La Peugeot 308 SW Hybrid s’essaye après la Citroën C5 X hybride rechargeable et partage exactement les mêmes défauts. Avec cependant des qualités supplémentaires. Pour autant, nous allons voir que celles-ci ne sont pas suffisantes.
Le contexte de l’essai
Cela faisait longtemps que je voulais essayer la nouvelle Peugeot 308. Depuis sa sortie en septembre 2021. Pas forcément dans sa déclinaison SW mais je n’avais rien contre, bien au contraire, j’aime les breaks. Cependant, je n’avais pas pensé (idiot que je suis) que les similitudes avec la Citroën C5 X étaient aussi marquées. Même motorisation, même boîte, même hybridation rechargeable, même système multimédia et plus généralement, mêmes agacements pour certains détails. Dès lors, je pourrais m’économiser la rédaction de cet essai en copiant-collant 90 % de celui de la C5 X. Je pourrais. Vais-je le faire ? Montez le son et rendez-vous au premier paragraphe.
Le physique de la Peugeot 308 SW Hybrid
N’écoutant que mon éthique (et étant menacé de licenciement par mon patron), je ne vais pas utiliser la facilité du copier-coller. Déjà parce que la 308 SW ne ressemble pas à la C5 X. La berline coupée de Citroën avait un design erratique alors que celui de la Peugeot emmène dans le futur. Ou tout du moins, dans une projection futuriste. À l’instar des dernières Toyota, les lignes apparaissent caricaturales pour certains. Je le comprends bien que ce « too much » puisse déboussoler voire même répugner. Pour ma part, je continue d’apprécier l’ensemble même si les feux avant et arrière me font légèrement tiquer. Finalement, j’aime surtout l’allure générale qui m’apparait bien proportionnée. Les jantes aérodynamiques de 18 pouces restent harmonieuses.
La couleur Bleu Avatar qui est verte
Là où il n’existe aucun débat, c’est bien sur sa superbe couleur : Bleu Avatar. Cette teinte de lancement (et uniquement disponible sur la version SW donc déterminante pour le choix du type de carrosserie) donne à voir une multitude de reflets en fonction de la lumière. Elle permet aussi de débattre en famille le dimanche midi (pour changer de la politique) sur le fait que cette couleur soit verte et qu’elle se nomme « Bleu ». Si vous voulez, elle est verte avec des reflets bleus. Mais c’est tout. Dans mon entourage, elle a fait l’unanimité, tant pour ceux qui aiment les couleurs tristes (comme le noir ou le gris) que pour ceux qui aiment les couleurs flashy (comme le vert Kyalami).
Le système multimédia complètement merdique
On parlera des autres qualités de la Peugeot 308 SW Hybrid plus tard. On va poursuivre par ce qui me gonfle profondément dans une voiture à 52 480 € : un système multimédia pourri. Ça me dépasse totalement qu’une voiture aussi chère ne propose pas un service minimum acceptable. En connectant mon smartphone pour afficher Android Auto, je pense que tout roule.
Puis je vois que mon application Coyote déconne. Comme sur les Ford et sur … la Citroën C5 X. Après quelques kilomètres, Google Maps se déconnecte. Et j’ai cet écran qui reviendra continuellement durant mon essai.
J’ai testé avec 3 câbles différents. Toujours une déconnexion. Parfois en lien avec les aspérités de la route, parfois sans aucune raison. Me plaignant de ce problème sur Twitter X, un commercial pour une marque de Stellantis m’a confirmé ce problème généralisé sur tous les véhicules récents. Donc Stellantis, le 3ème groupe mondial en chiffre d’affaires (2022), dote toutes ses bagnoles d’une connectique merdique. J’essaye de comprendre le projet et je me rappelle de l’âge moyen d’un acheteur de voiture neuve : 55 ans. Et à 55 ans, il semblerait que majoritairement, on s’en tape d’utiliser Android Auto dans son auto. D’ailleurs, mon père de 72 ans qui roule en 308 (II) s’en fout puisqu’il se sert de l’immonde GPS natif. Ce conflit de générations.
Android Auto ou Bluetooth, même galère sur la Peugeot 308 SW Hybrid
Je n’en démords pas, à 52 480 € (dans cette finition « GT » et avec quasiment toutes les options), un système qui déconne autant, c’est rédhibitoire pour moi. Déjà que ça l’était sur une MG4 à 36 640 €. Mon record avec Android Auto en fonctionnement aura été de 60 km. J’en étais là. Réduit à performer sur l’autonomie d’un système multimédia. Même quand j’ai voulu abandonner et passer sur le Bluetooth pour écouter mes podcasts ou Spotify, j’ai continué de galérer. Il faut fouiller dans les menus pour l’activer et cela à plusieurs reprises pour que l’opération réussisse. Sans parler des raccourcis débiles pour d’autres fonctionnalités comme les aides à la conduite et la caméra 360. Evidemment, l’écran tactile ne m’a pas aidé car il est aussi incapable d’être fluide. Lorsqu’on est dans certains menus, on ne peut plus cliquer sur les icônes tactiles.
L’écran tactile infernal
Pour la climatisation, deux touches physiques permettent de l’enclencher et de l’éteindre mais pour la régler, bienvenue en enfer. Tout se fait sur cette dalle de 10 pouces (et de 10 millions de traces de doigts) et on ne s’y retrouve jamais. Même après 6 jours d’essai. Et ce message « découvrir le système » à chaque démarrage, s’affiche comme une provocation supplémentaire. Pire encore, le chauffage des sièges et du volant (enfin à une chaude température par rapport à beaucoup d’autres constructeurs) s’active par des sous-menus. Tout comme les massages. Tout ce temps passé à regarder l’écran diminue clairement votre espérance de vie. Avec les différents modes (lombaires, dorsales, vagues, serpent, etc.), vous mourrez détendus.
La vie à bord de la Peugeot 308 SW Hybrid
Contrairement à la C5 X, la 308 SW m’apparait comme plus moderne, plus jeune dans son habitacle. Si son écran est aussi nul, il se pare de couleurs et d’un environnement plus appréciables. Un peu comme le tableau de bord mais ce n’est pas la bamboche non plus. Comme aussi pour les sièges, plutôt confortables dans le maintien mais pas totalement dans le toucher. Malgré les réglages électriques, je n’ai jamais réussi à sauvegarder la mémorisation de ma position. Ces sièges laissent sceptiques. D’autant plus que les appuis-tête (exactement comme dans la 508 SW PSE) m’ont gêné par leur inclinaison trop abrupte vers mon crâne.
À l’arrière, les passagers sont bien installés et même celui du milieu aura de la place pour ses jambes et sa tête. Le coffre de 548 litres offre le volume attendu pour un break de ce segment. Il perd 60 litres à cause des batteries mais on peut y loger, sous le plancher, le câble pour la prise domestique.
L’excellente insonorisation chez Stellantis
Pour les finitions, les matériaux sont corrects mais parfois limites. D’ailleurs, on constate quelques bruits parasites sous les sièges ou les contre-portes. La malheureuse contrepartie d’une excellente insonorisation. Car décidément, si Stellantis détient la palme des écrans lamentables, ils savent parfaitement insonoriser leurs automobiles. À chaque fois, je le constate. J’avais remarqué cela avec le pare-brise feuilleté/acoustique de l’Opel Mokka-e et cette qualité si chère à mes yeux oreilles reste présente essai après essai. Même à 130 km/h, aucun bruit de roulement ou d’air. De ce fait, et un peu comme dans les voitures électriques, on focalise bien plus sur les sons dans l’habitacle. En parlant de son, les 10 haut-parleurs Focal donnent satisfaction avec une sono honnête sans être bouleversante. Pas de bouton mute sur le volant mais il faut appuyer une seconde sur le « – » pour lui couper la chique.
La conduite plaisante
L’autre bonne qualité de cette Peugeot 308 SW Hybrid provient de la conduite. Celle en C5 X m’avait fortement déplu avec ses suspensions bien trop souples. Là, on retrouve ce qu’on aime chez Peugeot. Un super châssis qui donne envie de profiter. À cela s’ajoute le fameux petit volant qui procure des sensations décuplées sur les petites routes. Je conçois totalement qu’il ne s’adapte pas à tous et notamment avec les compteurs juste au-dessus. Il m’a fallu le mettre au plus bas pour les voir avec l’impression qu’il tombait sur mes genoux. On se croirait dans une borne d’arcade de jeux vidéo avec cette position de conduite.
On a envie d’envoyer bien plus qu’en C5 X car il semblerait que la 308 le permette. C’est le cas, dans une certaine limite, pour ne pas dire une limite certaine. On gagne 0,2 seconde pour atteindre 100 km/h en 7,6 secondes mais le couple reste identique, de 250 Nm à 360 Nm en fonction de la charge. De quoi largement s’insérer et doubler avec facilité. Pour autant, le mode sport, qui durcit la direction notamment, perd en motricité avec un train avant qui ne suit pas la boîte e-EAT8 (toujours en galère sur certains rapports à faible vitesse). Ou l’inverse. Ou les pneus Michelin Primacy. Quoi qu’il en soit, avec les 225 chevaux, on peut s’amuser mais sans aller bien loin (autonomie des batteries).
L’hybridation convenable à rouler mais exécrable à visualiser
Comme écrit précédemment, nous avons la même motorisation hybride rechargeable dans la 308 que dans la C5 X. Un moteur essence 4 cylindres 1,6 l de 180 ch et un moteur électrique de 110 ch. Soit 225 en cumulé puisque les comptes ne sont jamais bons, Kévin. À l’usage, c’est appréciable. On débute toujours en 100 % électrique (pour respecter les normes de pollution) et il faut avoir le réflexe de changer le mode pour passer en hybride et exploiter la machine comme il se doit. Avec la fonction « brake », c’est le minimum du minimum et on regrette la conduite à une pédale du Nissan Qashqai.
Les recharges de la Peugeot 308 SW Hybrid
Pour la première fois, tout a fonctionné immédiatement (ou presque, en 5 secondes) quand j’ai branché cette hybride rechargeable aux bornes publiques avec le câble 7,4 kW. Je le sais car j’ai vu la lumière verte clignoter. Autrement, si on veut savoir ce qu’il se passe sur l’écran, on peut chercher pendant longtemps car rien n’est intuitif. Il faut éteindre puis rallumer la voiture et espérer que les affichages de démarrage puis du niveau d’huile disparaissent avant d’avoir enfin une information sur la charge. Tout comme la connectique défaillante avec la prise USB, je ne comprends pas qu’un système soit aussi mal pensé alors qu’il s’agit d’une hybride rechargeable. On voudrait connaître facilement le temps restant de charge. C’est tout.
Par miracle, j’ai donc réussi à entrevoir 1h55 sur les compteurs avec une recharge sur une borne et 5h30 sur une prise domestique. Je trouve cela correct. Même si on revient encore et toujours sur le même sujet : un PHEV n’a de sens que si on recharge quotidiennement. Et face à une Tesla Model 3, le PHEV n’a aucune pertinence finalement. Surtout quand on compare le prix et les prestations. Même ceux qui réalisent des longs trajets de temps en temps. Prenez un café pendant 15 min et repartez.
Les consommations en Peugeot 308 SW Hybrid
En rechargeant régulièrement, on peut donc tomber à 0 l/100 km en 100 % électrique. J’ai presque atteint la norme WLTP avec mon score de 58 km parcourus. Il m’a manqué 1 km pour y arriver. Sachant que je n’ai pas eu la meilleure des écoconduites et que j’ai surtout fait de la voie rapide à 90 et 110 km/h. Autrement, avec un plein d’essence et des batteries pleines, on peut atteindre 720 km et je trouve ça pas mal comme prédiction pour 40 l de réservoir.
Attention toutefois, mon parcours de 469 bornes érotiques n’aura pas été composé à 50 % d’autoroutes comme en C5 X. De ce fait, ma conso finale aura été plus faible d’1,5 litres avec une moyenne à 4,4 l/100 km. Cependant la 308 étant moins lourde de 40 kg pour un poids de 1 687 kg, je pense que les consommations s’en ressentent. Batteries vides, j’étais à 6,4 l/100 km contre 7,8 en Citroën pour des mêmes trajets. Batteries pleines, à 4,2 l/100 km en moyenne avec un usage péri-urbain et cela durant près d’une centaine de kilomètres.
J’ai testé le e-Save qui permet de recharger les batteries avec le moteur thermique. On crame donc de l’essence en bonne quantité pour cela et ainsi regagner en agrément. Car même si j’apprécie toujours autant ce 1,6 l THP (un peu sonore), on perd beaucoup de puissance à ne rouler qu’avec lui, sans l’aide de l’hybridation.
Les aides à la conduite et ces détails qui m’agacent
J’avais souvenir d’aides à la conduite totalement inadaptées dans la C5 X. Notamment le régulateur adaptatif. Ici, je l’ai moins utilisé et je n’ai pas noté de défauts majeurs. Contrairement à l’aide au maintien dans la voie qui semble toujours aussi en ébriété. C’est con d’être bourré quand on doit prendre le volant. Surtout avec ces à-coups en permanence. J’ai préféré le désactiver en passant par des menus chiants dans l’écran.
La caméra 360 s’active automatiquement en marche arrière et on peut jouer sur les différentes caméras pour bien visualiser son stationnement. Un gadget que j’apprécie toujours autant malgré un gabarit bien compact pour cette 308 SW.
Continuons et finissons avec tous ces détails chiants. Le toit ouvrant et à peine panoramique tellement il est petit. Le volet occultant de celui-ci s’ouvre électriquement mais se ferme manuellement. Je ne comprends pas la mesquinerie. De plus, il n’est pas séquentiel donc on reste le doigt en l’air le temps de l’opération. Pour démarrer ou éteindre le moteur, il faut exercer une forte pression sur la pédale de frein et aussi sur le bouton start. Sous peine de ne pas y arriver. Les clignotants émettent un son de beatboxer amateur. La centralisation automatique en s’éloignant du véhicule émet un bip bien trop bruyant qu’on ne peut pas désactiver. Tout comme celui du coffre quand il se referme électriquement. Comme un camion qui recule. Et si tu recules.
La fin (de Stellantis pour moi ?) de l’essai : la conclusion
Après la Citroën C5 X qui s’adressait aux vieux, la Peugeot 308 SW Hybrid se destine aux moins vieux. Mais toujours aux vieux qui s’en moquent d’un écran tactile inadapté et des connexions inopérantes avec Android Auto. Les détails qui agacent n’agaceront peut-être que moi mais ils deviennent rédhibitoires dans leur accumulation. C’est malheureux car l’excellente insonorisation, la conduite plaisante avec ce petit volant et l’hybridation correcte pourraient me satisfaire.
Néanmoins à 52 480 €, j’attends des prestations bien plus qualitatives. Ce qui me dérange le plus, c’est de retrouver tous ces défauts chez l’ensemble des marques de Stellantis. Au risque qu’ils deviennent aussi un jour, rédhibitoires pour leurs acheteurs. Car les vieux de 55 ans de demain sont les jeunes de 35 ans d’aujourd’hui.