Review

Citroën 2CV AZAM : son essai (avec des frites) dans l’enfer du Nord !

by 15 avril 2023
La fiche technique
Marque et modèle

Citroën 2CV AZAM

Prix de base

5 650 nouveaux francs en 1964

Moteur

Bicylindre à plat de 425 cm3

Carburant

Essence (et huile)

Puissance

18 ch

Couple

Ou seul ou avec des enfants

Boîte de vitesse

Manuelle à 4 rapports

Transmission

Traction

0 à 100 kmm/h

Jamais. Personne

Vitesse max

96 km/h, les bons jours.

Longueur

3,78 m

Largeur

1,48 m

Hauteur

1,60 m

Poids

495 kg

Réservoir

20 litres

Km parcourus

15 km

Conso moyenne constatée

Beaucoup d'huile

CO2

En 1965, le CO2 n'existait pas

Puissance fiscale

2CV. C'est son nom

La Citroën 2CV se découvre et s’essaye en version AZAM de 1965 dans la région des Hauts-de-France avec des conditions climatiques dignes d’une caricature.

Le contexte de l’essai

La vie est faite de rencontres et d’opportunités. Particulièrement sur Twitter. On discute de bagnoles, on fait des blagues et on se retrouve à essayer une Lotus de 340 exemplaires produits dans le monde. Dans la même logique, on peut aussi se voir proposer d’essayer une 2CV fabriquée à plus de 5 millions d’exemplaires et icône des voitures françaises.

Tout part de mes oreilles. Sensibles. Ceux qui ont lu mes essais des MX-5 NA et RF ainsi que la Zoé le savent bien. L’insonorisation dans une voiture est un critère primordial à mes yeux. En août 2022, j’écrivais une boutade à ce sujet en citant Thibault sur Twitter. Audioprothésiste de son état. Patron (avec son ami et associé) de trois boutiques florissantes dans le Nord. En réaction et pour me remercier de la pub gratuite, Thibault me propose l’essai de sa Citroën 2CV AZAM de 1965. J’aime l’aventure. Et j’aime les rencontres de passionnés.

L’organisation pour tester la Citroën 2CV AZAM 

C’est gentil les invitations mais ce n’est pas forcément la porte à côté. Donc il faut s’organiser. Puis autant en profiter pour y aller avec une Citroën moderne. Histoire de faire un face-à-face.

La pertinence aurait été de demander une C3 au parc presse, si on considère qu’elle est aujourd’hui la descendante de la 2CV. Sauf que se taper 500 km en C3 dans la journée, je veux bien mais bof. Autant essayer le vaisseau amiral actuel de Citroën pour réaliser l’aller-retour entre la région parisienne et le Nord de la France. D’où le prêt d’une C5 X, une berline adaptée aux longs trajets.

Afin de me convaincre définitivement de venir le voir, Thibault nous invite, Benoit, @LeStagiaire et moi-même, à venir manger des frites chez lui, au sud de Lille. J’adore les frites. Surtout les bonnes frites. Je pourrais en bouffer tous les jours. Encore plus avec de la mayonnaise maison.

Restait donc à convenir d’un choix dans la date. Avec mon analyse fine de la météorologie, je me suis dit que le premier dimanche du printemps, le 26 mars 2023, allait nous être favorable pour éviter le mauvais temps. Vous devinez la suite.

Direction le Nord

Départ à 8h22. Sous le soleil. Arrivée à 10h34. Sous la pluie. Qui ne s’arrêtera pas la journée. Thibault nous accueille directement dans son hangar. Il dira que c’est un garage mais un garage avec 4 voitures plus des pièces détachées, c’est un hangar. On tourne tous autour de la star du jour, la 2CV AZAM.

La Citroën 2CV AZAM

Le nom provient de la contraction de la version « AZ » et du mot « amélioration ». AZAM, donc. Au premier regard, pour un néophyte, les améliorations ne sautent pas au yeux. Contrairement à cette peinture « bleu ardoise ». Accompagnée d’une rouille maturée depuis 58 ans. Un sacré mélange. Thibault nous présente les caractéristiques techniques de sa beauté avec notamment les différentes évolutions. A-t-on affaire à un spécialiste ? Oui. Seul un spécialiste peut rappeler le contexte historique pour une 2CV vieillissante qui se faisait concurrencer par la moderne et confortable AMI 6 en son sein chez Citroën et par l’emblématique Renault 4.

C’est pourquoi Citroën a doté la 2CV AZAM d’une banquette plus habillée et d’éléments esthétiques plus valorisants. Comme de l’alu autour des vitres, sur le capot et les jantes ainsi qu’un volant en Bakélite gris. Comme on dit, il faut se replacer dans le contexte de l’époque pour se rendre compte de la chose. Aujourd’hui, le luxe a évolué. Comme les motorisations.

Ici, il s’agit d’un moteur bicylindre à plat (comme une 911 mais avec 4 cylindres en moins) qui atteint désormais 18 chevaux. La folie. On rappellera que le nom 2CV provient des chevaux fiscaux : 2. Pour les acharnés de mécanique, le moteur de 425 cm3 avec un carburateur Solex 28 CBI, est refroidi par air. Ça tombe bien, l’air frais ne manque pas dans ce coin.

Le poids, c’est l’ennemi (quand on aime les frites)

La Citroën 2CV AZAM pèse 485 kg. Soit le poids total des 4 bonhommes autour de la voiture. Ou presque. Le poids total en ayant mangé beaucoup trop de mayonnaise avec les frites. Les suspensions sont à ressort central et batteurs à inertie. Je n’ai évidemment pas la moindre idée à quoi correspondent ces éléments techniques car pour moi, un batteur, c’est pour monter les blancs en neige. Par exemple, dans des financiers. En parlant argent, une 2CV AZAM valait 5 650 nouveaux francs à sa sortie. Avec un SMIC horaire à 1,9295 F en 1964, il fallait travailler 2 928 heures soit un an et demi de boulot pour se l’acheter. Aujourd’hui, pour une Citroën C3 à 16 590 €, il faut bosser 1 472 heures soit moins d’un an. Quand on vous dit que les automobiles étaient plus chères avant.

L’heure de démarrer et de monter à bord de la Citroën 2CV AZAM

Gamin, en primaire, la mère de mon meilleur ami roulait en 2CV. Je pense une bien plus récente que celle de Thibault. J’ai quelques souvenirs dont surtout le levier de vitesses disposé d’une façon bizarre. Fini de se remémorer le passé, Thibault démarre sa 2CV. Sans surprise, ça fait du bruit. Si tant est qu’un bruit peut être agréable, genre un V8 américain, ici ça ne l’est pas. Aucune caractéristique particulière, juste bruyant.

Un début comme passager installé sur une banquette moelleuse. Pour ne pas dire flasque. Evidemment, pas de ceinture de sécurité. Nous sommes dans les années 60. On tourne à 12 000 morts par an sur les routes françaises. Pas de problème pour les retraites à cette époque. Pour autant, rapidement, je ne crains pas un accident mais plutôt une intoxication.

Ce n’est pas le bruit le problème, c’est l’odeur

Dès les premières accélérations, une odeur âcre débarque dans l’habitacle. Pourtant, les fenêtres (inversées) sont ouvertes. Comme quoi, je m’attendais à être indisposé par le bruit et c’est l’odeur d’huile et d’échappement qui me dérange le plus. Il m’a fallu bloquer ma respiration (ou presque) pour profiter du voyage. Un voyage à remonter le temps dans un véhicule complètement dissonant avec ceux que j’essaye depuis deux ans maintenant. À tous les niveaux. Surtout quand je vois Thibault conduire avec son énorme volant sur les genoux, comme un camionneur de ces années-là.

Il est à l’aise, sans nul doute. On devine le conducteur aguerri à l’engin. Notamment du fait de périples dans toute l’Europe entre la Norvège et la Croatie. Et des balades dominicales pour aller chercher la baguette avec son béret ses filles. Nous sommes suivis par Benoit et @LeStagiaire qui réalise des filés dynamiques. On espère des éclaircies mais la pluie ne cesse de tomber. Nous arrivons sur une portion pavée (c’est le Nord ici) faisant partie du parcours de Paris-Roubaix 2023. Le moment pour moi de prendre (littéralement) le volant.

Au volant de la Citroën 2CV AZAM

Avant de démarrer, il faut déjà s’installer. Ah bah, c’est fait. Pas de réglages électriques du siège puisque c’est une banquette qui coulisse uniquement en longueur.

Après, on doit réaliser plusieurs opérations :

  • Amorcer manuellement la pompe à essence,
  • Mettre le contact avec la clé,
  • Engager le démarreur à tirette,
  • Appuyer sur l’accélérateur à fond,
  • Prier,
  • Prier plus fort,
  • Caler,
  • Tout recommencer,
  • Prier André Citroën,
  • Démarrer facilement.

Ensuite, Thibault me donne les consignes pour le levier de vitesses. Un rappel sur le tableau de bord indique le positionnement de chacune qui ne sont pas placées comme de nos jours. La première est en bas à gauche, la deuxième est tout au fond, la troisième est devant et la surmultipliée (le surnom de la quatrième) est au bout du monde à droite. Le point mort, c’est Pompidou, au centre. À la limite, c’est presque facile de s’en souvenir. Le problème arrive avec l’embrayage pour s’engager en première. Le point de patinage est ultra bas. Contrairement à la deuxième. D’ailleurs, on devrait commencer par la deuxième pour moins s’embêter.

Une fois lancée, le gigantesque volant continue de surprendre. La précision de la direction étonne. Puisqu’elle est inexistante. En tout cas, en ressenti par rapport à la tenue de route, on a l’impression d’un volant qui bouge plus que les roues. Je rappelle que je conduis une voiture de 1965 pour la première fois sur des pavés et sous la pluie avec des pneus plus fins que ceux de mon VTT 29 pouces. Dès la moindre courbe, on a l’impression que la 2CV se penche tellement qu’elle va tomber. Et nous avec dedans. Thibault se marre car il sait bien qu’on ne va pas finir les quatre fers en l’air. Moi, le doute m’habite.

Ralentir/freiner en Citroën 2CV AZAM

À l’auto-école, on apprend à freiner doucement puis à débrayer en maintenant une légère pression sur la pédale centrale avant de rétrograder. En Citroën 2CV AZAM, ça ne fonctionne pas. Soit on freine, soit on débraye mais on ne fait pas les deux dans le même temps. Autrement, la vieille se met à couiner. Voire à se bloquer comme si on l’avait insultée de vieille. Dans ce cadre, on choisit son camp. L’un ou l’autre, avant ou après. Pas évident de bouger ses repères. Comme d’habitude, un temps d’adaptation apparaît nécessaire et l’entrainement par la répétition permet de s’y faire.

Les fameuses suspensions

Pour la 2CV en 1948, le cahier des charges était simple. Mettre un panier d’œufs dans l’habitacle et les retrouver tous entiers après un parcours varié. Je confirme la réussite du projet. D’une façon extrêmement surprenante, la Citroën absorbe complètement les défauts de la chaussée. Même les pavés. Par contre, le bruit devient inversement proportionnel à la qualité de la route. Plus on passe vite, plus le son arrive fort dans le cockpit. Vraiment troublant car on ne ressent rien physiquement des aspérités sous nos pieds roues.

À fond, à fond, à fond

Pour l’accélération, la règle est d’appuyer à fond. Aucun risque de se faire surprendre par la vitesse générée. Pour autant, si on roule avec le pied légèrement relevé, la 2CV se met à brouter. Là aussi, c’est assez paradoxal à vivre. De plus, les sensations de vitesses, même à 70 km/h, sont peu palpables avec une position de conduite relativement haute, presque comme dans un SUV. Les sensations reviennent à chaque rond-point avec des roues qui semblent partir à l’équerre. On pense vraiment à serrer les fesses en tournant alors que non, ça passe sans problème.

L’heure des frites

Pour se remettre de ces émotions, il est l’heure de retourner au hangar pour lancer la cuisson des frites. Le secret provient de la graisse de bœuf (ce qui tombe bien car j’ai eu ma dose d’huile dans la matinée) et de la double cuisson. Un premier bain à 150 degrés pendant 8 minutes. La même durée pour atteindre 100 km/h en 2CV. Puis un second bain à 180 degrés. Histoire de bien les dorer.

Durant ce temps, c’est l’occasion d’admirer la Citroën Dyane à nos côtés et de jouer au sadique. En effet, Thibault m’a proposé de m’installer dedans et a refermé la porte. Le petit jeu consistait à en sortir. Facile, normalement. Facile quand on trouve la poignée pour ouvrir la portière. Ce qui n’arrivera jamais. Donc j’ai passé ma main à travers la fenêtre, elle ouverte, pour me libérer, délivrer. Et manger, des excellentes frites avec une non pas moins bonne mayonnaise onctueuse et une carbonnade flamande. Délicieuse. L’ensemble préparé par le maître de maison.

Dernière balade en Citroën 2CV AZAM

Pour digérer, nouvelle balade, toujours sous la pluie, dans le parc naturel régional Scarpe-Escaut pour faire profiter à Benoit et @LeStagiaire de cette expérience unique : monter dans une 2CV.

Après les pavés, la plage le terril. Emblématique de la région et de son histoire ouvrière. Une petite montagne composée des résidus de charbon exploités dans les mines.

Dans une chèvrerie-bar, les discussions se poursuivent entre passionnés de Citroën avec une documentation précieuse concoctée et conservée depuis des décennies par Benoit au sujet de la Xantia.

Pour autant, celui-ci est venu en Renault Mégane Coupé, comme neuve, de 1997. Un traître à la nation.

La conclusion de la journée

Après un dernier verre (sans alcool), il est temps de retrouver le sud et son soleil. Je vous jure qu’il a fait beau sur le trajet du retour. Plus qu’une Citroën 2CV AZAM avec une gueule intemporelle et une conduite spécifique ; j’ai surtout apprécié de retrouver des copains pour parler bagnoles matin, midi (avec des frites) et soir. On espère pouvoir profiter d’une nouvelle journée ensemble. Surtout quand on repart tous avec une 2CV « rouille » en cadeau. C’est vrai ce qu’on dit sur les gens du Nord. Ils ont un grand cœur (et une météo pourrie).

Toutes les photos de la Citroën 2CV AZAM

Merci à @LeStagiaire pour les magnifiques photos.

On aime

+ L'allure générale.
+ Les suspensions.
+ Le saut dans le temps.

On aime moins

- L'odeur.
- Le bruit.
- Les performances (nulles).

La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Couleur
10
9.3
Extérieur
9.0
8.5
Jantes
6.0
9.0
Intérieur
5.0
6.4
Performances
5.0
5.4
Châssis
4.0
7.5
Prix
7.0
3.6
Assumerais-je de rouler avec ça ?
3.0
8.2
6.0
La note de l'équipe Hoonited
7.2
La note du public
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Novichok
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