Quand j’ai annoncé que je testais la nouvelle Dacia Sandero, les gens ont eu un rictus teinté de Don’t Give a Shitisme. Puis ils sont montés dedans et ont fait un tour avec moi qui les a plus choqué que l’anglicisme dégueulasse placé dans cette intro. Je vais vous expliquer pourquoi.
Héritière de célébrité
Vous avez déjà compté jusqu’à 2 millions ? Non, parce qu’on s’endort forcément avant. Chez Dacia, ils ont dû enchaîner les cafés pour y arriver ou utiliser un ordinateur dont le job est justement de faire ce genre de tâches détestables. C’est le nombre que je me suis pris en pleine tronche à chaque vidéo regardée, essai lu ou discussion entamée sur le sujet Sandero avec des gens du métier. Car oui, il s’est apparemment vendu 2,3 millions de la génération précédente (je n’ai pas réussi à retrouver la source exacte) dont 442 916 rien qu’en France entre 2013 et 2020 (là j’ai comme source la CCFA).
Alors forcément, cette 3ème itération, toute neuve sur le fond comme sur la forme (elle utilise la même plate forme que la Clio 5, la CMF/B) était attendue au virage et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a du succès, en s’affichant en 4ème place des ventes depuis le début de l’année :
Marqueur social repensé
Autrefois synonyme de caisse pour prolétaire fauché rêvant de l’odeur d’un intérieur neuf, la Sandero est devenue, en trois générations, un symbole de consommation. En 2 décennies à peine, cette citadine roumaine a non seulement bouleversé les codes du marché automobile, mais s’est permise de dire « mușchii mei » au marqueur social imputé à la voiture.
Désormais, on n’a plus honte de rouler en Sandero et c’est même devenu un choix assumé. Fini le prolo honteux, bonjour l’anticonsumériste hautain !
Parce que la Sandero est censée tout faire.
Tout ? Vraiment ? Genre au pif, elle est au niveau de sa sœur la Clio ? Spoiler : NON ! Mais franchement, elle n’en est pas loin.
Oh une Polo ! Ou pas !
Quand j’ai découvert le design de cette nouvelle Sandero, j’ai pensé à une Polo de Volkswagen. Par chance, j’en avais une de couleur et finition similaire à côté de chez moi et, par un sacré hasard, une place juste à côté. Garé, appareil photo sorti, j’ai pris des clichés et franchement… Jugez par vous-même !
Finition Confort, Access refusée !
Initialement, nous souhaitions tester la version Access sur Hoonited. Nous voulions voir ce que la citadine la moins chère du marché donnait dans une finition digne de Mad Max Penniless Road avec ses pare-chocs bruts. Mais impossible de mettre la main dessus. En fait, la plupart des Sandero vendues le sont en finition haute nommée Stepway et avec toutes les options possibles.
Une sorte de démo jouable de la richesse ? Non ! En réalité les options sont si accessibles et si essentielles aujourd’hui, pour offrir un minimum d’agrément, qu’en France, cette version Access n’a aucun intérêt m’a-t-on dit.
Donc nous avons eu une intermédiaire, la version Confort toutes options : carte mains libres, frein de parking électrique, clim auto, démarrage et ouverture sans clé, feux et essuie-glaces automatiques, roue de secours, avertisseur d’angles morts, caméra de recul et même une tablette offrant Android Auto et Apple Car Play sans fil ! Le tout enrobé d’un bleu métallisé animé d’un trio de cylindres offrant 90 chevaux pour un tarif de 15 030 €.
Ouais, on n’est plus dans l’Access du tout. C’est même le double. De quoi biaiser la donne mais éviter le moteur anémique de 60 poneys asthmatiques.
Un design au Marx de sa forme
On oublie la honte, cette Sandero est réussie. Le design est conventionnel mais se permet quelques artifices visuels que ne pouvaient s’offrir les version précédentes.
Elle possèdes des hanches galbées empruntées à la Clio 4 et même des feux avant inspirés de ceux arrière de Lamborghini Aventador. La preuve en image :
Sa ligne globale offre une élégance que seul le logo en forme de décapsuleur vient trahir. D’ailleurs, pouvoir ôter ce logo pour réellement décapsuler des bouteilles aurait été un coup de génie.
La Dacia Sandero 2021
La Sandero 2021 est bien posée sur ses roues. Sa ligne est moderne, elle fait cossue, résistante. Le tout sans infliger une hauteur de caisse insupportable à ses passagers.
Tout n’est pas parfait non plus et on trouve des trucs chelou comme cette antenne qui hésite entre la faire courte et la faire longue.
Un intérieur quand-même bien qualitacheveux !
A l’intérieur, c’est juste une claque (pour une voiture moins cher qu’un combo de pneus de Dodge Ram j’entends). Le tissu 3D présent sur les portes et la planche de bord donne du cachet et ne craint pas les griffes et autres aléas du genre.
J’adore particulièrement les boutons de climatisation : en plus d’être super bien finis, ils arborent ces petites icônes explicites blanches sur fond noir.
La police (d’écriture)
Idem pour le compteur et sa police d’écriture fine blanche avec en fond quelques nuances de noirs (mais pas 50 non plus). Des indications qui prennent sens au rythme d’aiguilles rouges de toute beauté. Un compteur qui aurait fait verser une larmichette aux proprios de Golf 4 à l’époque. Puis c’est cool de voir danser ces aiguilles au rythme du moteur et de ses vibrations (c’était mon moment boomer).
Tout est à sa place, jusqu’à la commande des sources et du son, cette chose énorme, moche, avec sa molette aussi mal fichue qu’imprécise. Ah la nostalgie des Renault.
Dacia a réfléchi pour faire sa Sandero : par exemple, cette prise USB au cerclage lumineux (pratique la nuit) habilement placée juste derrière le support téléphone intégré évite de voir traîner des câbles partout. La tablette, moche, grosse est également la preuve d’un choix intelligent : l’écran est résistif et non capacitif. Donc au lieu de le caresser, il faut appuyer dessus.
C’est moins sensuel que les écran de verre (capacitifs) mais c’est fichtrement malin pour deux raisons : dans une caisse, la résistance sur les touches a du bon. Elle permet de savoir où on en est dans sa manipulation même si ce n’est pas aussi efficace que de vrais boutons physiques (qui permettent un contrôle à l’aveugle). Mais surtout, les écrans résistifs coûtent bien moins chers. Donc Dacia a pu miser sur une tablette RÉ-A-CTI-VE (avec les sous économisés) ! C’est fluide. En plus, elle est mate, donc pas sujette aux reflets. Troquer le « Wouah Effet » en concession pour une facilité d’usage, j’appelle ça être malin. Surtout pour une voiture de raison.
Apple Car Play et Android Auto sans fil : l’effet Wouah Yeurless !
Le sachez-tu ? Jusqu’à 2021, BMW ne proposait pas Android Auto dans ses voitures. Chez BM, c’était l’iPhone ou rien. Dacia de son côté propose les deux sur sa Sandero et surtout, les propose sans fil. Sur le principe c’est cool. Dans la réalité, ça oblige à passer le mobile en Wifi pour le connecter à la tablette. Ce qui peut poser des soucis quant à la réception des données. Donc l’idée est louable, mais il vaut mieux brancher son téléphone. En plus ça permet de le recharger en même temps. A ce propos, la connexion est archi simple et tout fonctionne sans bug, même avec mon téléphone Xiaomi Poco F3 de stagiaire fauché comme les blés. Sur un iPhone, ça marche tout aussi bien.
Résultat, j’ai Tidal et Spotify sur les enceintes puissantes de la voiture. Le son est d’ailleurs de très bonne facture. La commande vocale marche à perfection. On a Maps, Waze, Plan, et moultes applications qui rendent cette tablette pratique.
Notez qu’un mode nuit existe pour ceux qui ne veulent pas avoir la lumière produite par une dalle de 8 pouces en pleine tronche la nuit. Sauf que sur ce point, il y a un truc bien relou : impossible de régler la luminosité de l’écran avec Android Auto ou Apple Car Play activé : l’option réglage est inaccessible et ça, c’est dommage !
Et si le luxe c’était l’Espace la Sandero ?
Le coffre offre un grand volume et permet, via une option à 100 € (non présente sur le modèle d’essai), d’avoir un système de double fond avec un plancher à fond plat. Idéal pour changer la couche d’un bébé ou transporter un corps sans avoir à le découper.
S’il y a bien un point sur lequel la Dacia Sandero éclate à la concurrence à coup de Hadoken, c’est bien son espace intérieur. En plus de pouvoir accueillir 4 adultes et un stagiaire fin et léger (donc pas du tout moi) sur la place du milieu, elle dispose d’un coffre dont le volume permet d’y loger beaucoup de packs d’eau, de bouteilles de vin, de canettes de bière, ou des trucs chez Ikea aux noms automobiles.
Des sièges adaptés à tous les popotins
Je ne saurais dire s’ils tiendront bien dans le temps, mais les sièges sont confortables. Ils sont faits d’une sorte de mousse à la fois suffisamment tendre pour soigner votre séant, mais également assez ferme pour ne pas abîmer votre dos. Ce ne sont pas des baquets mais on s’y sent bien. Mon gros popotin y a trouvé parfaitement sa place, comme ceux (moins gros) des autres passagers.
Mais Dacia a également pensé à la place du stagiaire malaimé, celle du milieu de la banquette arrière, en la creusant un peu au niveau du dos et des fesses. L’assise est un poil moins insupportable.
Enfin, voici le fameux test du siège auto, avec ici un énorme Cybex chaipasquoi rotatif (comme le moteur Mazda, l’huile en moins) qui coûte un bras parce que nous sommes des parents qui ne voulons pas mettre en danger notre enfant pour avoir gratté 100 balles (comme l’a spécifié la vendeuse avec son regard accusateur).
Le fameux TCE Turbo de 90 poneys nains
L’Access est doté d’un moteur 60 ch. Notre version avait en son entre le bloc 90 chevaux 3 cylindres TCE de Renault. Fierté du constructeur pour son efficience et sa sobriété, avec une récupération d’énergie, une pompe à huile à cylindrée variable, un thermomanagement et un turbo-collecteur à très faible inertie. Tout une histoire ! Tout ça pourquoi ? Pour pas grand chose. En ville, ça fait le taf. Les accélérations sont franches (merci les 135 Nm de couple), les insertions aisées et en dehors du sifflement du turbo arrivant vers 1 800 tours, c’est plutôt silencieux. La Sandero n’est pas si mal insonorisée en ville, lieu où l’on évite de monter dans les tours. Même dans les embouteillages, ça passe.
Mais on s’arrêtera là. Parce que la suite est moins funky. Si atteindre les 90 km/h se fait sans trop de problèmes, pour peu qu’on tire un peu les rapports, atteindre les 130 km/h est une autre limonade, du genre faible en citron et blindée d’édulcorant et d’arômes artificiels. Les bruits aérodynamiques se mélangent au moteur qui pleure sa maman. J’avais le petit sur siège arrière. Le temps de passer de 90 à 130 km/h en 6ème, il avait l’âge de conduire la Sandero.
D’ailleurs cette 6ème est une vraie vitesse économique puisque son seul intérêt est de lutter contre la résistance de l’air. Pour toute manœuvre, comme Philipe, il faudra rétrograder. Le trois cylindres fait au mieux, il est plein de bonne volonté. D’ailleurs, la Dacia est une des plus légères de sa catégorie, avec 1052 kg affichés sur la balance.
Enfin, avec 7.7L/100 km en mixte, le côté « économique » est aussi visible que la patate. C’est franchement navrant de se contenter de ce trois cylindres qui ne fait pas mieux niveau conso qu’un 4 pattes, qui offrirait plus de couple et plus de polyvalence, avec moins de bruit.
Tenir le roulis et prendre du pavé
On la fait courte : la Sandero dans cette configuration tient bien la route, même si j’ai trouvé les pneus moyens sur sol mouillé. Au pire, ça se change, et la petite monte ne devrait trop grossir la note.
Niveau roulis, c’est nickel. Une bonne nouvelle pour ceux qui se coltinent les places arrières après avoir englouti un pti dej à base de lait et de céréales.
Enfin, les petites jantes et donc les pneus taille haute permettent de gommer les aspérités de la route comme nid de poule et cadavres de pigeons.
La vérité, j’ai kiffé !
Ce test est déjà long, alors il est temps de conclure. Si la première Sandero était un adolescent repoussant plein d’acné en train de muer, cette version 2021 est désormais une jeune adulte qui sait clairement où elle va. Elle est passée d’un « déplaçoir » à une voiture à vivre sans dénaturer ce qui faisait sa force.
Oui elle est jolie, oui elle est spacieuse, oui on peut y loger 4 Vityok, dont 1 Vityok (1,87m) et un siège auto énorme et pivotant derrière, voir même un stagiaire qu’on ne respecte pas entre les deux pour de courts trajets.
Oui elle tient le pavé, accélère fort, offre un équipement audio sympa et les gadgets derniers cris.
Non, conduire une Sandero ne signifie plus être en bas de la classe moyenne. J’y ai pris du plaisir comme conducteur, vraiment. Les passagers, eux ont tous été agréablement surpris et ce, sans forcément inclure le prix dans le jugement.
Oui elle peut faire de la route mais elle va se traîner et vous exploser les oreilles si vous êtes à 130 km/h non stop, à cause de ce TCE 90.
Cela dit, j’ai quand même apprécié un truc avec ce moulin : on peut le faire hurler sans aller vite. Quelle fut ma surprise d’entendre mon gamin me dire « c’est une voiture de course » alors que je passais la troisième à 50. Vous pensez sûrement que je l’ai corrigé pour avoir osé associer une Sandero à une voiture de course ? Détrompez-vous ! J’ai au contraire eu un pincement au cœur car lui qui adore ces vibrations, cette tonalité propre aux moteurs thermiques n’aura probablement pas la possibilité d’en essayer un lorsqu’il aura l’âge de conduire. Alors oui, la pollution, la planète et autant de problèmes bien réels que se plaisent à évoquer ceux qui font faire 1800 km à 2 tubes de dentifrices pour économiser 78 cents. Mais ça file un pincement au palpitant.
La dernière des SandHéroïnes ?
Enfin, cette Sandero est sûrement la dernière de son genre. Luca De Meo l’a dit : « va falloir douiller dans le turfu pour se payer de la tire » (en gros il a dit ça). La faute à des ressources de plus en plus limitées, des normes de plus en plus contraignantes et donc des coûts de production de plus en plus élevés. Le tout associé à la frénésie de l’électrique qui devrait prendre un essor bien plus rapide qu’on ne l’imagine.
Alors voilà, cette Sandero est en quelques sortes le dernier opus d’une trilogie qui s’est bonifiée à chaque nouvel épisode. Elle ne fait peut-être pas tout aussi bien que sa sœur la Clio, capable elle, d’affronter les grands trajets. Et encore, avec des Airpods Pro greffés dans les oreilles des occupants (les ados les ont déjà adoptés), ce ne serait plus un problème sauf pour la personne au volant. Mais une Clio, ce sont presque 10 000€ de plus. Avec l’argent économisé, on peut se payer une petite perle automobile (au pif un Nissan CUBE), une Rolex Milgauss (ou une Omega Planet Ocean GMT édition limitée par exemple), 1 492 menus Best Of, 100 super restos à deux, 10 000 tentatives au jeu des pinces dans les fêtes foraines.
Ou simplement voyager car finalement, et plus encore depuis le COVID, c’est ça le vrai luxe.
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