Trip[tyque] nordique : l’essai du serieux Secma F16 (3/3)
Secma F16
23 980 €
23 980 €
4 cylindres 1,6 l
Essence
105 ch
148 Nm
Manuelle à 5 rapports
Propulsion
5,9 s
180 km/h
Toutes petites
2,78 m
1,69 m
1,21 m
2 m
583 kg
26 litres
30 km
5,9 l /100 km (donnée constructeur)
142 g
5 CV
Le Secma F16 se destine à la balade et au circuit en restant cependant relativement exigeant. Le tout avec un permis et à partir de 23 980 €.
Le contexte de l’essai
Après la visite de l’usine l’essai du Fun Buggy, nous voici avec Philippe au volant de l’entrée de gamme chez Secma, le F16. Avec son nom d’avion de chasse américain, nous allons pouvoir expérimenter les différences et surtout ses performances.
Les performances du Secma F16
Le Secma F16 reprend exactement les mêmes caractéristiques mécaniques que le Fun Buggy. Enfin, c’est plutôt l’inverse car le Buggy est arrivé après. Mais bon, dans ma série d’articles, c’est le Buggy en premier. Comme dirait Céline Dion, les premiers seront les derniers. Ou l’inverse. De toute façon, je n’aime pas du tout Céline Dion. Revenons à notre religion du « light is right » et à notre Bible des performances : 5,9 secondes pour le 0 à 100 km/h. Avec toujours le moteur Renault de 105 ch mais 10 kg en moins sur la balance pour en faire la plus légère de la gamme : 583 kg. On notera la monte en Michelin Pilot Sport 2 parfaitement adaptée à la piste et aux freinages appuyés.
Encore plus impressionnant au freinage
Entre les 10 kg en moins et les pneus plus efficaces, la Secma F16 s’arrête en 2 mètres. Ça n’a aucun sens de se stopper aussi facilement. Avec Philippe, le jeu était de faire croire à l’autre qu’on ne voyait pas les panneaux « stop ». En arrivant à 50 km/h, on arrêtait la voiture après la dernière seconde. Complètement bluffant. Avec aussi peu de masse, on défie les lois de la physique et surtout celle de l’inertie. La voiture ralentit tellement à la décélération qu’on a l’impression d’avoir un « mode brake » avec une conduite à une pédale. Certes l’absence d’ABS pourrait jouer des tours mais sur notre parcours de seulement 30 km, ce ne fut pas le cas. Ou presque.
Ça glisse bien un Secma F16 ?
Le Secma F16 s’avère être une voiture exigeante. On y reviendra. Pour l’instant, nous sommes dans un rond-point fermé et Philippe s’exerce à la glisse. Il sait faire puisque toutes ses sportives y passent. Pour un premier essai, rien de convaincant, l’adhérence est trop forte. Autre rond-point fermé, celui-ci avec des belles feuilles automnales sur la chaussée. Un repérage et c’est parti mon kiki ! Une belle glisse avec une moins belle sortie. Notre chance, c’est de pouvoir profiter de tours de manège quasiment à l’infini donc une nouvelle tentative a permis d’arriver à une certaine idée de la perfection. Sur ses bons conseils, j’inscris à mon tour le F16 dans le cercle, je mets un peu de frein, je braque puis je contrebraque en mettant du gaz. Yououhhhh, on glissseeeeee ! Pas des plus faciles mais cependant des plus plaisants. Par contre, dans une courbe bien plus ouverte, je recommence avec trop de vitesse et sous-virage immédiat. Sans ESP, le trottoir se rapproche mais je relâche les freins à temps pour reprendre une maitrise de la direction. Voilà comment se faire peur en Secma. J’ai toutefois évité de salir le siège en serrant bien tous mes sphincters.
L’inconfort de conduite
Malgré des sièges joliment matelassés, le Secma F16 n’offre pas plus de confort d’un Fun Buggy. Toujours du fait de cette coque en forme de baignoire, on ne trouve jamais d’endroit pour soulager sa jambe gauche et encore moins de position pour son talon droit. En effet, on glisse régulièrement sous le pédalier amovible car aucun tapis ni aucune accroche pour placer son pied. À cela s’ajoute que le Fun Buggy et le F16 n’aiment pas trop les grands car on se retrouve avec des yeux au niveau du montant du pare-brise et les genoux bien dans le volant. On rentre en attrapant la barre au-dessus de l’habitacle et on sort après deux ans de yoga améliorant sa souplesse. En passager, c’est pareil. On n’a pas non plus de place pour installer correctement ses jambes et les trois encoches ne conviennent pas pour trouver une posture correcte à ses pieds. On commence à regretter la balade car l’expérience presque douloureuse entache la découverte.
Cheveux au vent
Avec ses compteurs de Dacia Duster, ses trois gros boutons et son filet de rangement, l’intérieur du F16 ne surprend pas après celui du Fun Buggy. On retrouve la même simplicité. Comme celle de conduire avec de l’air en permanence dans cette version sans capote souple, ni toit découvrable et ni portes papillon. Les bruits d’air sont peu présents jusqu’à 110 km/h. Après, avec le vent froid, il faudra la cagoule et le bonnet. À faible vitesse pour les manœuvres, son rayon de braquage redoutable favorisera les demi-tours immédiats.
Le plaisir sur circuit
De mon point de vue, la place d’un F16 se trouve sur circuit. Dans un contexte d’apprentissage et même de perfectionnement, on pourra bénéficier d’une légèreté ultra facilitatrice pour expérimenter la piste. Malgré une direction perfectible, on travaillera aisément les trajectoires avec des beaux points de corde. Attention toutefois au freinage qui pourra arriver tellement plus tard que dans n’importe quelle autre voiture, même une petite Lotus.
Pour les plus experts, le Secma F16 offrira aussi des limites bien lointaines. En effet, sous ses allures de grenouille difforme ou de cyclope biscornu, cette minuscule sportive pourra en dérouter plus d’un. Il n’y a qu’à voir le nombre de tête-à-queue réalisés par des conducteurs trop confiants ou trop incompétents. Le F16 s’expérimente sur la longueur et la maitrise arrivera après de nombreuses heures de vol. Sûrement une de ses grandes qualités, le fait de pouvoir avoir un pilotage progressif avec une voiture qui vous accompagne à chaque étape. Et si vous voulez en sauter une, 180° assuré. Ou bac à gravier. Commencez donc par des circuits avec du dégagement. La bonne nouvelle, c’est que si vous vous plantez, vous n’irez pas pleurer comme avec une GT3 RS. Ou alors, faudra exploser 10 Secma F16 pour arriver au prix de la plus aérodynamique des Porsche 911.
Le prix imbattable du Secma F16
Avec 23 980 € et juste 1 200 € de malus, ce F16 rentre directement dans le top 3 des meilleurs rapports prix/performances du marché. Top 3 pour ne pas dire top 1. Aujourd’hui, strictement aucune voiture neuve ne peut rivaliser avec cette Secma. Alors oui, vous aurez des finitions simplistes à base de plastique et de plastique ainsi qu’une boîte qui mériterait un guidage plus fluide et plus précis. Toutefois, il faut prendre au sérieux cette Secma F16. Clairement, cette entreprise française a un déficit d’image par rapport à Caterham ou même à Lotus. Pour autant, sa fiabilité exemplaire avec des mécaniques éprouvées et sa construction artisanale mais aguerrie donnent de sacrés arguments pour se développer davantage.
Sans parler des consommations (max 7 l/100 km) et des consommables. Vous n’aurez pas besoin de changer les trains de pneus à chaque sortie ni les étriers et les disques de vos freins (de Peugeot 307). Une nouvelle fois, en terme de budget, la Secma F16 a des qualités indéniables.
En conclusion
Le Secma F16 démontre des performances imbattables à ce prix et d’autant plus pour une production 100 % française. Pour un véhicule de balade mais surtout de circuit, le F16 pourra surprendre une grande majorité de pilotes par ses aptitudes sur la piste avec une légèreté redoutable et un moteur approprié à l’ensemble. Toutefois, il apportera moins de rigolade que le Fun Buggy mais son sérieux compensera en partie sa position de conduite inconfortable et sa boîte de vitesses perfectible. Son meilleur argument reste et restera son prix extrêmement attractif dans un marché des sportives abordables qui ne sont et seront plus du tout abordables du fait de malus exorbitants. Le dernier des Mohicans n’est plus Amérindien mais Français.
Toutes les photos du Secma F16
+ Pistarde à prendre au sérieux.
+ Légèreté absolue.
+ Rayon de braquage et freinage exceptionnels.
- Inconfort de la position de conduite.
- Usage limité.
- Boîte de vitesses accrocheuse.