Voici mon 3ème essai d’Alpine A110 et cette version GT prend la première place du podium avec un châssis incroyable, une puissance de 300 ch, des sièges confort et un plaisir inégalé.
Le contexte de l’essai
Je rêve de Porsche 911. Pour l’instant, je n’ai pas accès au parc presse pour en essayer une. L’année dernière, je découvrais l’A110 et une nouvelle passion naquit. Je n’irais pas à dire que l’Alpine a remplacé l’Allemande dans mon cœur mais elle a pris une grande place tellement elle m’apparaît géniale à conduire quotidiennement. J’aurais voulu la demander tous les mois au parc presse mais ça aurait été peut-être compliqué à obtenir… Toutefois, j’ai aussi pu essayer l’A110 S, notamment sur circuit. Plus rigoureuse et moins joueuse, cette version ne correspondait pas à mes attentes. Je savais que l’A110 GT pourrait les combler entièrement.
La config décevante de cette Alpine A110 GT
Cependant, j’ai tardé à la demander car je savais que sa configuration ne me conviendrait pas. Cette A110 GT est grise. Je n’ai rien contre les voitures grises (enfin si, un peu mais moins que contre les voitures blanches de société) sauf que cela me semble fort dommageable de la présenter ainsi quand on a un formidable catalogue de couleurs à sa disposition. Notamment des « verts » plus jolis les uns que les autres. Sans même parler des « bleus » Donc j’attendais un renouvellement. Puis j’ai repensé à la fable de La Fontaine, Le Héron :
« Ne soyons pas si difficiles :
Les plus accommodants ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner,
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte. »
On ne s’attardera pas beaucoup sur ce Gris Acier Métallisé, une série limitée à 110 exemplaires de la teinte Héritage ni sur les jantes bien trop sombres « Sérac noir diamantées » de 18 pouces. Heureusement que les étriers jaunes relèvent l’ensemble. On concédera que cette peinture s’apprécie davantage jour après jour et que l’A110 a réellement des belles lignes, sans atteindre la beauté intemporelle d’une 911.
Alpine A110 GT : les différences
Quel est donc l’intérêt de cette version GT ? Ses sièges confort, pardi ! Non pas que l’on soit mal installé dans une A110 ou une A110 S. C’est même l’inverse tant la position de pilotage s’avère parfaite. Par contre, sur les longs trajets, une seule chose pèche : l’inclinaison du dossier. Celle-ci ne peut pas se régler. Et quand on conduit en position droite, comme moi, cela tire dans le dos au point de ne pas être parfaitement à l’aise après des centaines de kilomètres. Dès lors, si l’A110 existait avec ces sièges qui ont le bon goût d’être au chocolat (avec des surpiqûres bleues), on s’économiserait 10 000 €, ou presque, et on aurait la voiture parfaite, ou presque.
On va tout de même parler des 300 ch contre les 252 ch pour celle de base. Comme sur l’A110 S, on retrouve la même puissance, le même 0 à 100 km/h en 4,2 s (contre 4,5 s) et le même couple de 340 Nm (contre 320 Nm). Nonobstant, c’est le châssis classique et non affuté pour la piste. Ce qui me convient plus que parfaitement, tant il est joueur (et sécurisant). En gros, on a plus de puissance que l’A110 mais autant de plaisir. Surtout pour les pétarades en mode sport. Contrairement à la S où je n’entendais pas assez les retours d’échappement et je ne sentais pas l’augmentation du nombre de chevaux ; dans cette GT, j’avais l’impression de les percevoir. Malgré cela, une A110 suffit largement pour s’amuser et se régaler.
L’autoroute et les petits défauts
L’autre enjeu de l’essai (à part de kiffer sur les petites départementales) se focalisait sur l’autoroute. Est-ce que ces sièges allaient faire toute la différence ? Oui. Aucun problème pour se taper 400 km d’autoroute aller-retour à deux avec Miss Novichok Troyes pour faire les soldes aux magasins d’usine. Quant aux oreilles sensibles, on n’aura pas de miracle au niveau du moteur. Celui-ci étant placé en position centrale arrière, on l’entend dans l’habitacle. De façon modérée, vraiment modérée mais ça peut peser à la longue surtout quand on y ajoute les bruits de roulement et un léger bruit d’air derrière la portière du conducteur. Comme s’il venait de l’écope pour justement aérer le moteur. Bizarrement, il ne s’entend pas du côté passager. Toujours du côté conducteur, j’ai aussi eu un bruit à l’arrière de mon siège, peut-être provenant de la crémaillère.
Ces choses m’agacent habituellement, surtout à 83 700 €. Sur une Alpine, je lui pardonne et je reconnais ses caractéristiques/qualités principales et fondamentales de voiture de sport sachant que les bruits de mobilier n’en font pas partie. Je vous rassure, on n’atteint pas le sommet de kling kling/craquements d’une Civic Type R. Malheureusement, je n’ai pas pu contrer ces (légers) désagréments avec la sono Focal dont le subwoofer avait rendu l’âme. De ce fait, la qualité du son perdait beaucoup de son attrait habituel. On peut muter la musique avec le fameux commodo satellite de Renault et on peut largement critiquer la qualité de l’écran et surtout la caméra de recul même si ça n’en devient pas rédhibitoire pour moi. Plus largement, je vous renvoie à mon premier essai d’Alpine qui détaille davantage le véhicule. À l’époque, je n’avais pas d’Android Auto sans fil. Aucun problème pour établir la connexion dans cette GT.
Les consommations
Je viens d’en faire une tartine sur des broutilles dont beaucoup s’en fichent pour une bagnole de cette catégorie. Je vais continuer avec les consommations car cela me fascine. Pour une caisse aussi rapide, aussi sportive, de la rendre à 9,1 l/100 km après plus de 1 000 bornes, c’est incroyable. Oui, ça n’a aucun sens de réaliser de l’écoconduite en Alpine, comme de rouler à 50 km/h en 6ème et à 65 km/en 7ème. Mais si on veut le faire, on peut ! Et même si on ne veut pas se lancer là-dedans, on obtiendra un 7,5 l/100 km en roulant à 130 km/h. Tout comme pour des trajets en ville.
Même pied au plancher, on ne dépassera jamais les 12 l/100 km. D’ailleurs, mon prédécesseur l’a rendue à 11,3 l/100 km sur 561 km. Exactement le score obtenu lors de ma première expérience. De quoi sauver quelques ours polaires face au 20,6 l/100 km de la Maserati Ghibli Trofeo. On s’évitera aussi 60 000 € de malus pour se limiter à environ 3 000 € tant les émissions de CO2 sont réduites en comparaison des autres sportives. Avec un réservoir de 45 litres, on atteindra 620 km d’autonomie. Ou moins de 300 km si on roule comme un pilote.
Le pilotage en Alpine A110 GT
Allez, c’est terminé pour l’essai conso de l’A110 GT. On passe à la joie permanente de bombarder en Alpine. Evidemment, plus on trouve des virages serrés sur son chemin, plus on s’émerveille des capacités du châssis et des suspensions. L’A110 GT n’est pas forcément la plus précise du monde sur la direction (un peu comme une AMG A45 S) mais c’est la plus facile pour festoyer au volant, sans être un vrai pilote (contrairement à la GR Yaris). La pédale de frein manque toujours un peu de mordant mais quand on met totalement le pied dedans, on s’arrête immédiatement. Impressionnant.
On ressent totalement l’équilibre des masses avec la position du moteur et surtout le train arrière flambeur comme une digne propulsion. Jamais on ne prendra peur sauf évidemment d’abuser et de pousser aux limites. J’ai peut-être utilisé 25 % de ses capacités mais 100 % d’émotions à enchaîner les courbes et les accélérations. Ce moteur 4 cylindres 1,8 l turbo détonne toujours autant par son expression et sa sonorité dans les tours. Il n’aura pas le charme d’une moyenne/grosse cylindrée d’un atmosphérique mais il sait s’intégrer dans la globalité homogène de cette auto.
La boîte parfaite et le poids léger
Sur mon sommet des boîtes automatiques, je mets la ZF8 de la GR Supra tout en haut. Et j’en suis presque à ajouter l’EDC ex-aequo. C’est une perfection de réglages à faible allure et en vitesse de passages des rapports. On ne perçoit aucun à-coups tant c’est linéaire et rapide. Quand on passe sur les palettes, cela devient encore plus formidable pour ajuster sa demande et avoir une réponse immédiate. La cohérence entre le châssis, le moteur et la boite persiste dans l’exceptionnel. On imagine bien le travail des ingénieurs pour obtenir ce résultat et je me demande s’il ne dépasse pas leurs attentes. On frôle le génie. Dans un monde automobile moderne où la course à la puissance et aux performances sont légions, l’Alpine conserve des valeurs de légèreté (1 119 kg) comme aucune autre voiture aujourd’hui. Je ne compte pas les Caterham car je ne parle pas des jouets.
Encore des tartines sur l’Alpine
Après trois essais, je commence à manquer de mots pour exprimer tout le bien que je pense de cette bagnole mais je propose un deal à Alpine France : vous me filez une A110 GT avec une teinte Héritage comme le Bleu Acier ou le Bleu Azur ou le Bleu Sierra ou le Bleu Paon ou le Jaune RDL ou l’Orange Acropolis ou le Rose Bruyère ou le Tulipe Noire ou le Vert Eméraude ou le Vert Jadin (je ne suis pas si difficile que ça pour les couleurs) pendant douze mois et je vante les mérites de votre bolide tous les jours sur les réseaux sociaux. Même LinkedIn s’il le faut. C’est dire ma motivation.
J’en suis presque à vouloir balancer ma belle Polo et son grand coffre de 351 litres pour les vacances (toujours chargé en bagages) contre une A110 et ses 190 litres de rangement. Evidemment, il me manque un peu d’argent pour mener à bien ce projet. Cependant, je pourrais véritablement l’envisager tant c’est facile de subir les bouchons, de rouler tranquillement ou de bombarder sévèrement. Il faudra juste la garer un peu loin lors des pauses car le refroidissement du moteur prend beaucoup de temps. Une tradition chez Alpine et valable pour les moteurs dans cette position centrale arrière avec aussi peu de ventilation.
La même conclusion : je veux une Alpine A110 GT
Avec des sièges confort et 300 chevaux sous le capot dans le dos, l’Alpine A110 GT devient ma version préférée et clairement la meilleure pour la vie quotidienne. Ou simplement pour la vie. Elle demeure une bagnole géniale pour prendre du plaisir à son volant tout en étant facile et agréable dans toutes les circonstances. Les quelques petits défauts (écran et bruits parasites dans l’habitacle) s’oublient aussi vite que la caisse enchaîne les virages. Grâce à un triumvirat châssis, moteur et boîte, on obtient l’impératrice des sportives modernes.
Toutes les photos de l’Alpine A110 GT
Les belles photos par @LeStagiaire avant de retrouver les +/- et les notes. Je spoile : 10/10.