L’énorme et majestueuse (quand on aime les SUV Coupés) Audi Q8 se dote d’une hybridation rechargeable et tombe dans la caricature des critiques parfois légitimes de certains PHEV. Toutefois, ce Q8 60 TFSI-e de 462 chevaux demeure une formidable bagnole confortable et dynamique. Voilà pour l’introduction qui ressemble drôlement à une conclusion. On se retrouve après la lecture des 2 300 mots qui suivent pour constater si la conclusion ressemble aussi à l’introduction.
Le contexte de l’essai
Pour certains, Audi représente la marque allemande premium par excellence et cela devient difficile d’écrire à ce sujet car finalement tout est bien, tout est bien fini, tout est bien performant. Pour d’autres, Audi symbolise la marque des connards abrutis qui roulent n’importe comment et qui se garent comme des pieds. Le constructeur d’Ingolstadt, pour moi, fait partie de la première catégorie avec toutefois un regard critique entre un débutant qui s’émerveille encore et un essayeur relativement expérimenté des bolides hybrides rechargeables.
Etant un enfant gâté, j’ai demandé à essayer mon Audi préférée du moment. Le Q8. Je me doutais que le gros jouet aurait une valeur en adéquation avec son volume. Je n’ai pas été déçu : 123 675 €. Cette Audi Q8 devient donc ma voiture de prêt la plus chère jamais essayée.
La vie à bord de l’Audi Q8
Evidemment, à 123 675 €, les sièges se règlent électriquement. Et pour une fois, il ne m’a fallu que six secondes pour trouver une position idéale de conduite. Que l’on peut mémoriser. À défaut d’être beaux avec cette couleur grise-beige fade, ils donnent un maintien et un confort du niveau attendu. D’autant plus qu’avec les quatre programmes de massage, on peut rouler aisément durant des longs voyages.
On comprend immédiatement que le conducteur sera bien devant le volant (chauffant). Pour autant, à 123 675 €, celui-ci s’ajuste manuellement. Première et dernière mesquinerie dans l’habitacle. Tout le reste se situe entre le premium et le luxe. Le premiuxe.
J’avais été un peu déçu de ma découverte de l’Audi RS 6 en passager. Déçu car je m’attendais à du bling-bling pour 174 000 €. De ce fait, pour l’Audi Q8, je me doutais qu’on serait dans le même registre. Finalement, l’atmosphère dégagée par les assemblages met la barre bien plus haute que prévu. Toujours pas de diamants dans les recoins mais une perfection dans chacune des finitions. Même les pare-soleil sont recouverts d’une matière douce et moelleuse au toucher. On est bien installés.
Le MMI d’Audi
Je m’aperçois rapidement que la climatisation se gère par un écran tactile de 8,6 pouces et non des boutons physiques. J’allais commencer à monter sur mes grands chevaux jusqu’à comprendre que cet écran est dédié uniquement à cette fonction. Dès lors, juste un clic pour trouver la température idéale et pour chauffer ou ventiler son siège. Oui, un clic comme sur une souris. Surprenant au début et toujours à la fin des cinq jours d’essai. L’écran semble s’enfoncer sous la pression du doigt. Dans le milieu, on appelle ça un retour haptique. À l’usage, c’est efficace malgré le son émis par le contact.
Au-dessus de la clim, on retrouve un autre écran avec toutes les fonctions classiques. Comme d’habitude, faut un peu chercher dans les menus pour trouver son bonheur. Les grandes icones permettent de ne pas décrocher les yeux de la route trop longtemps et la navigation dans l’interface MMI (Multi Media Interface) s’avère élémentaire (mon cher Watson). Les compteurs donnent les informations nécessaires et se personnalisent sans outrance. Comme d’habitude, on préfèrera Google Maps au GPS natif moche et contre-intuitif. Pour la connexion à Android Auto, rien à signaler à part la facilité et la bonne taille de 10,1 pouces.
La conduite du Q8…
Bien ancré, c’est le moment de démarrer. La ceinture se resserre automatiquement. Pour le levier de vitesses, il faut enclencher la gâchette sur le côté et une fois sur deux, j’ai merdé. Cela ne devait pas me paraître naturel à utiliser. La suite est une partie de plaisir, ou presque. À part l’obligation de faire attention à proximité des trottoirs (pour ne pas rayer les magnifiques jantes de 21 pouces) et lors des passages dans des espaces réduits, c’est facile de rouler en Audi Q8 à 123 675 €. Notamment grâce à la caméra 360° qui offre une excellente visibilité pour manœuvrer. Le bouton pour l’enclencher fait partie des rares encore physiques.
… et ses différents modes
L’Audi Q8 dispose de 8 modes de conduites : offroad, allroad, efficiency, comfort, auto, dynamic et individual. J’en ai essayé que la moitié et ai été convaincu par chacun.
- Efficiency, c’est le mot classe pour dire « éco ». La puissance se bride pour maximiser les consommations. Sauf qu’il est impossible de rester en tout électrique quand on s’excite un peu. Le moteur thermique vient immédiatement à la rescousse. On y reviendra car c’est symptomatique des défauts de ce PHEV.
- Confort, c’est confort et vraiment confort. Le mode parfait pour cruiser et se balader. Tout est bien réglé dont notamment les suspensions et la direction.
- Auto, c’est par défaut et il n’a aucun défaut. On peut l’utiliser tous les jours pour avoir le bon compromis entre confort et dynamisme.
- Dynamic, c’est au programme du paragraphe suivant.
Le mode Sport Dynamic
Impossible d’être un véhicule sportif quand on pèse 2 440 kg. Par contre, possible d’être une bagnole dynamique quand on s’appelle « Audi », qu’on peut traduire de l’allemand par « efficace ». Terriblement redoutable ce mode de conduite.
Vendredi midi, temps ensoleillé, routes sèches et fermées en Vallée de Chevreuse. Une de mes meilleures expériences au volant. Ça envoie de tous les côtés. Le mastodonte se place au cordeau grâce à une direction exceptionnelle et un châssis performant.
À peine la sensation de roulis débute qu’on sort déjà du virage et qu’on n’a même pas le temps de comprendre les transferts de masse. C’est comme de jouer au tennis avec Federer. Le mec te renvoie la balle parfaitement pour t’appuyer dessus et avoir l’impression d’être un champion. Attention, on ne met jamais ce Q8 en difficulté car il sait faire tous les coups, même les volées au filet. Quand tu commences à t’essouffler, ce SUV te regarde en arguant que l’échauffement vient à peine de se terminer.
Prêt pour le 0 à 100 km/h ?
Avec ses 4 roues motrices, son V6 de 3 litres pour 340 ch et son moteur électrique de 136 ch pour une puissance totale de 462 chevaux et 700 Nm de couple ; on imagine qu’il va cramer du bitume. On imagine bien. Le 0 à 100 km/h se réalise avec la grâce d’un lanceur de poids. C’est gros et ça envoie loin et vite. À mon chronomètre, c’est moins de 6 secondes donc proche des 5,4 annoncées. Par contre, aucune vocalise particulière du V6. À l’instar du V8 dans la RS 6, Audi n’a pas l’intention de copier les bruyants Américains et s’intéresse uniquement à l’efficience.
Le plaisir vient aussi dans l’enchainement des accélérations avec une capacité des coureurs de demi-fond à reproduire encore et encore son effort. Même les freins aux 4 beaux étriers rouges gardent leur efficacité et leur résistance. On est vraiment proche du sport avec ce Q8 60 TFSI-e.
Hey Audi, dans « Q8 TFSI-e » y a « e » comme électrique !
Jusqu’ici, tout allait bien si on avait un véhicule thermique. Sauf qu’il s’agit d’un véhicule hybride rechargeable. Je défends souvent les PHEV car pour un certain public, ce sont des voitures 2 en 1. On charge tous les soirs dans son garage pour aller au boulot en électrique et on fait le plein d’essence pour partir en week-end à la mer. Pour un autre public, c’est l’occasion de s’affranchir de taxes à l’achat et de profiter des failles d’un système bancal de bonus/malus.
On imagine les directeurs en réunion :
- « Bon les Kameraden, on ne peut plus trouer la couche d’ozone donc on doit se lancer dans l’hybridation. Soit on fait les choses bien, soit on colle un moteur électrique qui va baisser les consommations de carburant et puis c’est tout.
- D’accord, Gunther, on fait ça. On n’a ni l’envie ni le temps de produire un super PHEV. »
Audi Q8, une hybridation plus thermique qu’électrique
Résultat, on a la sensation de se faire arnaquer dans l’utilisation de ce Q8 hybride rechargeable. Cela débute dès la recharge. Avec une prise domestique, il faut plus de 13h pour remplir les 17,8 kWh de batterie. Alors oui, c’est toujours long sur un PHEV et c’est plus rapide sur une borne de 7,4 kW.
Après on obtient que 45 km d’autonomie qui fondent dès l’utilisation de la climatisation. Alors encore oui, comme pour toutes les voitures électriques. Sauf qu’ici, on parle d’une Audi à 123 675 €. Donc à défaut d’être en pointe, on aimerait être dans la moyenne haute du panier. Avec une batterie quasiment de la même taille que celle du Suzuki Accros, on fait deux fois moins de kilomètres. Forcément, on a 500 kg de plus sur la balance.
Dès lors, tout peut s’expliquer rationnellement sauf l’absence d’un mode « brake ». Là, c’est rédhibitoire et inexcusable. Quand je monte dans une électrique ou une hybride, je veux conduire tranquillement avec une seule pédale ! Je veux du freinage régénératif en levant le pied ! Je veux gagner de l’autonomie dans les bouchons ! Rien de tout ça avec ce Q8 TFSI-e. (N.B. Je compte bien essayer la gamme e-tron pour me faire une opinion sur les modèles 100 % électrique d’Audi.)
Pour autant, cette hybridation descend la consommation à 7 l / 100 km sur 356 bornes au prix de recharges quotidiennes. À voir sur des longs trajets si ce Q8 peut s’en sortir aussi bien. Et on ne pourra jamais voir son autonomie réelle en 100 % électrique car la voiture bascule automatiquement sur le moteur thermique quand elle n’arrive pas à suivre le rythme avec son petit moteur électrique de 136 chevaux.
Autant de qualités que d’options
Habituellement dans mes essais, je mets en avant les quelques options avec les prix. Ici, en partant d’un modèle de base à 105 300 €, je préfère ajouter la photo du catalogue d’options à hauteur de 18 375 €. Le montant d’une Aygo X.
Je voulais m’éviter de les détailler mais il s’avère qu’elles sont caractéristiques des nombreuses qualités de ce Q8. Dont notamment la peinture à 1 250 € et les jantes à 950 €.
Le physique de l’Audi Q8
J’aime le style Audi, j’aime les grosses bagnoles et j’aime surtout les physiques harmonieux. Aucune surprise à vous dire que j’adore ce Q8 surtout dans ce superbe « bleu Galaxy métallisé » qui passe du turquoise au foncé en fonction de la luminosité. La calandre noire avec des aérations en nid d’abeilles intègre joliment les feux étirés. L’arrière coupé m’apparait comme un sans-faute avec des proportions équilibrées pour chaque pan de la carrosserie. Les jantes fines de 21 pouces semblent alléger l’ensemble.
La nuit, l’ambiance violacée de l’habitacle me convient totalement et la projection par les portières d’un S (comme Superman S line du nom de la finition) sur le sol finit de m’émerveiller.
Le quotidien en Audi Q8
Si les trajets quotidiens en MX-5 sont un enfer, ceux en Q8 sont un bonheur. Forcément, avec ce confort, c’est un sans-faute. Déjà par l’étonnante insonorisation. Vu le morceau, on perçoit le vent relatif se fracasser sur le pare-brise et on devine les baffes qu’il se prend derrière la tête par le vitrage acoustique fabuleux. Une impression d’avancer dans une bulle de protection. Et forcément dans la circulation, celle-ci est renforcée par la hauteur du SUV ainsi que par le toit panoramique, source de lumière.
Pour les passagers à l’arrière, l’espace aux jambes sera suffisant mais il ne faudra pas mesurer un @Vtyok (soit 1m87) au risque de toucher le plafonnier. On notera que les filets pare-soleil sur les vitres sont activables par le conducteur avec un « double-clic » sur les lève-vitres. Concernant le coffre de 505 litres, il sera nécessaire d’être grand pour chercher les bagages en hauteur et au fond.
Le son 3D incroyable de Bang & Olufsen
En testant la sono, je n’avais pas vu que c’était une option à 1 450 €. Elle les vaut. Contrairement à celle de la Volvo S60 à 870 €. Dans le Q8, on arrive ex-aequo au niveau de celle sur-mesure du Ford Explorer. Un son redoutable d’efficacité et de densité. Mon grand kif aura été de rouler musique à fond (non car j’aurais eu des acouphènes) avec les fenêtres et le toit ouverts. Mieux que dans une découvrable car l’air parcourait l’habitacle sans son bruit agaçant habituellement inhérent. Ce confort acoustique continue de me convaincre comme étant une qualité nécessaire pour les longs trajets tout comme le bouton mute sur le volant pour se garer.
Les aides à la conduite
À part l’aide au stationnement qui freine hyper fort et qui m’a plus angoissé que rassuré, toutes les aides à la conduite proposées par le Q8 s’affirment comme efficaces et faciles à utiliser. La conduite autonome de niveau 2 permet même d’avancer à 10 km/h dans un trafic saturé et de reprendre après des phases d’arrêt. Mon seul regret aura été de ne pas avoir testé les phares Matrix n’ayant pas croisé d’automobilistes nocturnes sur des départementales.
En conclusion
Cette Audi Q8 TFSI-e coûte 123 675 €. À ce prix, j’en veux pour mon argent avec un PHEV premium : recharge rapide, grande autonomie et mode « brake » efficient. Je n’ai rien de tout ça. Par contre, j’ai tout le reste. Une auto jolie, confortable, dynamique et performante. Sûrement trop grosse pour mon usage et trop chère pour mon budget. On n’est pas ici pour s’acheter des bagnoles mais pour les essayer. D’ailleurs, je propose de laisser le mot de la fin à Jacqueline (dit Lynette, 93 ans, la grand-mère de Miss Novichok) qui a été ma passagère durant 40 km et qui a dit à son arrivée chez elle : « la voiture est vraiment super, c’est du haut de gamme avec ces finitions. »