Depuis 2017, le 2CV Méhari Club de Cassis propose une offre électrique (R-Fit et Eden) pour ses célèbres Citroën (et Renault) anciennes. Récit d’une journée à (presque) toutes les essayer.
L’invitation du 2CV Méhari Club de Cassis
À la rédaction d’Hoonited, c’est @LeStagiaire qui a reçu l’invitation pour découvrir le rétrofit réalisé par le 2CV Méhari Club de Cassis. Je les connaissais déjà puisque j’avais vu et lu de nombreux reportages à leur sujet. Je trouve l’idée géniale de passer des vieilles 2CV (pléonasme) à l’électricité. Pour autant, je voulais me faire mon propre avis en les conduisant. Dès lors, j’ai demandé à mon collègue si je pouvais m’incruster (une seconde fois, comme avec Smart) durant cette journée au Bois de Boulogne, à Paris.
Je peux déjà vous dire que j’ai bien fait, on s’est éclatés comme des gamins. Je peux aussi vous dire que cet article ressemblera beaucoup à du publireportage. Non pas que j’ai été payé, quoique les petits fours étaient excellents (après c’est vraiment facile de m’acheter avec des petits fours car j’adore ça) (un peu comme les mini-burgers) (ce que j’aime, ce sont les faibles quantités de qualité, tu peux picorer et manger de tout) (sûrement des restes de souvenirs d’enfance le dimanche soir quand ma mère disait que c’était la dinette avec justement les restes de la semaine). Revenons à nos bagnoles pour pointer mon enthousiasme vers cette société malgré l’écueil, et non des moindres, de sa viabilité financière pour les branches R-Fit et Eden.
D’abord le 2CV Méhari Club de Cassis…
Commençons d’abord par raconter l’histoire du 2CV Méhari Club de Cassis. Dans les années 80, l’entreprise personnalise des Méhari puis se spécialise dans les pièces de rechange Citroën. Pour fêter la (première) victoire des Bleus en Coupe du Monde, la marque aux chevrons leur file tout l’outillage nécessaire pour reproduire des pièces de Méhari. Lors du second titre européen des Français, il en est de même pour la 2CV. Pour les nuls en football (comme @Vtyok), il s’agit des années 1998 et 2000.
Voilà comment le 2CV Méhari Club de Cassis devient la référence planétaire pour les pièces détachées. J’en fait un peu trop mais je vous retranscris la jovialité de Stéphane Wimez, directeur général, qui parle de ses projets, avec plus d’humilité que cela, mais avec une grande fierté de développer ses activités entre la fabrication, le reconditionnement, la vente, la rénovation, la reconstruction et surtout maintenant, le rétrofit.
… puis R-Fit
Le business tourne raisonnablement avec des dizaines de salariés mais il est peut-être temps d’adapter l’offre. Je crois que c’est la raison principale de mon exaltation pour ce projet : la tradition et la modernité. La tradition de l’usinage et la modernité de l’électricité. Une 2CV électrique la semaine et une 2CV thermique le week-end. Pareil pour une Renault R5 ou une 4L. De là est née R-Fit, la branche rétrofit.
On rappelle la base : on prend une voiture de plus de 5 ans et on lui colle un moteur et des batteries électriques. On simplifie grandement les problèmes mécaniques, donc les coûts d’entretien, et on peut rouler dans tous les centres-villes du monde, notamment les zones à faibles émissions (de CO2). Sur le papier, c’est super. Dans la réalité, ça coûte cher. Attention. Accrochez-vous. 15 000 €. Pose comprise. Mais d’abord, il faut une 2CV en bon état. Du genre qui passe le contrôle technique. Si ce n’est pas votre cas, vous allez payer 10 000 € pour s’en offrir une. Voire 12 000 € pour les beaux modèles. Y a 20 ans, pour 2 500 €, vous aviez votre exemplaire. Source : Thibault. Oui, vous savez Thibault, ce copain nordiste qui m’a permis d’essayer une 2CV Azam de 1965.
2CV R-Fit par le 2CV Méhari Club de Cassis
Au volant, je retrouve exactement les mêmes sensations d’inconfort. Car oui, j’aime le confort des bagnoles modernes. Je ne parle évidemment pas des suspensions mais bien de l’habitacle. On a un énorme volant avec des commodos fluets/fragiles dont les clignotants semblent agoniser et un levier de vitesses sortant du tableau de bord. La grande différence provient du bruit et de l’odeur. Forcément avec un (petit) moteur électrique, on ne retrouve pas l’odeur d’huile ni le bruit et les vibrations d’un moteur thermique. Par contre, on entend bien le son de la boîte. En effet, pour des raisons d’homologation ainsi que de facilité de conception par rapport au système de freinage, nous avons une boîte de vitesses manuelle. Une première sur une électrique pour ma part.
On démarre en deux, en poussant le levier au fond, on passe la 3ème en tirant vers soi et on prie pour réussir à passer la 4, au fond à droite. Le tout en débrayant ! Toutefois, pas de point de patinage, c’est ultra troublant. J’aime autant que je trouve ça nul de conduire une 2CV. Pour mes attentes, c’est trop rustique et trop incommode. Notamment l’absence de direction assistée. Cependant, si je devais choisir une voiture pour représenter la production automobile française depuis sa création, ça serait la Citroën 2CV, sans aucun débat. Elle reste terriblement emblématique malgré cette nouvelle motorisation.
Le charme de l’ancien ? Le plaisir de la modernité ?
Quelle est la puissance du moteur électrique ? 29 ch. Mettez-y quatre bonhommes dedans dont @LeStagiaire et @Nico. Résultat : 300 ans pour le 0 à 100. Sachant que nous avons pu tout de même atteindre 67 km/h (GPS) sur une route fermée parisienne (oxymore). Le couple immédiat de l’électrique ? Non. Le plaisir immédiat avec les amis ? Oui. En se connectant à l’autoradio Bluetooth et en décapotant le tendelet, on a surkiffé ce moment. On aurait pu continuer 95 km (WLTP) comme ça. Son autonomie max. Dans la réalité, sûrement 80 km sachant qu’on dépasse rarement 35 km par jour en France. Avec sa petite batterie, la recharge ne prend que 3h30 sur une prise domestique. Avec la version camionnette, les artisans/livreurs pourront jouer sur le charme d’un véhicule surprenant et bénéficier d’un accès illimité aux agglomérations.
Coup de foudre pour la Renault R5 R-Fit
On prend la Renault R5 R-Fit et on recommence le petit tour dans la capitale. Une révélation pour moi. Un coup de foudre immédiat. Déjà, on est bien mieux installé dans cette voiture. On rappelle que sa production date de 1972 contre 1949 pour la 2CV. Cette version rétrofitée appartient à la Collection Renault. Elle claque. Entre sa peinture mate, ses stickers, ses jantes et son intérieur aux sièges siglés Alpine, c’est un 10/10.
On retrouve un levier de vitesses plus orthodoxe avec toujours cette 3ème pédale si absente dans les voitures 100 % électriques. La maniabilité s’apprécie et je joue des différents rapports. Un régal pour les sensations. Je m’y voyais trop pour me rendre au boulot avec cette version. D’ailleurs, je compte tout faire pour réaliser un essai complet. Quand je dis tout faire, c’est formuler une demande, hein. On ne parle pas non plus d’une Porsche 911 S/T pour laquelle je pourrais vendre mon cul âme. Peut-être que je trouverais des défauts à cette R5 après plusieurs jours mais les premières impressions furent excellentes. Dans un monde parfait, on pourrait réaliser un comparatif avec la nouvelle R5 E-Tech.
L’Eden chez 2CV Méhari Club de Cassis
Si vous voulez une « vraie » voiture électrique, le 2CV Méhari Club de Cassis a la solution pour vous : l’Eden Méhari. Bon, ce n’est pas une voiture mais un quadricycle L7e (comme le Twizy) qui se limite à 80 km/h. Avec @LeStagaire, on s’enjaillait entre l’hippodrome de Longchamp et les bords de Seine, cheveux au vent. Enfin, plus mes cheveux que les siens. Le volant beaucoup trop grand n’aide pas pour les virages. Par contre, l’écran intégré par Incari donne un côté restomod bien sympa.
C’est sûrement là que le « business model » (j’ai l’impression d’écrire un post sur LinkedIn, butez-moi si je recommence) peut se trouver : la parfaite solution pour les stations balnéaires et les hôtels de luxe. Forcément, à 35 000 € en entrée de gamme, l’Eden Méhari tape dans le marché de niche. Surtout avec une offre de personnalisation aussi complète pouvant monter à 50 000 €. On trouve des versions Quiet Luxury ou des partenariats avec Baak (préparateur moto) ou Tristan Auer (architecte d’intérieur et designer).
Bravo au 2CV Méhari Club de Cassis pour R-Fit et Eden
Le nerf de la guerre reste la rentabilité. Après des pertes investissements, R-Fit atteint la stabilité comptable avec une cinquantaine de voitures rétrofitées en 2023 et pareil pour 2024. Grâce à la logistique et l’expérience du 2CV Méhari Club de Cassis, les projets de ventes en Europe pourraient se concrétiser avec des aides gouvernementales plus souples chez les pays voisins. Dans tous les cas, félicitations à cette PME française (et à ses équipes compétentes et passionnées) de proposer des innovations avec des homologations durement obtenues pour faire revivre un patrimoine automobile mourant. Je préfère mille fois une 2CV électrique sur les routes qu’une 2CV thermique au fond d’une grange.
Toutes les photos R-Fit et Eden du 2CV Méhari Club de Cassis
Les belles photos par @LeStagiaire.