Essai de la Mitsubishi Space Star : star du fisc
Mitsubishi Space Star
12 890 euros
16 790 euros
3 cylindres 1.2 L
à moitié dans ton lithium
Essence (SP 95)
71 ch
102 Nm
manuelle à 5 rapports (existe en CVT)
Traction
Une éternité
Jamais
Officiellement 167 km/h, officieusement 136 km/h avec 4 adultes
3 845 mm
1 665 mm
1 505 mm
2 450 mm
875 kg
35 litres
Environ 400 km
7,2 L/100 km
112
4 CV
Hoonited aime tester les voitures, toutes les voitures, même celles qui sont peu connues ou qui se traînent une mauvaise réputation. La Mitsubishi Space Star est la reine de ces deux catégories, avec 100 % des retours de nos amis journalistes qui sont négatifs. Mais ce n’est pas parce que tout le monde roule en sens inverse au vôtre, que c’est vous qui êtes en tort (bien que dans cet exemple, le tort tue).
Seize mille sept cent quatre vingt dix euros. Tel est le prix de cette Mitsubishi Space Star. En face, il n’y a rien. Il n’y a pas grand-chose dedans non plus. Ce minimum est-il suffisant pour se déplacer ? Disons que presque. Mais ce presque peut être assez, car finalement, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise situation. Sauf lorsque vous êtes un stagiaire. Voici l’essai de la Space Star en finition Red Line, soit le milieu de gamme (tant qu’à faire).
Un équipement correct
La Space Star embarque un bouton d’allumage du moteur, la connexion Android Auto et Apple Car Play, la climatisation automatique, les feux automatiques, les essuie-glaces automatiques, le régulateur de vitesse non adaptatif, l’ABS, des airbags et même un volant rond. Ajoutez 1 200 euros et vous bénéficiez d’une caméra de recul, d’une alerte de franchissement de ligne que vous désactiverez et de l’alternance automatique des feux de route. Donc notre version est la meilleure solution. En boîte manuelle 5 rapports. Oui la meilleure, car la lunette arrière est à fleur du coffre, ce qui rend la caméra totalement dispensable.
Space Star des années 80
Nous aimons les voitures simples sur Hoonited : la Citroën Ami, la Dacia Sandero, la Suzuki Ignis ou la Nissan GTR. Bref, des caisses qui n’en font pas des tonnes et qui n’en pèsent pas non plus. La Mitsubishi Space Star arrive tout juste à 875 kg, ce qui signifie que je pèse 14 % du poids de la voiture et ça, ça fait mal à mon petit cœur (mais moins que le cholestérol cet enfoiré).
La Space Star a une saveur particulière, puisqu’elle me rappelle les caisses les moins chères que je repérais jadis dans « Toutes les voitures du monde », cet hors série d’Automobile Magazine. Des caisses basiques mais qui paraissaient les moins inaccessibles. Je me mettais alors à calculer le nombre de jours de travail nécessaires pour m’en acheter une, puis je passais vite sur le nombre d’années nécessaires. C’est que même la moins chère des bagnoles reste cher pour un smicard. C’était il y a bien 20 piges. Et la nostalgie est bien réelle, puisque la Space Star n’offre rien de plus que ces engins de l’époque, si ce n’est une clim désormais automatique et Android Auto/Apple Car play. Oui, Android Auto, que ne propose pas une Mini 3 fois plus onéreuse.
Même le dessin semble être resté figé à l’époque des années 80. D’ailleurs, il date de 2012, donc pensé en 2007. Il sera bientôt à nouveau tendance. GG !
Un design type tuning sans thune
Les avis sur le dessin de cette Space Star sont contrastés. Il y a moi, qui la trouve quelque peu fade et les autres, qui la trouve choupi et plutôt mignonne. Ayant un goût prononcé pour les véhicule moches, nous pouvons considérer la Space Star réussie. L’extérieur jongle entre pragmatisme et tuninguïte. Ce spoiler qui offre un appui de 300 g à des vitesses impossibles à atteindre (genre 130 km/h), ce bas de caisse pour gagner en équilibre latéral (NON) et ce petit spoiler avant qui dynamise une face calquée sur l’identité un peu flou de la marque, nonobstant les modèles Renault rebadgés. J’adore la jupe arrière et ce petit diffuseur qui ne diffusera probablement rien de plus qu’une TV en panne.
Mais nous devons reconnaître que dans des dimensions de 3,845 mm de long pour 1,665 mm de large et 1,505 mm de haut, il a été possible de caser 2 sièges enfants, ou encore 2 adultes à l’arrière, en plus des poussettes dans le coffre et de 2 adultes à l’avant. Soit 4 personnes, le compte est bon. Et surtout, sans compromis pour le réglage du siège conducteur et mes 1,80 m à caser en conduite antillaise ou presque. Car oui, je conduis plutôt allongé, mais sur le dos, sinon ce serait dangereux.
De profil, la Space Star tente une approche tuning dynamique. Une ceinture de caisse plutôt haute qui tend à réduire les vitres arrières à peau de chagrin. Un chagrin bien sombre compte tenu de la teinte. Mais on ne va pas boudé le plaisir d’avoir un peu de métal pour nous protéger en cas d’accident latéral. Non je blague, vous mourrez. Ne cherchez pas le crash-test EuroNcap ou pas cap les mannequins ayant refusé de monter à bord.
Les phares sont sympa je trouve, ça compte, car ce sont les yeux du véhicules. Et il suffit parfois d’un simple regard, d’un simple appel de phare pour, heu, cette phrase est finie.
La Space Star Club : un intérieur plutôt d’hier que de demain
Je pense que la Space Star peut tirer profit de la hype des années 80 qui règne actuellement. Car elle en reprend tous les codes. De l’antenne de toit à l’ancienne à la ligne digne d’une Kei Car sportive échappée d’un Gran Turismo sur la première Playstation, en passant par cet intérieur qui n’a pas bougé depuis vingt ans. On y retrouve ce bon compteur à aiguilles (les écrans font mal aux yeux), ce levier de vitesse avec un pommeau à l’ancienne, ce volant sur lequel des boutons viennent densifier la « premiumité.
Le volant rappelle que vous n’avez pas toutes les options d’ailleurs, avec ces petits caches en place de boutons.
Autonomie et consommation : la soif de l’or noir
Environ 7,2 L/100 km et sans micro hybridation, ce n’est pas si déconnant pour un 1.2 L de 3 cylindres atmosphérique. Enfin si c’est énorme (compte tenu des 4,9 L/100 km annoncés), mais l’usage se fait en ville et il faut sans cesse tirer sur les rapports pour espérer passer le suivant. Ça a une incidence directe sur la consommation. Le moteur est toujours à fond comme ce collègue qui tourne à 12 cafés par jour.
Avec le petit réservoir de 35 litres, le plein permet environ 400 km, avec une marge de sécurité. La moins frugale des citadines au plus petit des réservoirs a plus d’autonomie que la plus endurante des voitures électrique. Avec une vitesse max sur autoroute similaire d’ailleurs. C’est beau le progrès ! Non ne partez pas, je plaisantais. Car au moment de faire le plein, les 35 litres du réservoir se remplissent en moins de 20 minutes. En moins de 2 minutes d’ailleurs. Le temps d’une pause pipi et de remettre les boules Quiès et c’est reparti. Enfin reparti…
Un corps de sportif dans un rythme d’asthmatique
875 kilos, un design rempli de parties aéro, une calandre prête à manger le bitume. Le 0 à 100 km/h est donné en 14 secondes et durant l’essai, chaque tentative en a pris minimum 17, des secondes. Chargées de 4 adultes, la Space Star réussit à atteindre les 130 km/h sur autoroute généralement au moment où il faut en sortir. L’étagement de boîte mise tout sur les deux premiers rapports. Les 3ème et 4ème sont là pour tenter d’atteindre les 100 km/h. La 5ème, elle, ne sert qu’en ligne droite plate ou en descente.
La tenue de route est confiée à des pneus BridgetJones Bridgestone Potenza en 175 mm de large pour 15 pouces de diamètre qui tombent en dépression dès qu’il faut prendre un virage. Une monte de qualité, car Bridgestone c’est quali, c’est leur journal interne qui le dit. Mon expérience aussi. Les Potenza n’arrivent malheureusement pas à garder la voiture safe sur la route. Je ne milite pas pour les grandes roues, je ne milite pas tout court d’ailleurs (je suis bien trop lâche pour ça), mais la voiture est finalement haute, la caisse vide et ses mouvements engendre des réactions assez brusques à haute vitesse, vers 60 km/h. Doubler à 130 km/h est littéralement une épreuve et surtout dangereux. Il faudra rester bien concentré.
Les sensations en revanche sont top. La voiture est à mettre entre toutes les mains des abrutis qui se prennent pour des pilotes au milieu des gens qui roulent pépère sur la route. Car même à 45 km/h, on sent la puissance des lois de la physique.
Le freinage est correcte, la voiture tire droit mais les suspensions qui manquent de fermeté envoient les passager vers l’avant (ce qui est toujours mieux que l’enfer).
La direction est floue, les remontés d’informations dignes d’un process de 1970 confié à un stagiaire et les mouvements de caisses sont autant d’occasions pour les passagers d’entamer un pogo improvisé.
L’autoroute est possible, tout est possible, il suffit d’y croire d’être croyant
Il est tout à fait possible de faire un Paris – Nice avec cette Mitsubishi Space Star. Le confort ne sera pas au rendez-vous mais les sièges sont plutôt appréciables pour le prix. À l’arrière c’est également le cas et la climatisation régule correctement la température à bord.
L’insonorisation est inexistante, mais meilleure que 90 % des voitures des années 80 voire 90. Mais pas 2000. le bug sûrement.
Mais soyons honnête : sauf en cas extrême ou lors d’un pari idiot perdu, vous ne ferez jamais ça. Parce que c’est dangereux et épuisant.
Space Star des villes et des Champs-Élysées
En ville, la Space Star est la reine du bal. Son rayon de braquage permet d’en réaliser un et de faire demi-tour dans une rue à sens unique d’une seule manœuvre. Elle se gare dans un mouchoir de poche et à l’aide de la lunette arrière et des rétroviseurs. Comme dans les années 80 ont du bon.
Idem pour l’espace à bord qui ne rogne pas trop le coffre, ou le confort. Car les sièges sont agréables pour une voiture dont le prix total est équivalent à celui d’un pack d’options chez les autres constructeurs. L’espace aux jambes est dingue pour une voiture thermique qui doit y caser un moteur de 1 200 cm3 de cylindrée.
Le coffre est petit mais suffisant pour les courses et y caser la poussette.
Conclusion : la Space Star du portefeuille
Voilà la partie qui m’a pris le plus de temps. Comment juger cette Space Star ? Oui elle est détestable à conduire, oui elle n’a aucune pêche ni tout autre fruit d’ailleurs, oui elle tient mal le pavé et sa direction est floue. Mais tout ceci s’opère à grande vitesse.
En revanche, à basse vitesse, elle fait le job et même plus que bien le job en ville et il est même possible de tourner à moins de 6L /100 km.
Mais surtout, on peut se la procurer, neuve, avec 5 ans de garantie pour 15 000 balles. Elle est moins chère qu’une Sandero à équipement équivalent. En LLD, c’est gérable pour un foyer de 4 personnes ne disposant que d’un SMIC (et sans le jeu de la prime à la conversion) ou quelqu’un dont l’usage est purement ponctuel (comptez 120 €/mois). L’assurance pour un tel modèle 4CV coûte peanuts également. Et ça, c’est une qualité qui permet de relativiser totalement l’essai.
Car derrière ces petites blagues se cache une proposition cohérente. Pas de quoi péter les scores, mais qui permet d’emmener 4 adultes d’un point A à un point B, sans avoir ni trop chaud ni trop froid, avec un coffre, en consommant peu, avec le plaisir d’Android Auto ou Apple Car Play, pour 20 % du prix du malus écologique d’une Megane 4 RS… Une Sandero fait un peu mieux en confort, puissance et tenue de route, moins bien en motorisation et fiabilité (bien qu’en LLD, la fiabilité n’entre plus en ligne de compte), pour quelques billets en plus tout de même. Il faudra accepter de ne doubler que des camions et uniquement en situation sûre. Mais en dehors de ça, elle fait le taf et elle est fiable.
De mon côté, ce n’est pas pour moi et je préfère m’orienter vers un modèle d’occasion plus sécurisant, plus puissant. J’ai du mal à accepter de mettre mes gamins dedans sur des trajets sortant d’un cadre purement urbain et péri-urbain. Mais sans enfant avec un budget serré (que ce soit ses revenus ou simplement le budget alloué à l’automobile), elle serait dans le top 3 des voitures étudiées.
Toutes les photos de la Mitsubishi Space Star
- Facile à garer.
- Espace à bord.
- Rayon de braquage.
- Prix évidemment.
- Fiabilité.
- Android Auto / Apple Car Play.
- Design.
- Roues sous dimensionnées.
- Moteur anémique.
- Mauvaise tenue de route.
- Manque de couple.
- Design pour qui n'aiment pas les années 80.