Essai Land Rover Discovery Sport Flexfuel : un SUV/4×4 étonnamment polyvalent
Land Rover Discovery Sport
56 425 €
63 947 €
4 cylindres 2 l
Essence dont le Superéthanol E85
200 ch
320 Nm
Automatique à 9 rapports
4x4
8,9 secondes
207 km/h
4,60 m
2,07 m
1,73 m
2,74 m
1 901 kg
57 l
286 km
13,4 l/100 km (en E85)
211 g ou 125 g (en E85)
11 CV
Ce Land Rover Discovery Sport Flexfuel propose une déclinaison adaptée au Superéthanol-E85 pour économiser des frais de carburant et profiter pleinement d’une polyvalence surprenante malgré « seulement » 200 chevaux.
Le contexte de l’essai
Dans l’équipe Hoonited, je suis celui qui aime le plus le confort. Et de loin. De là aussi à en faire un critère principal et déterminant lors de mes essais. De ce fait, après les trois jours en Tesla Model Y Performance et la semaine en Renault Zoé E-Tech durant le mois de janvier 2023 ; il fallait que je revienne à des standards adaptés à mes besoins. Ceux pleinement satisfaits en Audi A3 Sportback. Je rêvais de sièges agréables et de suspensions douces. Dès lors, j’ai pensé à Land Rover.
Je ne connaissais pas et je voulais découvrir la marque anglaise iconique. Pour cela, j’ai formulé un mail au responsable du parc presse en espérant secrètement un Range Rover SV de 510 ch à 207 100 €. Peut-être un jour. Mais pas aujourd’hui. Pour commencer, il s’agira d’un Discovery Sport Flexfuel de 200 ch à 63 947 €. Légère déception avec ma personnalité d’enfant gâté puis agréablement surpris finalement. Allons en découvrir les raisons ensemble.
La bonne surprise du moteur Land Rover
Sur le papier, 200 chevaux pour 1 901 kg, je me dis que ça ne va pas le faire. Je vois aussi 320 Nm pour le couple mais je pense surtout au fait de tracter son bateau plutôt que de doubler un camion. Dès les premiers mètres, je sens que ça va le faire. Déjà par sa souplesse. Nous avons un 4 cylindres de 2 litres. N’étant pas un spécialiste mécanique, ni un spécialiste tout court, (certains diront un escroc), je vais tout de même me lancer dans une comparaison. Ce moteur Land Rover donne l’impression d’avoir un V6 par sa rondeur. Sans la sonorité et pourtant, avec un timbre assez appréciable pour ne pas dire tout à fait plaisant. Une réelle surprise car je ne m’y attendais aucunement.
Autre étonnement, le moteur maison. Sans trop savoir pourquoi, j’imaginais un partenariat avec du premium allemand pour ce bloc. Que nenni. One hundred percent homemade. (Pas de traduction pour les moins anglophones d’entre vous, tant pis.) Cela ajoute un charme à ce véhicule dans un monde de coopérations économiques globalisées.
Autre qualité, la micro-hybridation non-affichée sur la carrosserie. Une qualité car on devrait interdire sa communication sur le même plan que les full hybrides ou les hybrides rechargeables au vu des différences fondamentales. Ce Land Rover ne roule jamais en 100 % électrique. Donc pas de badge. Faut dire que le nom s’avère déjà assez long avec « Land Rover Discovery Sport Flexfuel ». Durant mon utilisation, je sentais bien une aide minime au démarrage sans savoir qu’il s’agissait d’un hybride 48V. Celui-ci doit aussi jouer sur les consommations et surtout les rejets de CO2.
Land Rover Discovery Sport Flexfuel pour s’abreuver au Superéthanol-E85
Normalement, un Land Rover Discovery Sport devrait émettre plus de 200 g de CO2 par km. Et se voir malusser de plus de 22 000 €. Soit le prix d’un Boxster type 986 avec 130 000 bornes au compteur. Bon, ceci est un mauvais exemple car personne ne veut rouler dans une Porsche moche pour les pauvres.
Pour limiter ses émissions, Land Rover pratique avec Jaguar et Ford, le flexfuel. La possibilité de remplir son réservoir avec de l’essence SP95/E10, du SP98 et surtout aussi de l’E85. De ce fait, le Discovery Sport Flexfuel se voit infliger uniquement 100 € de malus pour le CO2 mais n’échappe pas au malus au poids faisant plus de 1 800 kg. Il faudra donc s’acquitter des 1 010 € règlementaires soit 10 € par kilo supplémentaires.
Pour la version longue sur l’E85, vous pouvez lire l’essai de la Fiesta par @LeStagiaire. Pour la version courte, l’E85 coûte moins cher au litre que l’E10 (1,17 € VS 1,99 € en février 2023 chez Total. D’où les 19,5 milliards d’euros de bénéfices. Oui, c’est gratuit, ça, au moins.) mais consomme plus. En moyenne 20 % supplémentaires sur l’année.
Pour la version longue sur les calculs, vous pouvez lire le tweet de @MandAvocat. Pour la version courte, l’E85 fait économiser 22 % sur son budget carburant par rapport à un Discovery Sport qui ne serait pas flexfuel.
Des chiffres, encore des chiffres
Tout cela amène beaucoup de chiffres. Au risque de vous perdre, je vais continuer car si vous êtes toujours là, je doute que ce soit pour ma plume subtile et enivrante mais plutôt pour savoir si ce choix de flexfuel demeure pertinent avec l’augmentation du prix de l’E85 qui s’établissait à 0,86 € en juillet 2022. Sortons un peu de la logique comptable pour se diriger vers la sociologie des habitudes.
La consommation du Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Lors de chaque essai, je commence par mettre les compteurs à zéro. En l’espèce, il m’a fallu 50 min pour comprendre que le reset s’effectuait sur le bouton à l’extrémité du commodo gauche. Comme sur une Peugeot 207. Heureusement, l’écran central affichait ma consommation depuis le départ : 11,7 l/100 km en roulant doucement sur l’A86. Des gros yeux en découvrant cette consommation face à mes références habituelles.
C’est ici que je convoque Bourdieu et son habitus. Mon système de dispositions réglées, autrement dit, ma norme s’apparente à ne jamais consommer plus de 10 litres aux 100 kilomètres avec une automobile moderne. Donc quand je me rends compte que je ne descendrai jamais sous cette barre symbolique et fatidique, il me faut du temps pour m’adapter à un nouveau paradigme.
Même plusieurs jours après son essai, j’ai encore du mal à me dire que ce Land Rover Discovery Sport Flexfuel consomme autant en 2023. D’autant qu’on pourrait s’attendre à un PHEV comme le Ford Explorer ou l’Audi Q8, tous deux à 8 l/100 km ou moins. Au final, avec une session haut dans les tours, j’ai rendu ce SUV avec une moyenne de 13,6 l/100 km. Ce qui donnera uniquement 420 km avec un plein.
Même en enlevant sa surconsommation liée à l’E85, on reste proche des 11 l/100 km. Pour l’agrément du moteur et le poids de la bête, on comprend ce résultat. Pour une époque où les moteurs thermiques seront interdits dès 2035 en Europe, on est proche de l’anachronisme.
Le confort de l’habitacle du Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Fini de se prendre la tête, on arrive à la partie plaisir de ce Land. Etant un SUV, on s’installe aisément à son volant vu l’accès facilité. Puis on comprend tout de suite le bien-être éprouvé par notre séant et nos lombaires grâce aux sièges. Ceux-ci se règlent électriquement. Grâce à un énorme toit panoramique (option à 1 563 €), on profite pleinement de la lumière. Chose appréciable, il se referme automatiquement à chaque verrouillage du véhicule. Et se rouvre à chaque redémarrage. Une assistance bien utile l’été, quand on oublie de le faire soi-même, ce qui permet de ne pas se cramer le cul en reprenant la route.
À l’arrière, c’est presque un palace. Déjà pour la tête des grands. Elle ne touche pas le toit. L’avantage d’un design rectangulaire. Les jambes peuvent s’étendre et même la place du milieu reste correcte. La rangée peut s’avancer pour accéder à l’arrière de l’arrière. Ce qu’on appelle communément le coffre (de 963 litres !).
Il possède deux sièges supplémentaires. Tata da ! Le Land Rover Discovery Sport Flexfuel dispose d’une option à 1 998 € pour devenir un sept places. On pourrait dire que ça fait cher le siège mais ce n’est rien par rapport au coût d’avoir cinq enfants. Ou même quatre enfants. Ou même trois enfants. N’en ayant pas sous la main et étant limité en souplesse, je n’ai pas tenté l’expérience de m’y assoir.
La vie à bord dans le Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Reprenons le volant pour regarder attentivement les commandes sur celui-ci. Entre physiques et haptiques mais surtout cheaps avec ce noir laqué peu qualitatif. Particulièrement quand on appuie dessus. On entend le bruit du plastique. Il m’a fait le même effet que les compteurs découpés sur les côtés pour ajouter des informations.
Cela reste lisible mais peu élégant. Justement, mon intérieur « Natural Shadow Oak », crème quoi, pourrait fonctionner avec les plastiques noirs si ceux-ci étaient plus moussés que durs. Enfin, le style bois sur les portières et le tableau de bord alourdit l’intérieur. Evidemment, il s’agit de goûts personnels et on peut facilement configurer un Discovery Sport plus raffiné/harmonieux avec la multitude de combinaisons.
On pourrait s’attendre à des meilleures finitions. Elles ne sont pas à niveau du premium de l’A3 Sportback d’Audi mais dépassent largement celles de la Classe C Break de Mercedes (faut dire que c’est facile). On notera tout de même ce collage douteux du côté passager.
Climatisation et écran
La climatisation se règle manuellement et tactilement. Il m’a fallu deux jours pour comprendre comment l’éteindre et je ne n’ai pas trouvé comment la synchroniser avec celle du passager. Là aussi, on attendrait une présentation plus qualitative. Toutefois, son efficacité et sa rapidité pour réchauffer l’habitacle compensent l’absence de sièges chauffants, en option à 440 €. Sur un véhicule déjà à 63 947 €, c’est mesquin. Le volant chauffant, en option à 258 €, est lui présent. Mais tiède. Voire tiède froid.
La taille et la disposition de l’écran central m’ont totalement convaincu. Suffisamment bas pour ne pas trop s’en préoccuper en roulant et suffisamment haut pour le voir correctement. Notamment en connectant facilement à Google Map via Android Auto. La tête du GPS natif ne m’a même pas donné envie de le lancer. Les menus pourraient gagner en ergonomie mais on n’a pas grand-chose à aller regarder. En effet, aucun bip insupportable à désactiver. Un bonheur de retrouver une voiture mutique après la Ioniq 6.
Les aides à la conduite et l’absence d’une caméra 360
Un paragraphe facile et court sur le sujet des aides à la conduite. L’alerte de franchissement de ligne s’affiche sur les compteurs et se montre discrète. La conduite autonome de niveau 2 fonctionne parfaitement, les accélérations et les freinages s’effectuent en douceur.
Même dans les bouchons, on peut rouler avec les pieds derrière les oreilles. Enfin, pas moi, rapport toujours à ma non-souplesse. On notera que le repose pied à gauche s’avère trop étroit pour poser ledit pied confortablement.
Un autre paragraphe facile et court sur la caméra 360. Elle n’existe pas de série dans cette version du Land Rover Discovery Sport Flexfuel P200 SE. Une aberration pour moi sur ce type de véhicule. Le machin fait 4,60 de long et 2,07 m de large donc comment manœuvrer en ville sans aide ? Alors oui, ne pas rouler en ville avec un truc comme ça serait la solution. En attendant, pour se garer, il ne reste que la caméra de recul, certes relativement bien faite avec le marquage jaune qui matérialise les roues.
Pour autant, elle ne rend pas visible l’avant ni les jantes de 20 pouces. Heureusement, la taille des pneus permet de monter sur les trottoirs plutôt que de les frotter.
Le confort à rouler en Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Je voulais du confort, j’en ai eu pour mon argent à son volant. Entre les sièges, les suspensions et l’insonorisation, on profite du voyage. On ne subit pas les pots d’échappement avec cette position relevée d’un SUV. Par contre, on doit bien appuyer sur la pédale de frein pour stopper les 1 901 kg. L’inertie reste fortement présente et c’est trompeur en comparaison du comportement doux du Discovery Sport.
Parlons de la sono Meridian. Un son clair et ouvert. Une belle réussite. Contrairement à l’absence d’un bouton mute sur le volant. Dans une voiture à 63 947 €. Heureusement, l’ergonomie de la planche de bord permet de couper la musique rapidement avec un bouton ad hoc, tout proche de sa main.
À 130 km/h, les bruits d’air sont limités. Cependant, on n’atteint pas le niveau d’un Ford Explorer ou d’une Audi Q8. Ce qui reste logique vu le prix de chacun : 50 % plus cher pour le premier et 100 % plus onéreuse pour la seconde. L’objectif de départ s’atteint avec ce Land Rover Discovery Sport Flexfuel.
La boîte ZF9 et son mode sport
À l’instar du moteur, la boîte automatique ZF9 aura été une plaisante surprise. Celle-ci ne provient pas de Land Rover mais de Zahnradfabrik Friedrichshafen. Une société espagnole. Non, je déconne. Des Allemands, forcément. Les mêmes qui fabriquent la ZF8 pour BM notamment. Celle qu’on retrouve dans la GR Supra et celle qui reste la meilleure jamais essayée pour moi. Sur le Discovery Sport, elle se décline avec 9 rapports et fait encore merveille. Linéaire et fluide. Le seul reproche, son levier de vitesses. Il faut obligatoirement appuyer sur la gâchette et l’opération accroche parfois, avec un temps de latence pour passer la marche arrière.
Finalement, en marche avant, aucun reproche. Ni en mode sport (de la boîte). Evidemment, aucun mec en Land Rover va taper un rupteur. Sachez tout de même que c’est possible et que c’est surprenant d’avoir une boîte automatique qui se prête à ce jeu sur un gros SUV 4×4. Même le comportement de l’auto surprend par sa capacité à rester sur ses appuis dans les courbes. Et non dans des virages. On retiendra que le roulis se fait finalement plus présent dans un rond-point à faible vitesse. Le 0 à 100 km/h se réalise en 8,9 secondes mais le couple de 320 Nm suffit pour s’insérer et doubler en sécurité.
La frustration de pas exploiter ce Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Un Land Rover n’est pas fait pour le circuit. Il est fait pour le tout-terrain. Avec notamment ses six modes : éco (limite la puissance), confort, terrain response (mode automatique), sable, boue/ornières, herbes/gravier/neige.
Malheureusement pour moi, je n’ai pas de terrain/forêt à disposition pour tester les capacités de franchissement de ce 4×4. Je le regrette d’autant plus car c’était ultra jouissif de se balader dans les champs privés de mon oncle et sortir du classique macadam.
On perçoit les potentialités d’aventurier de ce Discovery Sport tout en conservant du confort dans l’habitacle. Bien moins rudimentaire qu’un Suzuki Jimny, j’adorerais l’emmener dans des contrées austères. Attention toutefois à sa carrosserie. Ce qui ne serait pas dramatique de l’abîmer dans cette livrée « Silicon Silver » qui me laisse de marbre. Comme l’ensemble de son physique. Exception des feux avant, tout le style m’apparait fade et vieillot. Ce gris sable renforce l’ennui à le regarder. Il existe un beau rouge qui change tout.
La conclusion du Land Rover Discovery Sport Flexfuel
Ce Discovery Sport Flexfuel consolide mes a priori sur la marque Land Rover. Du confort et de la polyvalence. Néanmoins, je ne m’attendais pas à un moteur maison aussi plaisant et agréable. La combinaison avec la boîte automatique ZF9 fonctionne parfaitement. L’assise et la luminosité ajoutent des qualités à ce SUV. Les capacités en tout-terrain n’ont pas pu être testés, à regret.
Son style extérieur et intérieur ne m’ont toutefois pas convaincu. Du fait d’une livrée fade et d’une combinaison malavisée dans l’habitacle. De plus, l’absence d’une caméra 360° demeure rédhibitoire sur ce type de véhicule. Reste la question de la consommation. Avec le flexfuel et grâce au Superéthanol-E85, les coûts des pleins diminuent de 22 % en février 2023. Une bonne affaire en comparaison avec la version classique. Une moins bonne affaire en comparaison avec des hybrides/PHEV.
Toutes les photos du Land Rover Discovery Sport Flexfuel
+ Moteur coupleux et agréable.
+ Confort et polyvalence.
+ Boîte ZF9 fluide et douce.
- Consommation excessive en 2023 (même sans E85).
- Absence d'une caméra 360 sur cette version.
- Livrée fade.