Essai Volvo V60 Cross Country micro-hybridée : évidemment plus routière qu’aventurière
Volvo V60 Cross Country
61 250 €
71 780 €
4 cylindres de 2 litres
Diesel
197 ch
420 Nm
Automatique à 8 rapports
Intégrale
8,2 s
180 km/h
Bonnes
4,78 m
1,85 m
1,50 m
2,88 m
1 924 kg
71 l
1 893 km
6,5 l/100 km
155 g
11 CV
La Volvo V60 Cross Country reste avant tout un break avec une motorisation diesel pour accumuler les kilomètres malgré ses airs de baroudeur. Voici son essai durant 15 jours et 1 900 km.
Le contexte de l’essai
De moins en moins de constructeurs valident des demandes de prêts sur des longues durées (plus d’une semaine) et avec un kilométrage illimité. Volvo fait donc partie des exceptions et m’a donné son accord pour profiter du V60 Cross Country pendant deux semaines de vacances à Arcachon. En effet, quoi de mieux pour tester un break diesel que de partir loin et longtemps ? Merci donc à Volvo de jouer le jeu du prêt longue durée. De cette façon, aucun détail ne devrait m’échapper.
Volvo V60 Cross Country : un break avant tout
Les breaks, c’est bien. Ce type de carrosserie donne souvent satisfaction entre le comportement routier proche d’une berline sans les inconvénients des SUV. Notamment en terme d’habitabilité. Pour autant, ils sont décriés pour le manque d’esthétisme. Comme toujours, ce critère reste propre à chacun mais force est de constater que les Européens et particulièrement les Français plébiscitent le design des SUV qui représentent plus de 30 % du marché.
Quand on pense Volvo, on pense sécurité et breaks. Des breaks de corbillards ou de médecins de campagne. Ou de vétérinaires. Peut-être parfois les trois en même temps. Cependant, Volvo ne propose plus que la V60 en break dans sa gamme 2023. La majorité étant dorénavant composée de … SUV.
Quitte à prendre un break, autant en prendre un avec une particularité : le cross countrysme. Comme son nom l’indique quand on maitrise l’anglais, il s’agit de la traversée de la campagne. Pour cela, la Volvo V60 se dote d’une parure rappelant les Audi AllRoad. Avec des éléments de protection de la carrosserie notamment au niveau des passages de roues et de la calandre ainsi qu’une garde au sol surélevée de 6,5 cm mais surtout : 4 roues motrices. Hey oui, c’est une version pour tous les chemins.
Les 4 roues motrices de la Volvo V60 Cross Country
J’arrête immédiatement le suspense : la photo de couverture est une arnaque pour appâter les lecteurs en mal d’aventures automobiles. Je n’ai quasiment pas exploité les potentielles capacités de tout-terrain de cette V60 Cross Country. Ce ne sont ni l’envie ni les endroits qui manquaient pour le faire. Mais plutôt la crainte de me retrouver tanqué comme un con devant appeler une dépanneuse en lui expliquant : « je fais un essai pour Hoonited.com et cette voiture appartient à Volvo France, merci de me sortir de là ».
C’est assez frustrant, comme pour l’essai du Land Rover Sport Dicovery, de ne pas recourir à l’ensemble des aptitudes d’une bagnole. Les rares fois où j’ai activé le mode « hors-routes », j’étais sur des sols entre terre et sable avec une facilité déconcertante pour les traverser. Et je crois bien qu’il ne servait à rien dans ces situations sauf à passer sur des rapports courts via la boîte automatique.
Peut-être qu’un jour, je serais dans un contexte permettant de tout tester en toute tranquillité. En attendant, j’ai préféré jouer la sécurité en me limitant aux attendus plus classiques, comme notamment le confort routier.
Ma seconde Volvo à l’essai
Je connaissais déjà le segment des « 60 » chez Volvo puisque j’avais essayé la S60 Recharge, la berline hybride rechargeable, qui m’avait bien plu (ligne, autonomie en 100 % électrique et comportement routier) mais qui péchait surtout par des sièges bien trop fermes et un écran tactile catastrophique. Bonne nouvelle ! Ces défauts sont (quasiment) corrigés avec cette version V60 Cross Country. Complétement corrigés pour les sièges. Ceux-ci s’avèrent parfaitement confortables et ne posent aucune difficulté d’assise après des centaines de bornes. En cuir Nappa, ils sont aussi bien chauffants, tout comme le volant brulant, enfin ! Contrairement à de nombreux tièdes. Par contre, au niveau de la ventilation des sièges, nous sommes proches de l’arnaque la plus totale. Du bruit mais aucun air frais pour son renflement brun ou ses lombaires.
L’insonorisation et la sono de la Volvo V60 Cross Country
Restons sur le bruit, comme une majorité des moteurs diesel, le son émis correspond plus à un tracteur qu’à un ronronnement automobile. Sans aucune vibration pour autant, contrairement au Mazda CX-60. Fenêtres ouvertes, il devient vite désagréable. Même haut dans les tours, rien de charmant. Toutefois, fenêtres fermées, c’est une autre mayonnaise. Tout devient plus calme. Presque impressionné par la différence et donc l’excellente insonorisation. Attention tout de même car celle-ci se dégrade sur autoroute. Les bruits d’air se font plus ressentir. Finalement, sans parebrise et fenêtres acoustiques, on n’arrive jamais au niveau du haut de gamme Stellantis. À 110 km/h, aucun souci. Dommage de ne pas réussir à s’en sortir aussi bien à 130 km/h.
Le système audio « Premium Sound Harman / Kardon » avec 14 haut-parleurs (en option à 870 €) de cette V60 Cross Country doit être probablement le même que celui de la S60 Recharge. Allez comprendre, il m’est apparu bien plus agréable et qualitatif. Dès lors, deux hypothèses : ce n’est pas exactement la même sono ou je suis vraiment mauvais au niveau acoustique. Ayant une (grande) sensibilité des oreilles, j’aimais croire que mes évaluations donnaient de la pertinence. Volvo remet donc toute ma vie en question.
La vie appréciable à bord (mais pas pour tous)
On s’installe bien à bord de cette V60 Cross Country. L’intérieur à l’ambiance « anthracite » m’a convaincu immédiatement malgré sa relative austérité. J’aime beaucoup le dessin des ventilations et leur efficacité. Les plastiques semblent qualitatifs. Le gros volant se prend bien en mains et le levier de vitesses s’apprécie au toucher. Vous noterez sa forme et sa transparence surprenante. On dirait bien un plug mais je ne m’y connais pas trop sur le sujet. Les rangements sont nombreux au niveau de la console centrale et on peut poser son smartphone pour le recharger par induction. Ce qu’il ne faut pas faire d’après @LeStagiaire car la chaleur générée par cette technologie s’avère mauvaise pour la batterie du téléphone.
Pour les places arrières, chauffantes elles-aussi, on aura l’espace nécessaire. Sauf, encore une fois sur une S/V60, pour le con au milieu à cause d’un tunnel de transmission/servitude bien trop présent ! Je conteste fermement les propos du camarade JB Passieux disant que ce n’est pas un problème car « j’ai passé mon enfance avec mes deux sœurs à l’arrière de voitures pourvues de ce tunnel et il suffit de placer ses pattes de part et d’autre pour ne pas être embêté le moins du monde ». Sauf qu’une berline et un break doivent pouvoir s’utiliser par 5 personnes ! Et non par 2 adultes et 3 enfants. Nous sommes 5 à la rédaction de Hoonited. Aucun à moins d’1m80. Qui va être le couillon à se retrouver au milieu sans aucune place pour ses jambes ? Sauvons la planète, pensons au covoiturage.
Le moteur diesel de Volvo V60 Cross Country
Peut-être qu’on n’arrivera pas à lutter contre le réchauffement climatique ni à protéger nos poumons avec une motorisation diesel. Car c’est bien un 4 cylindres, 2 litres, double turbo diesel de 197 chevaux qui équipe cette V60. Le moteur est couplé à une micro-hybridation avec une batterie 48V pour aider dans les phases de démarrage et diminution les consommations. Il aurait été bien finalement d’en faire une hybride rechargeable avec plus de puissance. Malgré un couple annoncé à 420 Nm et une accélération en 8,2 secondes pour atteindre 100 km/h, on n’obtient pas suffisamment d’agrément et notamment dans les dépassements. Je vous rassure, nous ne rallions pas le catastrophique pedigree de la Classe C 200d qui manquait totalement de reprise.
Dans les deux, serait-ce un rapport avec le poids ? Avec 200 kg supplémentaires, le Volvo V60 pèse 1 924 kg ! Ce qui ne se ressent pas du tout au freinage qui est excellent mais bien pour doubler. Et pas de mode sport. Ni de mode éco. Uniquement sa propre conduite. Bizarrement, pour s’élancer et pour le quotidien tranquille, ce moteur s’en sort bien. Moins avec le coffre plein.
Le coffre géant
Evidemment, si je prends un break pour partir à deux en vacances, autant le charger. Ce que nous arrivons à faire facilement avec Miss Novichok. On se disait que les 519 litres du coffre n’allait pas suffire donc nous avons basculé aisément les sièges arrière pour passer à un volume total de 1 431 litres afin de réaliser un trajet aller-retour sans jouer à Tetris.
L’occasion aussi de récupérer des bonbonnes de gaz neuves après avoir rapporté les anciennes. Tout ça sans se tracasser. La belle vie en break. Sauf pour l’ouverture et la fermeture électronique de la porte du coffre. Avec le bouton à côté du volant, pas de problème. Avec la clé aussi mais avec le pied, ça a fonctionné que deux fois. Malgré des dizaines de tentatives. Comme si la clé n’était pas assez proche, ce que j’ai aussi constaté pour verrouiller la voiture en touchant la portière du conducteur. Des petits détails agaçant dans le quotidien d’un vacancier surbooké.
L’écran avec Android Automotive
Autre détail agaçant, celui de l’absence d’Android Auto. Donc soit on est un gogo riche avec un iPhone (tacle gratuit, c’est pour moi) et on peut se connecter via Apple CarPlay, soit on est obligé d’utiliser Android Automotive. Il s’agit du système d’exploitation de Google avec notamment Google Maps ou Spotify. Dès lors, pas besoin de brancher son téléphone, il suffit juste de se connecter avec ses identifiants, où se trouve le problème ?
Le problème provient de la facilité d’usage avec Android Auto. On retrouve ses applications directement. Ici il faut les télécharger ou passer par le Bluetooth, comme moi, pour écouter ses podcasts. Le souci résulte surtout de la lenteur du système. En comparaison, celui de la Mégane E-Tech est infiniment plus rapide. Pour cause de processeur plus performant. Donc si on préfère largement ce nouvel écran Volvo par rapport à celui de la S60 Recharge, on aurait aimé un niveau d’exécution efficient. D’autant plus qu’un bug m’a obligé de réinitialiser le système (en regardant un tuto).
L’écran natif
Pour la climatisation, c’est tactile donc c’est nul. On a un raccourci en bas de l’écran de 9 pouces mais il faut accéder à un menu pour tout bien régler. Comme le volant les sièges chauffants. On perd encore une fois les yeux la route des yeux. Par contre, sans bouton mute sur le volant, on peut aisément mettre en pause via le gros bouton central qui arrive pile au bout de son doigt en ayant l’avant-bras droit posé sur l’accoudoir. Les compteurs de 12 pouces donnent les informations nécessaires avec notamment la projection du Google Maps même si j’ai eu toujours tendance à regarder l’écran vertical.
Pour les menus natifs, c’est simple d’utilisation. On trouve ce que l’on cherche même si on constate des choses dysfonctionnantes. Le magnifique toit panoramique ouvrant à 1 530 € (qui se manipule tactilement et facilement) doit déployer son volant occultant à chaque coupure du moteur. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Jamais compris pourquoi. Cela fonctionnait parfaitement dans le Discovery Sport.
La boîte, la conduite, la caméra 360 et les aides à la conduite (oui, c’est fourre-tout)
Autre comparaison avec le Land Rover en défaveur de la Volvo, c’est bien la boîte de vitesses. Cette Geatronic à 8 rapports s’avère trop faignante pour ne pas dire lente. Que ce soit en conduite apaisée, dynamique ou carrément sportive (sans grand intérêt vu la motorisation), elle n’arrive jamais à suivre le rythme du châssis. Là encore, rien de rédhibitoire, mais j’en demande plus. Car cette V60 reste plaisante à conduire au quotidien. On est bien dedans, le confort reste toujours présent grâce à des suspensions adaptées et la direction précise facilite les trajets.
Le rayon de braquage de 11,4 m oblige à s’y prendre à plusieurs fois et la caméra 360° n’aide pas vraiment. La modélisation donne beaucoup de flou et on risque même de faire une jante. Comme celle avant droite bien abimée par les collègues précédents. Ce qui ne m’étonne pas car la délimitation de la voiture n’apparait pas clairement. De mon côté, j’ai eu de la chance car c’est le pneu qui a touché le trottoir lors d’une manœuvre sur une place étroite.
Les aides permettent une conduite autonome de niveau 2 avec le régulateur adaptatif (et aucun limitateur !) qui s’enclenche facilement sur le volant. Par contre, la V60 freine trop brusquement lorsque le trafic ralenti et bip aussi pour un obstacle dans les chicanes. Autrement, les alertes restent peu nombreuses et surtout peu sonores. Une bonne chose comparée aux Hyundai.
Les consommations (sur autoroute)
Avec un diesel, je m’attends toujours à des faibles consommations. Et à du couple à bas régime. Je me trompe sûrement à penser ainsi. Ou alors, j’en demande trop. Ici, après 1 893 km, j’obtiens un consommation moyenne de 6,5 l / 100 km. J’espérais 6 max. C’est sûrement possible mais trop de conduite urbaine avec de multiples ralentisseurs/ralentissements durant mon séjour.
Pour les trajets autoroutiers de 550 km à chaque fois, ça a donné 6,2 l à l’aller et 6,1 l au retour. Et pourtant, on avait abusé sur les glaces et les gaufres durant notre séjour. Avec une conduite plus économe sur l’accélération, on doit sûrement descendre à 5,8 l avec beaucoup de départementales. Reste que les 71 litres du réservoir font bien plaisir pour permettre une autonomie de 1 300 km avec un plein.
Le physique de baroudeur
Comme dit écrit au début de l’article, j’aime bien les breaks et particulièrement le physique de celui-ci. Malgré sa teinte plutôt fade d’un gris champagne « Argent Aurore Métallisé » à 1 000 € ; on s’y habitue bien et ça passe finalement. Les jantes 19 pouces à 780 € complètent pertinemment les chromes et les parties noires sur la carrosserie.
Le prix (abusé) pour cette motorisation
Une grande partie des défauts de cette Volvo pourrait s’amoindrir si l’addition totale n’était pas aussi salée : 71 780 €. Pour un moteur diesel de 197 chevaux, c’est trop. C’est aussi trop pour l’agrément de conduite. C’est trop pour l’ensemble des options facturées. Je mets rarement en avant les prix des voitures mais ici, à mes yeux, on n’en a pas pour son argent. C’est une bonne bagnole mais pas à 71 780 €. Notamment par rapport à la S60 qui dispose d’une hybridation rechargeable d’excellente qualité avec 340 chevaux (le 0 à 100 en 5,2 secondes) pour le même prix.
La conclusion
La liste des défauts ne rend pas forcément compte de l’usage quotidien durant 15 jours de cette Volvo V60 Cross Country. Car oui, elle est trop chère pour ce qu’elle propose en performance. Sa boîte automatique ne suit pas toujours le rythme et l’écran avec Android Automotive ainsi que la caméra 360° n’arrivent pas au niveau attendu. Pour autant, ce break donnerait une base parfaite pour créer une super voiture. Il suffirait de lui ajouter le moteur hybride rechargeable de la S60 et une belle couleur rouge pour en faire un produit pertinent à ce tarif. Cela lui donnerait l’agrément suffisant pour profiter pleinement.
Toutes les photos de la Volvo V60 Cross Country
+ Confort routier.
+ Allure générale.
+ Plaisante à utiliser.
- Prix excessif pour cette motorisation trop faiblarde.
- Lenteur de la boîte automatique et d’Android Automotive.
- Absence d’Android Auto et d’une bonne caméra 360°.