Avec 225 ch, cette version d’Audi TT Quattro (mk1) se révèle plus adaptée pour le Grand Tourisme (GT) que pour la sportivité. Voyons cela lors d’un long week-end composé de châteaux (sans modération) et de vins (avec modération) entre l’Indre, le Cher, la Vienne et un peu la Loire. Pour les nuls en géographie (comme @LeStagiaire), c’est à 2h au sud-ouest de Paris.
Le contexte de l’essai
Encore et toujours la magie de Twitter. Enfin de X. On se fait des copains, ils viennent au Hoonited Yolo Festival puis au Hoonited Yvelines Festival, on dort ensuite chez eux lors d’une étape du Tour Auto 2024, et me voilà à essayer un TT datant de 2000 durant 3 jours et 340 km.
Ce copain, c’est le grand Nicolas. 1m93. En plus d’être particulièrement accueillant, il a une passion dans la vie : acheter des voitures, les remettre en bon état et les revendre sans perdre d’argent. Parfois en gagnant un petit bénéfice. Parfois en se faisant totalement arnaqué. Au final, il ne roule pas tant que ça avec ses caisses et il m’a proposé de dégourdir un peu les roues de son Audi TT acheté en 2023. Celui-ci a déjà 240 000 km depuis son immatriculation en novembre 2000. La carrosserie n’est pas d’une première fraîcheur mais l’ensemble tient bien la route. Surtout après 24 ans et autant de bornes.
Le programme du week-end en Audi TT Quattro (mk1)
Nicolas vivant à Tours et Laetitia (son épouse) étant guide touristique/œnologue, il n’en fallait pas plus pour organiser des visites entre les caves troglodytes et les châteaux de la Renaissance. L’Audi TT aura été un véhicule quasiment idéal pour ce parcours mixte. On y reviendra. D’abord, je vais vous donner le programme car tout est à voir/goûter. On a commencé par le Domaine de Candé, puis le Domaine de Noiré avant de se rendre à la forteresse de Chinon, au château de l’Islette, aux jardins de Villandry et de finir à la foire aux vins de Vouvray.
Les infos sur l’Audi TT Quattro (mk1)
Pourquoi mk1 ? On va un peu parler anglais : « mk » comme « mark » pour signifier une marque, un petit trait indiquant une mesure. Ici, il s’agit donc de la première génération d’Audi TT (8N) donc mk1. Celle sortie entre 1998 et 2006. Comme souvent, pour les puristes (ou les boomers), c’est la plus désirable. Pour ma part, je préfère la dernière, comme ce TT RS Roadster, correspondant plus à mes gouts de footballeur professionnel. Pour autant, je garde un souvenir d’adolescence pour cette forme rondouillarde car le beau-père d’un copain venait le récupérer au collège avec un TT bleu.
À l’époque, je ne connaissais pas la puissance du modèle. Aujourd’hui, pour cette version essayée, je sais qu’il s’agit du 1,8 l turbo de 225 ch avec une transmission intégrale, d’où le nom de Quattro. Nous avons aussi l’aileron pour assurer la stabilité à haute vitesse et l’ESP pour moins se planter. Nous avons surtout le fameux Jaune Imola et les jantes 6 branches de 17 pouces. La configuration parfaite pour ce coupé.
Le moteur turbo et la boîte manuelle
Je pensais trouver un 5 cylindres dans cette version de 225 ch. Il s’agit d’un simple 4 cylindres (pas si simple que ça car il a 5 soupapes) de 1,8 l turbo et il s’avère plus qu’étonnant. Déjà par son amplitude d’utilisation. Entre 2 200 tr/min pour le couple de 280 Nm et jusqu’à 5 900 tr/min pour la puissance maximale. Donc quand on a une boîte manuelle à 6 rapports, cela devient un plaisir de profiter de tous les régimes. Celle-ci étant étonnamment souple avec toujours suffisamment de force pour repartir sans même rétrograder. Ce moteur surprend aussi par sa sonorité. Extrêmement agréable. Pas besoin de taper des rupteurs. On pourra largement atteindre les 240 km/h sur autobahn. Il mêle le charme d’un moteur atmosphérique pour aller chercher la vigueur au sommet tout en ayant un léger sifflement du turbo à bas régime. Le compromis idéal.
Le bruit du moteur dans l’habitacle
Un compromis qui permet à ce TT Quattro d’être une excellente GT. Il pourrait d’ailleurs l’être davantage en améliorant l’isolation phonique/thermique du capot. Ce qui est prévu avant la revente. En effet, si la sonorité est appréciable lors d’une conduite dynamique, son bruit devient plus pesant sur autoroute. D’autant que les sons résonnent beaucoup dans l’habitacle. Comme si celui-ci était vide, à l’instar d’une pièce sans meuble. Comme d’habitude, c’est une question de sensibilité auditive. J’ai les oreilles sensibles. Pour d’autres, comme pour Nicolas, ce bruit sera largement acceptable, notamment quand on a l’habitude de conduire des voitures moins modernes, plus anciennes, en somme (pas le département). Par contre, aucun bruit aérodynamique. Contrairement à l’Espace E-Tech. Ou alors, un très léger bruit d’air à l’arrière de la vitre quand on a atteint les 130 km/h. Mais au moins, on n’entend plus les bruits parasites dans l’habitacle.
Les bruits parasites dans l’habitacle
Exactement comme dans la Porsche 911, les bruits de cuir sont légions dans l’Audi TT. Les sièges frottent sur des parties en plastique et engendrent des grincements. Cela doit aussi dépendre de la corpulence des occupants. On ajoute aussi des bruits de mobilier qui sont nombreux et difficiles à identifier précisément. J’ai cru à un moment qu’ils venaient des aérations mais sans garantie. Vous avez des enceintes Bose pour monter le son de Spotify avec la connexion Bluethooh et profiter d’une bonne hi-fi et oublier ces bruits désagréables.
Je rappelle que la bagnole a 24 ans et 240 000 km. Donc on ne peut pas trop en demander. Comme pour cette vitre côté conducteur qui couinait plus qu’un supporteur du PSG après une énième élimination en Ligue des Champions. J’ai tenté de régler le problème avec du WD-40 mais il faudra un expert en la matière. L’ensemble de ces bruits sont les principaux défauts de cette Audi. Et peut-être le manque de sportivité.
Un manque de sportivité
Pour vous, un coupé doit-il être sportif ? Si oui, vous allez être un peu déçu de l’Audi TT Quattro. Je savais qu’il avait plus la réputation d’une voiture GT que d’une sportive. Je le confirme. J’ai laissé Miss Novichok à la terrasse d’un café (qui déteste la conduite sportive) pour aller tester les routes sinueuses de la région. Pour le moteur et la boîte, c’est un régal. Pour la motricité, sans surprise, avec ce système Quattro reconnu et sa transmission intégrale, tout passe au sol vraiment facilement, avec une remarquable tenue de route.
Par contre, quand on veut emmener la bagnole pour jouer et s’amuser, on a la sensation que le châssis n’est pas partant pour la fête. En effet, c’est la plateforme d’une Golf IV donc on ne peut pas trop en espérer pour du fun. C’est sérieux, c’est précis dans la direction mais sans trop de plaisir, d’autant plus que le grand volant ressemble plus à la barre d’un paquebot qu’à celui d’un kart. On a même l’impression que les 1 465 kg en paraissent davantage. Les routes étant essentiellement bosselées, l’Audi TT n’a pas été à son avantage. La course de la pédale de frein s’avère un peu longue et il ne faut pas hésiter à mettre le pied. J’ai toutefois douté car les plaquettes brament.
Audi TT Quattro (mk1) : super GT (et bon daily)
Par contre, si vous voulez une GT pour voyager ou même pour le quotidien, vous êtes au bon paragraphe. Nous sommes spécialement bien installés dans cette (vieille) Allemande. On s’amuse beaucoup avec les changements de rapports. Cette caisse peut clairement s’utiliser quotidiennement pour se rendre au boulot. Même moi qui suis extrêmement chiant avec les boites manuelles dans les bouchons, je pourrais me dire que ça passe car la pédale d’embrayage est souple et le levier plaisant à pratiquer. Les suspensions offrent un bon compromis pour le confort, tout comme les sièges chauffants. La direction à faible allure agacera parfois, comme si elle n’était pas assistée. On y mettra des bras pour se faufiler en ville. Quand on accélère le rythme, plus aucun souci. Mais bon, vous n’allez pas buter un piéton pour une direction trop lourde.
Attention aussi aux dos-d’âne. Nous sommes loin de la position haute d’un SUV et ça peut frotter si on ne ralentit pas au maximum. Je le sais bien puisqu’un boulon d’un cache s’est barré. J’ai dû m’allonger à quatre reprises pour le reclipser (momentanément). Depuis le problème a été réglé avec un pont (et un mécanicien). On notera d’ailleurs que le CT n’indique aucun défaut et l’entretien est complet avec toutes les preuves numérisées (oui, ça ressemble à de la publicité déguisée pour la future vente) (c’est complètement le cas puisque je vais récupérer 20 % de celle-ci) (c’est juste que Nicolas n’est pas encore au courant du projet) (mais bon, c’est un homme d’affaires raisonnable, il m’en donnera 10 %) (vous avez vu, je sais bien négocier). D’ailleurs, une dernière remise en état est prévue avec la peinture des pare-chocs avant/arrière et d’autres broutilles afin de rendre heureux le prochain acquéreur.
La vie à bord de l’Audi TT Quattro (mk1)
Si on tente d’oublier les bruits dans l’habitacle, on se retrouve avec un charme fou. Notamment ce cerclage des aérations (qui se tourne pour fermer l’arrivée d’air) ainsi que des gros boutons sur le tableau de bord. J’ai adoré le fonctionnement de la climatisation et la lisibilité des compteurs. À l’ancienne. Dans le bon sens du terme. Pratique et ergonomique. On regrettera juste l’absence de boutons sur le (trop ?) gros volant pour régler l’autoradio ainsi que d’un accoudoir central pour cruiser en toute quiétude. Toutefois, nous avons un régulateur de vitesse qui s’active facilement.
Sièges et coffre
Les sièges à l’arrière sont toujours aussi risibles dans un coupé. Il faut justement se couper les jambes pour y rester. Je n’ai même pas fait le test de m’y mettre. Ça reste un espace disponible pour ses affaires, comme des manteaux ou des sacs souples. Si on veut accéder au coffre, il faut obligatoirement appuyer sur un bouton dans un vide-poche ou sur la clé. C’est complétement débile. Exactement comme dans la GR Supra. Mettez un bouton sur le coffre pour l’ouvrir, bordel d’ingénieurs ! Comme sur toutes les bagnoles. Quand t’as les mains chargées de caisses de rouge et de blanc, t’es soûlé de chercher les clés dans tes poches. Le coffre permet de tout bien ranger et dispose de 220 litres mais on l’impression de beaucoup plus.
Les consommations
D’ailleurs, ce fut une galère d’avoir des chiffres fiables sur cette caisse comme son poids ou la taille de son réservoir. Soit 55 litres ou soit 62 litres ; en fonction des sources. On va dire 55 litres soit une autonomie de plus de 550 km. Comme l’écran LCD fait des paillettes, je n’ai pas eu mes consommations avec l’ordinateur de bord mais j’ai fait une règle de Troyes (non, j’étais à Tours, faut suivre un peu là !) en ajoutant de l’essence, ce qui nous donne 10,5 l/100 km. Nicolas m’annonce 9 l/100 km en roulant plus tranquillement donc ça reste complètement raisonnable pour l’agrément et l’époque.
En conclusion
Pour une voiture de 24 ans et de 240 000 km, ce fut trois jours bluffants à son volant. La vigueur du moteur à tous les régimes et la facilité d’usage de la boîte manuelle m’ont ravi. L’Audi TT Quattro (mk1) offre des réelles prestations de GT avec une puissance appropriée et se positionnerait presque comme un parfait daily si la direction n’était pas aussi lourde à faible allure et qu’un bouton ne manquait pas sur le coffre. Son âge ne doit pas non plus aider pour les bruits parasites dans l’habitacle avec aussi une résonnance trop forte du moteur sur autoroute mais certains conducteurs pourront largement en faire abstraction grâce au plaisir à son volant (et à une sensibilité acoustique moins développée). Ce look a marqué une génération et offre encore et toujours un excellent agrément.
Toutes les photos de l’Audi TT Quattro (mk1)
Les notes ainsi que les +/- sont à retrouver après ces photos.