La Mercedes-AMG A 45 S de 421 ch semble traîner une mauvaise réputation alors que c’est une bagnole polyvalente, puissante et extrêmement attachante. Voici une (tentative de) réhabilitation pour cette caisse performante et plaisante.
Le contexte de l’essai
Je n’avais plus du tout en tête que cette A 45 S était disponible à la vente mais aussi en parc presse. Il a fallu que je tombe sur un essai comparatif de Nicolas Meunier, journaliste (douteux) chez Challenges, pour écarquiller mes yeux en pensant : « oh putain, ça serait bien de rouler avec ce bolide durant une semaine, surtout dans cette configuration, rouge et noire, comme dirait le jeune Stendhal ». Entre ma lecture et mon essai, j’avais oublié son propos et notamment ce sous-titre : « Une Mercedes-AMG A 45 S simplement parfaite ! ». Je pensais me retrouver avec une voiture du style Audi : efficace mais sans panache, presque sans âme. Ce qui n’est pas forcément un problème à mes yeux car j’aime les Audi (sauf le caca de Q4). Nous allons voir que cette Mercedes-AMG n’a strictement rien à voir avec le constructeur d’Ingolstadt. À l’opposé d’être aseptisée.
Mercedes-AMG A 45 S : la mauvaise réputation
Lors de l’achat de ma Polo, j’avais envisagé la Classe A. Celle-ci étant vraiment trop grosse par rapport à mes besoins, je suis resté plus raisonnable avec le segment du dessous. Puis à chaque fois que je croisais une AMG-Line, je me disais qu’elle avait vraiment une bonne gueule. D’autres fois, je voyais des AMG 35 ou 45 S et mon cœur balançait entre bagnoles de kékés ou bagnoles de footballeurs. Sachant que je suis sûrement un peu des deux.
Par contre, je ne suis ni un bandit, ni un voyou ou encore moins un dealer. La drogue, c’est mal. Force est de constater que ces représentations collent à la peau de cette caisse. Pas un seul commentaire n’évoquant pas cette assimilation après sa présentation sur les réseaux sociaux. L’autre préjugé (que j’avais aussi !) provient du fait que c’est une fusée uniquement en ligne droite, qu’elle n’apporte aucun plaisir dynamique et même qu’elle ne pourrait pas se défendre sur la piste. Pire, elle ne sert qu’à faire du bruit avec des « brap » et des « pop and bang ». Je crois que je ne me suis jamais autant trompé (énormément) au sujet d’une voiture. J’espère qu’à la fin de cet article, vous changerez d’avis. Je lance donc l’opération « réhabilitation A 45 S ».
Tout le monde me montre au doigt, sauf les manchots, ça va de soi.
La gueule de l’emploi
Il n’y a pas de fumée sans feu. Toujours eu du mal avec cette expression car elle me semble injuste. Nonobstant, avec ses appendices aérodynamiques et son aileron surdimensionné, cette AMG ne ressemble pas à un enfant de cœur. Au début, j’adorais. Je trouve que ça va dans le style d’une A 45 S. Sachez que la simple version A 45 de 387 ch n’est pas vendue en France. Autant passer directement à la plus puissante de 421 ch. Dès lors, Mercedes France a eu totalement raison de la configurer ainsi.
Pour ma part, dès que je gagne à Euromillions (on évoquera son prix plus tard), je m’abstiens de dépenser 2 000 € pour ce kit aéro et je me réjouis de payer les 1 150 € pour ce « Rouge Patagonie » qui est exceptionnel. Sombre et discret sous les nuages ou vif et ravageur au soleil. De toute façon, c’est la seule teinte possible car le jaune (tapageur) n’est plus au catalogue et le reste se constitue de blanc, noir et gris. Non merci. Les poignées de portes en alu mériteraient d’être noires ou rouges. Déjà que j’aimais bien la Classe A pour sa tronche, dorénavant je me vois rouler quotidiennement en AMG A 45 S.
Tout le monde médit de moi, sauf les muets, ça va de soi.
Les débuts à son volant
En prenant position dans cette AMG A 45 S, je reprends mes repères avec Mercedes après mon essai récent du GLB. Je retrouve malheureusement le volant avec la double ligne de commandes dont la moitié avec des touches sensitives/tactiles. Je reste persuadé que la marque à l’étoile va corriger le tir dans les prochaines années car c’est totalement anti-ergonomique. Même en étant habitué, on se retrouve à galérer pour changer de menus ou même pour augmenter/diminuer le volume de la radio. Reste un bouton physique (mute) pour couper le son.
D’ailleurs le système Surround Burmester ne m’aura pas du tout conquis, trop de basses (en cohérence avec l’image de la grosse caisse claire) et pas assez d’amplitude malgré mon paramétrage. Au point de ne pas écouter de musique pour me satisfaire de la sonorité du moteur et des échappements. Ceux-ci sont intensifiés dans les haut-parleurs avec une justesse rare. On ne perçoit pas totalement qu’il s’agit de « faux sons » tant ce « Real Performance Sound » atteint son objectif immersif et grisant.
La vie à bord et les bruits de mobilier (parfois)
On pourra peut-être aussi reprocher la multitude de menus et aussi de réglages dans l’écran de 10,25 pouces aux (trop ?) gros bords noirs. Toutefois, j’en suis complètement client car on trouve tout ce que l’on cherche avec une esthétique fluide. La connexion à Android Auto se réalise facilement tout comme le changement de température pour la climatisation avec des boutons physiques dédiés comme pour les sièges (ultra) chauffants (rapidement). On regrettera l’absence du volant chauffant pour 93 249 €.
Ah oui, on devrait y arriver à son prix. 93 249 €. Je vous entends hurler : « 93 249 € pour une compacte sportive ». Gardez encore un peu d’énergie car je vous rajoute le malus à 60 000 €. Pour moi, comme d’hab’, le malus ne compte pas car c’est une taxe et non la valeur intrinsèque de cette voiture. Par contre, à 93 249 €, on veut du premium de chez premium. Ce qu’on n’a pas complètement car cela reste une Classe A dans l’habitacle avec des ajustements loin de la perfection et surtout des bruits de mobilier par moment. Je vous rassure, moins que dans un Austral mais bien trop souvent à mes yeux oreilles. Comme pour les matériaux, on voudrait une qualité supérieure.
Les places et le coffre de la Mercedes-AMG A 45 S
En bonne classe A, on garde une habitabilité appréciable avec de l’espace à l’arrière (sauf pour la fausse place du milieu) et un coffre de 370 litres. Le toit ouvrant amène la luminosité attendue et son ouverture accentue le plaisir en roulant. La bonne caméra 360 permet de manœuvrer sereinement. À l’avant, les sièges multicontours sont beaux (les traits jaunes sont en option et on pourra trouver son bonheur avec d’autres choix) et enveloppants grâce à des réglages pour les lombaires et les côtes. On regrettera toutefois une assise trop ferme, limite dure quand on n’a pas un gros popotin. La position de conduite est excellente et on peut en mémoriser trois différentes, tout comme pour le passager. On est content au volant d’une Mercedes-AMG A 45 S.
Le confort et les (45) autres modes
On est content grâce aussi aux suspensions pilotées (AMG Ride Control) à 1 200 € qui s’ajustent réellement aux modes de conduites. Le premier étant le confort et les suivants sont presque indénombrables. Car tout est absolument paramétrable sur cette AMG. En passant simplement par deux molettes sur le volant. Avec celle de gauche, je retiens les quatre modes principaux: « comfort, sport, sport + et race ». Chacun a ses spécificités.
Le « comfort » sert au quotidien avec une légère flemme de la boîte auto. Il faut bien appuyer pour tomber un rapport. À l’inverse, dès qu’on passe en « sport », on reste plus haut dans les tours pour avoir ce filé de gaz substantiel pour une conduite linéaire. En « sport + », on commence à percevoir les capacités de la voiture et notamment de son châssis. Celui-ci est époustouflant grâce aussi à une transmission intégrale qui permet de se croire en propulsion avec une agilité récréative.
La boîte 8G-DCT Speedshift à 8 rapports (comme son nom l’indique) démontre toutes ses qualités et vient titiller ma chouchoute, la ZF8. Si on veut vraiment kiffer, on utilise les palettes au volant pour avoir des « braaaap » à la montée de rapport et quelques « pop pop pop » au lâcher de gaz. Bien moins qu’en A110 et uniquement au-dessus de 6 000 trs/min. Donc quand des crétins passent en ville avec un brouhaha du diable, il est probable que ce soit via une reprogrammation ou en fond de première. Par contre, au milieu des champs, sans faire chier personne, c’est un régal. Je vous assure que cette A 45 S mérite mieux qu’une location avec des plaques polonaises.
Je ne fais pourtant de tort à personne, en suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome.
Les consommations
Pour les consommations, ça dépend de son point de vue. Au minimum, on sera dans les 8,5 l/100 km pour des trajets sur voies rapides. Au maximum, je n’ai jamais dépassé les 15 l/100 km. C’est donc logiquement que je la rends à 12,7 l/100 km après 779 bornes. Et j’ai vraiment mis le pied dedans. Après 2 115 km depuis sa sortie d’usine, la moyenne s’établissait à 9,8 l/100 km. On regrettera surtout le réservoir de 51 litres qui ne donne que 450 km d’autonomie, ce qui est dommage pour une compacte (même ultra sportive et même si ce sont 60 km de plus qu’une Mégane R.S.).
La conduite sportive en Mercedes-AMG A 45 S
Difficile de parler sportivité sans un moteur particulier. Nous avons le 4 cylindres (presque) le plus puissant du monde. En tout cas, pour la France car seule la Mitsubishi Lancer Evo X FQ-440 MR de 446 ch la dépasse avec ses 40 exemplaires pour Royaume-Uni. Dans cette AMG, nous avons donc un moteur de 2 litres pour 421 ch. Au début, je ne les trouvais pas tous. Puis j’ai découvert le mode « race » avec sa multitude de télémétrie et d’informations pour le circuit avant d’enclencher le launch control.
Pied gauche sur le frein pendant deux secondes. Pied droit à fond sur l’accélérateur. 3 400 trs/min. On enlève son pied du frein. Ça arrache. Ça fracasse. Ça pulvérise. Pourtant, j’ai connu la Model Y Performance ou même le Grecale Trofeo mais rien d’aussi violent avec une telle motricité. Sur sol sec, c’est redoutable. Sur sol mouillé, on y perd un peu mais ça reste efficace.
Mercedes-AMG A 45 S : sa place est aussi sur circuit
Cependant, comme je le disais en introduction, ce n’est pas qu’une voiture pour fumer tout le monde aux sorties de péages. C’est clairement une auto qui peut aussi s’utiliser sur circuit. Avec les limites de l’endurance du freinage à cause de son poids de 1 635 kg. D’après l’excellent Mathieu Sentis, la boîte pêche aussi un peu avec des rapports trop longs pour les hautes vitesses.
Pour le reste, il détaille parfaitement les capacités de cette AMG et je vous invite à lire son papier au Nürburgring pour les pilotes en herbes que vous êtes. Celui-ci relate bien ce que j’ai ressenti sur routes fermées avec des passages en courbes facilités par cette puissance permanente. Attention toutefois, on ne touche pas au graal de la direction comme dans une Civic Type R. Elle manque un peu de précision mais sa motricité et son adaptabilité compensent largement. Même son freinage m’a impressionné dans ces conditions. On se régale tout le temps, que ce soit en la conduisant sportivement ou calmement.
L’insonorisation et les bruits de roulement
Dans le cadre d’un usage classique, en mode « comfort », on perçoit le son du moteur (particulièrement ceux à l’extérieur) mais celui-ci sait se faire discret à vitesse stabilisée. L’insonorisation face aux bruits d’air s’avère remarquable et seuls les bruits de roulement peuvent nous déranger. Sur une chaussée immaculée, on surfe comme sur un billard. Toutefois, dès que des irrégularités apparaissent (dans la majorité des cas pour les routes franciliennes), on entend trop le train avant. Et même parfois celui à l’arrière. Je n’ai pas envie d’accuser les jantes forgées AMG de 19 pouces car elles me plaisent totalement. On fera donc avec.
Les aides à la conduite fonctionnent correctement même si la lecture des panneaux m’a engendré deux désagréments avec le régulateur adaptatif. Celui-ci a notamment ralenti de 70 à 30 km/h à cause d’une sortie. Alors qu’en GLB, il ne le faisait pas. Cette fonctionnalité doit être strictement la même donc je ne m’explique pas ces erreurs. Sachant qu’on peut désactiver l’adaptation automatiques aux panneaux. Il faudra vraiment faire attention aux limitations car cette AMG peut doubler toutes les vitesses en un rien de temps. La conduite sur routes fermées et sur circuit permettra d’exploiter la puissance.
Tout le monde viendra me voir pendu, sauf les aveugles, bien entendu.
En conclusion : je veux une Mercedes-AMG A 45 S
La Mercedes-AMG A 45 S est une super caisse. Voilà comment pourrait se résumer ma conclusion. Elle a certes quelques défauts mais aucun de rédhibitoires. Pour certains, son prix s’avère excessif pour un habitacle de Classe A aux finitions reprochables. Pour moi, son prix reflète une bagnole aux qualités indispensables comme la polyvalence, la performance et même la jouissance. En conduite tranquille ou en mode dynamique, on se régale avec une telle sonorité et une facilité pour prendre du plaisir dans toutes les situations. Les quelques bruits de mobilier et de roulement ainsi que les touches tactiles agaçantes sur son volant peuvent s’oublier en tournant la molette pour passer aux modes sportifs. Cette AMG mérite qu’on parle d’elle comme d’une super caisse.
Toutes les photos de la Mercedes-AMG A 45 S
Les belles photos sont de @LeStagiaire et on retrouve les +/- ainsi que les notes à la suite.