Ces voitures (et circuits) qu’on connaît grâce aux jeux vidéo !
J’ai commencé à aimer les bagnoles avant même de savoir me servir des WC. Mais j’ai grandi sans internet, avec comme moyen de me cultiver : les magazines auto, les voitures garées dans la rue, leurs miniatures dans ma chambre et le Club Dorothée. Alors j’étais à l’affût du moindre truc qui me donnerait la plus petite info. Puis les consoles sont arrivées et elles n’ont pas atténué mon délire, au contraire. Avec le boss de Hoonited, on s’est dit qu’un petit récap’ de ces bagnoles popularisées par les jeux vidéo serait un sujet parfait pour occuper l’actif moyen durant sa pause popo du boulot.
Lotus Esprit Turbo
En 1987 un éditeur du nom d’Accolade sort le premier Test Drive, un jeu qui envoie du lourd pour l’époque !
On peut y « conduire » virtuellement la Porsche 911 Turbo, la Chevrolet Corvette, la Lamborghini Countach, la Ferrari Testarossa et la Lotus Esprit Turbo. Pour la première fois, plusieurs marques officielles sont présentes. La conduite se fait en vue intérieure avec une modélisation du tableau de bord propre à chaque modèle. On a même une animation à chaque passage de vitesse sur une grille en H (cf la petite vidéo qui me confirme qu’on trouve vraiment tout sur internet, même un jeu de 1987).
Pour ma part, j’ai découvert la Lotus avec ce jeu, les autres voitures m’étaient connues grâces aux jouets. Et la Lotus Esprit Turbo c’est ça :
Depuis Accolade est mort et la série des Test Drive a tenté plusieurs rebondissement mais on n’est pas sur jeuxvideo.com ici.
Ferrari Testarossa
A t-elle seulement besoin d’un jeu pour être connue, cette dame aux hanches larges et galbées ? Pas vraiment. Mais même s’il s’en est écoulé 7177 exemplaires en 8 ans, on ne la voyait jamais, ni à la TV, ni dans la rue. Elle symbolisait la supercar de rêve de l’époque. On a donc eu droit à son utilisation plus ou moins officielle dans des jeux comme le populaire (et bien pourri) OutRun.
Et si tu remarques bien, c’est drôle parce que la jaquette représente une F40 sans la licence. Or, dans le jeu, il s’agit bien d’une Testarossa. Comment ça les éditeurs s’en battaient les œufs du réalisme à l’époque ? D’ailleurs, la plaque « FM » pour « F*ck Me » était une incitation à se prendre un procès de la firme de Maranello.
Dans la vie réelle, une Testarossa c’était ça et elle claquait autant visuellement que mécaniquement (littéralement, le 12 cylindres à plat faisait un bruit d’enfer).
Ferrari F40
Toujours Ferrari, c’est l’éditeur Titus qui va lancer son propre « besoin de vitesse » avec un jeu qui se nomme F40 Pursuit Simulator. Mais comment ? Le constructeur a donné son nom à un jeu de hors la loi qui défient la police ? Bien sûr que non ! D’ailleurs, tu remarqueras que le nom Ferrari n’apparaît pas. On reconnaît la bagnole et d’ailleurs Titus remettra le couvert un an plus tard mais en virant carrément le nom F40.
Bon, des jeux vidéo pourris du genre qui vont au gré du vent binaire adopter les noms de super voitures iconiques (Jaguar XJ220, Lamborghinininini), il y en a eu un paquet, c’est véritablement nul et grosso modo, on n’a rien à se mettre sous la dent jusqu’en 1994, année à laquelle les jeux vidéo de voitures vont vraiment connaître un tournant (haha tu l’as ?) majeur.
Les Japonaises chapitre 1
Jusqu’à présent, seules les américaines (surtout la Corvette) et les italiennes (Ferrari, Lamborghini) étaient représentées. Tout change avec la présentation de Need For Speed en 1994. EA Canada frappe fort avec un jeu d’une fluidité remarquable et surtout les licences officielles de voitures qu’on n’avait encore jamais vu dans un jeu : la Honda NSX, la Mazda RX-7 et la Toyota Supra (la vraie, pas la rebadgée). Le monde tourne la tête vers le Japon et va garder cette position pendant les dix prochaines années, parce qu’au Japon aussi ils font des voitures et elles sont là pour te faire des bosses aux os (du) culs.
On ne s’en doute pas encore mais le milieu de l’automobile va par la suite rencontrer celui du jeu vidéo jusqu’à fusionner avec.
Les Japonaises chapitre 2 : Mazda Demio Racing Super Sport Ultimate édition
1997, Polys Entertainement présente Gran Turismo sur la Playstation (de Sony, je précise, des fois que), première simulation automobile pour grand public. Les fans de bagnoles crient au génie, les autres approuvent les graphismes réalistes et les rediffusions (prononcez « riplèyeze ») dignent des retransmissions TV. GT a permis de faire connaître au monde entier des modèles qui, à l’époque où internet n’existait pas, étaient des légendes ne demandant qu’à être contées.
Outre l’esthétique, on peut pour une fois utiliser des bagnoles bien pourries sorties du garage du coin et les tuner pour les rendre rapides et furieuses. On se retrouve comme dans la vraie vie, à devoir s’acheter sa première caisse en étant fauché comme le blé puis à farmer (ndlr : jouer comme un malade des heures durant) pour amasser des sous et en faire un bolide digne de ce nom.
Car oui, le réalisme du jeu poussait la vis jusqu’à te permettre de payer de nouvelles pièces et d’améliorer les composants de ta voiture. C’était en anglais, j’avais 14 ans. Je ne savais absolument pas ce qu’était un propeller Shaft. En revanche, je savais que la version carbone n’était pas trop chère et me faisait gagner du poids !
Gran Turismo n’a pas usurpé son nom et bon nombre de fans de caisses, de courses, de sport auto et de voitures aujourd’hui ont senti un amour parfois naissant voir imperceptible catalysé par ce jeu.
D’ailleurs, c’était bien plus qu’un jeu. C’était la passion de son créateur, Kazunori Yamauchi, qui souhaitait retranscrire en virtuel son amour du sport auto et de la bagnole tout court. A tel point que chaque intro de Gran Turismo te file des frissons et te donne envie de faire monter dans les tours la moindre caisse qui te passe dans les mains (comme celle du 5 qui montre la fabrication d’une Skyline depuis les matières premières jusqu’à la mise sur la route, le tout dans une musique hyper stressante mais aux images riches d’informations).
Le premier GT va permettre de découvrir la rageuse Mazda Demio mais pas que. D’autres modèles moins véloces mais tout aussi intéressants ont également été popularisés par le jeu. Des noms ? Subaru Impreza WRX STI, Nissan Skyline R32 et R33, Chrysler Viper GTS, Mitsubishi GTO et FTO, Nissan 300 ZX, Nissan Silvia et la marque TVR avec la Tuscan Speed 6 et même la RX-8 (RX Huile pour les fans).
Pour la première fois dans un jeu, la passion te coûte pas un rein et t’offre des sensations proches de la réalité. Pire, la génération 80 qui a connu le jeu avant de conduire a appris virtuellement les bases : transfert de masse, inertie, freinage, point de corde, différentiel, mouvement de caisse, sous virage (raaaaaaaaaaaaaaaaaa, fais péter l’APEX heu !). Cela m’a grandement aidé à avoir vite mon permis et aller griller de l’essence avec les potes à une époque où on pouvait faire Créteil – Fontainebleau en 35 minutes (oui je sais c’est mal, mais difficile de tirer plus des 78 ch d’une Clio 1)
Enfin, Gran Turismo a permis d’exporter dans le monde la réputation d’une grosse voiture de père de famille déraisonnable et copain comme cochon avec un pompiste.
Le jeu vidéo n’en restera pas là puisqu’il va infiltrer l’univers de l’automobile jusque dans ses entrailles. D’ailleurs, ça contribuera à ce qui a fait la réputation de la voiture de mes rêves (en plus de la Jazz) :
Au passage, @Vityok l’a essayée, il en tremble encore (et ce n’est pas l’AstraZeneca).
Enfin, on a pu découvrir des voitures rares et peu connues comme la fameuse TVR Tuscan (qu’on peut voir dans le film Opération Espadon avec John Travolta).
Enfin, s’il y a bien une voiture que tout le monde a connu et fait cabrer façon 20Diesel, c’est la Suzuki Escudo Pikes Peak !
Puis côté voitures de courses, à titre personnel, ce fût la découverte d’engins mythiques !
Bref, c’était le bon temps. Cela dit, Gran Turismo a pas mal monopolisé le terrain de la simu auto (oui simu, quand tu vois ce qu’on se tapait avant). Mais entre temps, il y a eu aussi des choses folles.
Le 27 novembre 1998 sort ce qui fût la meilleure console du monde pour un tas de raisons qu’on n’évoquera pas ici : la Dreamcast. Un joli nom, un joli logo et la possibilité de développer facilement des jeux vidéo de bornes d’arcade dessus. Malgré sa courte vie, on va pouvoir découvrir des titres assez fous.
Le premier est F355 Challenge qui était un portage d’un jeu arcade très gourmand. Comme son nom l’indique, vous êtes au volant d’une Honda Jazz F355 dans sa déclinaison Challenge. Le jeu était non seulement très beau, offrait des bruits de moteurs à faire passer ceux de GT pour des Dyson et surtout, une maniabilité délicate, exigeante mais réaliste. D’ailleurs, les assistances étaient en évidence et on pouvait les activer ou non. Mais jugez vous-même et rappelez-vous que ce jeu date de 1999 (oui du full HD 60 fps en 99) !
Ok, c’est encore Ferrari. Mais là c’était chouette !
En 2000, la Dreamcast a droit à sa simulation de GT elle aussi. Mais cette fois, les bagnoles se retrouvent dans la ville. On évolue dans la ville et il y a même un cycle jour/nuit déterminé par l’heure ajustée en début de jeu. A l’honneur, une Opel aux allures de Lotus : le Speedster !
Franchement, des courses en ville, la nuit, en speedster, c’est GTA avant l’heure, ou presque.
Porsche 2000 et autant de raisons de kiffer les Cox !
En 2000, c’était Yolo ! On pensait qu’il restait 12 ans à vivre, on imaginait le nouveau millénaire comme quelque chose de positif et merveilleux pour l’humanité et le pangolin comme la chauve-souris étaient encore aimés de tous. En 2000, EA Games (Eden Studio Canada plus exactement) n’a pas encore flairé les biffetons suscités par les achats dans l’application et décide de faire copuler divertissement et histoire autour d’un jeu fini (ça a l’air con dit comme ça) dédié uniquement à leur licence fraichement acquise : Porsche. Oui, celle que t’avais pas dans Gran Turismo. Porsche 2000 fût ainsi autant un jeu qu’une encyclopédie. On y trouvait pleins d’informations sur la marque de Stuttgart et la légende raconte qu’on pouvait débloquer Adolf en personne.
Et comme cet article veut t’en donner pour ton argent, voici la liste des voitures qu’on pouvait découvrir et conduire dans de superbes environnements :
Porsche 356
Porsche 911 Classic
Porsche 911 (930)
Porsche 911 (964)
Porsche 911 (993)
Porsche 911 (996)
Porsche 914
Porsche 944
Porsche 959
Porsche 928 GTS
Porsche Boxster (986)
Porsche 550 Spyder Panamericana
Porsche 550 A Spyder
Porsche 935/78 « Moby Dick »
Porsche 911 GT1
Porsche 911 GT2
Porsche 911 GT3 Cup
En images ça donne ça :
Mine de rien, les licences commencent à se faire un nom. Le réalisme va également toucher d’autres licences armées (Project Cars, Assetto Corsa, Forza Motorosport) et même très armées comme RFactor 2, iRacing. Ces deux derniers ayant permis via les mods (modifications et créations de contenu) de transposer en virtuel toutes les caisses possibles et imaginables. On pourrait même se demander à quel point ça a affecté les jeu de simulation dans leur ensemble si on était un site parlant de jeu vidéo. Mais c’est pas le cas. Enfin presque, parce qu’on va parler un peu jeu justement.
On est bien ? Tu tiens le coup ? Parce qu’on a presque fini 🙂
La 206 Mansory Low Cost Edition !
[Interlude : en 2001 sort Fast & Furious, un film surcoté mais cool sur lequel j’ai pécho et on s’en fout mais surtout, surtout, qui va démocratiser le style tuning au-delà des magazines GTI Mag. En 2003, le couvert est remis avec un goût encore plus prononcé pour le style Mansory en version marque repère Leclerc. Le succès est là : à Sucy en Brie, le parking du Lidl est devenu un lieu de courses avec et sans caddies. Et EA Games, qui possède un flair incommensurable pour la thune se dit qu’il y a un paquet d’oseille à se faire, mais pas en simulation, en arcade ! Fin de l’interlude].
En 2003 sort Need For Speed Underground ! Le premier, il était et offrait des sensations jusqu’alors inconnues en matière de jeu de bagnoles. Mais justement, tout s’enchaînait. Les fans voulait faire des tours du quartier avec des 206 ultra tunées aux lames sculptant l’asphalte avec la précision d’un 板前 et des moteurs hurlant comme des W16. Et ce que porte-monnaie veut, porte-monnaie a ! En 2004, soit pile un an après le premier opus sort le jeu de la génération 80-90 : Need For Speed Underground putain de 2.
Au programme : des courses, un mode ouvert qui permet de se balader dans une ville immense, des pièces d’accessoires en veux tu en voilà, et la Peugeot 206 GTI (attends 2s. Je fais un copier/coller de fainéant et je tombe sur une appellation fallacieuse ? Mais on ne peut plus pomper les infos tranquille maintenant ? Merde !). Donc une 206 RC mais appellée également GTI. C’est juste qu’çà cette époque, Peugeot misait sur l’appellation RC et avait même proposé des concept cars baptisés RC Carreau et RC Pique. Mais c’est une autre histoire).
Bref, voici une petite sélection de caisses WTF issues du jeu, mais dans la réalité et sans les modifications !
En 2017 sort Mud Runner. Au revoir les tracés lisses, bonjour la boue, les cailloux, le sale, le brut, la terre et la neige. Côté sensations, le jeu se pose là et la hype (ndlr : le plaisir pour les vieux) est totale. D’ailleurs une suite appelée SnowRunner vient de sortir. On peut manier des semi-remorque, des pick-up, des Hummer, un camion citerne (t’en as déjà condui un toi ?), des Jeep Cherokee et des engins russes plus lourds qu’une blague de Bigard dans des terrains boueux. Le tout en avançant aussi vite qu’un centenaire en pleine apoplexie avec l’adhérence d’une Diablo sur une route grasse. C’est une expérience digne d’une poutine un soir de Thanksgiving.
Et si vous souhaitez voir ce que ça donne en vrai, voici quelques images, parce que c’est le but de l’article !
Enfin, un dernier élément va ancrer le jeu vidéo dans le monde réel, gommer la frontière entre le virtuel et le réel au point que ce dernier va utiliser le jeu vidéo de manière totale : LES CIRCUITS.
Les Circuits !
Jusqu’à présent, les circuits étaient au mieux des répliques approximatives de ceux existants ou, dans la majorité des cas, totalement fictifs. Avec la cartographie 3D et la modélisation qui en découle, on va désormais pouvoir reproduire un circuit à l’identique, jusqu’au spectateur mangeant son sandwish. D’ailleurs, pour Gran Turismo 5, Kazunori Yamauchi ordonna que tout élément dépassant 5 mm devait être modélisé ! Or, en faisant ça, les simulateurs pouvaient enfin remplacer la réalité. Evidemment, tout le monde voulait savoir si c’était comparable et il s’avéra que non seulement ça l’était, mais que les jeux vidéo allaient dépasser le stade de jeu pour devenir des support d’entrainement pour les vrais pilotes.
Voici par exemple un comparatif entre 3 simulations automobile et la réalité.
Les résultats sont si proches, que les seuls différences entre le jeu et la réalité sont les G (et retours d’informations qui en découlent) ains ique la peur de mourir écrabouillé :
C’est d’ailleurs ce qui a donné l’e-sport et même motivé un ancien community manager d’Audi à lancer une compétition virtuelle des 24 heures du Mans ! Mais ça, c’est une autre histoire car on n’est pas sur un site de jeux vidéo.