Malgré 210 chevaux, cet Alfa Romeo Stelvio Q4 se traîne et c’est loin d’être son seul défaut. Allons l’essayer. Ou pas.
Le contexte de l’essai
De nos jours, ma p’tite dame, en plus des saisons qui n’ont plus de saison, les essais automobiles de (très) longues durées deviennent rares et compliqués à réaliser. Pourtant, rien de mieux que de tester une bagnole pendant plusieurs milliers de kilomètres. Rien ne peut nous échapper. Dès lors, merci à Alfa Romeo France pour ce prêt de 18 jours. Par contre, pas merci pour ce Stelvio Q4 diesel. Pas du tout merci même. On va le voir. J’espérais une meilleure auto que le Tonale PHEV et ça a été une nouvelle (terrible) déception.
Les quelques bons points de l’Alfa Romeo Stelvio Q4
Allez, on va être sympa et commencer par les éléments favorables au Stelvio. Même si le premier est discutable puisqu’il s’agit de parler de son physique, ce qui est un jugement propre à chacun.
Un gros SUV. De 1 745 kg. Dans les mains du conducteur, il semble peser le double. Zut ! J’avais dit écrit que j’allais être sympa. Je vais reprendre mon idée de départ en parlant de la couleur : Gris Panarea Mate (à 1 250 €). Vous allez me dire que c’est gris, qu’on voit du gris partout. Je vais vous répondre que c’est un joli gris bleuté avec un mélange de mat et de nacré. J’aime beaucoup, on ne s’en lasse jamais.
De plus, avec les énormes jantes « téléphone » de 21 pouces Speciale Scuro en noir, on a un contraste qui fonctionne particulièrement bien. Cela reste étonnant d’avoir autant de « trous » dans des jantes, au point de voir parfaitement les freins. D’ailleurs ceux-ci fonctionnent uniquement si on écrase la pédale à fond. Si on appuie trop légèrement, la voiture ne va pas s’arrêter. Son inertie semble énorme. Décidément, je n’arrive pas à être sympa.
Les finitions haut de gamme
Avec les finitions dans l’habitacle, on va trouver des matériaux de qualité, bien agencés et sans bruit de mobilier. Tant mieux car on aura tellement d’autres bruits. L’ensemble reste sans extravagance mais les surpiqûres rouges sur le volant, les sièges et la planche de bord amènent un peu de couleur. On appréciera les boutons physiques pour la climatisation. Comme pour le Tonale, je regrette la position du bouton de démarrage sur le volant et la molette de changement de modes de conduite trop reculée sur la console centrale. J’aurais préféré l’inverse. Assurément une question d’habitude mais en deux semaines, je n’ai pas pris l’habitude, notamment pour éteindre le moteur.
Le bruit du diesel
Nous avons donc un moteur diesel sous le capot. Un 4 cylindres de 2,2 litres. Un gros moteur diesel bruyant. Vraiment la caricature du moteur diesel. Vous entendez le son d’un beau V10 essence qui siffle dans les tours. Bah là, c’est pas ça. C’est le son d’une routière des années 90. Notamment à bas régime, on a une vibration sonore désagréable. Alors oui, je suis sensible des oreilles. Toutefois, quand on prend un énorme SUV premium, on s’attend à avoir une insonorisation premium. Quelle que soit la motorisation. Là, j’en étais à être soulagé d’arriver à destination pour tout couper. Sachant qu’il n’était pas le seul à me casser les esgourdes.
Les autres bruits de l’Alfa Romeo Stelvio Q4
Déjà les bips du radar avant et de la caméra de recul. Malgré un réglage du son au plus bas, ça hurlait pour tout et rien. J’ai désactivé avec un bouton sur le côté mais il fallait recommencer à chaque démarrage. Le pire étant la caméra de recul (à la très faible définition) qui alertait encore et encore à chaque passage dans l’angle mort.
Autre bruit totalement débile, celui des feux pour indiquer qu’ils restent allumés. Sachant qu’ils étaient en mode automatique. Donc chaque soir, j’avais encore un son à la con pour rien. Tout comme ceux des clignotants, aussi irritants que dans une 508 SW PSE (certainement une signature auditive Stellantis). Le summum aura été le couinement de la vitre conducteur à la descente. Sur un véhicule de 15 000 km à 74 900 €. Je veux bien que les voitures des parcs presse soit malmenées mais de là à engendrer cette foire…
La pression des pneus et le comportement routier
En parlant de parc presse, c’est la seconde fois (après la GR Yaris) que la pression des pneus ne correspond pas à celle préconisée (dans le manuel et pas sur l’intérieur de la portière) par le constructeur. J’ai donc roulé 1 900 bornes avec une surpression de 0,3 bar dans chaque pneu. Forcément, cela engendre des conséquences sur le comportement routier de la voiture. Je devrais vérifier cet élément pour chaque essai (comme me le conseille justement Arnaud) mais cela me dépasse qu’on file des caisses à des essayeurs sans checker ce point. Sachant que cela ne changera pas fondamentalement mon avis. Même si on obtient un peu plus de vivacité.
Ce Stelvio est totalement inadapté à la ville. Notamment à cause de son incapacité à fournir un agrément convenable à faible vitesse et de son stop & start trop souvent inactif. C’est l’angoisse de rouler entre 30 et 50 km/h car on sent la lourdeur de l’engin. Exactement comme avec le Mazda CX-60. Le couple annoncé de 470 Nm s’obtient uniquement à fond. Quand on roule sur un filet de gaz, on souffre. Surtout du bruit et de son côté pataud du fait d’un rayon de braquage catastrophique de 12 m. On doit en permanence manœuvrer et le tout sans caméra 360. Heureusement que les flancs des pneus sont larges car autrement, c’est une jante assurée.
DNA : les modes de conduite de l’Alfa Romeo Stelvio Q4
Exactement comme dans le Tonale, la rédemption provient du mode « Dynamic ». Ce mode « sport » permet d’avoir les modifications classiques dans ce cadre (réponse à l’accélération, direction ferme et suspensions rigides) pour enfin trouver des qualités dynamiques à ce Stelvio. La direction répond correctement, une relative agilité arrive et on peut enfin justifier les 6,6 secondes pour réaliser le 0 à 100 km/h. Enfin, il aurait fallu le chronométrer car on a encore la sensation d’avoir une caricature de SUV diesel avec tous les défauts qu’on leur prête (poids, bruit, roulis).
Il reste nécessaire de devoir cravacher en permanence pour avoir du répondant. Je veux bien m’y atteler avec un roadster de 100 ch mais pour un SUV familial, cela me parait incohérent. Ni agréable au quotidien ni plaisant en s’acharnant. En cas de conditions difficiles (pluie ou neige), on pourra toujours utiliser le mode « All-Weather » qui ressemble drôlement à un mode « éco » avec une restriction de la puissance en gardant la transmission intégrale. Au final, j’ai majoritairement laissé le mode normal dit « Natural ». Les suspensions amènent un confort pertinent.
La vie à bord
Comme chez d’autres marques, lorsqu’on change de mode de conduite, cela s’affiche sur l’écran central (manipulation aisée avec la molette centrale Rotary Pad) et on perd la vision du GPS. C’est d’une stupidité. Surtout quand l’écran ne fait que 8,8 pouces et que les informations de Google Maps (la connexion à Android Auto se réalise avec un fil) sont restreintes. On doit cliquer (tactile un peu lent) sur une touche supplémentaire pour obtenir les itinéraires alternatifs. Encore faut-il que l’écran ne freeze pas. À cause de la chaleur. 20 degrés en extérieur. On a aussi d’autres bugs sur les aides à la conduite. Rien de méchant car cela arrive parfois mais ça devient la goutte d’eau qui fait déborder le Stelvio. Comme aussi l’écoulement de la pluie sur sa tronche quand on ouvre le coffre. Ou sa forme qui m’a bien gonflé pour y loger mon bodyboard.
Je crois que ça devenait personnel avec un affect déplorable car le coffre de 525 litres se dimensionne correctement pour la catégorie. On notera que le plancher n’est pas plat quand on tombe (facilement) les sièges arrière.
Ceux-ci donnent satisfaction sauf pour la place du milieu avec toujours ce tunnel de transmission qui empêche d’avoir des jambes et ce toit fuyant d’avoir une tête. Par contre, on profitera d’une grande luminosité grâce à l’immense toit panoramique (à 1 700 €). Celui-ci s’ouvre uniquement pour les places à l’avant. Je pensais dire qu’on est bien installé et maintenu dans ces sièges en cuir chauffants (comme le volant) avec des multiples réglages et trois positions mémorisables ; mais après 600 bornes, j’ai eu mal au cul. Alors certes, j’ai souvent mal au cul après 600 bornes. Mais j’ai aussi connu des sièges plus confortables sur la durée.
La consommation d’un SUV diesel
En parlant de durée, j’ai réalisé 2 500 km en conduisant ce Stelvio avec 1 200 km d’autoroute et des parcours mixtes. Donc pour la consommation, on doit être au plus juste des conditions réelles avec ce 6,7 l/100 km. C’est dans la moyenne des SUV diesel. Donc rien à signaler de particulier avec aussi le chiffre de 7,1 l/100 km pour mon trajet de bouchons vers le boulot. Avec 58 litres de réservoir, on dépasse les 900 km d’autonomie et ça c’est cool. J’apprécie de ne pas rajouter du carburant sur des grands trajets autoroutiers.
Tout est mieux sur le Mercedes GLB
Le Stelvio se positionne sur le marché des SUV premium. Il a juste la finition de premium. Tout le reste n’est pas au niveau du Mercedes GLB qui offre un excellent agrément pour une motorisation diesel. Le Stelvio souffre aussi d’un malus de 8 000 € donc clairement, ça n’est pas un choix pertinent. On notera tout de même que ses compteurs sont lisibles, tout comme les différents menus.
J’ai dû toutefois valider « ne pas allumer l’écran au démarrage » sans jamais retrouver cet item car il fallait à chaque fois appuyer sur un bouton pour afficher l’écran. C’est probablement ma faute mais cela a augmenté mon agacement durant ce prêt. Pour la sono, Harman Kardon propose, comme toujours, des belles prestations permettant de cacher les bruits désagréables. On ne trouvera pas de bouton mute sur le volant mais les réglages habituels pour le régulateur adaptatif. Celui-ci freine trop fort et relance avec lourdeur.
En conclusion
Cet Alfa Romeo Stelvio Q4 offre une ligne plaisante pour un SUV. Avec clairement un caractère sportif dans le dessin et assurément des rappels stylistiques pour les Alfistes passionnés (pléonasme). Pour autant, au quotidien, il n’apporte aucunement l’agrément attendu d’un SUV familial premium à 74 900 €. Son moteur diesel bruyant manque cruellement de souplesse pour obtenir un couple appréciable à bas régime. De plus, son gabarit pour la ville avec une absence de caméra 360 limite sa facilité d’utilisation. Il faudra bourinner pour faire ressortir les qualités de puissance et de direction avec le mode « Dynamic ». On appréciera les finitions dans l’habitacle mais sûrement pas l’ensemble des bruits générés par les différents systèmes ou dysfonctionnements. On ne peut pas pardonner tous ces défauts à ce tarif. Après le Tonale, une nouvelle Alfa qui me déçoit.