Review

Essai Ford Mustang Mach-E : le courant alternatif inévitable

by 14 septembre 2022
La fiche technique
Marque et modèle

Ford Mustang Mach-E

Prix de base

61 650 €

Prix du modèle essayé

66 300 €

Carburant

Electricité

Puissance

216 kW (294 ch)

Couple

430 Nm

Boîte de vitesse

Automatique

Transmission

Propulsion

0 à 100 kmm/h

7 sec

Vitesse max

186 km/h

Longueur

4 713 mm

Largeur

2 097 mm

Hauteur

1 624 mm

Poids

2 160 kg

Km parcourus

900 km

Conso moyenne constatée

17,4 kWh

Le 18 novembre 2019, Ford crée l’électrochoc. Le mythique nom Mustang n’est plus exclusivement associé au coupé sportif de la marque doté d’un bon gros V8 à l’ancienne. Voici la Mach-E (ou le Mach-E, je sais jamais) et je vais essayer de ne pas tomber dans la facilité du jeu de mots jusqu’à la fin de mon article car je ne voudrais pas m’attirer des sushis. 

Une Mustang éléctrique : sacrilège ?

Depuis plusieurs années, les législations automobiles mènent la vie dure aux voitures thermiques à travers le monde. D’ici 2035 d’ailleurs, il semblerait que la voiture thermique n’existera tout simplement plus, du moins aucune production de véhicules neufs ne sera permis. Ce sera alors la fin du monde automobile tel que nous le connaissons et ce n’est franchement pas plus mal. Que ce soit pour des raisons écologiques, économiques ou tout simplement pour réduire le niveau des nuisances sonores (oui je pense à vous, connards en Golf R et autres A45 AMG, qui tapez des rupteurs en pleine nuit), il m’est d’avis que la voiture électrique est LA solution de mobilité de demain. A condition d’avoir besoin d’une voiture au quotidien hein, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !

Tout comme on ne fait pas ses devoirs cinq minutes avant le début du cours, la transition du thermique vers l’électrique ne peut pas s’effectuer en commençant en décembre 2034. La machine est déjà en marche depuis plusieurs années, il n’y a qu’à voir le nombre de voitures électriques disponibles sur le marché actuellement. Les marques 100% thermiques se comptent sur les doigts d’une main (je parle des marques « généralistes », pas des constructeurs de super-méga-hyper-cars) et de toutes manières, si elles n’ont pas encore de modèle full elec’ à vendre, ce n’est qu’une question de temps. Exemple Alpine ou Ferrari.

Dans ce contexte de marché automobile en pleine mutation, Ford a donc présenté il y a de ça 3 ans, un SUV électrique familial nommé Mustang Mach-E. Mach-E faisant référence à Mach-1 évidemment, symbole de super-méga-trop-puissance chez Mustang. Au début, j’étais moi-même très en colère contre le constructeur américain car il « n’avait pas le droit » de toucher au nom Mustang pour ça. J’étais un membre fidèle du ouin-ouin club avant de me rappeler ces deux choses :

  1. Ford n’a pas tué le nom Mustang, il l’a fait évoluer. Car même en France, le coupé GT doté du V8 le plus abordable du marché, est toujours présent au catalogue (avec le prix quasi doublé à cause du malus mais c’est une autre histoire). C’est exactement la même chose que lorsque Porsche a présenté le Cayenne, ce vulgaire VW Touareg rebadgé. D’abord le shitstorm, ensuite on s’habitue et on accepte. Plus personne n’est étonné de voir une Porsche Diesel, break ou encore électrique aujourd’hui…
  2. Le changement, ça fait peur. Le changement « radical », ça fait encore plus peur. Si les constructeurs automobiles devaient à chaque fois écouter les refractaires et les Jean-Michel Pascontent en tout genre pour construire leur stratégie, on se déplacerait probablement encore à cheval.

Donc, Ford a présenté un SUV électrique qui s’appelle Mustang. Personnellement, et avec beaucoup de recul, je trouve ça hyper intelligent car bien que les deux typologies de Mustang n’aient rien à voir entre elles, la marque se sert de la notoriété de son modèle le plus mythique pour se faire une place médiatique. Se serait-on souvenu de l’existance de ce SUV électrique s’il s’appelait Kuga, EcoSport ou autre Mondeo ? Pas sûr non. A sa sortie, touuuuuuus les médias du monde ont relayé le fait que la Mustang devenait électrique. Tous. Même ceux qui n’en avait rien à faire de la bagnole électrique à la base. Un coup de génie de la part de Ford et une grosse prise de risque (surtout de foirsser les « puristes ») qui, je pense, s’est avérée payante.

Bref, la Ford Mustang Mach-E est une réalité. La voiture est bien là malgré le chouinage de certains et aujourd’hui, je vous propose un tour d’horizon d’une version bien spécifique : propulsion (RWD) avec la plus grosse batterie (Extended Range).

Une Mustang aux faux-airs de Mustang

Avant de parler de notre SUV électrique, parlons d’un coupé japonais icônique : la Skyline. Y a-t-il des fans de R32, R33 ou R34 dans la salle ? Levez la main ! Ok, vous êtes des milliers visiblement (oui, c’est une très grande salle). Maintenant, levez la main celles et ceux qui éprouvent un quelconque sentiment pour la Nissan Skyline actuelle et, plus dur encore, qui trouve ne serait-ce qu’un léger lien de parenté avec les modèles précédemment cités ! Personne ? Mais si, regardez bien : on voit bien que la signature lumineuse à l’arrière nous rappelle vaguement un truc…

C’est à peu près la même chose dans le cas des Mustang, avec toutefois un poil plus d’effort de la part des designers Ford.

A commencer par la face avant (existe-t-il vraiment une face arrière ?). La « calandre » de notre Mach-E reprend une forme similaire à celle de la version Fastback et intègre également le logo Mustang en son centre. Vous ne trouverez d’ailleurs pas de logo Ford affiché quelque part sur la voiture. Son capot est aussi bombé que sur la muscle pony car, à la seule différence que sur le Mach-E il s’agit d’un coffre.

De profil, on devine très vauguement l’affiliation entre les deux modèles grâce notamment à la ligne plongeante de notre SUV électrique. On est certes à des années lumières du vrai effet « Fasback » du modèle coupé mais en même temps, la Mach-E a deux portes de plus alors ne faites pas les relous et vos chansons de SUV coupé décalé, ça va deux secondes.

C’est vraiment à l’arrière que plus aucun doute m’habite : c’est bien une Mustang. On retrouve les feux si caractéristiques du modèle thermique adaptés au gabarit de SUV. C’est dommage d’avoir délaissé l’insert noir avec le « GT » en son centre cela dit… On se contentera d’un deuxième logo Mustang à la place, histoire que ce soit bien clair pour tout le monde.

Et c’est à peu près tout. Mais est-ce pour autant une mauvaise chose ? La Mustang Mach-E n’a-t-elle pas droit à son propre design et à sa propre personnalité ? Ford ne s’est pas contenté de copier-coller la recette gagnante de la voiture sportive la plus vendue au monde, non. Cela aurait probablement donné lieu à un truc disgracieux aux proportions chelous. La marque a subtilement appliqué quelques codes stylistiques de la Mustang à un nouveau modèle (radicalement différent, rappelons-le) et personnellement je trouve que le résultat est plutôt réussi.

Et si vous trouvez toujours que la Mustang Mach-E n’est pas une vraie Mustang blablabla, je vous conseille de ne jamais regarder à quoi ressemblera la future De Lorean. Et tant qu’on y est, arrêtez de suivre l’actualité d’Alpine car le prochain modèle de la marque risque fort d’être un SUV électrique également.

Ukraine, voiture électrique et Goudale

Avant qu’un vieux fou ne décide d’anéantir mon pays, j’étais plutôt jemenfoutiste vis à vis de la voiture électrique. Mais la guerre en Ukraine m’a obligé à revoir ce parti pris car elle a non seulement détruit des centaines de milliers de vies mais a également foutu un bordel pas possible sur absolument tous les marchés du monde, à commencer par le pétrole. Fini le litre de SP95 à 1,30 € ou celui de Diesel à 1,22 €… Très vite après l’invasion russe dans un pays qui n’a rien demandé à personne, les prix au litre affichés à la pompe ont dépassé les 2 €… et ça, ça m’a fait réfléchir.

On se souvient tous de son premier plein à 100 balles. Puis celui à 120 ou encore 140 €. Ca n’a aucun sens, quand est-ce que ça va s’arrêter ? Et si ça ne s’arrêtait jamais ? Et si, dans quelques années, le litre de gazole devenait plus cher que le litre de Goudale ? Boire ou conduire, personnellement je sais ce que je vais choisir le jour où ça arrive mais on s’éloigne un peu du sujet.

Donc, l’essence devient très chère et je m’intéresse donc aux voitures électriques parce que rouler avec est moins cher, du moins pour l’instant. Dacia Spring, Tesla Model 3 et MG Marvel R, voici les trois voitures électriques que j’avais essayées avant la Mustang Mach-E. Autant dire que je suis encore un débutant mais je vais vite attraper un coup de foudre (foudre, électricité, voiture électrique, vous l’avez ?)

Le principal reproche que je ferais à la voiture électrique actuelle est son prix d’achat car pour la plupart des gens lambda elle est encore tout simplement inabordable. Payer 70 000 € une super voiture électrique vous permettant d’économiser beaucoup d’argent au quotidien ou acheter une poubelle roulante à 1 000 balles et continuer à payer cher l’essence… Il est fort à parier que la deuxième option soit plus représentative de la France. A quand les voitures électriques vraiment abordables ? Ou vous attendez que tous les habitants gagnent à l’Euromillions ?

En route !

Commençons par le commencement et installons-nous au volant de cette Mustang électrique. La première impression est très agréable : l’habitacle est spacieux et très lumineux (merci le toit panoramique). Le tableau de bord est épuré avec un gigantesque écran central de 39,4 cm (15,5″) de diamètre, celui-ci intègre une molette pour gérer le volume. Merci à Ford d’avoir préservé quelques boutons physiques.

En revanche, l’érgonomie ou plutôt l’UX Design du système d’infodivertissement n’est vraiment pas des plus simples et intuitifs. Autant ça intègre plein de bonnes idées, commes l’affichage des données relatives à la charge ou à votre conduite ou encore une appli pour jouer au morpion (pratique quand on veut impressionner son neuveu de 10 ans). Autant la navigation dans les différents niveaux de l’interface est dépourvue de logique. Enfin si, il y a une logique à cette interface mais elle n’est pas simple à cerner de suite. Rien de bien catastrophique cela dit, au bout de 3 ou 4 jours d’usage intensif, cet ordinateur de bord compliqué à fini par se laisser apprivoiser. Homme 1 : 0 machine.

Les sièges de notre Mach-E sont confortables et peuvent vous refroidir ou réchauffer le derrière en cas de besoin. La position de conduite est assez agréable (le grand capot bombé rappelle la « vraie » Mustang et ça c’est cool) et l’auto nous laisse le choix entre conduite à une ou deux pédales.

C’est donc avec uniquement mon pied droit mobilisé que j’ai pris la route depuis Paris en direction de l’Yonne. Dès les premiers instants, j’apprécie le confort et la douceur de la voiture. La direction est souple sans être trop molle et l’insonorisation est impeccable. J’aime le calme exactement de la même manière que j’ai apprécié les vocalises du V8… Pour les nostalgiques d’ailleurs, vous pouvez activer un faux son de V8 dans les enceintes de la Mach-E qui… ne vous plongera dans rien du tout puisqu’une voiture électrique ne doit pas faire de bruit de V8, point.

Après l’intérminable traversée de Paris à 30 km/h max, direction autoroute. L’occasion de me rendre compte qu’à 130 km/h, l’autonomie de ma Mustang serait aux alentours de 400-450 km. Je quitte alors cet axe rapide et finis le trajet (environ 80 km) sur les routes départementales. 19,5 kWh de moyenne à 130 km/h vs. 15,4 kWh à 80-90 km/h, la question est comme qui dirait vite répondue. Je peux faire exactement 2 aller-retours Paris Sens par les routes départementales contre environ un aller, un retour puis un autre aller via l’autoroute. Sur cet itinéraire précis, l’autoroute coûte 8,50 € et fait économiser environ 13 minutes par rapport aux routes gratuites, soit 25,5 € de frais supplémentaires pour gagner 39 minutes. Seulement, pour le dernier retour Paris Sens (ou Sens Paris) il faudra faire une pause pour recharger la batterie et donc perdre l’avance si cher payée…

Rouler en Mustang Mach-E, comme avec la plupart des voitures électriques d’ailleurs, a quelque chose de ludique qui nous pousse à l’économie. Du moins ça marche sur moi. Savoir qu’on a récupéré tant de kilomètres d’autonomie en ayant le pied droit léger, c’est franchement cool et ça (me) pousse à adopter une écoconduite à la Desjardins.

Le saviez-tu ? Perso je ne le savais pas et ça a changé ma vie. A Paris, le stationnement en surface est gratuit pour les voitures électriques + les plugin hybrides.

Source : paris.fr

La conduite en mode papy (ou papa pas du tout pressé dans mon cas) est 100% validée avec la Mach-E mais qu’en est-il de la conduite sportive ? Est-il possible de s’amuser au volant de cette Mustang électrique ? La réponse courte : oui. La réponse moyennement courte : oui, mais. La réponse moyennement moins courte que la moyennement courte : oui, mais tout dépend de ce que vous appelez « s’amuser au volant ». Pour ma part, l’absence de bruit du moteur thermique me déstabilise et me coupe environ 50% de plaisir en conduite sportive. Pour les 50% restants, la Mach-E est loin d’être un veau et est plutôt agile dans les virages malgré son poids. La direction est assez précise (avec le mode sport activé) et le centre de gravité relativement bas. Enchaîner des virages sur une route sinueuse est franchement plus agréable que ce que vous pourriez vous imaginer. Les accélérations ne sont peut-être pas foudroyantes mais avec son 0 à 100 km/h en 7 secondes, la Mach-E se place tout de même au dessus de la plupart des voitures que vous croiserez sur la route. Pratique pour doubler.

Tout ça pour dire que oui, il est tout à fait possible de s’amuser au volant de cette Mustang électrique. Ce n’est absolument pas comparable à une Mustang thermique mais c’est différemment bien.

Ma conclusion

Après une semaine et près de 1 000 km au volant de la Ford Mustang Mach-E, on fait le bilan calmement en s’remémorant chaque instant. Avec près de 600 km d’autonomie sur une charge complète (à condition d’avoir le pied droit léger), la Mach-E vous permet d’aller plus loin que la nuit et le jour la version thermique avec un V8 sous le capot (entre 350 et 450 km selon la conduite). Elle permet d’embarquer 5 adultes à son bord (même des ukrainiens costauds) et ne manque jamais de dynamisme. Soyons clairs, il ne s’agit pas d’une voiture sportive mais en même temps, la Mach-E de base n’a jamais prétendu l’être.

Confortable, spacieuse, dynamique, belle (oui oui !) et plutôt originale, la Mustang Mach-E s’est avérée pour moi un excellent daily que j’aurais volontiers envisagé si j’avais 70 000 €.

Avec un peu de volonté, il parait qu’elle pourrait même chasser de l’arrière à un rond point ou dans un virage en épingle (en version RWD). C’est forcément très lourd et ça tangue plus que sur le Titanic après avoir heurté l’iceberg mais c’est possible, et même que c’est très fun. Il parait.

Cette Mustang Mach-E est un veritable coup de coeur pour moi, au même titre que l’a été la Mustang thermique il y a quelques années, mais pour des raisons radicalement différentes. L’une procure des sensations et donne des frissons à chaque instant à son volant, l’autre est tout simplement parfaite au quotidien (famille et maison requises). Vivement l’essai de la version GT !

Toutes les photos de la Ford Mustang Mach-E

On aime

+ L'autonomie au top avec le combo propulsion + grosse batterie.
+ Le confort.
+ L'espace à bord.

On aime moins

- L'érgonomie de l'ordinateur de bord.
- Le tarif.

La note de l'équipe Hoonited
La note du public
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Couleur
7.0
8.9
Extérieur
8.0
9.5
Jantes
8.0
9.0
Intérieur
9.0
9.8
Performances
8.5
9.3
Châssis
9.0
9.3
Assumerais-je de rouler avec ça ?
10
10
8.5
La note de l'équipe Hoonited
9.4
La note du public
2 ratings
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Victor Diakov
Tête de pétrole, ingénieur conso max et papa.