Nissan GT-R NISMO : essai du missile sol-sol
Nissan GT-R NISMO
3.8L V6 biturbo
essence
600 ch
652 Nm
2.8 sec
315 km/h
4.69 m x 1.90 m x 1.37 m (1800 kg)
800
15.3L / 100 km
Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous n’êtes pas sans savoir que je développe une espèce d’amour totalement irrationnel et démesuré pour le badge GT-R de chez Nissan et en particulier pour la version préparée par le département sportif du constructeur, NISMO.
De ce fait, l’intégralité du texte qui va suivre sera subjective. Et pour que vous compreniez mieux mon état actuel, je me sens un peu comme une fan de Claude François qui aurait passé une soirée en tête-à-tête avec son idole. Comment être objectif face à Cloclo et son sourire ? Il est si beau et il chante si bien ! Je l’aime, tout simplement ! Même avec son bout de salade coincé entre les dents… Et c’est pile à ce moment-là que je me rends compte que ma métaphore musicale s’apprête à m’échapper, mettons-y un terme car je pense que vous avez saisi l’idée.
Bref, dans le top 1 de mes voitures préférées, toutes époques et toutes marques confondues, se trouvait et se trouve toujours la GT-R NISMO. D’abord de génération précédente et maintenant en R35. Son look extravagant et ses performances ahurissantes ont eu raison de moi avant même que je ne puisse l’approcher. Mais qu’en est-il en vrai ? Cloclo est-il aussi beau dans la vraie vie qu’à la télévision ?
Mon petit coeur de fan boy fragile a été mis à rude épreuve les deux mois qui ont précédé mon essai. Reconfinement ou pas reconfinement ? Reconfinement hybride avec interdiction de circuler en GT-R ? La période post-Noël 2020 a été propice à tout genre de scenarii et les différentes rumeurs et théories m’ont carrément fait suer. Jusqu’au dernier instant je n’étais pas sûr de pouvoir essayer la meilleure voiture du monde faire mon essai mais finalement les planètes se sont bien alignées !
C’est quoi NISMO ?
Avant de vous raconter à quel point c’est fou et complètement débile de rouler en GT-R NISMO, faisons un point sur ce qu’elle a de si particulier.
Premièrement, NISMO (pour Nissan Motorsport) est la division haute performance de la marque japonaise. C’est le AMG de Nissan en quelque sorte ou le RS d’Audi. IMSA, WEC ou encore plus récemment la Formula E, NISMO est et a toujours été très au taquet sur la compétition automobile. En 1992, ils ont par exemple remporté les 24 heures de Daytona et… et c’est déjà pas mal.
Deuxièmement, depuis 1984, les sorciers de Yokohama préparent des autos homologuées route parmi les plus performantes du Japon ! Leur secret, qui n’en est pas un : les technologies embarquées dans les voitures de séries sont directement issues de la compétition automobile. Tantôt c’est un embrayage à double disque qui se glisse dans une R33, tantôt c’est le double turbo « emprunté » (plutôt inspiré) à une GT-R GT3 qui se greffe au V6 de la R35… En parallèle de cela, NISMO fabrique et commercialise (pas chez nous) une gamme de pièces de performance after market pour certains modèles du constructeur.
Nissan confie donc à NISMO ses modèles plus ou moins sportifs pour les rendre vraiment sportifs (sauf le Juke NISMO mais passons). Les autos sont revues de fond en comble et tout ce qui peut être amélioré est amélioré. Un peu de tuning cosmétique, un gros aileron et des dizaines de kilos de fibres de carbone plus tard on obtient un tout nouveau véhicule, plus radical et plus sportif, au catalogue de Nissan.
Notre GT-R est justement passée par là. Chaque millimètre carré de la voiture de base a été revu et optimisé. Objectif : la performance. Le capot, les jupes et les bas de caisse sont en fibre de carbone, le panneau de coffre et l’aileron le sont aussi. Le gain de poids généré par ces quelques nouveaux éléments est colossal mais ça ne suffit pas. Alors on remplace les jantes d’origine par de magnifiques Rays en 20″ en aluminium forgé beaucoup plus légères. On vire également les sièges de série et on y met des Recaro à coque en fibre de carbone à la place. Boom : 16.3kg de moins sur la balance grâce à la nouvelle assise, on commence à être pas mal !
Nissan annonce une quarantaine de kilos de gagnés grâce à cette surabondance de carbone. La GT-R NISMO n’est toujours pas un poids plume mais son poids et son aéro ont été optimisés au max !
Evidemment, toute la partie mécanique a aussi été sérieusement retravaillée mais j’en parle plus en détail un peu plus bas.
Un moteur assemblé à la main par une seule personne !
Comme toutes les Nissan GT-R modernes (R35), le moteur de la version NISMO est assemblé par l’un des cinq maître-artisans surqualifiés appelés Takumi à l’usine de Yokohama. Oui, vous avez bien lu, ils ne sont que cinq mecs à s’envoyer toute la production des V6 biturbo à la main ! Les voici d’ailleurs : Shioya Izumi (je l’aime particulièrement lui), Tetsuji Matsumoto, Tsunemi Ooyama, Hiroyuki Ichikawa et le chef d’équipe Takumi Kurosawa.
Les 374 pièces du moteur sont assemblées en un peu près 6 heures par l’unique artisan et à la fin de chaque montage, le Takumi appose une plaque avec son nom sur le V6 tout neuf. Un gage de qualité mais aussi et surtout une pratique très répandue dans ce petit monde des super-voitures où on aime ce genre de petits détails. Il faut en moyenne 3 à 4 mois pour former un nouveau Takumi.
Le moteur de la NISMO emprunte deux turbocompresseurs issus de la GT-R GT500 (équivalent japonais pour la catégorie GT3) avec un régime optimisé et une réactivité foudroyante. Nissan parle d’une « accélération augmentée de 20%, sans perte de puissance », ce qui veut dire avec mes mots que ça accélère beaucoup trop fort tout le temps sans jamais s’essouffler ! Concrètement, la forme des pales de la turbine a été redessinée pour optimiser le flux d’air. L’une des pales a même été supprimée pour augmenter encore plus la réactivité et éviter le lag.
Utiliser la Nissan GT-R NISMO au quotidien
Commençons par le plus évident : l’esthétique. Il est physiquement impossible de passer inaperçu en GT-R NISMO dans la rue dans une configuration comme « la mienne ». Le mélange de blanc et de noir carbone, en association avec le kit aéro ultra agressif, attire absolument tous les regards. Ajoutez à cela la rareté de l’auto (quelques exemplaires en France seulement*), autant dire que vous avez beaucoup plus de chances de croiser une Bugatti Chiron en bas de chez vous…
*Nissan ne communique pas sur le nombre exact de GT-R NISMO vendues. On sait juste que la R35 s’est écoulée à un peu plus de 25 000 exemplaires dans le monde dont un peu plus de 1 000 en France.
Sur la route c’est pareil : chaque voiture que vous doublez (et vous en doublez pas mal !) a les yeux émerveillés rivés sur votre imposant derrière en carbone. La plupart des motos (même les BM) vous saluent ou lèvent le pouce en l’air, de même pour les autres voitures sportives que vous croisez. Et 100% des Golf GTI sur votre trajet veulent absolument faire la course avec vous !
Arrêtez-vous dans un supermarché, sortez de la voiture, faites 30 mètres et retournez-vous. Il y a déjà une foule de personnes autour de la GT-R NISMO. Je pense avoir été pris en photo plus d’un millier de fois en l’espace de 4 jours au volant de la bête, c’est absolument dingue le capital sympathie qu’elle dégage ! Car contrairement à une Porsche, une Lamborghini ou une Ferrari qui peuvent tout de suite provoquer un sentiment de « hé, regarde ce connard de gosse de riche dans sa grosse bagnole », la GT-R NISMO impose un certain respect. Car il faut être un sacré connaisseur et passionné pour dépenser plus de 200 000 euros dans une supercar japonaise et non une 911…
Ceci étant dit, la Nissan GT-R a été conçue pour être utilisée au quotidien et vous savez quoi ? Elle le peut vraiment ! Contrairement à ce que je m’imaginais, la GT-R se conduit aussi facilement qu’une voiture « normale » malgré les baquets, la position de conduite basse et un gabarit imposant. Facile à prendre en main et surtout confortable ! Enchaîner les kilomètres à son volant est un véritable plaisir (oui, je sais, je ne suis pas objectif mais c’est quand même vrai) et vous savez combien elle consomme au régulateur à 80 km/h ? 8L / 100 km, seulement ! La conso moyenne sur mon parcours de 800 km : 15.3L / 100 km, avec deux bonnes heures de bouchons et 300 km de roulage dynamique. Pas mal du tout !
Des performances stupides hallucinantes !
J’en veux un peu au réchauffement climatique d’avoir mal fait son boulot pendant mon essai de la bête… Il a neigé 2 fois cet hiver dont une pendant la quasi-intégralité du week-end à son volant. C’est d’autant plus frustrant, que moins de 10 jours après il faisait 15-20 degrés partout en France avec un grand soleil et un ciel bleu. Bref.
Je suis un peu nul pour décrire de manière « journalistique » mon ressenti au volant d’une voiture sportive. Les mots qui me viennent à l’esprit sont principalement vulgaires et ponctués de cris de joie en tout genre. C’est d’ailleurs la seule voiture au monde qui m’a fait littéralement pleurer de joie au volant…
Après une bonne heure et demie de bouchons pour quitter Paris, je décide de m’offrir une petite récompense en activant le launch control sur une route déserte. Je n’avais pas dépassé les 20% de la pédale d’accélérateur jusqu’à présent, autant dire que je ne savais RIEN de la voiture. Je savais à peu près qu’il fallait m’attendre à de la violence mécanique, mais jamais à ce point ! Les 3 boutons sont tournés vers le haut, je freine et j’accélère en même temps, le régime se stabilise aux alentours des 4000 tr/min, je lâche le frein. Mon dieuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! Malgré la pluie mélangée à un semblant de neige et la chaussée dégueulasse détrempée, nuisible (en principe) à la motricité, la Nissan GT-R est catapultée vers l’avant d’une force surnaturelle en hurlant de toutes ses forces et en essayant de partir dans tous les sens en même temps. Toute cette incroyable rage se ressent dans la direction, il faut arriver à tenir le volant fermement tout en hurlant de plaisir.
On se souvient tous de sa première fois. Moi, après mon premier launch control en Nissan GT-R NISMO, je me suis arrêté sur le bord de la route pour sortir prendre l’air et reprendre mes esprits. J’avais les mains qui tremblaient et les yeux humides. Je venais de vivre un truc si brutal et si orgasmique qu’il m’a bien fallu 5 bonnes minutes avant de repartir. J’en ai la chair de poule rien qu’en écrivant ces lignes… Fan boy fragile, moi ? Absolument !
Mais aller très vite en ligne droite, ce n’est pas le seul exercice dans lequel notre GT-R excelle ! Elle est aussi étonnamment agile pour son poids (1800 kg) lorsque l’on « attaque » dans les virages. Sa direction est bluffante de précision et la nouvelle suspension pilotée Bilstein fait extrêmement bien son job : ça vire à plat tout le temps et quelle que soit l’allure. Les gros freins céramiques Brembo, issus de la compétition aussi, sont inépuisables et offrent un excellent mordant même à froid !
La Nissan GT-R est impressionnante sur tous les points et elle l’est aussi sur sa facilité de prise en main. Au bout de 2 ou 3 virages enchaînés rapidement, la confiance était installée et le rythme s’accélérait. C’est fou qu’une voiture de 600 chevaux puisse se conduire comme une… voiture en fait ! Accélération, frein, virage, accélération, frein, virage. En à peine quelques minutes, je suis passé d’un gars émotif qui a du mal à reprendre ses esprits après une accélération à un « pilote » qui enchaîne les virages à une allure totalement déraisonnable.
La Nissan GT-R NISMO chez Movie Cars Central
Si vous ne connaissez pas Movie Cars Central, je vous invite à aller faire un tour sur la chaîne Youtube de Franck. Le gérant de l’incroyable collection de voitures de cinéma m’a gentiment ouvert les portes de son musée le temps de faire quelques photos.
La raison ? Il possède une R34 grise de Fast and Furious et dieu sait que j’adore cette caisse !
Bon, celle de Franck n’est pas une vraie GT-R mais une GT-T, mais pour les images ça fera la blague ! Equipée d’un RB25DET (et non d’un RB26DETT comme sur les R34 GT-R), la réplique de Movie Cars Central a tout de même été sacrément préparée et développe aux alentours des 400 chevaux sur les roues arrière.