Le Toyota RAV4 hybride rechargeable propose deux visages totalement opposés entre une conduite douce en 100 % électrique et un moteur thermique plombé par la fameuse boîte CVT et des pneus inadaptés au gabarit et à sa puissance de 306 ch.
Marque et modèle | Toyota RAV4 |
Version/finition | Hybride rechargeable « Collection » |
Prix du modèle essayé | 64 950 € |
Kilomètres parcourus | 386 km |
Consommation constatée | 2,4 l/100 km avec 80 % des trajets rechargés |
Type de moteur | 4 cylindres 2,5 l de 185 ch + 2 moteurs électriques de 180 ch |
Puissance | 306 ch |
Couple | 510 Nm |
Boîte de vitesses | Automatique (CVT) |
Transmission | Intégrale |
Poids à vide | 1 910 kg |
Accélération (0 à 100 km/h) | 6 s |
Vitesse maximale | 180 km/h |
La fiche technique complète (bientôt) |
Le contexte de l’essai
Chez Hoonited, on connaît déjà le RAV4. Enfin @LeStagiaire l’a testé sous le nom d’Across, son sosie chez Suzuki. Il avait été emballé par ce SUV PHEV pour ses consommations, ses performances et ses suspensions. Au point de s’interroger sur le fait d’acheter cette voiture fonctionnelle pour trimballer sa famille. Au final, son choix se portera sur une Tesla. À raison, selon moi.
Pour l’essai de ce RAV4, c’est exactement la même bagnole que l’Across mais avec toutes les options. Car je ne suis pas un vulgaire stagiaire et que j’ai des goûts de luxe, comme une (excellente) caméra 360 et un (parfait) toit panoramique ouvrant (en option à 1 300 €).
Un look sympa malgré une couleur de société
Depuis plusieurs années chez Toyota, les designers trouvent toujours la juste limite pour le style de leur gamme. Il apparaît moderne sans trop d’exagération avec des arêtes (y en a pas dans le bifteck) saillantes ou des feux interminables. Le RAV4 ne fait pas exception et il offre un look sympa pour un gros SUV. Il s’en sort d’autant plus qu’il bénéficie d’une couleur normalement réservée aux voitures de société : le blanc. Celle-ci se nomme Blanc Lunaire Nacré et s’accommode élégamment avec les nombreuses parties en noir laqué. Les jantes Kalleïs de 19 pouces me rappellent celle des Lambo en forme de marteau donc encore un bon point. Finalement, c’est simple et somme toute efficace.
La vie à bord du Toyota RAV4 hybride rechargeable
On va continuer dans l’habitacle avec là aussi des habitudes qu’on retrouve dans de nombreux véhicules japonais. L’ergonomie pour le conducteur. Clairement pas l’intérieur des plus attrayants mais on y prend rapidement ses marques. On s’étonne immédiatement des énormes boutons de climatisation. Je gueule suffisamment contre les réglages tactiles pour ne pas signaler ce fonctionnement datant des années 90/2000. Petite particularité rigolote, il détecte la présence ou non d’un passager et lance la clim uniquement pour le conducteur si celui-ci est seul. On peut évidemment modifier ce paramétrage avec un bouton. D’ailleurs, on en trouve partout des boutons.
On regrettera qu’il manque le mute sur le volant et surtout le mauvais emplacement (un cas isolé) du bouton pour la caméra 360. Il se situe derrière la gauche du volant, en bas. Quasiment inaccessible aisément alors qu’avec 4m61, on voudrait l’avoir immédiatement sous la main. D’autant plus que cette caméra s’avère idéale pour les manœuvres grâce à sa résolution et à ses indications. Sinon, le levier de vitesse est agréable à la manipulation.
Pour la sono, les enceintes JBL (avec 9 haut-parleurs) me rappellent la mienne, portative. Pas forcément le meilleur son du monde, mais satisfaisant. L’écran tactile de 10,5 pouces manque de réactivité et propose des menus basiques et pas toujours fonctionnels. Comme notamment la consommation qui n’affiche pas les l/100 km si on roule en 100 % électrique. Pour les relevés, j’ai dû comprendre sa logique. On regrettera surtout l’absence d’Android Auto sans fil. C’était bien la peine de me payer un nouveau smartphone pour me retrouver à le brancher.
Les bips, toujours plus de bips
Les voitures de 2024 bipent tout le temps. Parfois, c’est facile à désactiver comme notamment chez Renault/Dacia. Parfois, c’est pire que tout comme dans ce Toyota RAV4 hybride rechargeable. Je connaissais le bip de survitesse, mais dorénavant, j’ai découvert le bip de changement de limitation de vitesse. Notamment comme par chez moi, où on passe de 20 à 30 puis à 50 km/h en 700 m. Donc j’ai un bip à chaque fois. De quoi devenir cinglé.
Pour les couper, il faut passer par les compteurs numériques personnalisable de 12,3 pouces et cliquer à 5 reprises pour supprimer le RSA (pas le truc pour les pauvres hein, mais le Road Sign Assist) qui lit les panneaux de signalisation. À faire après chaque démarrage, histoire de finir fou. Ou de travailler sa résilience. D’autres fois, ça sonnait mais je ne cherchais même plus à savoir pourquoi. Rien à redire sur le régulateur adaptatif. Ni sur les équipements, tous complets, heureusement à 64 950 €.
La réussite du 100 % électrique
En 100 % électrique (son côté pile), on retrouve un peu d’apaisement. Avec une fluidité dans la conduite et sans bruit parasite. Malgré du plastique dur, on constate aussi beaucoup de plastique moussé qui pourrait absorber les éventuels bruits de mobilier même si l’assemblage semble nickel. Les suspensions s’adaptent correctement aux irrégularités de la route.
Comme souvent avec les PHEV et si les batteries sont chargées, on démarre et on poursuit en électrique. Avec deux moteurs sur le train arrière pour une puissance de 180 chevaux, la conduite s’apprécie dans le flot de la circulation. Même pour doubler et malgré 1 910 kg sur la balance, le RAV4 déroule gentiment. Il manque toutefois un mode brake pour conduire avec une seule pédale. Je trouve ça (presque) rédhibitoire sur une hybride rechargeable. On a des palettes pour mimer vaguement cette fonctionnalité mais elles font un bruit de claquement complètement à l’opposé de l’effet escompté.
On pourra atteindre les 75 km d’autonomie (comme en Eden Méhari !) grâce à la batterie de 18,1 kWh. Pour la recharger sur une prise domestique, cela prendra 10h. C’est long. Avec une borne 7,4 kWh, on tombera à 2h35. C’est moins long mais ça reste finalement long. Surtout quand on compare avec une voiture 100 % électrique comme au hasard (non), une Tesla.
Le drame (encore et toujours) de la CVT
Car si on apprécie la conduite en 100 % électrique, on regrette quand le moteur 4 cylindres 2,5 l de 185 ch vient prendre le relai pour un fonctionnement hybride (son côté face). Déjà ça commence à vibrer. Légèrement. Mais suffisamment pour le remarquer. Et aussi parfois quand la batterie se recharge à la décélération. Puis quand on veut accélérer avec les batteries vides, on se rappelle que cette Toyota est dotée d’une boîte CVT. Toujours cette bobine qui se tire et qui hurle de souffrance. Surtout si on veut exploiter les 306 ch cumulés.
Certes, sur une Swift de 83 ch, la CVT s’adapte totalement aux embouteillages et à la ville. Mais sur une caisse avec autant de puissance, cela ruine totalement l’agrément. Pour limiter la casse, on passera en mode sport. Comme tout braille dans ces conditions, on perçoit moins le problème. Cependant, on en découvre presque un autre avec un comportement peut-être trop joueur à mon goût. Comme si la voiture décompensait totalement à se prendre pour une GR86. Plus propulsion que transmission intégrale. On pourrait s’amuser si les pneus n’étaient pas aussi mauvais.
Mauvais pneus et roulis permanent
Des Yokohama Avid GT à déconseiller absolument. Déjà, ils crissent dès 20 km/h dans un rond-point. Le moindre appui dessus questionne immédiatement ce choix sur un SUV aussi gros et aussi vigoureux. On rappelle que le 0 à 100 km/h se réalise en 6 secondes. Alors oui, en ligne droite. Malgré une direction précise, je ne voudrais vraiment pas enchainer des chicanes ou des courbes serrées. De toute façon, le roulis instantané et permanent empêche de se projeter dans ce genre de conjonctures. Cela en devient vraiment désagréable au quotidien alors qu’on est bien installé (contrairement à la Mercedes CLE) dans les sièges chauffants (ainsi que le volant) et ventilés même si on manque de maintien latéral, toujours à cause de ce roulis. On se croirait dans une Américaine pour uniquement les voies rectilignes (comme le Nissan Qashqai).
Toyota RAV4 hybride rechargeable : le SUV familial (idéal ?)
Dès lors, on prendra le RAV4 pour ce qu’il devrait être principalement : un SUV familial. L’habitabilité aux places arrière offre un espace généreux pour trois occupants. Ils auront de la place pour les jambes et pour les têtes (même s’ils ont plusieurs têtes) et c’est tant mieux vu le gabarit de l’auto. Pour le coffre, cela sera du même acabit avec 520 litres. De quoi se rendre à la déchetterie sans souci, surtout en baissant les sièges facilement. Par contre, on ne pourra pas verrouiller la voiture en fermant le hayon électrique. C’est (très) con.
Puis si on parle consommation, on aura aussi un outil pertinent avec l’hybridation. Evidemment, en rechargeant régulièrement, on trompe les comptes mais je n’allais pas me gêner d’en profiter. Après presque 400 km et grâce à 80 % des « trajets rechargés », j’obtiens une moyenne de 2,4 l/100 km. Autrement sur mon trajet habituel vers le boulot avec de la voie rapide et de la ville, on obtient un respectable 5,8 l/100 km. Encore faut-il attendre que le compteur passe son menu de recharge pour enfin indiquer la consommation du dernier trajet, soit plusieurs secondes après la coupure du contact. Il faudra tester sur un long trajet autoroutier pour un meilleur jugement. Même si à 130 km/h, on commence à bien sentir entendre les bruits aérodynamiques qui s’atténuaient à 110 avec une insonorisation correcte limitant la résonnance et les bruits de roulement. On aura 800 km d’autonomie.
En conclusion
Comme souvent chez Toyota (et chez les Japonais), on appréciera l’hybridation et notamment les trajets en 100 % électrique malgré l’absence d’un mode brake pour un PHEV. Ce RAV4 pourra convenir aux familles avec une habitabilité correspondant à son gabarit de SUV. Les suspensions parviendront à gommer les défauts de la chaussée. Cependant, les bips difficilement désactivables, le roulis constant, la boîte CVT criante et les pneus de piètre qualité ruineront tout agrément. Il lui restera un look sympa et son équipement.