Essai Nissan Qashqai e-Power : les limites d’un 3 cylindres hybridé
Nissan Qashqai
39 600 €
44 050 €
e-Power = un moteur thermique génère de l'énergie pour le moteur électrique
Essence (pour alimenter un générateur)
190 ch
330 Nm
Automatique
Traction
7,9 s
170 km/h
de SUV
4,43 m
1,84 m
1,63 m
2,67
1 685 kg
55 l
1 076 km
6,9 l/100 km
117 g
8 CV
Nissan propose une motorisation différente avec son Qashqai e-Power pour se positionner dans la course aux SUV hybridés et nous allons voir sur plus de 1 000 km si c’est une réussite ou non. Bon, avec le titre, vous avez déjà un indice pour répondre à cette introduction.
Le contexte de l’essai
Après plusieurs essais consécutifs de sportives (GR Yaris, GR86 et TT RS Roadster), les SUV me manquaient trop. Non je déconne. J’avais demandé à Nissan de découvrir le Qashqai e-Power et sa technologie hybride surprenante pour mon pèlerinage annuel en Bretagne. Malheureusement pour moi, celui-ci ne s’est pas réalisé pour une sombre histoire de cousins annéciens donc j’ai dû me rabattre vers les vins bourguignons afin d’apaiser mon chagrin. On rappelle évidemment qu’on ne prend pas le volant après avoir bu de l’alcool. Et nous allons aussi voir que la consommation sera le sujet principal de ce papier.
Le premier succès mondial pour un SUV
Pour les anti-SUV primaires, si vous voulez blâmer un véhicule en particulier, il faut s’attaquer au Nissan Qashqai ! Le premier SUV au succès planétaire dès sa sortie en 2007. Depuis, tous les constructeurs se sont engagés dans la brèche pour proposer des crossovers/SUV au point de représenter près de 40 % des ventes françaises aujourd’hui.
Avant de bosser sur l’Alpine A110, David Twohig, ingénieur et invité du podcast Histoires d’Autos, a travaillé avec les Japonais sur le développement de ce véhicule. Je vous recommande chaleureusement cet épisode passionnant où il raconte sa vie nippone (et plutôt difficile) dans les bureaux chez Nissan.
Depuis 15 ans, le Qashqai a été vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires. En Europe, il doit notamment faire face à la concurrence du Tucson, du Tiguan et du fameux 3008. Depuis 2021, Nissan propose une motorisation hybride bien particulière : l’e-Power.
La technologie du Nissan Qashqai e-Power
Normalement, une voiture hybride propose de se mouvoir avec l’aide d’un moteur thermique et d’un moteur électrique. Soit l’un après l’autre, soit les deux en même temps. Notre Nissan Qashqai e-Power offre une technologie étonnante : le moteur thermique (3 cylindres de 136 ch) sert de générateur pour alimenter un moteur électrique (synchrone à courant alternatif de 190 ch) qui lui seul entraine les roues. Nous roulons donc en électrique mais avec de l’essence. À l’usage, cela reste curieux. Ou n’est-ce pas le meilleur des deux mondes ? Le confort du quotidien en électrique sans les contraintes des recharges ? Nous en reparlerons bientôt mais on va commencer par le physique de ce Qashqai.
Le physique de ce SUV
Normalement, je n’ai rien contre les SUV. Encore moins contre leur physique. Je n’ai rien contre le physique de ce Nissan Qashqai mais rien ne m’emballe. Il semble se noyer dans l’énorme masse des SUV actuels sans arriver à se démarquer. Pourtant, il pourrait avec ses feux avant largement allongés. Mais non, chez moi, ça ne prend pas. Que ce soit les jantes de 18 pouces (qui me semblaient bien petites en comparaison des gros boudins Bridgestone) ou l’arrière acéré, rien n’y fait. Enfin si, une chose ! Sa couleur : Bleu Magnétique. Un joli bleu comme rarement on peut en croiser. Avec une belle variété de teintes en fonction de la lumière. Il rehausse autant que possible l’ensemble de la carrosserie.
La finition et les options
Pour une rare fois, le parc presse Nissan dispose d’un modèle qui n’est pas le haut de gamme avec toutes les options. J’avais connu ça chez Renault avec la Mégane E-Tech. Pour ce Qashqai e-Power, j’avais la finition N-Connecta. Ce qui correspond au 4ème rang sur 6 possibles. À cela s’ajoutent tout de même le pack design et le pack hiver pour un total à 44 050 €. On retrouve donc des sièges bien chauffants et le volant tiède-chaud. Ainsi qu’un magnifique toit panoramique qui apporte une extrême luminosité. Tout comme les fenêtres et le pare-brise de façon générale, on apprécie cet environnement lumineux loin de certains habitacles modernes, surtout pour les passagers à l’arrière. Ce qui donnerait raison à @LeStagiaire qui expliquait que les véhicules les plus moches sont souvent les plus agréables à vivre.
La vie à bord du Nissan Qashqai e-Power
Moins agréables, les sièges de ce Qashqai. Il m’a fallu plusieurs jours pour trouver une bonne position de conduite. Sans vraiment y arriver totalement. Après, on s’habitue à tout dans la vie donc j’ai finalement moins tiqué sur ce point mais ça ne reste pas folichon. À l’instar de l’habitacle et du tableau de bord avec des plastiques corrects ou quelques parties moussées. Rien de foufou mais plutôt efficace.
Et finalement, n’est-ce pas la parfaite solution ? Je continue de penser que les constructeurs du pays du soleil levant (oh ça va ! Je peux me permettre ce poncif une fois de temps en temps !) gagnent le titre des meilleures ergonomies.
On n’arrive pas au niveau de chez Honda mais tout comme Suzuki, l’intérieur démontre une réflexion pertinente. Comme par exemple de garder des boutons physiques pour la climatisation. J’ai de plus en plus d’envies de meurtres pour ces menus tactiles à la con (merci de ne pas me dénoncer aux autorités pour autant). En plus, via le volant et les touches tristes de celui-ci, on peut naviguer simplement dans l’entièreté des réglages avec l’écran de 12,3 pouces au milieu des compteurs. On regrettera toutefois l’absence d’un bouton mute. L’écran tactile central, lui aussi de 12,3 pouces pour afficher notamment Google Maps casse les couilles bonbons à chaque démarrage avec deux messages qu’on doit passer obligatoirement en cliquant dessus. De plus, il serait presque trop grand pour atteindre son extrémité droite. Pourtant, j’ai un dossier bien droit et des longs bras. Donc ça doit compter finalement la taille.
Les places arrière, le coffre et la caméra 360°
En parlant de taille, il ne faut jamais être grand pour les places arrière et même dans un SUV familial. Si l’accès se réalise aisément avec une ouverture des portes à 85°, la place du milieu reste encore et toujours la place pour les punitions. Entre le manque d’espace pour les pieds et le toit dans la tête, une personne d’1m85 regrettera de s’y trouver. À l’inverse, les deux autres places donnent totalement satisfaction et nous y sommes bien installés.
Avec 455 litres en version minimale et son plancher plat, le coffre relève de la fausse bonne idée. On peut l’augmenter à 504 litres en soulevant deux plaques indépendantes mais on ne sait plus où les mettre après. Avec tous mes sacs, j’étais emmerdé pour les positionner. Puis des trucs tombent sur les côtés et on galère à les récupérer. Bref, ce coffre ne m’a pas convenu.
Mise à jour septembre 2023 : @JulienZlata a réussi à glisser les plaques au fond du coffre, lui.
Contrairement à la caméra 360 que j’ai adorée. Elle s’active en marche arrière ou en appuyant sur un bouton à la droite du tableau de bord. Elle permet de visualiser parfaitement le Qashqai dans son environnement et ainsi de se garer facilement. Entre le marquage et la définition, c’est du haut niveau.
La conduite et la consommation du Nissan Qashqai e-Power
Bon, on en parle enfin du sujet principal ? La consommation. J’ai commencé par un premier trajet de 40 km entre départementales et villes. Et là, excellente surprise : 5,1 l/100 km. Je me dis, c’est cool. C’est même très cool. La voiture se manœuvre facilement, la conduite se réalise tranquillement, surtout sans la brusquer ardemment. Par contre, il faut absolument se mouiller la nuque si on a testé une Audi TT RS 1h auparavant. Comme c’était mon cas. Je ne vous raconte pas le roulis.
Allez, comme vous insistez, je vous le raconte. Dès le premier rond-point, j’ai cru que j’allais glisser sur le siège passager. Je n’allais pas vite, je vous jure Monsieur l’officier. La différence de tenue de route est hallucinante. Ça n’a aucun sens de comparer un roadster premium avec un SUV généraliste. Je m’en fous, je compare. Vous allez faire quoi ? Me dénoncer au patron @Vtyok ? Il ne lit pas mes articles, je peux insulter sa maman comme je veux. Mais on n’est pas ici pour parler de la douce Olga donc je me recentre sur le Qashqai.
Après avoir compris qu’il fallait adapter mon style de conduite à ce nouveau véhicule, j’ai vraiment apprécié les tours en ville à allure pépère. Pour tous ces trajets, l’ordinateur de bord m’annonçait 5,5 l/100 km en moyenne. Le tout dans un espace bien insonorisé. Si on n’ouvre pas les vitres. Car là, on arrive au drame.
La bonne insonorisation. Sauf les fenêtres ouvertes. Et sauf sur voies rapides
On roule en électrique, je vous rappelle. Donc on a le pire truc du monde, l’AVAS. Le système sonore pour prévenir les piétons. Fin juillet, il fait beau, on a envie de rouler les fenêtres ouvertes. Mais on ne peut pas. Car on se tape le vieux bruit comme celui de la Zoé. Pas dans les mêmes proportions mais pas loin. Alors que fenêtres fermées, aucun problème.
Par contre, fenêtres fermées et à la moindre accélération, c’est de nouveau le drame. Le drame d’entendre le 3 cylindres qui hurle pour alimenter suffisamment le moteur électrique. C’est là où je vois la différence entre des essais de 100 km et de 1 000 km. Avec mon périple passant par Auxerre, Chablis, Beaune, Dijon, Troyes et Sens, j’ai bien pu m’apercevoir que les situations sur voies rapides ne convenaient jamais au Nissan Qashqai e-Power. Tant pour l’agrément que pour les consommations.
Les consommations sur voies rapides
On ajoute 2 litres en moyenne pour chaque trajet sur autoroute. Soit 7,5 l/100 km. Je dois convenir que cette conso semble logique pour un SUV de 1 685 kg. Pour autant, je ne m’y fais pas. Je trouve que c’est trop. Pour un véhicule à vocation familiale, on devrait faire mieux. On devrait voyager en consommant moins. Et je ne vous parle pas des autoroutes allemandes à 150 km/h qui engendrent une consommation de 9,5 l/100 km. Et plus que la consommation, c’est ce bruit de 3 cylindres qui agace, même au régulateur à 130. En parlant d’aides à la conduite, la alertes se font discrètes et le régulateur adaptatif freine un peu trop fort mais l’ensemble reste correct.
À la moindre montée, on l’entend briser l’insonorisation du capot moteur pour se plaindre dans l’habitacle d’être martyrisé, qu’on peut cependant masquer avec une sono décente. À part dans une citadine, un 3 cylindres n’a rien à faire sur les segments supérieurs. Surtout à 44 050 €.
C’est bien la limite de ce Qashqai e-Power. Car même avec un couple de 330 Nm et un 0 à 100 km/h en 7,9 secondes, on ne ressent jamais cette sensation de puissance comme dans toutes les électriques. Le mode « sport » n’y change rien. Pour autant, si besoin de s’insérer ou de dépasser, on y arrive mais avec la sensation de forcer. Dès lors, on s’interroge sur le bien-fondé de cette hybridation si particulière. Un peu comme le 6 cylindres en ligne diesel Mazda pour la CX-60, j’ai l’impression que ce sont des paris perdus. En tout cas, perdus pour l’agrément et le confort auditif.
Le confort des suspensions et la merveilleuse e-Pedal
Dès qu’on retrouve les chemins de la ville, on apprécie finalement le confort des suspensions. Aucun secret dans la vie et donc dans l’automobile. Pour une excellente tenue de route, il faut des suspensions fermes. Et inversement, avec une tenue de route absolument pas dynamique, on obtient des suspensions confortables. On passe les nids-de-poule sans trop d’inquiétude pour les lombaires.
Autre élément à noter sur ce Nissan Qashqai e-Power, c’est son e-Pedal. Cette fonction qui permet de conduire à une seule pédale, celle de l’accélérateur. Du niveau d’une Tesla et c’est sûrement le compliment le plus valorisant qu’il existe aujourd’hui. D’un simple bouton à côté du « levier » de vitesses, on l’active et doit l’activer à chaque redémarrage. Je râle tout le temps sur ce sujet car je pensais naïvement que le mode « brake » (freinage régénératif, aussi présent – et moins puissant – sur ce Qashqai) ou l’e-Pedal permettait de moins consommer. Eh bien non.
Comme l’atteste le spécialiste mondial de la question, Pierre Desjardins, rédacteur en chef chez Automobile Propre. Je cite : « à partir du moment où on peut récupérer de l’énergie, c’est qu’on en a trop consommé en amont » et je complète avec ce schéma rédigé : « En matière d’efficience, pour arriver à 0 km/h pile au feu rouge : roue libre avec une bonne anticipation > freinage régénératif > freinage sans régénération ». Donc non, je ne consommerais pas moins avec une e-Pedale mais j’y trouve un agrément fantastique. Dans les bouchons ou à faible vitesse, on fait tout d’une pédale, quel pied !
Le bilan (calmement)
Après 1 076 km à son volant dont la moitié sur autoroutes, on obtient une conso à 6,9 l/100 km en moyenne. Dans cette catégorie de SUV familial, le Hyundai Tucson de 230 ch (au même tarif) me parait bien plus pertinent pour l’agrément. Notamment avec son 4 cylindres. Ce qui pêche principalement sur ce Nissan Qashqai e-Power, c’est bien la faiblesse de la cylindrée pour un aussi gros véhicule. Il n’a évidemment rien de sportif mais il pourrait limiter davantage les nuisances sonores avec une autre motorisation. Car son insonorisation fait son maximum mais ne peut pas lutter contre un 3 cylindres plaintif.
Autrement, en ville et à faible allure, il permet de profiter d’un confort appréciable ainsi que d’une conduite coulée grâce à sa formidable e-Pédale. Les grandes surfaces vitrées ainsi que la caméra 360° amènent une tranquillité mais cela s’oublie trop vite dès qu’il s’agit d’hausser le rythme. Voilà donc sa limite.
Toutes les photos du Nissan Qashqai e-Power
+ Excellentes e-Pedal et caméra 360.
+ La consommation en ville.
+ Les grandes surfaces vitrées.
- Le bruit du 3 cylindres sur voies rapides.
- Hybridation peu convaincante pour l’agrément.
- Absence totale de dynamisme.