Avec cette version 4 roues motrices de 310 ch, la Cupra Leon Sportstourer VZ démontre son efficacité et son confort au détriment du fun et de l’originalité.
Le contexte de l’essai
J’ai une relation particulière avec Cupra puisque c’est dans un véhicule de cette marque ibérique que j’ai rencontré mon patron ukrainien. En effet, @vtyok m’avait proposé qu’on se fasse un date en Formentor. Après des mois à se parler sur Twitter, il est passé me prendre (chez moi). En vous racontant cela, je viens de relire son article (avec un excellent titre). Bordel. C’est exactement la même voiture essayée qu’en mai 2021. Sauf que la mienne a 200 litres de coffre supplémentaires. Tout l’intérêt d’un break. Nous arrivons quasiment aux mêmes conclusions. Ce qui m’inquiète un peu. Toutefois, je vais vous raconter ma semaine au volant de cette Leon qui ne vient pas de Bruxelles. Oui, c’est fait, on est débarrassé comme ça.
La déception du physique
Je m’attendais à une Cupra comme le Formentor. En bleu pétrole mat. Une teinte emblématique de ce constructeur. Finalement, j’ai une config très sage avec un Rouge Désir (à 900 €) assez peu désirable, des jantes Laguna Seca Black en 19 pouces (à 690 €) plutôt classiques et surtout des jupes latérales (à 370 €) avec des coques de rétroviseurs chromés d’un effet disharmonieux pour ne pas dire douteux. Cela me donne à voir une sorte de Leon tunée (pléonasme) mais de série. On a juste un beau logo Cupra et une quadruple sortie d’échappement pour différencier la sportivité du généraliste (pas le médecin).
D’ailleurs, c’est tout le sujet de Cupra. Cette branche de Seat devait proposer des modèles plus sportifs et plus jeunes. Au final, elle va remplacer le nom Seat pour proposer des électriques ou des TDI 150 ch. Je n’ai rien contre les TDI 150 ch, bien au contraire avec l’A3 Sportback. Toutefois, on aura vraiment voulu plus d’excentricité pour Cupra. Sachant que dans le groupe Volkswagen, on a déjà des trucs performants et chiants comme les Audi. C’est un comble de ma part car j’adore la polyvalence des Audi.
Cupra Leon Sportstourer VZ : le mode « comfort » à l’allemande
Terribles ces représentations. On s’attend à quelque chose (de l’excentricité) et on est forcément déçu quand on trouve autre chose (de la neutralité). Je vais bientôt arrêter de vous bassiner avec ce sujet mais il m’a fallu deux jours pour dépasser ma déception. Puis après, j’ai compris que j’avais entre les mains tout ce que j’aimais habituellement. De la polyvalence et du confort. Pour le confort, j’ai perçu rapidement qu’il s’agissait d’une version avec suspensions adaptatives. L’idéal pour le compromis entre les ravages des chaussées en ville et un comportement routier plaisant. On ne tape jamais sur les dos-d’âne au point de ne plus s’en inquiéter contrairement à une Porsche 911 (997) de kéké avec sa lame à l’avant.
En (parfait) complément, les sièges baquets en cuir (à 1 010 €) valent largement leur prix tant ils amènent un agrément au quotidien ainsi que pour les longs trajets. On est bien maintenu avec une position agréable. Ceux-ci se manipulent électroniquement avec trois positions mémorisables comprenant aussi les réglages des rétroviseurs. Rien à redire pour le chauffage tout comme celui du volant : ça chauffe. Pour l’insonorisation, notamment sur autoroute, c’est pareil. On ne fait plus trop attention aux bruits d’air car il n’y a pas de bruits d’air. Nous n’atteignons pas le niveau de chez Stellantis avec leur vitrage acoustique mais on reste vraiment haut placé dans le classement des meilleures insonorisations.
Polyvalence = tranquillité et rapidité ?
Si on veut dire définir la polyvalence automobile, on apporte quoi comme éléments ? Pour ma part, c’est la capacité à mélanger les performances et le confort, qu’il soit physique ou acoustique. Nous avons donc une Leon polyvalente. Ou presque quant aux consommations, on y reviendra.
En 4D (pour 4 Drive), on a enfin la combinaison idéale pour la DSG7. Je connais bien cette boîte automatique car c’est la mienne. Enfin, celle de ma belle Polo. Son principal défaut est le manque de liaison avec les roues avant pour passer correctement la puissance sur les premiers rapports en mode « comfort » (contrairement au mode « sport » qui réalise l’exercice sans aucun problème). Il suffisait donc de lui filer deux roues motrices supplémentaires et le problème est réglé. On a donc une boîte performante dans toutes les conditions, même si certains pourront lui trouver un léger manque de réactivité à faible allure. Quand on passe en mode « sport » ou « Cupra », tout roule (vite).
Les modes et les faux sons du Cupra Leon Sportstourer VZ
Pour changer de mode, nous avons un bouton sur la branche gauche du volant. C’est quasiment le meilleur endroit pour cela. J’aurais préféré qu’il soit sur la branche droite (avec mon prisme de droitier) mais la position est occupée par le bouton de démarrage. Comme à chaque fois que c’est le cas, je ne trouve pas la pertinence par rapport à l’emplacement classique d’une clé ou à côté du levier de vitesses. Celui-ci est rikiki mais facile d’usage. Revenons sur les modes qui passent du « comfort », au « sport », au « Cupra » et au « indivudual ». Je l’ai paramétré (non sans difficulté car il semblait bloqué parfois et n’a pas mémorisé mes réglages d’autres fois) pour tenter l’expérience mais j’ai surtout circulé en mode normal.
Certes, on peut jouer sur la direction, la transmission, la réactivité du moteur, et même le son mais je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’avoir des belles routes pour envoyer. Quand ce fut le cas, ça va vite (0 à 100 km/h en 4,9 sachant que j’ai des sérieux doutes sur ce résultat tant l’impression est lissée) mais sans grande émotion ni ressenti particulier. On revient à cette efficacité sans âme. Pareil pour la direction. D’autant plus que le son est amplifié par la baie du pare-brise pour un résultat moyennement convaincant. Au début, c’est rigolo. Au milieu, c’est lassant. À la fin, on revient en mode classique avec un retour naturel plutôt plaisant quand on monte dans les tours.
La consommation (trop élevée en ville)
Durant mes 541 km à son volant, je n’ai pas eu l’impression de souvent taper dedans. Bien au contraire car beaucoup de trajets maison appartement/boulot avec régulièrement des bouchons. Donc 310 ch ou 130 ch, c’est pareil, ils ne servent à rien. Par contre, la consommation ne se relève pas de la même façon, surtout sans aucune hybridation (c’est là où j’évoque son malus de 48 901 € ou j’attends plus tard ?). Sur ce parcours habituel, on tourne autour des 8,7 l /100 km.
Avec de l’autoroute et quelques grosses accélérations, on monte à 10,3 l. Dans le meilleur des cas et au prix d’une écoconduite acharnée en direction du parc presse pour la rendre (ce qui amène à une autonomie max de 570 km), j’ai réussi à tomber à 7,9 l/100 km . Je ne pourrais pas faire mieux. La moyenne se stabilise à 10,1 l/100 km. On s’approche des consommations d’une GR Supra (10,8 l) et même d’une Civic Type R (10,9 l) sachant que j’ai mille fois plus tartiné avec ces bagnoles sus-citées. C’est clairement une déception de ce côté. Même pas sûr de blâmer le poids de 1 640 kg mais plutôt ce 4 cylindres de 2 litres qui n’a pas vocation à l’économie (de carburant).
Cupra Leon Sportstourer VZ : le tout tactile insupportable
L’autre grosse déception provient du tout tactile. Un jour, je vais vraiment finir par éclater ces écrans. Je n’en peux plus de devoir passer par un écran tactile pour régler la climatisation. JE VEUX DES BOUTONS PHYSIQUES. Surtout quand il s’agit d’un écran avec une réactivité digne d’une boîte CVT. Ça mouline ! Pourtant, il est beau cet écran central de 12 pouces. J’aime même beaucoup l’agencement des menus et leurs designs. Cela fait moderne avec des couleurs chaleureuses.
Cependant, quand on veut régler un élément, on a toujours un doigt qui touche la bande sensitive pour la température ou pour le son (un système Beats audio, complètement pourri). Il faut lever son coude pour bien garder ses doigts en hauteur. Ergonomie zéro. On se demande vraiment si les mecs ont déjà conduit des voitures pour installer ces systèmes. De plus, en se connectant à Android Auto, certaines applications n’arrivent pas à apparaitre tant ça rame.
Vie à bord et coffre
Si on laisse de côté l’écran et qu’on ne touche pas à la clim, on retrouve de la sérénité dans cette caisse avec un assemblage sérieux, des matériaux qualitatifs dans l’ensemble, un peu dur sur plusieurs endroits. On s’évite les bruits parasites sauf quand on hausse le rythme, la portière côté conducteur grogne légèrement. Les inserts cuivrés rappellent enfin que nous sommes dans une Cupra et non une Audi. Avec aussi la particularité d’afficher le détecteur d’angles morts dans un bandeau lumineux en haut de la portière. On trouve tous les boutons nécessaires sur le volant dont le fameux mute et ceux pour modifier l’affichage du digital cockpit de 10,25 pouces. Les compteurs sont multiples selon les goûts et donnent entièrement satisfaction pour leur lisibilité à défaut d’être très originaux.
À l’image de l’ensemble, pas de fun mais de l’efficacité. Tout comme cet énorme toit panoramique ouvrant et cette caméra de recul. Même pas besoin d’une caméra 360 car la voiture se manœuvre tranquillement. Pour les aides à la conduite, elles se désactivent facilement dans les menus et ne bipent pas n’importe comment. Le régulateur adaptatif pourrait être plus doux au freinage. Au niveau des places arrière, ça serait bien d’avoir une vraie place au milieu. Et non un tunnel de transmission qui oblige à se couper les jambes. La bonne nouvelle, c’est qu’on pourra largement les mettre sur les autres places ou dans le coffre. Nous avons 620 litres modulables avec un plancher plat ou non, selon ses besoins. Avec ce volume, je crois qu’il s’agit bien d’un break.
En conclusion
Le Cupra Leon Sportstourer VZ déçoit par son manque d’originalité et d’amusement. On aurait voulu le différencier davantage par rapport à ses cousins Audi ou même Volkswagen. Passé cette déception, on retrouve des qualités remarquables pour un break de 310 ch comme la polyvalence, le confort et la motricité dans toutes les conditions avec sa transmission intégrale. Sans parler de sportivité, on aura largement de quoi bombarder au quotidien ou sur les longs trajets. Son prix à 55 350 € pourrait totalement se justifier au vu de l’agrément mais son énorme malus casse la baraque de son positionnement. Il faudra donc attendre une nouvelle version hybridée permettant d’améliorer les consommations en ville puis cela sera l’occasion d’ajouter des boutons physiques pour la climatisation ainsi qu’un écran plus réactif. Entre une super Seat et une Audi attractive, on ne Cupra pas à surveiller les prochains modèles de cette nouvelle marque automobile.
Toutes les photos du Cupra Leon Sportstourer VZ
Comme d’hab, les plus belles photos par @LeStagiaire et les notes ainsi que les +/- à la suite.