La BMW i4 eDrive35, berline coupée 100 % électrique, se présente dans cette version avec la petite puissance de 286 ch et la petite autonomie (350 km dans la réalité) avec pourtant un tarif premium mais sans les équipements attendus.
Le contexte de l’essai
Suite à l’invitation de Nicolas Maubois (influenceur Norauto) (Speedy, Midas, Feu Vert ; c’est pour le CSA) à l’occasion du Tour Auto 2024, j’ai souhaité tester l’i4. Premièrement parce BMW est partenaire de l’épreuve, deuxièmement parce que Nicolas a cette berline allemande dans sa short-list de prochain achat, troisièmement parce que je voulais me lancer sur un trajet autoroutier en 100 % électrique.
À la base, j’ai demandé la version eDrive40 de 340 chevaux. Sauf que celle disponible au parc presse était grise. Et pas un beau gris. Genre un gris sans intérêt. Le Skyscraper Grau métallisé. BMW France commence à connaître mon goût appuyé pour les teintes vives ou jolies comme le Z4 violet (Thundernight métallisé) donc je n’ai pas résisté à cette contre-proposition d’i4 eDrive35 en Sanremo Green métallisé. Ce vert (en option à 1 090 €) change complètement en fonction de la lumière et ses reflets au soleil sont du plus bel effet. Aucun regret. Enfin un peu pour l’autonomie et surtout les équipements. C’est bien gentil d’essayer une entrée de gamme mais quand on est un enfant gâté, comme moi-même, on est vite déçu. Nous allons y revenir.
Le physique de la BMW i4 eDrive35
Je ne reviens pas sur la couleur de cette BMW. C’est elle que je préfère sur ce modèle car même si je m’habitue aux énormes grosses calandres avec le double haricot et que les feux avant sont joliment dessinés ; je trouve l’ensemble moins harmonieux que le design de la Série 4 Coupé. Sur cette i4, le profil, et même l’arrière, me paraissent patauds. Je ne sais pas si ce sont les feux ou le pare-chocs arrière qui donnent cette impression mais y a bien un truc qui ne me va pas. Les jantes 18 pouces bicolores à 1 700 € me conviennent et ont le mérite de laisser du flanc aux pneus. Quasiment aucune crainte de les niquer sur des vilains trottoirs malgré l’absence d’une caméra 360. Ah oui, nous allons rentrer dans le vif du sujet. Le prix et les équipements (absents).
Le prix de la BMW i4 eDrive35
Cette BMW i4 eDrive35 coûte 66 680 €. En soi, pour une berline allemande premium 100 % électrique, rien de vraiment déconnant. Sauf qu’à ce prix-là, nous n’avons qu’une pauvre caméra de recul. Pour rappel, le Renault Captur à 34 000 € propose une bonne caméra 360. Ensuite, pas de sièges chauffants (mais électriques à mémoire conducteur et passager pour 1 250 €) ni de toit panoramique. Enfin et surtout, nous n’avons pas de régulateur adaptatif. Dans une voiture à 66 680 €.
Quand j’ai enclenché le régulateur sur la Francilienne à 110 km/h, je me suis dit « bah dit donc, elle se rapproche beaucoup de la voiture de devant, c’est un peu chaud là ». J’ai préféré freiner plutôt que de l’emplafonner. Le summum de la blague provient de la possibilité d’acheter en ligne ce régulateur adaptatif pour 990 €. Surtout quand t’as la lecture des panneaux et que le régulateur se cale dessus, tout est là. Et aussi les feux anti-éblouissement (passant automatiquement de croisement à route et inversement) pour 180 €.
Je veux bien que les constructeurs se gavent sur les options mais ça ressemble de plus en plus à du foutage de gueule. Après, j’aurais pu bénéficier d’une voiture mieux équipée en prenant l’autre eDrive35 disponible en bleu teinte spéciale BMW Individual Petrol Mica Metallic à 4 950 € pour un total de 76 875 €. J’aurais sûrement été plus heureux. Mais ce vert m’a vraiment appâté et je peux donc dire que cette version à 66 680 € ne vaut pas ce tarif. Sans parler de son autonomie.
L’autonomie électrique de cette berline autoroutière
On ne parle que d’autonomie avec les voitures électriques. C’est un sujet important mais ça ne peut pas être le seul à mettre en avant. Pour autant, je vais l’aborder immédiatement car j’y vois une légère défaillance pour cette version eDrive35. Avec une batterie de 70,2 kWh, la norme WLTP annonce 483 km d’autonomie. Avec mon usage, ça donnait 350 km maximum. Pour une berline, cela me parait juste. Trop juste. Un vrai 400 km m’aurait convenu. Certes, il s’agit de la petite version et donc de la petite autonomie. Aucun problème pour un usage quotidien. Dans l’eDrive40, on trouvera une batterie de 83,9 kWh. Sûrement plus pertinente pour le segment.
La consommation d’une BMW i4 eDrive35
Concernant les consommations, je trouve que nous avons plutôt une bonne surprise particulièrement avec mes 300 km d’autoroute. Au début, je voulais axer mon sujet sur cette thématique mais je n’ai pas suffisamment roulé à 130 km/h pour que cela soit pertinent. En effet, les nombreux travaux sur l’A11, l’A28 puis l’A10 faussent le résultat. Je tournais aux alentours des 22,5 kWh/100 km dans ces conditions. Avec un peu de conduite dynamique, la moyenne s’est établie à 19,3 kWh/100 km après 969 km. Cela reste comparable à une Ioniq 6 dans à-peu-près les mêmes conditions et aussi valable après les essais par le patron.
La recharge
Pour la recharge de l’i4 eDrive35, ce n’est pas toujours brillant. Sur une prise domestique, ça donne 105 km récupérés en 9h. Je rappelle qu’on n’achète pas de voiture électrique sans installer une borne à son domicile. C’est la base. Sur une borne 7,4 kW (comme on peut avoir chez soi), ça donne 50 km récupérés en 1h36. Sur une borne 50 kW, ça donne 166 km récupérés en 1h05.
Normalement, la puissance de recharge max s’élève à 180 kW donc avec une borne Ionity à 475 kW sur l’autoroute, on s’attend à envoyer du bois. Sans préchauffage de la batterie, ça envoie des brindilles à 80 kW en moyenne pour gagner 92 km en 18 min. Sur mon trajet retour, j’ai voulu tester avec le préchauffage mais celui-ci n’était pas disponible comme indiqué par un message d’alerte. Toutefois, j’ai kiffé quand j’ai vu une pointe à 177 kW pour obtenir un chiffre remarquable de 62 km en 6 min.
Tous ces chiffres se destinent aux afficionados des voitures électriques. Pour les autres lecteurs, sachez que la vie est simple. Au quotidien, l’autonomie n’est aucunement un problème. Pour les trajets autoroutiers, ça peut le devenir si la recharge n’est pas au niveau attendu. Celle-ci reste aléatoire d’autant que le GPS natif, en plus d’être moche et long à calculer les itinéraires, n’offre pas les caractéristiques attendus d’un planificateur avec le choix des pourcentages, malgré la mise à jour.
Lorsqu’on doit rendre un véhicule au parc presse avant 17h (exemple pas du tout fictif), on préfère un plein de carburant en 5 min plutôt que de compter chaque kilomètre pour arriver à destination en calculant aussi le temps aléatoire d’une recharge. Autre solution, partir plus tôt. L’organisation, c’est un métier.
BMW i4 eDrive35 de 286 ch : la puissance idéale
On arrête avec les chiffres chiants, on passe aux chiffres attrayants. Le 0 à 100 km/h en 6 secondes. C’est parfait. C’est très bien. C’est exactement ce qu’il faut. 400 Nm de couple immédiat. C’est parfait. C’est très bien. C’est exactement ce qu’il faut. Voire même un peu trop car cela colle le crâne contre l’appui-tête. Non, je déconne, pas du tout un peu trop. J’ai rarement eu une auto aussi bien calibrée sur la puissance. Les 286 chevaux se trouvent tous sous le capot plancher malgré le poids de 2 065 kg. Avant de lire la fiche technique, j’avais plutôt un ressenti de 1 800 kg tant la voiture réagissait bien à l’accélération dans toutes les conditions. Comme celle dans un rond-point fermé en faisant crisser les pneus pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une propulsion.
BMW : le plaisir de conduire ?
Au début, je (re)trouvais un certain plaisir à la conduite/conduire. Sans aller totalement dans un kif ultra appuyé mais vraiment plaisant. Puis @LeStagiaire est monté dans ma BMW i4 eDrive35. Sortant de sa Model Y Performance de société, il a immédiatement assassiné ma berline allemande sur l’inertie et la tenue de route. Donc j’ai essayé de comprendre pourquoi j’aimais tout de même cette caisse. J’ai trouvé ! Pour son excellente insonorisation.
Une excellente insonorisation
On a plaisir à la conduire car tout est calme et reposant. Vous allez me dire que c’est normal pour une voiture électrique. Hey bien non ! C’est même souvent l’inverse car sans bruit de moteur thermique, on entend tous les autres bruits. Les bruits d’air, les bruits de roulement, les bruits de climatisation, les bruits parasites et les bruits de mobilier. Sauf dans cette i4. On entend (presque) rien. Juste un pneu les bruits de roulement en ville. Sur autoroute, tout est remarquable de silence et il faudra se rendre sur l’autobahn pour commencer à percevoir les bruits d’air après 150 km/h. En complément, pas de bip à la con pour les aides à la conduite. Peut-être qu’ils sont aussi en options.
La conduite fluide en BMW i4 eDrive35
Finalement, on n’emmènera pas cette i4 vers une conduite sportive. Le trop grand volant (limite cheap au toucher et sans bouton mute) et la direction banale n’aident pas pour une prise en main dynamique. On préférera profiter d’une conduite fluide grâce au charme de l’électrique et notamment son mode « brake ». Celui qui permet d’utiliser qu’une seule pédale, au presque. En effet, le freinage régénératif s’avère majoritairement efficient. Sauf que pas toujours. À l’instar de la 500e, on doit parfois passer sur l’autre pédale pour freiner. Le mode « drive » (classique) propose trois niveaux de freinage régénératif, au point de se rapprocher du mode « brake ». Celui-ci se désactive malheureusement à chaque coupure du moteur.
La vie à bord
J’aime beaucoup cette sellerie cuir « Vernasca » Oyster à 1 800 €. Un joli crème offrant un contraste attendu avec une carrosserie parfois sombre. Pour le reste, nous avons des plastiques, parfois durs, et un assemblage bien réalisé puisqu’il n’engendre aucun bruit de mobilier. Concernant l’instrumentation de 12,3 pouces et l’écran central de 14,9 pouces, ils ne me plaisent toujours pas esthétiquement. On trouve finalement les informations mais l’ergonomie me semble trop complexe et trop gadget. Puis surtout, les commandes de climatisation sont entièrement tactiles. Cela me soûle même si on peut régler la température directement en un clic.
Android Auto CarPlay chez BMW
Ce qui me gonfle profondément, c’est l’absence de connexion à Android Auto en filaire. J’en suis presque à changer de smartphone pour avoir une version récente d’Android disposant de la connexion sans fil. Nonobstant, je ne comprends pas le choix de BMW (et de Mini) de ne pas autoriser le câblage. Enfin si, je comprends, ils pensent que tous leurs clients possèdent un iPhone comme @LeStagiaire qui m’a nargué avec sa connexion à CarPlay sans fil. Le grand écran prend enfin tout son sens afin d’afficher un beau Google Maps ainsi que Spotify avec un sono basique tout à fait appréciable et enveloppante comme j’aime. Lors de cet essai, je n’ai pas du tout utilisé la molette alors que c’était le cas dans le Z4. Tout comme je n’ai pas beaucoup enclenché le mode « sport ». Majoritairement, j’ai roulé en « comfort » mais aussi en « éco pro » sur autoroute.
BMW i4 eDrive35 : Pas si confortable que ça
Etonnamment, cette berline allemande manque de confort. Principalement par sa suspension. Au début, on trouve que ça passe. Mais là encore, ce silence et cette conduite fluide induisent en erreur. En ville, les suspensions s’affirment comme trop raides et seul le maintien des sièges empêchent de tanguer sur les dos-d’âne. Je pensais qu’ils pourraient devenir pertinents sur longs trajets mais même là, j’ai eu (un peu) mal au cul. Donc si on caricature, l’i4 eDrive35 est parfaite quand la route est parfaite. Et pas trop longtemps. Genre une autoroute au bitume immaculé durant 50 km. Cependant, à 66 680 €, on en veut plus.
Les place arrière et le coffre
On veut aussi plus de place au milieu à l’arrière. Ça en devient presque honteux de vendre une 5ème place quand on voit la volume pris par le tunnel de transmission (plateforme commune pour les thermiques et les électriques). Oui, c’est une place d’appoint. Mais je mets les points sur les i4 en disant que ça devrait être une 4 places. Surtout sur une berline coupée qui occasionne une garde au toit inférieure à la normale.
Autrement « nous sommes bien installées », ce sont les propos des nièces de Miss Novichok. Avec lesquelles je n’ai pas résisté de passer de 30 à 50 km/h en une fraction de seconde pour les coller aux sièges. Comportement éminemment puéril de ma part surtout quand on sait que l’une est malade en voiture. Heureusement, pas de vomi dans l’habitacle. Le coffre de 470 litres assure la partie berline familiale avec aussi une belle trappe pour ranger les câbles à défaut d’un frunk. Contrairement à une Tesla Model 3 à 41 290 € (si on la prend en bleu).
En conclusion
Cette BMW i4 eDrive35 se révèle trop chère pour les prestations fournies ou surtout pour les équipements absents. Quand le premium allemand gonfle ses tarifs en proposant toute la panoplie, cela peut s’entendre et s’accepter. Pour autant, quand BMW présente une entrée de gamme avec la petite motorisation (à la puissance idéale) et la petite batterie (à l’autonomie insuffisante) pour 68 680 €, on doit obligatoirement y trouver les sièges chauffants, le toit panoramique, la caméra 360 et surtout le régulateur adaptatif. On espère aussi plus de confort de suspensions pour une routière. On apprécie tout de même la conduite fluide de cette 100 % électrique et surtout son insonorisation exceptionnelle qui permet de rouler en toute quiétude. Jusqu’à la prochaine recharge.
Toutes les photos de la BMW i4 eDrive35
On retrouve les +/- et les notes après les photos dont les belles par @LeStagiaire.