L’essai du T-Roc, le crossover de Volkswagen, mélange d’un SUV et d’une berline, s’est effectué en parcourant les magnifiques routes sinueuses de Corse pendant deux semaines de vacances.
Les vacances en Volkswagen T-Roc
Le projet était de visiter la Corse en louant une Golf. Le bon rapport pertinence/prix car généralement suffisamment puissante pour éviter de passer son temps en première sur les routes de montagne. A l’arrivée, merveilleuse surprise. Le véhicule proposé est un T-Roc 2 litres 150 chevaux avec la parfaite boîte automatique DSG7. Parfaite mais pas si parfaite finalement, on y reviendra. Aussi, pas le choix, les vacances seront studieuses pour préparer la rédaction de cet essai !
Je m’étonne tout de même de me retrouver avec une voiture aussi bien équipée et motorisée. La réponse apportée par l’employée au guichet est celle-ci : le patron de l’agence de location (commençant par un continent et finissant par un anglicisme) serait aussi le distributeur officiel Volkswagen (et Audi) pour l’île de beauté. Cela expliquera les centaines (ou presque) de T-Roc croisés durant le périple. A cela s’ajoutera quelques T-Cross, Tiguan et surtout Arteon Shooting Brake. Qui a déjà aperçu le break de chasse de 4,87 m dans les rues ? Le croiser une dizaine de fois (avec des plaques différentes !) confirma la théorie d’un lien étroit entre loueur et concessionnaire.
Voici pour les propos liminaires et maintenant, on attaque l’essai.
Le physique du T-Roc
Commençons par le subjectif : l’esthétique du T-Roc. Il est équilibré. Equilibré, c’est le mot soutenu pour ne pas dire chiant. On pourrait aussi dire : consensuel. De profil, le T-Roc est harmonieux. De face, il démontre un peu plus de caractère. Vous l’aurez compris, je ne suis pas emballé par son physique. D’autant que la couleur noire est totalement barbante. Alors, certes, pour un grand nombre, le noir, ça fait classe. A mon sens, ça fait ancien monde ! Pour autant, c’est la suite logique du constructeur généraliste : proposer des voitures pour plaire à la majorité. La Golf étant évidemment son meilleur étendard sur ce sujet. On ne change pas une équipe qui gagne, toussa toussa…
La vie à bord du Volkswagen T-Roc
Dès qu’on monte à bord, on comprend immédiatement pourquoi les SUV continuent d’être à la mode. On est extrêmement bien installé notamment pour l’assise de conduite. Evidemment que la hauteur joue sur ce ressenti. Une impression d’être parfaitement positionné ; le touché du volant est lui aussi agréable. Ma version semble celle du milieu de gamme Volkswagen : d’après mes recherches, il s’agit sûrement d’une finition Carat avec l’option toit panoramique et ouvrant pour un total de 42 365 €. A ce prix, tout est bien. Rien n’est exceptionnel mais tout est bien.
Si on connait déjà les modèles de Wolfsburg, aucun dépaysement. Les boutons sont peu ou prou aux mêmes endroits. Et celui du mute/pause sur le volant n’existe toujours pas. Faudra un jour m’expliquer comment aujourd’hui une bagnole à 42 000 € n’a pas ce bouton rudimentaire. Par contre, un autre bouton que j’affectionne grandement est bien présent : celui du « off » pour le chauffage et la climatisation. Il se situe à côté des réglages physiques (et non tactiles dans l’écran central comme on voit parfois) ce qui permet de ne pas (trop) quitter la route des yeux quand on a (trop) chaud ou (trop) froid.
Pour continuer dans les points positifs de l’habitacle : la luminosité. Indépendamment du toit panoramique, la taille des vitres offre une lumière permanente dans le véhicule. Sûrement aussi l’effet ne pas avoir de surteinture aux vitres arrière. Pour revenir au toit, le volant occultant s’active facilement par une simple poussée. Cependant, l’ouverture du toit se fait par une pression constante pendant plusieurs secondes. Ça aurait mérité un fonctionnement séquentiel.
Le coffre
Pendant qu’on évoque les manques : l’option « hayon avec ouverture et fermeture électrique ». Le coffre est tellement haut et lourd que même un haltérophile ukrainien d’1m95 dopé à la créatine et autres anabolisants aurait des difficultés à le refermer. Poursuivons dans la caricature, les SUV sont particulièrement appréciés par les femmes d’après Jean-Michel Ipsos. Selon les sources, la taille moyenne d’une Française oscille entre 1m62 et 1m65. Comment faire pour fermer aisément ce coffre ? Même combat pour les bonhommes. Ce type de véhicule s’adresse aux familles donc quand maman ou papa a le bambin dans un bras, il fait comment en déséquilibre avec son autre bras ? Et ne comptez pas sur moi pour poursuivre le questionnement avec Philippe Croizon.
Même les portières sont lourdes. Notamment quand le T-Roc est incliné en pente ; il faut avoir des bons biceps/triceps pour s’extraire du véhicule. A ce sujet, l’ouverture et la fermeture centralisée s’active par un touché sur la poignée. Ça ne vaut pas une fonction automatique quand on s’approche et on s’éloigne de la voiture. La connectivité s’opère via Android Auto (pour ma part) avec les mêmes dysfonctionnements aléatoires habituels qui ne sont pas dus au T-Roc. Pour ce qui concerne le chargement et le fait de rentrer valises, sacs et autres courses ; le coffre dispose d’un volume de 455 l. La moyenne du segment.
Le poids, ce drame. Le diesel, ce sauveur.
La suite logique consiste à évoquer le principal défaut du T-Roc : son poids ! Son poids qui n’est pas si lourd que ça finalement : 1 378 kg. C’est entre une Polo et une Golf. Pour autant, on sent immédiatement qu’on a affaire à une grosse bête. La mise en action est loin d’être vive. Idem pour l’arrêt. Sous le capot, un 2 litres diesel de 150 chevaux. Ah le diesel. Il a pour défaut de finement filer le cancer et de particules(rièrement) niquer la planète (comme tout thermique) mais quel agrément pour la conduite.
Le couple, mesdames, messieurs, le couple ! T’appuies sur la pédale et t’as 320 Nm de force (entre 1 750 et 3 000 tr/min) qui lancent immédiatement le machin. Et il en faut du couple pour ces routes vallonnées. En Haute-Corse, c’est facile ; aucun autochtone n’a jamais vu de ligne droite. Vous voyez les courses de dragsters ? Un départ-arrêté de 400 m sur une ligne droite. Hey bien, ça n’existe pas des courses de dragsters en Haute-Corse. Ce ne sont que des virages. Des virages qui montent, des petits virages, des virages au soleil, des virages à droite, des virages à l’ombre, des grands virages, des virages à gauche, des virages qui descendent. Et surtout des virages indépendantistes.
Le diesel reste donc coupleux mais aussi verbeux. Rien de bien méchant en comparaison avec des vieilles générations ou des (mauvaises) hybridations comme le Captur ou la Jazz. Cependant, il émet toujours un léger bruit désagréable de … diesel. Fenêtres ouvertes, c’est gênant. En ce qui concerne la puissance du moteur, les 150 bourrins répondent tous présents, aucun ne manque à l’appel. On a l’impression d’en avoir pour son argent.
La meilleure boîte automatique en (léger) défaut
Le T-Roc reçoit la meilleure boîte automatique du marché des généralistes : la DSG7. Cette information péremptoire reste valable jusqu’à preuve du contraire. Toutefois, pour la première fois, la DSG7 est mise à mal. En effet, le poids du T-Roc ainsi que les routes de montagne engendrent quelques désagréments de « broutements ». Pour remédier à cela, une solution : le mode sport ! Les rapports persistent plus haut dans les tours et évitent d’être sur le mauvais. Sans palette au volant, il fallait jouer avec l’accélérateur pour trouver le bon rythme. Si habituellement, je suis dithyrambique sur cette boîte deutsche qualität ; j’ai été légèrement échaudé dans ces conditions.
Attention, ces routes ne représentent aucunement celles de la majorité des français qui vivent en zone urbaine ou non-montagneuse. Malgré cette difficulté, le T-Roc reprend de la légèreté avec sa direction. Celle-ci est ultra précise. Je n’en reviens toujours de la facilité pour placer le crossover dans chacune des trajectoires. Les pneus Michelin Primacy 4 en 17 pouces sont calibrés pour la longévité et le confort. Dès que le rythme augmentait, ils bredouillaient « riprprprrr grruptp » qu’on peut traduire par « nous ne sommes pas adaptés pour le circuit donc arrête de faire le kéké avec ce T-Roc de location ». Aussi, je ne l’ai pas poussé dans ses limites ni dépassé celles de ma chérie à mes côtés.
Le confort du T-Roc
La vitesse moyenne relevée en Haute-Corse est de 30 km/h. Donc finalement, à quoi ça sert 150 ch ? Autant y aller en vélo. Sauf qu’en T-Roc, t’as moins mal aux jambes. Et aux fesses. J’ouvre la parenthèse pour préciser que malgré le millier de lacets et de kilomètres ; jamais je n’ai eu mal aux fesses. Et j’ai les fesses sensibles. Fin de la parenthèse.
C’est aussi appréciable de se rendre à la plage de Roccapina par une route non-carrossée de 5 km en crossover avec une garde au sol surélevée. Tu passes doucement mais facilement. Jamais inquiet de te planter ou d’abimer le plancher. Ce n’est pas une version 4×4 mais elle existe. Autre point appréciable : le rayon de braquage. De 11 mètres, ce qui est totalement dans la moyenne de la catégorie. Il surprend tant il paraît moindre. Difficile à croire, néanmoins, les demi-tours se font en toute facilité avec ce T-Roc. Autre surprise. Le roulis. Malgré son centre de gravité loin des pâquerettes, aucune sensation de roulis dans les virages. Uniquement l’inertie dû logiquement au poids lors des freinages. Celui-ci étant sécurisant si on y met bien le pied.
Une nouvelle surprise, oui, ça n’arrête pas. Le « light assist » : les feux de route passent automatiquement en feux de croisement (et inversement) dès qu’ils reconnaissent une source lumineuse, genre une voiture en face. Une sorte de feux Matrix du pauvre. Particulièrement pratique et même ludique à expérimenter. Ce T-Roc est doté de toutes les nouvelles aides à la conduite dont notamment celle empêchant le franchissement de lignes ; toutefois pas la plus pertinente en montagne avec les successions de virages à l’infini.
La consommation d’un diesel
Les géographes auront compris que le séjour se termine en Corse-du-Sud. Avec là, des lignes droites. Parfois des voies express limitées à 110 km/h maximum. Aussi, je n’ai jamais roulé à 130 sur autoroute. De plus, la montagne n’est clairement pas un élément pertinent pour réaliser un test qui parlera aux usages les plus habituels. Enfin, le mode sport se trouve à l’opposé d’une écoconduite. Tout ça amène finalement à seulement 6,2 litres de moyenne aux 100 kilomètres !! Quelle merveille le diesel ! (Si on ne prend pas en compte les risques de maladies cardio-respiratoires et vasculaires ainsi que la santé mentale). Vu les conditions de roulage, c’est extrêmement faible pour 150 chevaux ! A mon sens, une conduite urbaine et péri-urbaine plane peut permettre de consommer 4,7 litres sans problème.
En conclusion
Le Volkswagen T-Roc s’apparente à une grosse Polo. Plus globalement, le T-Roc représente parfaitement la marque Volkswagen. Des voitures généralistes qui roulent comme on leur demande de fonctionner. Difficile d’être passionné par ce crossover, et pour autant, difficile d’être critique ; particulièrement dans cette version diesel facile à prendre en main et ultra économe à la pompe. Ses quelques défauts ne sont aucunement rédhibitoires. De plus, sa côte, comme tout bon SUV, ne va pas décroitre de sitôt. (A préférer en essence pour la revente). Restera la question de son utilisation en ville avec les nouvelles normes anti-pollution. Pour les ruraux et banlieusards (ce qui fait du monde) qui souhaitent de la facilité d’usage, de l’espace à bord et du confort, c’est un choix cohérent. Pour ne pas dire pertinent.