Jaguar Type E ZP Collection, grand-mère sait faire un bon passé
Décidément, ça va devenir un grand classique des constructeurs auto : Jaguar refabrique des Type E, mais pas n’importe lesquelles ! Des neuves, exclusives, en série très limitée, et -vous l’aurez deviné- très très chères. Mais avant de dire du mal d’analyser le phénomène, penchons-nous sur les objets en eux-mêmes : il s’agit donc de 14 Jaguar Type E ZP qui seront refabriquées par Jaguar Classic, sous la forme de 7 coupés et 7 cabriolets.
Mais c’est quoi la Jaguar Type E ZP ?
Quand Jaguar a lancé la Type E, la marque tablait sur une production de 250 voitures, autant vous dire pas des masses. A la fin du salon de Genève 1961, où la Type E avait été présentée, Jaguar avait déjà enregistré plus de 500 commandes. Petite anecdote, la veille de la présentation à la presse, la voiture était encore à Coventry. Bob Berry, alors Public Relations Manager et responsable du lancement de la nouvelle Jag, prend alors la décision de faire un truc très anglais : rejoindre Genève par la route. Il décolle donc de Coventry en soirée, prend le ferry à Douvres à minuit, et enquille, dans le brouillard de mars 1961, le gros millier de kilomètres qui le sépare de la « Capitale de la paix ». Gros road trip, grosse pression, mais réussite absolue. Bien joué Bob !
La Jaguar Type E est ensuite devenue l’icône qu’on connaît, avec un modèle produit à pas moins de 72 528 exemplaires, autant dire un best-seller. Suite logique, Jaguar développe une version de course de la Type E, histoire de capitaliser sur la cote d’amour de l’auto. A l’époque les deux grosses rivales s’appellent Ferrari 250 GT Passo Corto (ou châssis court, ou SWB pour Short Wheel Base…) et Aston Martin DB4 GT, quand même pas de la gnognotte (et les deux sont dans le top 10 des plus belles voitures jamais dessinées).
La course, oui, mais à l’anglaise !
Le but est donc de fabriquer rapidement sept (coïncidence ?) Jaguar Type E roadsters en autos de course. Le nom du projet : ZP. Les petits plats furent donc mis dans les grands : volant moteur allégé, embrayage de course, boîte à rapports rapprochés, nouveaux collecteurs d’admission, taux de compression relevé, équipement mobile renforcé… Les ZP furent vendues aux écuries privées les plus fidèles à la marque deux par deux : une pour courir et l’autre au cas où. La dernière fut vendue à Sir Gawaine Baillie, un noble gentleman driver dans la plus pure tradition anglaise. Résultat, entre 1961 et 1964 les Jaguar Type E sont montées sur pas moins de 24 podiums.
Et les Jaguar Type E ZP versions 2023 alors ?
Chaque paire de ces Type E spéciales est constituée d’un roadster Oulton Blue inspiré de la voiture de Graham Hill, et d’un coupé Crystal Grey évoquant, lui celle de Roy Salvadori. De nombreux petits détails viennent rappeler le passé glorieux des autos : loquets de capot avec sangle en cuir et logo ZP, louvres sur le capot, logo identique sur le bouchon de réservoir, le couvre-capote, la housse de la voiture, et d’autres.
A l’intérieur, la console centrale est personnalisée avec le tracé de la piste d’Oulton Park ou de Crystal Palace, chaque auto a une demi-couronne de lauriers gravée, et quelques petits plaques de ci-de là. Les voitures seront livrées avec des casques d’époque identiques à ceux de Salvadori et Hill fabriqués par Everoak, ainsi que leur petit sac de transport.
La ZP et son XK
Côté mécanique, le légendaire 6-cylindres XK de 3,8 l et 265 chevaux est d’origine, avec quelques aménagements pour le rendre plus vivable, à commencer par un allumage électronique et des ventilateurs électriques. Ce moteur est accouplé à une boîte cinq rapports rapprochés spécialement développée.
Évidemment que c’est un truc de richou la Jaguar Type E ZP
Bon, Jaguar fait encore appel à son passé pour se faire des sous, oui, mais est-ce si grave ? Cela va alimenter la spéculation, oui, mais de toute façon des autos comme celles-là sont dans des sphères de prix tellement élevées que je ne vais pas plaindre les millionnaires qui seront affectés.