Une des rares citadines 100 % électriques, la Fiat 500e 3+1 se démarque totalement par son allure et sa sympathie. Avec 118 ch et un gabarit restreint, nous allons voir ensemble si l’affaire est bonne.
Le contexte de l’essai
J’ai toujours aimé la tête de la (nouvelle) Fiat 500 (de 2007) mais encore plus cette dernière version 100 % électrique de 2020. Il était donc grand temps de l’essayer. Avec un enjeu particulier : contrer la Zoé. En effet, pour son boulot, Miss Novichok roule régulièrement avec une Zoé et m’en fait un concerto de louanges à chaque fois, notamment comme son possible prochain achat après la fin de vie de sa 208 Hdi. Le problème, c’est que je ne l’aime pas la Zoé, je lui préfère largement la Honda-e. En soi, on s’en fout de mon avis, puisque c’est son choix. Pour autant, c’est bien la peine d’être influenceur auto pour ne pas réussir à influencer sa conjointe. Dès lors, c’est un essai à 4 mains et 4 pieds (personne d’amputé dans notre couple) pour tester cette Fiat 500e 3+1.
Fiat 500e 3+1 : la plus belle de toute
Comme déjà indiqué dans l’introduction, j’adore le physique de la Fiat 500. J’aime les jolies petites voitures bien proportionnées. Celle-ci me fait penser à un restomod, le fait de redonner une modernité aux anciennes voitures avec souvent des feux plus modernes et des couleurs attrayantes. Cette citadine a une bouille charmante et souriante. Elle est ronde mais élancée. Elle n’a que des qualités à mes yeux et spécifiquement dans cette teinte nacrée ou poudrée « Rose Gold » en option à 850 €. Je pense qu’on ne peut pas s’en lasser avec des différentes intensités en fonction de la luminosité. La cerise sur le sabayon, ce sont les jantes bicolores. L’ensemble est parfait, c’est simple. Par contre, pour leur taille en 17 pouces, ça n’a pas que des avantages, on y reviendra.
Parfaite citadine ?
Parfois, ça ne compte pas la taille. Et parfois, ça compte beaucoup. Un plaisir de se retrouver au volant d’une citadine. Bon d’accord, je suis légèrement ambivalent car j’adore le Ford Explorer et son confort. Toutefois, en ville et surtout au quotidien, rien ne vaut une petite voiture. Singulièrement quand on roule seul 80 % de son temps. Avec 3,63 m de long, la Fiat 500e offre une taille idéale pour se faufiler et manœuvrer. On ne craint jamais de faire une jante avec ce gabarit ultra compact.
Par contre, on regrette ce gros rétroviseur central qui est placé bien trop bas et empêche de regarder à l’avant droit en roulant. Un manque de visibilité qu’on retrouve aussi dans la GR Yaris. Probablement leur seul point commun. Ah non, la taille du coffre aussi : 185 litres pour la Fiat qui réussit la performance de proposer plus de volume que la Toyota avec 174 litres pour sa part. Souvent, c’est un critère rédhibitoire pour moi, et de temps en temps je suis de mauvaise foi en disant qu’on peut contrer ce problème en baissant les sièges pour y loger ses courses. Ce qui ne convient pas à tout le monde, dont notamment Miss Novichok.
Fiat 500e 3+1 : pourquoi ce nom ?
Clairement on perçoit la différence entre une citadine et une citadine polyvalente. Notamment pour les places arrière. Et pour leur accès. Pourtant, cette Fiat 500e 3+1 a une spécificité folle. Une portière antagoniste ! Comme dans une Rolls. Sur le papier et en photo, ça rend formidablement bien. En réalité et à l’usage, c’est plus contrasté quant à sa pertinence. Cette porte se situe uniquement du côté droit et permet un accès avec plus d’envergure. Sachant que seuls des enfants peuvent s’y installer au vu de l’espace pour les jambes. Ou des petits adultes. Les jeunes parents pourront peut-être apprécier cette ouverture pour un siège enfant rotatif comme chez Mazda pivotant. Pour les autres, comme Miss Novichok qui utilise aussi ses places arrière pour des sacs quand on son coffre est déjà plein, la Zoé gagne largement avec ses 5 portes et son coffre de 338 litres.
Fiat 500e 3+1 : trop petite finalement ?
C’est un comble d’attaquer une citadine sur sa taille. Elle a une fonction, elle la remplit. Mais on doit parler des choses qui fâchent. Son prix. 42 050 € ! Soit celui précisément d’une Tesla Model 3. Pas la peine de me dire que je compare ce qui n’est pas comparable car je compare ce que je veux. La Tesla double la puissance et l’autonomie puis triple la taille. Pour autant, vous n’avez pas besoin d’une grosse berline, je le comprends. Moi non plus mais il faut vraiment se rendre compte des tarifs de la 500e et entendre qu’on atteint les limites du marketing et même du style. Oui, mille fois oui, la 500 correspondrait bien plus à mon usage que la Model 3 mais on doit raison garder. Surtout quand la polyvalence manque (parfois) à l’appel.
Un manque de polyvalence
La Fiat 500e 3+1 développe une puissance de 118 ch avec son moteur de 87 kW. J’ai été surpris car je m’attendais à la norme habituelle de 100 kW (136 ch) comme un Mokka-e ou justement la Zoé. J’ai perçu cette puissance en moins immédiatement à son volant avant même de regarder sa fiche technique. Peut-on vivre avec 118 ch et 9 secondes pour atteindre 100 km/h ? Oui. On peut largement. Surtout avec le couple immédiat de l’électrique qui permet de doubler rapidement. Par contre, on sent un manque d’allonge sur voies rapides ainsi qu’un léger sifflement du moteur à l’accélération, comme s’il réalisait un effort par rapport à ses capacités.
Là où ma Honda-e (oui, dans mon cœur, c’est la mienne) faisait merveille avec ses 114 kW (154 ch). Cela fait bizarre de ressentir autant de différence pour quelques chevaux. Miss Novichok ne s’y est pas trompée car à la première insertion sur la Francilienne, elle m’a dit : « elle est moins puissante que la Zoé ». En soi, ça n’est pas rédhibitoire. C’est juste qu’on s’habitue très vite au confort et à l’espace. Puis le lendemain, en prenant la Zoé du boulot, elle a achevé son verdict en me rappelant son autonomie dans un message moqueur.
Fiat 500e 3+1 : 260 km d’autonomie
On se le redit encore et encore : n’achetez pas une voiture électrique sans prise à la maison. Genre si vous vivez comme moi en appartement, c’est mort. Depuis mon premier essai d’une 100 % électrique en octobre 2021, ça n’a pas changé. Oui j’ai des bornes autour de chez moi mais ça engendre beaucoup trop de contraintes. Surtout quand l’autonomie est faible. La norme WLTP annonce 313 km pour cette version avec la batterie 42 kWh (contre 35,5 kWh pour la Honda-e). Durant mon essai, ça donnait 260 km (en mode « range », le mode « brake ») soit 60 à 80 km de plus que la petite Japonaise.
Dans les deux cas, on ne fait jamais cette distance dans une journée donc il suffit de recharger tranquillement chaque nuit dans son garage. Ou dans son allée comme chez Miss Novichok en passant la rallonge par la fenêtre de la cuisine. Sur une prise domestique, 14h pour passer de 50 à 100 %. Une longue nuit. Donc vous installerez une borne à domicile et puis voilà. La vitesse de recharge max est annoncée à 85 kW. Sur une borne DC 50 kW, j’ai récupéré 50 km en 10 min. Durant ma semaine d’essai, j’ai rechargé 3 fois. C’est trop à mon goût mais une nouvelle fois, je n’ai pas de solution chez moi.
Les faibles consommations et le mode « brake »
Là où j’ai été impressionné par la Fiat 500e 3+1, c’est au sujet des consommations. Mes plus faibles, et de loin, après 11 essais en 100 % électriques. Pourtant, sur 488 km, beaucoup de voies rapides à 110 km/h mais j’ai toujours été proche de cette moyenne de 14,1 kWh/100 km (soit moins que la norme WLTP à 14,6). Dont un joli 13 kWh/100 km pour mon trajet du boulot contre un 23 kWh en Q4 caca. Oui, je compare une citadine avec un énorme SUV. C’est quoi le problème ? Alors certes, avec la Fiat, les températures étaient clémentes (autour des 15 °C) et j’ai peu utilisé la climatisation. De là à dire qu’on avait les conditions idéales…
J’ai assez taclé cette Fiat pour toutefois la valoriser. Notamment avec son (presque) formidable mode « brake » qui permet la conduite à une pédale. En ville et en péri-urbain, on dépasse le Nissan Ariya et on atteint (presque) Tesla tellement c’est pertinent avec un arrêt total en relâchant entièrement l’accélérateur. Malheureusement, ce mode « brake » fait parfois un brake lui-aussi quand on roule vite. Comme si le freinage régénératif ne pouvait plus accumuler la puissance et lâchait l’affaire. Sans être dangereux, c’est surprenant car on doit reprendre les freins sur des phases dynamiques. Majoritairement, les conducteurs ne seront pas dans cette situation sauf s’il aime l’adrénaline.
La conduite de la Fiat 500e 3+1
Il faudra calmer ses ardeurs car ce n’est pas une Abarth (sachant qu’elle n’est pas non plus une sportive bouleversante) et en plus de la puissance relativement faible, on a une tenue de route relativement douteuse. On place difficilement la 500e dans les courbes car on manque de confiance dans le châssis et surtout le train avant. La direction semble même floue avec peu de remontées d’informations dans le volant. Tout l’inverse d’une MG4 ultra plaisante à emmener avec ses 204 ch en propulsion. Oui je continue mes comparaisons.
En ville et à allure normale, la Fiat 500e est un bonheur de maniabilité. Comme si elle avait en permanence le mode « city » de l’ancienne version thermique avec une démultiplication de la direction assistée pour faciliter la conduite à une pédale main. Le mode « range » reste enclenché à chaque redémarrage. Le mode « éco » limite la puissance et la climatisation qui se partage entre boutons physiques et du tactile comme pour les sièges chauffants bien efficients.
La Dolce Vita
Où commence l’imaginaire collectif et où termine le marketing ? Dès qu’on s’installe dans ce pot de yaourt, on a l’impression d’être en Italie sur la côte adriatique ou sur les pavés romains. Y a quasiment une notion de bonheur qui arrive car on est content au soleil avec cet énorme toit panoramique. Il baigne la voiture de lumière et la subtile musique de Nino Rota dans Amarcord de Federico Fellini s’enclenche durant quatre secondes à chaque démarrage. Je trouve ça génial car ça participe d’une réelle personnalité, clairement différenciante. Tout comme son intérieur.
La vie à bord
On découvre un style minimaliste dans l’habitacle de la Fiat 500e 3+1 et c’est très bien comme ça. Je n’ai pas été totalement déconcerté car j’ai retrouvé des pièces en commun avec le Maserati Grecale Trofeo. Hey ouais. Comme le sélecteur de vitesses noir laqué avec des grosses touches qui me laisse encore sceptique. Il faut appuyer fort dessus. Les boutons pour les portières, eux, me conviennent entièrement.
Pour démarrer, j’ai souvent dû appuyer (mais pas toujours) une seconde fois alors que j’avais bien mon pied sur la pédale de frein et la ceinture enclenchée. Je n’ai jamais compris pourquoi. La caméra de recul est de bonne qualité. Le compteur donne les informations essentielles avec un style lisible et agréable au quotidien. Idem pour l’écran central de 10,25 pouces (légèrement trop en longueur pour l’usage) qui regorge de réglages particulièrement bien agencés. On trouve tout avec une belle ergonomie. Dans mes préférés avec Mercedes.
L’intérieur de la Fiat 500e 3+1
Excellente surprise, la connexion avec Android Auto ne saute pas toutes les dix minutes contrairement aux autres marques de chez Stellantis comme Citroën et Peugeot (ex PSA). La sono n’est pas excellente mais étant proche des enceintes, on a la sensation d’être enveloppé et de kiffer au volant. Si la couleur crème des sièges, dans cette finition La Prima, contraste bien avec la carrosserie et apporte un peu de gaité, on pourra peut-être regretter un intérieur très noir avec des plastiques durs à plusieurs endroits et même des découpes saillantes sur quelques parties du tableau de bord.
Rien de dramatique mais vu le tarif, on est dans la moyenne basse pour les finitions. Comme pour le toucher des sièges qui ressemble plus à du skaï qu’à du cuir. L’assise compense à peine la raideur des suspensions. Oui c’est beau des jantes de 17 pouces mais on sent trop les aspérités de la route. Ça va, ce n’est pas une Civic Type R. C’est juste qu’on voudrait autant de douceur dans les amortisseurs que dans la maniabilité.
Mi amor mais pas totalement mi amor
Cette Fiat 500e 3+1 conserve un charme indéniable. On a le sourire quand on la retrouve sur son parking. On garde le sourire quand on commence à rouler. On ne le perd jamais vraiment. On regrette juste un prix ne correspondant pas au marché pour une si petite voiture qui manque parfois de polyvalence avec un train avant résonnant dans l’habitacle. Ses faibles consommations pourraient compenser l’autonomie limitée avec une solution de recharge à la maison. Comme seconde voiture d’un foyer, elle a clairement sa place. Si on veut absolument se démarquer et se faire plaisir par son style sans forcément de prestations supplémentaires pour son tarif. Mais bon, l’amor a ses raisons et l’Italie sa 500e.
Toutes les photos de la Fiat 500 3+1
Les plus belles photos sont de @LeStagiaire. On retrouve les +/- ainsi que les notes à la fin.