Review

Essai Eden Méhari : sous les pavés, aucune plageEnviron 11 minutes de lecture

by 26 juillet 2024
La fiche technique
Marque et modèle

Eden Méhari

Prix de base

35 900 €

Prix du modèle essayé

50 000 €

Moteur

Brushless synchrone

Batterie

11 kWh

Carburant

Electricité

Puissance

20 ch (15 kW)

Couple

98 Nm

Boîte de vitesse

Automatique

Transmission

Traction

0 à 100 kmm/h

Non

Vitesse max

75 km/h

Longueur

3,57 m

Largeur

1,49 m

Hauteur

1,49 m

Poids

590 kg

Km parcourus

213 km

Conso moyenne constatée

13,8 kWh/100 km

CO2

0 g

Puissance fiscale

2 CV

L’Eden Méhari reprend les fondamentaux de l’ancienne Citroën sortie en 1968 et se dote d’un moteur 100 % électrique pour conquérir les bords de mer. Malheureusement, cet essai de 200 km s’est réalisé uniquement en région parisienne.

Le contexte de l’essai

J’avais découvert le 2CV Méhari Club de Cassis en juin dernier. Un coup de cœur pour cette entreprise qui propose principalement des pièces détachées pour les modèles iconiques de la marque aux chevrons. Un coup de cœur surtout pour ses réalisations « rétrofit » dont notamment la Renault R5. Je voulais absolument l’essayer durant plusieurs jours. Fâcheusement, celle-ci n’est pas (encore) disponible et il m’a été proposé de tester l’Eden Méhari pendant 4 jours. J’ai un peu hésité. Car je n’habite pas en bord de mer. À regrets. Et surtout que je me tape quotidiennement les bouchons de la Francilienne pour me rendre au boulot avec un trajet de 60 km aller-retour.

Tout ça pour dire que ça semblait compliqué de me lancer dans ce projet avec un quadricycle lourd à moteur L7e (comme le Twizy) pour un quotidien en région parisienne. Néanmoins, il faut saisir les opportunités quand elles se présentent à soi.

L’Eden Méhari : c’est quoi ?

Je ne vous présente pas la Méhari, cette 2CV pour la plage. L’Eden est une reconstruction totale de la Méhari avec la création de toutes les pièces du châssis, de carrosserie et du reste. Quel reste ? On va convenir ensemble qu’il s’agit d’une voiture basique de chez basique. Elle a dorénavant une particularité non-négligeable : un moteur électrique. D’une puissance folle de 20 chevaux. On parle souvent, à raison, du couple immédiat des voitures électriques. Là, je démarre plus vite à vélo.

On trouve toutefois 98 Nm soit le double de la version thermique. Par contre, on ira moins vite car sa vitesse max plafonne à 75 km/h. Elle est annoncée à 80 mais j’ai tout donné pendant plusieurs kilomètres, sans succès. C’est d’ailleurs assez rigolo de rouler pied au plancher la majorité du temps. Ce qui s’avère moins drôle, ce sont les bruits. Alors certes, bien moindre que le moteur originel. Pour autant, le sifflement de l’électrique à pleine charge durant 40 à 60 min, ça fatigue un peu. Puis on a aussi les bruits de l’air. Puisqu’il n’y a aucune fenêtre latérale.  

Pour les vacances

Quel est l’usage de cette Eden Méhari ? Les bords de mer. Uniquement. Autrement, on souffre. Donc c’est bien gentil de se lancer dans un essai à contre-courant mais on arrive rapidement aux limites du bolide. Cette Eden s’apprécie pendant les vacances. Pas quand on doit être à 9h à son bureau pour une réunion avec le directeur. J’exagère un peu car j’ai kiffé profiter du beau temps. Heureusement qu’il se manifestait après deux ans de pluie. Clairement, la chance était de mon côté avec du 25 degrés. Sauf qu’en passant par les petites routes, on se tape tous les feux. Pour les campagnards qui me lisent, je vous explique : un feu tricolore, c’est ce qui permet de réguler la circulation quand plusieurs voies se croisent. Je sais, vous ne connaissez pas ça chez vous puisque vous avez la chance de vivre en dehors des villes.

Les bruits et les odeurs mais surtout les commentaires

Rien ne vaut une Méhari pour se rendre compte à quel point ça pue les camions et les bagnoles, surtout les TDI mal entretenus. On se prend toutes les odeurs dans le pif. Pourtant, je n’ai pas un odorat développé (heureusement car je suis déjà assez sensible de l’audition) mais ça schmoute, putain. À l’inverse, on reçoit aussi toutes les réactions enthousiasmées des passants, des motards ou des automobilistes. En 80 essais, je n’ai jamais eu autant de pouces levés sur mon passage. Quelques-uns en GR (Supra, 86 et Yaris), pas mal en Alpine mais pas de cette quantité. Puis les gens s’approchent, avec des cœurs dans les yeux, pour discuter.

Deux blédards m’ont demandé si elle était amphibie. Un mec en costume dans sa BMW a fait une bouche en cul de poule. Un trentenaire en Model Y a baissé ses lunettes de soleil pour mieux la mater. Un vieux en Xsara (pléonasme) a tout de suite repéré le logo Eden Cassis sur le flanc (tiens, ça doit être bon un flan avec un coulis de cassis) (mémo : ne plus écrire des articles à l’heure du goûter) et m’a dit qu’elle était électrique. Un autre vieux en T-Max (oxymore) m’a appris qu’il avait passé son permis y a 50 ans sur une Méhari. Trois jeunes en jogging m’ont apostrophé pour dire qu’elle était belle ma voiture. Mon père m’a parlé de son service militaire. Bref, tout le monde avait un commentaire ou une histoire à son sujet. Rien que pour ça, merci au 2CV Méhari Club de faire revivre ce mythe.

La conduite en Eden Méhari

À conduire, ça donne quoi ? Déjà il faut réussir à trouver une position de conduite à peu près acceptable. Soit les genoux dans le volant, soit les mains qui ne touchent pas le volant. Quand je dis le volant, on devrait plutôt parler d’un gouvernail vu la taille de l’engin. Il garde sa position horizontale et on ressemble aussi à un conducteur de bus. Sans direction assistée. J’ai trouvé mon rythme même si ça ne reste pas pratique.

Dans les virages serrés ou les manœuvres, il faut gainer les abdos pour chopper le haut du volant. On a l’impression de ne jamais réussir à tourner même si le petit gabarit de l’engin aide correctement finalement. Je pensais pencher comme avec la 2CV Azam de Thibault mais celui-ci m’indique que cette Eden se dote d’amortisseurs modernes et non de suspensions à batteurs. Sachant que pour moi, un batteur, ça sert à monter les œufs en neige (mémo bis : se rapporter au mémo sur le goûter).

Aucun problème d’angle mort, on voit tout à 360°. Idem pour la caméra de recul, il suffit de tourner son buste puis sa tête. On notera que le clignotant gauche ne fonctionnait pas donc j’ai souvent sorti mon bras pour indiquer un changement de voie. Le commodo reste identique à la première génération donc il apparait particulièrement fragile. Par contre, bonne nouvelle pour les jantes en tôle, je n’ai jamais eu peur de les abîmer. Ni de freiner car contrairement à d’autres essayeurs, je trouve qu’elle s’arrête sans problème. Les 590 kg jouent forcément à sa faveur contrairement à un gros Stelvio.

La version Sorbet de l’Eden Méhari       

Je n’avais pas n’importe laquelle version de l’Eden Méhari. Celle de base vaut 35 900 € et il est possible de bénéficier d’un bonus écologique de 900 €. Le prix pour retrouver un modèle si particulier à l’état neuf (puisqu’il est complètement neuf) et pour l’électrifier (dont les 15 000 € pour le pack moteur/batteries). Le configurateur permet de choisir plusieurs couleurs de carrosseries et d’intérieur. Pour celle à l’essai, nous avons la Sorbet (menthe) à 50 000 €. Oui. 50 000 €. C’est une version spéciale et limitée, qui a été créée pour le Martinez, hôtel 5 étoiles à Cannes. Avec notamment les accessoires suivants :

■ Boite Easy. Boîte auto, avec marche avant, neutre et marche arrière, on pousse ou on tire sur le levier en ayant toujours le pied sur le frein.

■ Sellerie en osier en cordage tressé à l’avant et tissu Sunbrella à l’arrière. Bizarrement, je n’ai pas eu mal au cul. Contrairement à mes passagers, sauf ceux à l’arrière car ça fait vraiment banquette de canapé (de plage).

■ Habillage intérieur, tableau de bord et tapis de sol en liège. J’ai quelques doutes sur la durabilité de la chose car ça semble bien fragile.

■ Bâche de toit en toile Sunbrella au format « galon ». J’ai eu la flemme de la retirer sachant que je prenais déjà bien assez l’air.

■ Équipement audio Bluetooth. Je suis un idiot, j’ai cru qu’il fallait obligatoirement un câble audio et j’ai donc utilisé ma propre enceinte Bluetooth, posée sur le tableau de bord, pour ajouter de la musique à mes trajets. Au risque de ma la faire voler, ainsi que mon portable permettant d’afficher Google Maps, à chaque arrêt par un délinquant en scooter.

■ Parasol avec support de fixation sur carrosserie et bouée de sauvetage en liège à la place de la roue de secours. En plus de sa couleur vert menthe à l’eau, c’est vraiment l’atout charme de cette version. Ça respire l’été et ça engendre vraiment de la frustration de l’utiliser pour aller bosser.

Les clients de l’Eden Méhari

Vous l’aurez compris, à ce prix, pas sûr de trouver des clients lambda. Pour autant, une cinquantaine d’Eden sont produites chaque année. On se situe entre le prix d’un prototype et celui d’un marché d’ultra riche niche. En revanche, pour les hôtels ou les campings de luxe (si ça existe), c’est complétement cohérent et pertinent. On offre la French Riviera pour la journée rien qu’avec ce modèle. Même pour un loueur sur la côte, ça devient une bonne idée. Je pourrais payer 200 balles pour rouler 2 jours avec mes copains/copines et s’enjailler sur le bassin d’Arcachon comme des bobos bordelais. Je me vois trop y glisser une planche de surf (dans une partie du coffre de 200 litres) pour me rendre au Cap Ferret ou à Biscarrosse. Encore une fois, c’est une voiturette pour les vacances.

L’autonomie et la consommation

Le dernier point à évoquer est celui de l’autonomie. Et c’est pas bésef : 80 km. Pire qu’une Honda-e. Donc j’ai dû la recharger tous les soirs. Sachant que je vis toujours en appartement. Dès lors, les bornes publiques sont les seules solutions. Des bornes avec une prise domestique de 220 V. Par miracle, à 500 m de chez moi, j’ai ça. Il faudra 6h pour la recharger totalement. On pourra réaliser un 20-80 % en 3h30. Encore faut-il qu’une borne soit disponible. J’ai été très déçu à la veille de la rendre quand les deux places étaient occupées. J’y suis retourné 1h plus tard. Pour la charger 2h avant la nuit tombée. Encore une contrainte avec cette Eden dans ce contexte. D’après une fameuse règle de Troie (j’adore Brad Pitt), on obtient 13,8 kWh/100 km pour la consommation moyenne.

En conclusion

Cette Eden Méhari s’adresse aux vacanciers ou aux riches retraités. Son tarif semble hors-sol pour le niveau de prestations (conduite spécifique, vitesse limitée, autonomie minuscule) mais elle a un charme exceptionnel. Elle donne de la joie en la regardant ou en se baladant. Pour un quotidien de travailleur, c’est impensable. Pour des promenades en bord de plage, c’est indispensable.

Toutes les photos de l’Eden Méhari

On aime

+ Charme incroyable.
+ Sensation de liberté.
+ Idéale pour les bords de mer.

On aime moins

- Prix rédhibitoire pour un particulier.
- Vitesse limitée (à 75 km/h).
- Autonomie ridicule.

La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Couleur
7.0
Extérieur
9.0
Jantes
9.0
Intérieur
9.0
Performances
3.0
Consommation
7.0
Autonomie
1.0
Châssis
4.0
Prix
2.0
Assumerais-je de rouler avec ça ?
2.0
5.0
La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Novichok
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