La nouvelle Dacia Spring, citadine SUVisée 100 % électrique de 65 chevaux, se veut encore une des plus accessibles du marché. Allons la tester durant une journée lors des essais presse à l’ouest de Bordeaux.
Le contexte de l’essai
Dacia nous a invités à essayer sa nouvelle Spring. On ne refuse jamais les invitations. Enfin, quand on peut s’y rendre. Certes, c’est souvent trop peu de temps pour réaliser un essai complet mais cela permet de découvrir les grandes lignes. Nous avons roulé 135 km en 4h. Le nous, c’est @LeStagiaire et moi-même. Comme pour les Smart #3 dans le Lubéron, on ne change pas une équipe qui gagne. Ou juste une équipe avec un conducteur et un photographe. D’ailleurs, c’est bien le problème de partir en opération avec mon collègue, le rendu est magnifique mais ça prend beaucoup de temps de réaliser des clichés. Du temps qu’on n’a pas. Pourtant, on peut se dire que nous avons (presque) fait le tour de cette Dacia Spring. Sauf pour la recharge.
La conférence de presse et les droits de douane
Avant de parler de sa prise en mains, commençons par le discours de Dacia. Les responsables de la marque roumaine ont présenté cette nouvelle Spring. Nouvelle sans être vraiment nouvelle. On garde la même base lancée en 2021 (dérivée de la Renault City K-ZE) et on vante ses améliorations. Déjà physiquement. Avec un très gros restylage pour ressembler au dernier Duster. Ensuite par une amélioration de tout. Comme à chaque fois, forcément. Le patron avait testé la première version de 45 ch. Depuis, 80 % des acheteurs s’orientent vers la version 65 ch donc Dacia a décidé de ne proposer que cette motorisation pour la France, à partir de 18 900 €. Ils comptent poursuivre son succès après 150 000 exemplaires vendus dans le monde.
Toutefois, la commission européenne va sûrement leur poser des problèmes. Déjà en supprimant le bonus pour les électriques non produites sur le vieux continent et ensuite avec des frais de douane pour les véhicules électriques importés de Chine, comme la Spring. Tout cela reste encore en négociations jusqu’à novembre 2024. Quoi qu’il en soit, Dacia ne compte pas changer ses tarifs ni la produire en Europe car sa citadine électrique demeure encore concurrentielle.
Les pneus (chinois) Linglong de la Dacia Spring
Autre sujet abordé, les pneus ! Et j’ai bien compris pourquoi ça a été un enjeu. Ce sont encore des Linglong, une marque chinoise. En 15 pouces sur notre finition Extrême. Il faudra les changer. Clairement. Et sans hésitation. Même avec un surplus de 350 et 400 € (comme avec des Continental Ultracontact 165/65 R15 81 T) (réf non sponsorisé). Car on le répète : les pneus sont une garantie de sécurité. Et avec ces Linglong, on ne ressent aucune garantie et aucune sécurité. Dacia France nous explique que ce choix reste dans la logique économique. Sur un sol mouillé (comme après une sacrée averse), c’est la fête du (Spring) dérapage. Lors d’une franche accélération, le couple de 113 Nm n’arrive aucunement à passer et on se retrouve à burner des roues avant avec une transition progressive sur le côté, au point de risquer le fossé. J’exagère à peine.
Mort au tournant ?
Sur un revêtement sec, on n’a pas beaucoup plus confiance. Dans les ronds-points, à 30 km/h avec juste un peu d’angle, les pneus crissent immédiatement. À cela s’ajoute la mauvaise tenue de route. À l’instar de la position de conduite, tout est trop haut et rien ne peut se régler. Ce côté SUV accroît les défauts. Surtout avec des suspensions beaucoup trop souples, presque rebondissantes. Quand on augmente le rythme dans les courbes, on a la sensation que la roue arrière extérieure va complètement décrocher.
D’ailleurs, la direction n’aide aucunement sur la remontée d’informations et cela ressemble plus à conduire un jouet qu’un véhicule pouvant atteindre la vitesse maximale de 125 km/h. Nous n’avons pas eu l’impression de conduire comme des débiles avec @LeStagaire. Et on s’y connaît sur le sujet, notamment en Twizy. Pourtant, on avait presque peur à son volant. Même sur les gros freinages, on perçoit la crispation de la mécanique. Alors oui, si on roule doucement, on n’a pas de raison de se faire des frayeurs. Pour autant, c’est loin d’être rassurant.
Le bon côté de l’électrique
La Dacia Spring a toutefois le bon goût d’être relativement silencieuse, notamment par rapport à une Zoé. Son avertisseur piétons (AVAS) retentit doucement sous les 30 km/h et l’insonorisation reste correcte jusqu’à 80 km/h. Après ça se dégrade, spécialement à 100 km/h. D’autant plus que les trains roulants (encore eux !) se joignent à la party, particulièrement sur chaussées dégradées. On revient donc à l’usage basique de cette citadine électrique : la ville ! Elle propose un mode « brake » plutôt correct. On n’arrivera pas jusqu’à l’arrêt total du véhicule et parfois il manquera de force mais cela reste largement acceptable pour conduire à une pédale. Puis on a une reprise immédiate si besoin de doubler. La faible puissance de 65 ch apparaît presque adaptée face aux 984 kg de cette Spring en finition Extrême. Certes, il faudra 13,7 secondes pour arriver à 100 km/h mais le 0 à 80 km/h n’est pas déconnant.
L’autonomie et les consommations de la Dacia Spring
On parle toujours de l’autonomie des voitures électriques comme étant un critère déterminant. Toutefois, 75 % des utilisateurs de Spring roulent 37 km quotidiennement en moyenne. C’est vraiment la bagnole de tous les jours et à tout faire. Donc pas pour partir en week-end ou en vacances. Avec 220 km d’autonomie WLTP (batterie de 26,8 kWh), on n’a aucun problème en la rechargeant chez soi tous les 3 soirs. On a pu constater une consommation de 14,4 kWh/100 km avec un parcours mixte mais sans autoroute. Dans la réalité, cela nous donne exactement l’autonomie annoncée. Nous n’avons pas pu tester la recharge mais Dacia annonce 20 à 100 % en 11h avec une prise domestique et un 20 à 80 % en 45 min avec du DC 30 kW (câble en option à 500 €).
La vie à bord
Evidemment, pour 21 210 € avec toutes les options, on a un habitacle plastifié à mort. Et même cartonné pour le toit. Toutefois, cela ne me dérange pas d’autant plus que je n’ai pas constaté de bruit de mobilier. Juste un petit bruit parasite. Comme d’habitude, il faudra l’éprouver avec le temps pour estimer la qualité réelle. Le volant reprend ceux de chez Renault avec le fameux commodo/satellite moche et pratique pour la radio (avec un bouton mute). Les compteurs de 7 pouces sont basiques et lisibles. L’écran de 10 pouces se défend correctement avec des menus simples et on trouve facilement les items recherchés.
Il a la particularité d’offrir Android Auto sans fil, contrairement à un Stelvio à 74 900 €. Nous n’avons pas remarqué de bug et la réactivité reste dans la norme. Contrairement à la caméra de recul à la qualité faiblarde. Les lève-vitres se trouvent sur la planche de bord et c’est une question d’habitude à prendre. Malgré la microfibre et le toucher presque agréable, les sièges demeurent trop rigides, notamment pour les dorsaux. Pour ceux à l’arrière, j’ai oublié de tester. @LeStagiaire dit que l’espace est trop petit. Mais bon, il roule dans une grosse Tesla donc il n’y connaît rien en citadine. Le coffre de 308 litres se rapproche largement du segment supérieur. On ne trouvera pas de frunk mais une baie moteur des plus surprenantes.
Les aides à la conduite
Comme pour toutes les automobiles neuves en 2024, les bips aides à la conduite sont nombreuses, intrusives et fatigantes. Chez Renault/Dacia, on présente le meilleur système possible pour toutes les faire sauter : un double clic sur un bouton physique. On s’évite de nombreux désagréments surtout pour les alertes de survitesses basées sur une lecture erronée des panneaux. On appréciera également les boutons physiques pour la climatisation même si celle-ci n’est pas automatique. Tout comme le régulateur n’est pas adaptatif. Les alertes de franchissement de ligne restent discrètes.
Le petit levier du DNR n’a rien de pratique et on s’agace régulièrement pour passer la marche arrière (notamment pour les manœuvres avec un rayon de braquage de 4,8 m alors que ça en parait davantage) ou retrouver le point neutre. Par contre, avec un bon frein à main à l’ancienne, aucun problème. On notera aussi l’usage d’une clé à enfoncer dans le petit truc, qui s’appelait le contacteur de démarreur quand la télé était en noir et blanc. D’ailleurs, cette Spring souffre de sérieux anachronismes en étant aussi moderne et pour autant aussi inconséquente sur sa tenue de route et ses pneus.
Le physique de la Dacia Spring
Indubitablement, cette Spring 2024 fait plus moderne sans toutefois être charmante. Avec son physique de SUV grâce/à cause de ses énormes passages de roue noirs et son côté relativement mal proportionnée, je n’ai pas été convaincu. Par contre, chez Dacia, j’aime toujours autant ce Rouge Brique qui est orange et je trouve bien fade ce Beige Safari qui est beige. Toutefois, dans les vignes avec les superbes photos de @LeStagiaire, ça le fait grave. Le Bleu Ardoise servira uniquement d’exposition et nous n’avons pas pu l’essayer. Sachant que deux coloris (pour exactement la même version) dans une journée, c’est déjà pas mal.
En conclusion
Pour 21 210 €, on a une Dacia Spring entièrement équipée. Pour une citadine 100 % électrique, cela reste encore attractif malgré des écueils inquiétants au niveau de la tenue de route d’un mauvais SUV surélevé (double pléonasme) et surtout des montes pneumatiques de série totalement inadaptés sur sol mouillé. Il faudra obligatoirement rajouter un billet pour se sentir en sécurité avec des pneus plus rassurants. Lors d’un usage urbain ou péri-urbain, on pourra toutefois compter sur un relatif agrément grâce à la puissance adaptée. La position de conduite non-réglable en hauteur entache aussi le quotidien à son volant. La future concurrence ébranlera probablement son hégémonie sur ce segment. Pour rappel chez Dacia, à moins de 20 000 €, vous avez la Sandero Stepway de 110 ch qui reste toujours la seconde meilleure voiture du monde. Donc l’électrique attendra, prenez encore du thermique.
Toutes les photos de la Dacia Spring
Avec les plus belles photos par @LeStagiaire avant de retrouver les notes ainsi que les +/- en bas de page.