Essai Renault Mégane R.S. Ultime, efficace mais sans passion : un dernier tour (sur piste)Environ 15 minutes de lecture
Renault Mégane R.S. Ultime
53 450 €
55 450 €
4 cylindres 1,8 l
Essence
300 ch
420 Nm
Automatique à 6 rapports (EDC)
Traction
5,7 secondes
255 km/h (160 sur le circuit des Ecuyers)
D'une bonne berline compacte
4,36 m
1,88 m
1,44 m
2,67 m
1 426 kg
50 l
600 km (tout pile !)
14,5 l/100 (avec du circuit !)
190 g
19 CV
Pour la dernière fois avec un moteur thermique de 300 ch, la Renault Mégane R.S. Ultime s’essaye au quotidien mais aussi sur circuit. Dans les deux cas, les chaussées mouillées n’auront pas permis de réellement en profiter du fait de pneus semi-slicks réservés aux routes sèches. À défaut, cette berline sportive aura démontré une belle polyvalence. Une introduction qui ressemble drôlement à une conclusion un clap de fin.
Le contexte de l’essai
Les voitures sportives/plaisir roulant à l’essence vont disparaître. Pas toutes, pas les Ferrari, Porsche et autres Lamborghini. Mais celles « relativement » abordables, oui. Entre le malus de 60 000 € en 2024 et la transition vers le tout électrique, il est urgent d’essayer les derniers modèles avant la fin (du monde). Quitte à le regretter en partie du fait d’une météo automnale et pluvieuse. On peut déjà faire ce constat : une traction avec des pneus semi-slicks sur routes mouillées, c’est nul. J’exagère à peine mais on va le voir plus tard. Nonobstant, je me devais de solliciter le parc presse Renault rapidement avant que cette Mégane R.S. s’en aille pour toujours.
Renault Mégane R.S. Ultime : Capri c’est fini
Elle a quoi d’Ultime cette Mégane R.S. ? C’est la dernière produite et tellement la dernière qu’elle n’est déjà plus produite. Seulement 1976 exemplaires (avec une plaque numérotée dans le vide poche). En hommage à l’année de création de Renault Sport. Nul doute que cette Mégane adopte un comportement sportif. Toutefois, avec 1 426 kg, elle ne rivalise pas avec la Trophy-R plus légère de 120 kg. L’Ultime se positionne habilement comme étant toutes options et tout confort. Un confort relatif mais présent grâce notamment à une boîte automatique (EDC6) et aux roues directrices à l’arrière (4Control). Si vous voulez une boîte manuelle et de la radicalité, prenez la Trophy-R. Si vous voulez de la polyvalence et de l’équipement, prenez l’Ultime.
Le prix et le physique
La seule option, sur mon modèle à 55 450 €, se nomme Jaune Sirius. Pour 2 000 €, vous avez la plus emblématique couleur de chez Renault Sport. Elle se partage le titre de plus belle peinture avec l’Orange Tonic. Dans le prix de base à 53 450 € (sans compter le malus de 16 000 € en 2023), vous aurez le droit à de multiples stickers (ou décalcomanies comme dirait @LeStagiaire), des parties teintées en noir (comme la calandre ou les rétroviseurs) et des parfaites jantes R.S. Trophy Fuji Light de 19 pouces. L’ensemble donne ce que j’attends exactement d’une Renault Sport : une superbe gueule. D’aucuns parleront de voitures pour kékés. Je ne pourrais pas leur donner tort. Toutefois, je préfère mille fois une sportive pimpante qu’un sleeper de société.
Merci à Renault de proposer ces teintes vives même pour une Mégane basique. Je l’aimais déjà bien et cette version R.S. Ultime me plaît davantage. Quel que soit l’angle de vue, je suis convaincu. Notamment par les feux avant et arrière ainsi que par l’échappement trapézoïdale chromé. Oui, j’ai dû vérifier les formes géométriques car je pensais que c’était un parallélépipède. Je suis une quiche en géométrie. Et aussi en maths. Et en mécanique. Mais ça, je ne le dis pas car j’écris sur les bagnoles depuis bientôt 150 articles dont 60 essais.
La vie à bord en Renault Mégane R.S. Ultime
Dès l’installation, on perçoit l’environnement sportif avec un repère rouge sur le volant et des beaux sièges baquets Recaro. Ils sont enveloppants et confortables, même sur piste. On regrette toutefois l’absence d’un maintien pour les lombaires, notamment sur longs trajets. On regrette aussi le fait qu’ils ne soient pas chauffants. Pour le reste, on retrouve l’environnement Renault que je commence à bien connaître avec un grand écran vertical de 9,3 pouces. Celui-ci pourrait être plus réactif mais l’organisation des menus permet de faciliter ses recherches. Android Auto fonctionne correctement et on apprécie toujours autant les boutons physiques de climatisation. Les plastiques sont durs mais bien agencés.
Autrement, je suis très client des légers inserts qui changent de couleur en fonction des modes de conduite. Probablement mon côté kéké sans aller toutefois jusqu’aux néons sous les bas de caisse. L’instrumentation numérique de 10 pouces offre une excellente clarté pour les informations sur les compteurs (pas besoin de l’affichage tête-haute pourtant présent) et ceux-ci changent aussi selon les modes. Cependant, sur circuit, on s’en tape car on ne les regarde pas du tout, tout comme la télémétrie. Par ailleurs, on appuie malencontreusement sur les touches du volant mais là aussi, cela n’empêche en rien la conduite engagée.
Les détails qui gênent en conduisant
Justement, les modes de conduite. Pour les changer, il faut appuyer sur un bouton bien trop reculé sur la commande centrale. De plus, on se retrouve en trop grande proximité avec le frein à main électrique. Certes, il doit s’agir d’une question d’habitude mais je trouve l’ergonomie mal pensée. En sortie de péage, à 30 km/h, on veut passer en mode « sport » et on est déçu quand la voiture toussote engageant le verrouillage du frein à main. Un peu pareil pour les palettes au volant. Celles-ci sont trop hautes lorsqu’on positionne ses mains à 9h15. J’ai donc augmenté le volume en appuyant sur le satellite radio (disposant d’un bouton mute/pause) au lieu de monter le rapport. À ce sujet, le système hi-fi Bose est correct, sans plus. Dernier point un peu dérangeant, le levier de vitesses démontre une bien trop grande dureté à l’engagement.
Le confort (relatif) et la conduite
Malgré une fermeté affirmée des suspensions, les amortisseurs à butée hydraulique limitent fortement la casse (des lombaires) en faisant finalement plus de bruit sur les aspérités de la route que de mal au dos. Bien moins radicale que la Civic Type R, la Mégane R.S Ultime reste (presque) confortable. Comme pour toutes Renault avec chaque jour un bruit nouveau, on constate quelques fois des bruits parasites ou de mobiliers. Peu dans l’ensemble contrairement à l’Austral. Les bruits de roulement sont acceptables et l’insonorisation bonne, même à 130 km/h. Peut-être même trop pour l’échappement. Le moteur ronronne gentiment mais doucement.
Les aides à la conduite, sans bip intempestif, s’activent aisément et l’alerte de franchissement de ligne se désactive avec un bouton physique. Le mode « save » correspond au classique « éco » et fonctionne parfaitement en ville. On roule tranquille. Le « regular » donnera plus de tonicité et on notera un changement de mode non-chronologique par rapport à l’affichage en passant du « my sense » d’abord avant le mode « sport » ou « race ». Dans tous les cas, le retour de direction donne une sensation de lourdeur dans les mains et la boîte EDC répond aux attentes. Un peu le résumé de cette voiture. Tout est bien mais sans rien d’incroyable.
La taille parfaite de la Renault Mégane R.S. Ultime
Il me semble que le gabarit d’une Mégane correspond parfaitement à mes attentes pour une berline compacte. On a du volume, notamment aux places arrière avec une assise confortable, autant qu’à l’avant, que ce soit pour les jambes ou pour la tête. On pourra prendre le toit panoramique en option à 600 € pour offrir plus de luminosité aux passagers. Le coffre de 407 litres semble en proposer davantage avec une découpe idéale pour charger des valises ou/et des sacs. Une parfaite familiale avec 300 chevaux sous le capot. La bonne caméra de recul suffit sans avoir besoin d’une 360 car la voiture se manœuvre aisément grâce au 4Control, les roues directrices à l’arrière.
Les consommations élevées et l’autonomie amoindrie
Le plus gros défaut de cette Renault Mégane R.S. Ultime revient à ses consommations. Alors d’accord, les 600 km d’essai sont tronqués avec les 2h sur circuit où on engloutit toujours 29,9 l/100 km car le compteur refuse d’afficher plus. Toutefois, en roulant normalement durant plus de la moitié du temps, je la rends à 14,5 l/100 km de moyenne. Je n’ai jamais été en-dessous des 10 litres. Malheureusement, je n’ai jamais vu plus de 390 km d’autonomie sur le compteur. Ce qui s’avère préjudiciable dans cette catégorie. Sans circuit et avec une conduite parfois sportive, on doit se situer à 11 l/100 km. Soit bien 3 litres de plus qu’avec une Alpine. Forcément, on compare un coupé avec une berline. Mais vous avez l’idée. Enfin j’espère.
Le drame des routes mouillées en Renault Mégane R.S. Ultime
Enfant, en découvrant la F1, je ne comprenais pas vraiment l’importance des montes pneumatiques, notamment en fonction des conditions climatiques. Un peu comme dans les jeux vidéo, je me disais que tout le monde exagérait. Pareil adolescent en regardant les essais autos. Puis j’ai passé le permis et j’ai vu que ça chantait glissait sous la pluie. Maintenant, je roule en sportive de 300 chevaux et exactement comme en Alpine A110 S, avec des pneus semi-slicks, je regrette la moindre goutte d’eau. Ils sont beaucoup trop lisses pour adhérer correctement au sol détrempé.
Ces Bridgestone Potenza S007 (développés pour la Trophy-R) m’ont attristé pendant cinq jours. Par contre, les quelques kilomètres sur routes légèrement asséchées donnaient à voir un potentiel incroyable. Ce qui explique aussi sûrement que je n’ai pas pris un plaisir fou au volant de cette Mégane R.S. Ultime. Sans avoir peur de finir dans le décor, les sensations de conduite stagnaient à 50 % du réel potentiel de la voiture. Peut-être à redemander durant l’été ?
La fête de l’enroulement
Avec une conduite dynamique, on se rend compte que cette Renault Sport se rapproche de la philosophie d’Amel Bent d’une Civic Type R. Puis rapidement, on perçoit les différences. La Mégane R.S. est moins radicale, moins redoutable, moins ultime. Cependant, elle reste particulièrement précise mais enroule plus que la Japonaise. Limite un peu joueuse de l’arrière alors que la CTR n’a jamais envie de rigoler. Encore une fois, la pluie doit entrer en compte dans ces calculs. Sur circuit, j’ai compris comment le transfert de masse peut permettre de faire pivoter la voiture dans les courbes. La Française excelle dans l’exercice.
Le circuit en Renault Mégane R.S. Ultime
On ne change pas une équipe qui gagne apprend. Après ma première expérience en Alpine sur piste, au circuit des Ecuyers, j’ai repris des cours auprès d’Arnaud, pilote instructeur. Cette fois-ci, j’étais accompagné par @LeStagiaire pour se partager la Mégane R.S. (et réaliser les beaux clichés) ainsi que par @Maitremanda avec son beau Puma ST bordeaux de 170 ch. L’article sera à lire sur Hoonited quand il aura fini de parler/proscratiner. Je me venge car il m’a rendu malade avec son pilotage de bourrin en sautant avec ses deux pieds sur les freins et à mettre littéralement des coups de volant. Je regrette mes tours en passager avec Philippe dans sa Lotus Elise, qui lui a compris qu’il fallait être délicat pour performer.
Le circuit des Ecuyers dans l’Aisne (sans la cuisse)
Un mercredi pluvieux de décembre, c’est calme sur un circuit. Dès lors, en plus de ma demi-journée payée 90 € (+ 20 € d’assurance et + 10 € de casque), j’ai pu tourner gracieusement seul sur la piste durant 40 min avant la pause méridienne. De quoi reprendre les bases du freinage dégressif, des trajectoires et du regard à projeter bien loin. De quoi aussi réaliser mes premiers tête-à-queue. Tout simplement, trop de poids à l’avant avec de l’angle dans le volant et encore le pied sur le frein donc l’arrière passe devant. C’est marrant car on est seuls et en sécurité.
Ah oui, j’oubliais de préciser que je me suis mis en mode « race », ce qui déconnecte toutes les aides. Par rapport à mon apprentissage, cela me paraissait cohérent de me tester ainsi. La Mégane R.S. aussi. Celle-ci n’a pas apprécié et à la 3ème toupie, des alertes sont apparues. Probablement un bébé capteur trop secoué. Il aura fallu 4 redémarrages et un nouveau tour de piste pour que tout disparaisse.
Le mode race de la Renault Mégane R.S. Ultime
Bizarrement et surtout vu le paragraphe précédent, c’est plus facile d’apprendre à piloter avec une traction qu’une propulsion. Lors des freinages, le poids appuie sur le train avant et on sent mieux le positionnement des roues motrices pour la reprise des gaz. Je ne suis pas sûr que mon ressenti soit universel mais j’ai apprécié cette compréhension in situ pour le transfert de masse en ayant déconnecté l’ESP.
Le châssis Cup et les freins Brembo de cette Ultime Mégane R.S. performent évidemment sur circuit. Tout comme en mode « sport », on pourra reprocher à la boîte automatique EDC6 de ne pas monter suffisamment dans les tours. Reste la possibilité des rapports en manuel pour atteindre les orgasmes 6 500 tours/min. On pourra aussi reprocher à l’échappement de faire plus de bruit à l’extérieur qu’à l’intérieur. On en voudrait plus dans les oreilles, ce qui est comble pour moi qui suis sensible sur le sujet. Un peu comme avec l’A110 S, on n’entend pas suffisamment les pétarades alors que c’est totalement le cas avec l’A110 classique. La Type R trompait l’ennemi avec un haut-parleur dans l’habitacle.
Le moteur Renault/Alpine
C’est le même moteur 4 cylindres 1,8 l turbo de 300 ch que celui de l’A110 S. La Mégane R.S. Ultime atteint 100 km/h en 5,7 secondes et là aussi, de façon trop feutrée, trop linéaire. On voudrait plus de sensations. Toujours un comble pour moi qui demande de la polyvalence. Je crois que j’attendais plus d’extravagance. Notamment sur circuit. Le bon point, c’est qu’on ressort de là sans mal de crâne ni mal de dos. On s’achemine vers la conclusion en validant les réelles capacités de cette berline sportive à être à l’aise sur plusieurs terrains. Ceux des routes du quotidien mais aussi de la piste.
En conclusion
La Renault Mégane R.S. Ultime relève totalement le défi de la sportive familiale polyvalente. On peut l’utiliser pour rouler quotidiennement, partir en vacances et piloter sur circuit. Tout est possible avec cette dernière Renault Sport. On sera sûrement à la limite de tout, ferme mais pas trop, accessible mais pas trop, rigoureuse mais pas trop. On lui reprochera toutefois une consommation excessive dès qu’on tire un peu dedans, quelques bidules perfectibles ergonomiquement dans l’habitacle et surtout un manque de passion voire même de plaisir du fait (principalement) de routes trempées. Pour autant, avec son équipement complet et son format idéal (places et coffre), elle réussit à être performante sur tous les critères, et c’est vraiment notable pour une dernière.
Toutes les photos de la Renault Mégane R.S. Ultime
Les plus belles sont réalisées par @LeStagiaire
+ Polyvalence affirmée.
+ Vraie familiale sportive.
+ Look parfait.
- Consommation excessive.
- Ergonomie dans l’habitacle.
- Manque de passion/sonorité.