La nouvelle Toyota Aygo X garde un minuscule moteur et reprend les codes des SUV pour rester sur le marché des citadines. Nous nous sommes rendus à Lyon pour découvrir le résultat et essayer ce crossover urbain japonais.
On n’est pas tous Aygo dans la vie
Lors de sa présentation presse, j’ai eu une réaction vive sur la nouvelle Toyota Aygo X. Du genre : « elle est horribleeeee ». Puis j’ai découvert la version Air Limited avec ses couleurs kakis et oranges. Là, ma perspective a évolué. Faut dire que j’aime ces fruits. Une finition plus osée, plus jusqu’au-boutiste. Fin de l’histoire.
Jusqu’à l’appel de Toyota France (bon d’accord, ça passe par un mail mais ça fait moins romancé) qui nous propose de venir l’essayer à Lyon. Pour rappel, ma seule Toyota essayée était la GR Supra. Donc je suis passé de la sportive la plus performante mécaniquement de la marque japonaise à l’Aygo X, la citadine la plus accessible financièrement. Je remercie Toyota pour son invitation et ce grand écart, sachant que je manque cruellement de souplesse.
Au programme, 2 jours en ville avec un 3 cylindres de 72 ch. De quoi rêver ? Non. Pour autant, de quoi se faire un avis et vous en parler ? Oui.
Deux jours et deux Aygo
On ne le dira jamais assez, le monde automobile, c’est surtout rouler en bagnole comme un kéké essayeur aguerri. C’est aussi le charme des rencontres. Je vous avais parlé de mon premier crush avec Thomas de Crank pour l’essai de la Suzuki S-Cross. Une nouvelle fois, il était là. Et une nouvelle fois, comme pour la Hyundai Bayon, sans moi. Heureusement, mes nouveaux camarades m’ont permis de bien m’amuser et aussi de m’organiser pour la rédaction de cet essai. Voici le plan proposé, première partie avec l’Aygo X Collection, boîte manuelle et Jean-Michel. Seconde partie avec l’Aygo X Air Limited, boîte automatique et Clémence. Ne vous inquiétez pas, vous aurez le droit à des présentations exhaustives.
Toyota Aygo X Collection avec Jean-Michel
La nouvelle Toyota Aygo X, produite en République Tchèque, commence à 15 990 €. C’est vulgaire de parler d’argent immédiatement. Sauf que c’est le crédo de Jean-Michel Normand, journaliste au Monde depuis 27 ans, avec qui je partage le volant pour cette première journée. Non pas que Jean-Mi (ça doit être son surnom) soit obsédé par le pognon mais son angle sera le prix d’une citadine aujourd’hui. Forcément au Monde, le quotidien de référence pour certains, il s’agit de trouver des sujets plus sociétaux et globaux que l’essai pur et dur d’une petite bagnole. On ne peut que leur donner raison avec notre version Collection à 20 090 €.
Comme à chaque fois (ou presque), les marques nous proposent leurs modèles haut de gamme. Appréciable pour nous essayeurs, moins pertinent pour le client. En effet, ici en Collection, il faut sortir 4 100 € supplémentaires par rapport à l’entrée de gamme. Celle-ci possédant déjà un grand nombre d’aides à la conduite et d’éléments de sécurité moderne comme :
- l’alerte de franchissement de ligne avec aide au maintien dans la file et assistant de trajectoire,
- le régulateur de vitesse adaptatif intelligent,
- le système de sécurité précollision avec correcteur de trajectoire.
La différence de prix se fait donc sur le style et la technologie (dont une caméra de recul de qualité correct) à bord principalement. A mon sens, tout l’intérêt esthétique de l’Aygo X provient de sa carrosserie bi-ton et surtout ses jantes de 18 pouces. Une absurdité à la première lecture et une relative bonne idée à l’usage. Pourquoi ce choix ? Pour faire SUV tout simplement. Pour faire crossover surtout, soit un mélange de citadine et de SUV. Une petite voiture qui ressemble à une grosse voiture. D’ailleurs Aygo X, se prononce Aygo cross. Oui, ça fait deux minutes que vous lisiez la lettre « x » dans votre tête, comme tout le monde. Hey bien non, c’est « cross » comme « crossover ».
Des grosses jantes de SUV
Revenons aux jantes. Plus c’est grand, moins le confort est présent. En effet, l’épaisseur du pneu se fait grignoter par la taille de la jante. En roulant uniquement en ville avec ses aspérités, ses dos-d’âne et ses nids-de-poule, le confort s’avère surprenant finalement. Notamment grâce aux sièges mi-cuir synthétique / tissu et renforts latéraux. Autre surprise appréciable, la boîte manuelle. Le levier de vitesse tombe bien sous la main et la pédale d’embrayage offre une résistance adaptée. Quelques accrochages entre le 3ème et le 2ème rapport mais rien de bien méchant.
A l’intérieur de l’Aygo X
Avec une vue globale, l’intérieur de l’Aygo X se présente convenablement. Les plastiques sont évidemment durs sans être désagréables à l’œil ou au toucher. L’écran tactile central de 9 pouces s’intègre correctement dans l’habitacle et est relativement fonctionnel. Les réglages de la climatisation demeurent physiques malgré des trop petits boutons pour les manipuler. La connectivité aux smartphones les plus récents se réalise sans fil. Pour les autres, il suffit de se brancher avec un bon câble à l’ancienne. Rien à signaler à ce sujet. Contrairement au GPS natif terriblement lent.
Après plusieurs minutes, je me dis : « tiens, c’est bizarre, Jean-Mi a placé son portable devant le compteur pour avoir son Coyote en visu ». Pas du tout, c’est une excroissance mal-née de l’Aygo X. Une sorte d’ordinateur de bord des années 2000 avec des sous-menus agencés comme des dossiers sous Windows. Une galère à fouiller. Alors certes, avec l’info trafic et des alertes pour les radars fixes. Pratique mais tellement pas ergonomique.
Il faut reconnaitre que toutes les options sont là. La sécurité déjà évoquée, Toyota vise les 5 étoiles Euro NCAP et devrait les obtenir, mais aussi le confort avec le chargeur à induction (qu’il faut activer) et les sièges chauffants ! En effet, après 1h en bagnole, j’avais le cul en feu ne comprenant pas comment le soleil rhône-alpin pouvait l’atteindre en étant assis. On comprit alors que Jean-Michel avait malencontreusement appuyé sur le bouton du siège chauffant passager. Quel farceur ce Jean-Mi.
Une production 100 % Toyota pour la Aygo X
En 2005, la Toyota Aygo sort avec ses cousines, la Peugeot 107 et la Citroën C1. Idée classique de mutualiser des coûts de production et de vendre avec des minimes personnalisations. Même principe en 2014 avec toujours la C1 et dorénavant la 108. En 2022, les constructeurs automobiles abandonnent progressivement le marché des petites citadines et se consacrent aux SUV, hybrides et électriques ; plus rentables.
Toyota persiste en proposant une montée en gamme et en style, comme nous l’avons vu précédemment. Dans le trafic lyonnais, nous discutons des tarifs avec Jean-Michel. Aujourd’hui, personne ne peut rivaliser avec une Dacia Sandero, certes plus grande de 38 cm mais mieux motorisée au même prix. Du coup, on a parlé de la presse en France, avec chiffres de ventes et abonnements au Monde à l’appui, du modèle économique pour ce quotidien avec le triumvirat Niel, Pigasse et feu Bergé, ainsi que du retour possible des breaks familiaux.
Pour autant, en tant que grands professionnels, nous sommes revenus sur l’Aygo X pour définir ensemble le public auquel elle s’adresse. C’est assez simple, des femmes à 78 %, qui veulent une voiture fiable, fonctionnelle, sécuritaire et jolie. Attention à la stigmatisation sexiste, nonobstant, ces clientes ne veulent aucunement de la performance et de l’agrément de conduite !
Aygo sous-dimensionné-motorisée
On arrive au drame de l’Aygo X : son moteur 3 cylindres, 1 litre de 72 chevaux. Je comprends l’idée, notamment aujourd’hui, de limiter la puissance pour les émissions de CO2. Je comprends aussi qu’il n’était pas nécessaire pour Toyota de proposer une version micro-hybridée de sa citadine. Contrairement à sa grande sœur, la Yaris qui se vend à 97 % en hybride. Je comprends enfin que la puissance n’apparaît pas comme déterminante pour un grand nombre de clients. Sauf que pour moi, c’est primordial. Une bagnole, faut qu’elle avance. Ou à minima, qu’elle roule en silence. Je vous le donne en mille, et ce n’était pas difficile à trouver Emile, l’Aygo circule lentement et bruyamment.
Toyota Aygo X Air Limited avec Clémence
Seconde journée en Aygo X. On va reparler du moteur. D’abord, je vous présente le modèle. La Toyota Aygo X Air Limited à 23 990 €. Et pour une fois, le « limited » qu’on peut traduire par « limité » veut réellement dire quelque chose. Cette finition sera limitée dans le temps : 6 mois ! Si vous êtes un gogo, comme moi, des éditions spéciales, n’attendez pas pour l’acheter. D’abord sa couleur, « vert cardamone », contrairement à la golden shower car ou « beige gingembre », cette Air Limited propose une couleur attrayante avec surtout des inserts oranges de tous les côtés et des jantes noires mates.
De plus, un atout charme indéniable : une parfaite capote en toile découvrable électriquement. Une simple pression et à nous l’immense toit ouvrant. Par contre, faudra rester le doigt en l’air pour refermer entièrement la toile. Quoiqu’il en soit, on a adoré. Le « on », c’est avec Clémence de Bernis, blogueuse et pigiste pour Turbo. C’est rigolo de la regarder à la télé le dimanche et de la retrouver à ses côtés le mercredi.
Si la veille avait été consacrée à de la ville pure et dure, on avait pour ambition de s’en éloigner pour tester les qualités péri-urbaines et essayer de réaliser des beaux clichés. Sans franc succès.
Le moteur bruyant et insuffisant
Reparlons des choses qui fâchent : le moteur. Un 3 cylindres sans turbo (pas l’émission, l’organe mécanique) ne devrait plus exister en 2022 sur une bagnole neuve. C’est trop bruyant et pas assez performant. Particulièrement à Lyon, une ville sinueuse et vallonnée. Je ne connaissais pas et l’Aygo X aurait souhaité rouler ailleurs. Ça grimpe tout le temps. Avec 72 chevaux, c’est l’enfer. Même un cycliste développe plus de puissance.
Dans ce genre de cas, une boîte automatique permet de rouler plus posément, plus calmement. Là, cette boîte CVT donne envie de tout brûler. Qui a décidé de mettre une boîte CVT (Carrément Viscéralement Terrifiante ou Continuously Variable Transmission) dans une automobile ? Fallait la laisser aux scooters. Effectivement, si on roule ultra doucement, cette boîte à variation continue lisse tout changement de vitesses et contraint les consommations. Au point de sacrifier tout agrément de conduite. Sauf qu’avec Clémence, le but était de mettre le pied au plancher. On s’est appliqués, sans jamais dépasser les 80 km/h au vu du parcours de la matinée.
La CVT en mode manuel
La bonne blague réside dans les palettes au volant. Clémence me racontait son plaisir sensationnel à piloter une Lamborghini Aventador. Notamment le changement de rapports avec une boîte automatique transformée en manuelle. Elle appliqua la même technique sur l’Aygo X avec facilité. De ce fait, la conduite se révéla bien plus appréciable avec ce fonctionnement. Un comble pour une boîte auto. Pour autant, on ne pourra pas parler de ses qualités dynamiques et de son châssis. Impossible de le mettre à l’épreuve dans ces conditions de circulation. Les freins, eux, manquent de mordant. Il faut appuyer trop fortement pour obtenir l’arrêt escompté. Même à 30 km/h.
La consommation moyenne, entre les deux journées et les deux versions, aura été de 6,5 l / 100 km.
L’habitabilité de la Toyota Aygo X
Après avoir fait le tour de la mécanique, on fit le tour de son habitabilité. Si les places avant offrent un confort certain, il faut oublier immédiatement de se rendre à l’arrière. Déjà, les portes ne s’ouvrent pas suffisamment. Ensuite, l’accès se restreint à des enfants ou à des personnes de moins d’1m60. Sachant que les études Toyota indiquent que seulement 8 % des utilisateurs roulent avec des personnes à l’arrière. Se pose donc la question du bien-fondé d’une 5 portes sauf à balancer sa veste ou son sac facilement. Attention à la visibilité réduite quand on surveille son angle-mort.
Quant au coffre de 231 litres, il s’avère tout à fait honorable. Attention pour la version Air Limited, un subwoofer fait perdre des dizaines de litres pour rien du tout. La qualité du son ne vaut pas la perte d’espace. Le son d’origine reste acceptable. Les rangements à l’avant ne sont pas légion et cette Aygo X s’adresse réellement à une personne seule dedans quotidiennement.
En conclusion
Toyota propose une nouvelle version de la Aygo répondant aux attentes de ses consommateurs, pour ne pas dire de ses consommatrices. Une petite voiture de 3,70 m avec un rayon de braquage de seulement 4,70 m, parfaitement adaptée en ville, et un style de SUV grâce à ses passages de roues, ses grosses jantes et sa position de conduite légèrement plus haute. De plus, sa fiabilité reconnue et ses aides à la conduite vont satisfaire ceux qui veulent mettre le prix pour ces qualités. Pour ceux qui veulent du plaisir de conduite, du confort acoustique et du couple, ils iront voir ailleurs. Personne ne gagnera de courses entre deux feux rouges. Aussi, mieux vaut ranger son Aygo.