flèches vertes qui virent au rouge lorsque la vitesse d’entrée en virage est trop élevée. Mieux, une zone de boost jaune et brillante propulse la voiture lorsqu’on passe dessus. C’est comme vivre Mario Kart de tout son corps.
Curieux, je décide d’y aller plus fort, trop fort, je pars en tête à queue et la voiture s’immobilise. Je l’ai un peu fait exprès je l’avoue, curieux de découvrir comment le système gérait la situation, car il était impossible de faire demi-tour dans l’espace virtuel.
Le copilote qui devait m’insulter dans sa tête en catalan prend le volant à la manière d’un moniteur d’auto-école blasé. Nous avons pénétré la barrière plus fort que le @Novichok lorsqu’il a signé l’achat de sa Polo, et comme pour mon cher collègue, nous sommes passés à travers. Sacré sensation que de rouler dans le vide.
Le tour suivant, j’ai essayé d’avoir un rythme plus régulier. Les quatre tours sont vites passés et je suis parti me positionner dans le sas final, lui aussi virtuel.
Quelle expérience bordel ! Un délire incroyable et une réalisation bluffante. Jamais la simulation n’a pu atteindre un tel niveau et pour cause, ici, la conduite est réelle ! Je m’attendais à un truc cool mais perfectible. Si en l’état les graphismes manquent de finesse, le reste promet l’arrivée d’une nouvelle expérience de conduite. Car à aucun moment je n’ai senti le moindre décalage entre ce que je ressentais dans la réalité et ce que m’affichait le casque.
Et c’est exactement ça dont il est question ici.
Cupra Experience chapitre final : le débrief et le pourquoi cette idée
De retour dans le triste monde réel, j’ai l’occasion de tenir la jambe à d’échanger avec Ivan, qui s’occupe du développement du projet. J’en apprends énormément sur l’idée, le prix et la raison de ce choix.
D’abord le prix : comptez 300 000 euros pour la voiture et 30 000 euros pour le matériel informatique embarqué. La carte graphique, une RTX 4090 supporte un processeur dont je n’ai pas la puissance, mais qui a droit à un watercooling de cochon :
Le casque est un VARJO XR-3 qu’on trouve autour de 7 000 euros actuellement. Il permet d’avoir un affichage 4K pour chaque œil avec une taux de rafraichissement de 90 images par seconde. Le meilleur rafraichissement possible et la limite de toutes façons pour garder du naturel et ne pas avoir envie de vomir.
Cette armada de technologie a un but : rendre l’expérience financièrement rentable pour, à terme, intégrer l’univers de l’e-sport avec ce concept. Imaginez un peu : plutôt que de laisser la FIA imposer des règles à la con et risquer la vie des pilotes pour un semblant de spectacle tout juste bon à exciter des idiots drogués aux vidéos d’accidents, nous aurions des vrais pilotes, avec de vrais compétences, dans de vraies bagnoles qui joueraient des murs virtuels (qui font ralentir la voiture sans la détruire du coup), des boosts sur la piste, pas forcément placés sur les meilleures trajectoires, des items et qui pourraient subir immédiatement les temps de pénalité. Imaginez que nous n’aurions plus besoin de circuit réels, d’aménagements bancals comme à Las Vegas, de risque de mort comme à Imola ou Suzuka. N’importe quelle zone deviendrait une aire de course.
Enfin oui et non. Cupra n’ambitionne pas de remplacer le sport automobile, mais d’y ajouter une nouvelle approche qui se situera alors pile entre les courses du monde réel et celles entièrement virtuelles.
D’un point de vue fun, ce serait génial. On aurait alors la vue virtuelle et la vue réelle pour comparer. En terme de business comme de spectacle, ça promet. Car je le dis haut et fort, l’e-sport est bel et bien du sport.
L’objectif de Cupra est de continuer à développer cette « expérience » jusqu’à ce qu’elle devienne financièrement rentable. Dès lors, la marque sera mise en lumière aux yeux des fans d’automobile, mais également des fans de jeux vidéo et par voie de conséquence, d’e-sport.
Car c’est bien là l’ambition de Cupra : intéresser la prochaine génération. Celle qui n’a pas d’idée arrêtée sur l’automobile, celle pour qui vie virtuelle et vie réelle se confondent, parfois un peu trop d’ailleurs.
C’est cette approche qui a servi de développement au dernier concept DarkRebel. Un concept dont je vous parlerai dans le prochain article et qui annonce le futur de la marque. Mais ça, je vous en parle rapidement dans un autre article. En attendant, je vous laisse avec une photo de la vue qu’on a, depuis ce lieu que vous découvrirez.