Honda Jazz (2021) ou la mélodie du bonheur insipide et rationnel

by Le Stagiaire21 février 2021
Faire un choix à contre-courant, c'est affirmer sa personnalité, son caractère, sa volonté de ne plus être un numéro au milieu d'une table de multiplication. Passer d'un SUV à une Honda Jazz c'est poser ce choix en lettres capitales avec du dentifrices sur son corps nu et défraîchi !

Vous aimez le jazz ? De prime abord non. C’est étrange, ça part dans tous les sens, on y cherche une harmonie facile, des accords simples qui se répètent parce que la musique c’est censé être ça. Puis, avec le temps, on commence à l’apprécier, à le comprendre. On découvre que le Jazz n’est pas un style musical mais un mode d’expression qui fait battre nos tempes au rythme de nos petits palpitants. La Honda Jazz reprend la même idée. D’ailleurs, le nom Jazz n’a pas été choisi par hasard et fait référence à cette approche musicale qu’a voulu sublimer le constructeur japonais. Le parfait mélange des Kanjis et des notes de musiques exécutant une chorégraphie d’une précision rare. Une osmose parfaite à laquelle Honda a voulu donner corps.

Non je déconne, c’est juste que fitta, nom initiale de la Honda Jazz en Europe signifie « chatte » en plusieurs langues nordiques, qui n’a absolument rien à voir avec katt la femelle du chat. On est donc plutôt proche de l’Origine du monde musical, la mélodie en moins. Le Kona aussi remarque, mais c’est une autre histoire.

Retournada

Donc que s’est-il passé dans ma tête, dans mon cœur et dans mon âme pour qu’après avoir jeté mon dévolu sur un bon SUV Seat Ateca des familles, je décide d’un virage à 180° (littéralement je me réoriente de l’Espagne vers le Japon) et choisisse cette nouvelle Jazz ?

Car le SEAT Ateca, dans la finition que je possédais qui plus est, coche royalement toutes les cases du plaisir de la caisse moderne : c’est agressif dans le look, élégant, spacieux, confortable, bien fini, blindé d’options qui fonctionnent presque toutes correctement.

Le châssis est diabolique d’efficacité au point que les passagers arrière peuvent enchaîner les virages de nationales espagnoles sans rendre leur paëlla. Un plaisir rare pour une caisse haute.

T’as même une projection lumineuse au sol depuis les rétros la nuit, avec le nom de la voiture, des fois que les 34k€ demandés n’aient pas suffit à te l’imprimer dans le crâne.

Et si ça ne suffit pas, saches que t’as la conduite autonome de niveau 2 parce que dans la réalité, c’est chiant comme la mort à conduire. La conduite autonome, c’est un régulateur adaptacheveux avec aide au maintien dans la voie.

Sur le papier, le SUV c’est la vie. Parce que de toutes façons, si tu veux un truc haut aujourd’hui, c’est soit un utilitaire avec la tenue de route d’un supporter du PSG après un soir de remontada, soit un SUV.

On te dira que c’est dangereux, que ça pollue, que c’est lourd, mais en réalité, c’est l’équivalent moderne et pas moche d’un monospace. Après tout, entre un Touran qui a 10 piges et un Tiguan qui en est à sa 3ème itération dans la même période, tu choisis le Tiguan.

Et t’as raison, parce que tu kiffes. Les kilomètres défilent et tu apprends à laisser faire la DSG dont les choix de rapports sont suspects mais pas gênants. Tu te retrouves, en absence d’un frein moteur efficient (désactivation des cylindres et roues libres obligent) à freiner souvent, à moins de laisser le régulateur adaptatif réglé sur la distance max. Là t’es tranquille niveau plaquette mais tu rallonges ton temps de parcours de 50 à 100%. Rien ne sert de se presser si tu ne veux pas dépenser.

Mais où est le problème alors ?

Déjà dans l’image étrange qu’un SUV est désormais ce truc indéfinissable si ce n’est qu’il est plus haut qu’un roadster et possède des pneus très gros, taille basse, larges et qui te prennent un smic à chaque changement. ASKIP (à ce qu’il paraît pour les vieux), les grands diamètres sont préférables pour les voitures puissantes de 150 ch. Il n’y a qu’à voir la jante d’une F1 pour le comprendre.

En fait, le SUV, c’est le seul truc en hauteur avec un Trafic disponible en concession. Quand le premier mioche arrive, on dit aux jeunes parents qu’il faut acheter plein de trucs pour la sécurité des mômes « parce qu’on ne sait jamais » ce qu’il peut arriver. Comme on accepte volontiers d’être de mauvais parents mais pas de le montrer, on sort la CB, le RIB, la fiche de paie et s’en suit un crédit à une consommation de 10L/100.

Le truc c’est que ton SUV est mignon pendant 2 ans. Puis après, il faut passer à la caisse : entre la révision, la vidanges, les filtres, les contrôles et les pneus, tu as clairement de quoi débourser 500 fois les aides de la CAF de 28.73€. Et là tu te dis que finalement, pour les 6000 km que l’enfant a parcouru dans la caisse en 2 ans, c’était dispensable. Heureusement, maline que tu es (oui le narrateur devient une narratrice, qu’est-ce que ça change ?), tu n’as pas fait de LOA (qui ne t’aurait pas évité la dépense pour les pneus d’ailleurs). Tu as payé cash ! Et ça, c’était malin.

La LOA, l’amie de l’acheteur compulsif

La LOA représente presque 80% des ventes de caisses en 2020. Une location longue durée est équivalente à celle de l’amour selon un ancien publicitaire qui a retourné sa veste mais pas son dealer, soit 3 ans.

Cela implique que les véhicules de moins de 2 ans à vendre sont rares. Ajoute à ça le COVID qui a ralenti la production par manque de pièces et t’obtiens un marché dont l’offre est inexistante pour une demande forte (les gens ne veulent pas mourir sans avoir senti l’odeur d’un cuir plastifié neuf). Pour finir, grâce au malus écologique, le même Essuvé neuf coûte 1500€ de plus 2 ans après.

Donc mon Ateca, je peux quasiment le vendre au prix d’achat, que l’acheteur fera une affaire en OR.

Mais la Jazz dans tout ça ? Parce que c’est long là ! J’ai du taf moi !

Justement : la seule caisse qui risque pas le vol, habitable, pratique, avec Apple Car Play en mode Air Drop, la clim, la conduite autonome, qui boit 3.5 L/100 et sur laquelle tu peux monter des jantes sexy et légères de chez Enkei sans avoir à vendre un organe du gosse, c’est la Jazz.

Blague à part, une voiture neuve qui a de la gueule, c’est autant de stress que de plaisir. Tu stresses de la garer, stresses de te la faire rayer, stresses de la défoncer et ça attire l’œil. Comme ma grand-mère du Nord du sud le dit : « ce qui attire l’œil porte le mauvais œil ».

Alors que la Jazz, tu fais concrètement le plein une fois par mois, tu la gares où tu veux, l’assurance met 20 minutes à la trouver dans la base de données et, comme avec un colocataire poisseux qui sent le maquereau et râle à chaque défaite de FIFA, tu apprends à l’aimer.

Puis dans l’équation tu récupères un bon billet pour te payer une petite MX5 d’occaz des familles pour partir en égoïste sans les gosses.

Alors finalement, l’abandon d’un SUV pour une Jazz est une douce mélodie qui prend sens lorsqu’on arrête d’en écouter les notes séparément.

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Le Stagiaire
Nourrit à base d'huile de tournesol 15W40 et de chips Vico, le stagiaire n'a pas de nom, parce qu'il ne le mérite pas. Il nettoie les locaux virtuels de Hoonited et entre 2 coups de serpillère virtuelle, il écrit des trucs et taxe des voitures pour les essais.