Le Model Y Juniper est la Tesla la plus aboutie de la gamme. Et c’est à la fois très bien et problématique. Tel Jared Leto (6h du mat quoi) je vais vous expliquer ce paradoxe en quelques lignes… Électrisantes ! Allez, lunettes de soleil, costard et explosion en arrière plan, c’est parti !
Il y a une poignée de jours, j’ai roulé 8 heures avec le nouveau Tesla Model Y. Pas suffisant pour en faire un essai, mais assez pour m’en faire un avis. Je n’étais pas seul et @Alananas était mon binôme (vu que le reste de l’équipe « travaillait »). De quoi partager deux visions de 2 utilisateurs de la marque.
Le premier essai, avec des avant/après est déjà paru sur le Journal du Geek et je ne vais pas reproduire la même chose ici. Non, je vais plutôt vous confier ce que j’ai apprécié et pourquoi cet engin peut donner envie de quitter Tesla. Rien que ça. Putaclic ? ben non, vous avez déjà cliqué.

Tesla Model Y Juniper : préambule Hans
Le Model Y a littéralement tué le game de la bagnole en devenant la première voiture électrique à être la voiture la plus vendue au monde, en 2023, toutes motorisations confondues. Cela correspond à 1,23 million d’unités écoulées cette année-là. Un record électrique qui aurait certainement inspiré Claude François et qui a probablement fait pleurer beaucoup de haters du constructeur.
Mais le Model Y est imparfait, comme la conjugaison d’un verbe du 3ème groupe au présent simple. Des défauts qui vont de l’insonorisation au confort des sièges, en passant par la conduite autonome de niveau 2 et le système Tesla Vision.
L’objectif du constructeur a été de maintenir un prix serré tel le Stagiaire dans un jean slim taille 48, tout en ne dérogeant pas à l’équipement pléthorique initial. La version Propulsion est à 45 k€, la version Propulsion Grande Autonomie (la plus intéressante) est à 47k€ quand la version Grande Autonomie à 2 moteurs est à 53 k€. À part Xpeng, il n’y a personne en face à équipement équivalent (j’ai cherché, faut systématiquement rajouter entre 6k€ et 15k€). Rien que ça, c’est fort, sachant que la voiture est produite en Allemagne.








Condition de l’essai et version essayée
Nous avons eu droit à la version Repas Edition pour découvrir ce nouveau Model Y Juniper. C’est exactement la même que la version Grande Autonomie Dual Motor, mais avec de l’Alcantara sur la planche de bord, un petit logo sur le popotin de l’engin, ce même logo lumineusement projeté au sol à l’ouverture des portes et l’option Boost de série, qui réduit le 0-100 km/h de 5 secondes à 4 secondes et quelques. Je n’ai plus le chiffre exact, car tant que la Hygrekpeerf est au-dessus, ça ne m’intéresse pas.




L’essai a duré de 10 h à 18 h, soit la journée d’un stagiaire (ou d’un fonctionnaire, spareil), ce qui est donc beaucoup pour une partie de la population, mais peu pour se faire une idée. Peut-être que nous aurons l’occasion de rouler l’engin plus longtemps dans quelque temps.
Des évolutions, des vraies
Monter en gamme en maintenant le prix se fait de deux façons : vous virez la qualité perçue et augmentez la qualité de conception. Ou l’inverse. Tesla n’a visiblement pas touchééééooo à ce qui a fait le succès du Model Y initial. En revanche, on retrouve plein de trucs mieux.
À commencer par le volant, qui est super agréable quand l’autre était super détestable. Volant qui permet donc de tourner et là encore, il y a une nette amélioration avec un rayon de braquage… correct. Faire un demi-tour avec un Model Y est enfin plus aisé qu’avec l’Evergreen dans le Canal de Suez.
La caméra frontale à grand angle, chauffante et auto-nettoyante, s’il vous plait, afin de ne plus angoisser sur l’inefficacité de Tesla vision dans ces cas.
Les sièges sont nettement plus confortables et ventilés pour l’avant, mais le maintien n’est pas encore au niveau de la concurrence. Tous les sièges restent chauffants comme sur le Model Y initial. Les sièges arrière sont rabattables électriquement en 2 tiers – 1 tiers vaut mieux que 3 tu l’auras. Ce qui signifie que vous pouvez les incliner ou les remonter avec, au choix, les boutons dans le coffre, la tablette de la planche de bord ou l’écran arrière.






Ce qui nous amène à un écran arrière, de 8 pouces tout de même, permettant de régler des choses (l’inclinaison et le chauffage des sièges, la climatisation), de regarder Netflix, Youtube ou Twitch, ou encore de jouer les DJ en choisissant les morceaux musicaux. Notez que 2 appareils Bluetooth distincts peuvent être connectés à cet écran.






L’insonorisation a également été améliorée, de 25% en gros. J’y reviens dans la seconde partie. Mais ce point est important.
À l’intérieur, une bande LED colorée et personnalisable (et désactivable) fait le tour de l’habitacle. Le design extérieur, tel le football, il a chènegé. On a donc droit à une bande LED qu’on avait déjà vu sur le Hyundai Kona, certes, mais surtout sur le MG Marvel R. Et ouais ma gueule, c’est lui le précurseur sur l’écran de la bande LED frontale.
Plus subtil, le retour des pédales a été amélioré. Le One Pedal est plus progressif, surtout lorsqu’on relève le pied, évitant, de fait, le petit à-coup dérangeant de l’ancienne génération. Idem pour le frein que j’ai trouvé plus progressif.






La qualité de la sono est encore meilleure, à condition de jouer subtilement avec l’égaliseur (que j’appelle Denzel Washington désormais).
La finition générale, surtout celle de la planche de bord a (bien) level up un chouïa et la console centrale a été redessinée pour paraître moins cheap (et c’est réussi). Pour avoir mieux, il faut rajouter environ 6-10k€ à équipement équivalent, minimum.
Ce qui ne change pas sur le Model Y Juniper, en mal
Plusieurs points relous sont toutefois restés. À commencer par l’autopilote qui n’était pas disponible sur notre version, car la personne qui l’a eu avant nous s’est faite strikée suffisamment pour le bloquer plusieurs jours. Le fait même d’être puni par le système est devenu un dealbreaker comme le disent les habitants de Tasmanie.

L’autopilote n’a, de toutes façons, pas changé. Pas de volant capacitif, l’obligation de le tourner en ligne droite pour lui dire qu’on est là, bref, nul.
L’autre point qui ne change pas est le temps de recharge interminable. Trente-deux minutes pour faire un 8 % – 80 %. En 2025, c’est beaucoup. Surtout que le 10 %-50 % prend 15 minutes.
Le toit panoramique n’est toujours pas occultant. Le GPS s’est avéré moins efficace pour trouver son chemin que le peuple juif dans le désert.

Ce qui ne change pas sur le Model Y Juniper, en bien
L’application est toujours ce banger d’efficacité et de simplicité. Le frunk est toujours cette dinguerie devenue indispensable pour moi. Les trains roulants et la tenue de route sont une folie.
Les liaisons au sol et la tenue de route sont, je trouve, au top. Il n’y a pas beaucoup de caisses sur le marché qui réussissent à transmettre la puissance au sol sans avoir de ratés. Enfin, le volume général de chargement coffre, sous-coffre est toujours aussi vaste.
L’efficience est encore de la partie. Sortir du 13-14 kWh/100 km sur un VE 4 roues motrices est toujours un bon résultat. Mais d’autres constructeurs y arrivent également. Puis 14 ou 16 kWh/100 km, la différence n’est pas si significative.
Une philosophie Applesque lassante
Tesla est l’Apple de l’automobile : une solution propriétaire et un système fermé aussi efficace que restrictif. Mais alors, quel est le problème ?
Il y a eu un constat : si Tesla est capable de reconnaître une erreur et de revenir dessus, comme le commodo des clignotants ou la caméra frontale, certains points n’ont pas l’air de vouloir changer.
À commencer par l’autopilote, qui va de pire en pire. Pour moi, qui considère la voiture comme un engin pour voyager, c’est devenu rédhibitoire. Ajoutez-y un, GPS reposant sur l’API Google Maps mais avec un léger décalage des MAJ (visiblement), et vous obtenez une solution de navigation certes jolie, mais perfectible.



L’autre point, c’est la vitesse de charge. Les 32 minutes demandées sont trop longues pour quelqu’un qui n’a pas encore de borne à domicile. Trop longues, surtout lorsqu’on a goûté aux 15 minutes de véhicules en 800 V. 15 minutes pour taper le 70 %. Si la courbe permettait de gratter 60 % en 10 minutes, ça irait, mais ce n’est pas le cas.

Il y a une sorte de plafond de verre qu’il sera difficile de franchir pour le constructeur. Et ce ne sont pas les multiples gadgets que l’on utilise une fois par an qui compenseront.
Le hic, c’est que Tesla ne pourra offrir plus sans faire grimper le prix. Et un prix plus élevé la rendrait moins attractive face à une concurrence désormais bien armée.
Il reste le réseau de Superchargeurs, mais là encore, un abo à 10 €/mois permet de s’en servir avec le VE d’un autre constructeur. Puis il y a des alternatives comme Mobilize.
Enfin, il y a un marché de l’occasion bien fourni et nettement plus abordable. Certains diront qu’on ne compare pas le neuf et l’occasion, ils sont vieux dans leur tête. Car, dans les faits, le marché de l’occasion en électrique signifie des voitures sorties de LOA, avec 50 000 km au compteur grand max, et donc un SOH de batterie proche des 100 %, des freins probablement jamais utilisés et, au peer du peer, des pneus à changer.
Bref, nous ne sommes plus en 2023 et il y a désormais du choix, beaucoup de choix.
Verdict : la meilleure Tesla n’est pas pour tout le monde
Le Model Y Juniper est, de loin, la meilleure proposition Tesla sur le marché. Si le Model Y original vous faisait de l’œil, vous serez forcément convaincu par la nouvelle monture, sous réserve que le style vous plaise.
En face, à ce tarif, le Model Y trône toujours comme le meilleur rapport qualité-prix. Il y a bien le Xpeng G6 qui semble prometteur sur le papier (et qui a rendu fou le Novichok, ce qui le rend d’autant plus désirable). Pour le reste, il faudra rajouter entre 6000 et 10 000 euros à l’achat et 10€/mois d’abonnement pour avoir une alternative aux superchargeurs.
Est-ce que ça vaut le coup de passer du Model Y première génération au Juniper ?
Honnêtement, non. Le Model Y Juniper n’apporte pas de game changer, d’évolution significative suffisamment forte pour justifier un tel écart. Sous réserve évidemment que votre Model Y ne soit pas rincé, évidemment. Pour être passé de l’ancien au nouveau, puis à l’ancien, je n’ai pas ressenti de motivation à changer.
D’un autre côté, le Model Y Performance Juniper n’a pas encore été révélé. Il n’est pas impossible d’y voir implanté les suspensions adaptative du Model 3 et, soyons fous, des freins adaptés à la puissance.
Quel Model Y Acheter là, maintenant, tout de suite ?
En voilà une question aussi bonne que la… En voilà une question ! alors parlons moula, parce que c’est la guerre du nerf.
À l’heure d’écriture de ces lignes, le Model Y d’ancienne génération est bradé. Outre une année de Superchargeur gratos (et sans limite d’après les infos obtenues), la différence de prix est violente, selon que vous soyez acheteur ou loueur. Prenons ces deux Model Y Propulsion Grande Autonomie dans la teinte Novichok, regardez les mensualités. Visiblement, nous sommes proches.


D’un côté, vous avez une location avec option d’achat de 60 mois (pour 10000 km par an) sur le Y Juniper. Le coût total de la voiture achetée à la fin s’élève à 60 848 euros.
De l’autre, vous avez un crédit sur 72 mois pour l’ancienne génération. Ce crédit à 0,99% de taux d’intérêt revient à 1461€. C’est que dalle pour un crédit, auto ou pas d’ailleurs. L’ancien Model Y vous revient alors à 49 501 euros.
Sur 60 mois, le crédit passe à 821€ mensuels. C’est énorme, puisque pour une telle somme, vous pouvez louer un vaste appartement parisien de 13m2 au dessus d’un bar, dernier étage sans ascenseur et WC sur le palier, ou une maison de 150 m2 en grande couronne, mais il faudra alors disposer d’une voiture. Le serpent qui, tel Marilyn Manson, se mord la queue.
Donc j’aurais tendance à opter pour l’ancien Model Y. Mais tout n’est pas si simple dans la finance, comme le dirait le philosophe et youtubeur Kervielito.
Tesla ne veut pas de l’ancien Model Y, qui se coltine une LOA avec une valeur de reprise aussi importante que la nouvelle. « Achetez là, ne la louez pas ! » Tel est le message du constructeur. Pour preuve, l’apport minimum est de 2000 euros (contre 250 pour le Juniper). La valeur résiduelle est quasi identique (500 balles de moins pour le Model Y ancienne génération), et le loyer plus élevé de 5€ pour l’ancienne version.


Il y a bien le crédit auto, mais vous passez sur un taux d’intérêt à 7,35%, soit un coût, pour une durée de 72 mois (ouais, le coût d’un crédit s’établit sur sa durée) de 11 513 euros. C’est beaucoup, trop !
Chacun fait selon ses moyens. J’aime bien la LOA lorsque la VR (valeur de reprise) reste cohérente avec le marché et le delta avec le coût d’un crédit n’est pas trop élevé. Ça laisse une marge de manoeuvre à la fin. Mais le crédit permet, lui, de vendre la voiture quand on le désire sans avoir à la racheter à l’organisme de financement avant.