Critique du film Gran Turismo : un film poli, funny, digital
C’est avec ma culture cinématographique loin d’être dégueu (merci Papa) et mon incompétence en matière de critiques de films que je vous livre mon ressenti du film Gran Turismo. Mais avant de la lire, il faudra valider le Permis A International. Bonne chance.
Un film inspiré d’un jeu vidéo, dont le réalisateur est un expert de la science fiction dystopique, qui sert de pub géante à ce jeu, en relatant le biopic d’un pilote connu pour avoir percé dans le milieu de la course automobile, par le biais dudit jeu. Il faut avouer que le film Gran Turismo prenait un… mauvais départ. (C’est cadeau.) Pourtant, il s’avère plutôt cool. Et je ne dis pas ça parce qu’on m’a invité et filé des pop-corns gratuits.
Gran Turismo, le film de quoi devenu le film de qui
Le film Gran Turismo joue la carte du biographical film (que vous connaissez sous le nom de biopic) avec une débauche de moyens colossale. La réalisation a été confiée à Neill Blomkamp, un maitre de la science fiction en univers dystopiques (District 9, Chappie, Elysium). Le tout pour vanter le jeu, Polyphony Digital, Sony et Nissan. C’était franchement mal barré…
Et pour cause, il y a 10 piges est sorti le film Need For Speed, inspiré de la licence de jeux éponymes. Oseille à gogo, acteurs nuls et un film claqué, malgré le potentiel scénaristique des opus NFS. Alors un film inspiré d’un jeu sans scénario…
C’était sans compter la GT Academy. Cette opportunité qu’ont offert Nissan, Sony et Polyphony Digital à un joueur prolétaire, de se retrouver à piloter IRL (In Real Life) dans l’univers fermé et financièrement élitiste de la course automobile. Pourquoi pas ? Après tout, les meilleurs films de voitures de ces dernières années sont des récits inspirés d’histoires vraies (Rush, Le Mans, Hoonited Kart Championship).
(je vous déconseille de regarder la bande-annonce parce qu’elle spoile beaucoup, mais i vous y tenez, il suffit de cliquer ici).
L’invitation de Nissan pour voir le film Gran Turismo
J’ai quand-même regardé ce Grand Turismo Le Film Inspiré d’une histoire vraie (c’est le titre complet) pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’aime les films de caisses, et (surtout) parce qu’on m’a invité en avant-première (et que les pop-corns étaient offerts). Enfin, Nissan m’a invité. Donc ce n’est pas Sony. Donc on ne mettra pas ma tête à prix si je n’en dis pas du bien. Puis on n’achète pas un stagiaire, parce qu’il ne vaut rien.
Critique du film Gran Turismo sans spoiler version courte
Il a du mal à démarrer ce film. Les acteurs ne jouent pas trop mal (important pour un film inspiré d’un… jeu). Sauf Orlando Bloom, aka notre cher Legolas, qui s’en sortait mieux en Elfe, preuve que la marque de carburant, ça compte. David Harbour se la joue Robert Duval dans Jour de Tonnerre, mais avec moins de charisme et plus de cheveux (le bâtard). Archie Madekwe, l’acteur principal qui incarne le pilote Jann Mardenborough évolue tout au long du film et ça va. Petite mention pour Geri Halliwell, toujours aussi jolie, dont l’écriture du personnage manquait de piquant (vous l’avez ?). De toutes façons, osef, on est là pour les courses de bagnoles.
Le problème vient de Sony qui a dû mettre une pression dingue à notre chez Neill. L’ouverture sur la réalisation de Gran Turismo passe assez vite, heureusement. Honnêtement, pendant les 30 premières minutes, je me suis ennuyé à en finir les pop-corns.
Puis l’histoire avance. On sent venir les différentes phases du film correspondant à celles qu’a connu Jann. Le film devient sérieux. Je ne sais pas si c’est fait exprès, mais ça reprend l’idée même du jeu devenant réalité. Et le monde réel est difficile. D’ailleurs, je vous déconseille de lire la page Wiki du pilote pour ne pas vous spoiler.
À partir de là, Neill reprend la main. Après tout, il avait déjà connu la pression de Sony pour les placements avec Chappie (et les PS3 empilées). On se prend littéralement au jeu (vous l’avez ?).
Un rythme soutenu et une sacralisation de la course automobile
On n’a pas le réalisme d’un Rush, mais on en a la tension. On n’a pas la précision historique d’un Le Mans, mais on en a l’enrobage. Et mieux, on retrouve le lien pilote-mécano qui a fait la force de Day of Thunder. Certains passages sont faciles, mais on est face à un film, pas un documentaire.
On se surprend à sourire aux clins d’oeil envers le jeu. Ces mêmes clins d’oeil qui nous saoulaient au début.
Mais ce que j’ai apprécié, c’est la passion pour le sport auto qui se dégage du film. Le son des moteurs est un régal. La réalisation des courses est immersive, la photographie est juste. On ne se tape une colorimétrie bleu and orange de merde (coucou Le Mans).
Ouais, il y a pas mal de poncifs à la con, mais par rapport à bon nombres de films nuls sortis, c’est cool. Et si vous tenez à kiffer, regardez le film Michel Vaillant avant. Après cette daube, tout n’est que chef d’oeuvre.
Avec un peu de spoilers : Un Gran Turismo ze mouvi pas parfait, un peu facile, mais qui transpire la passion pour le sport auto
On commence par une publicité de GT7 dont j’avais pondu un truc (et qui a beaucoup évolué depuis d’ailleurs, mais ce n’est pas le sujet). On mange beaucoup de Sony (évidemment). Et franchement voir un Xperia plutôt qu’un iPhone ne fait pas de mal.
On a du mal à entrer dans le film. Le placement de GT7 nous arrive en pleine tronche. On ajoute le fameux conflit père – fils façon Billy Elliot, la boxe en moins, le foot en plus. La scène façon Need For Speed est foireuse et fait peur pour la suite, car un jeu qui joue la carte du réalisme se doit d’être représenté par un film qui l’est un minimum. Et ce sera mi-essence, mi-diesel.
Puis c’est l’avalanche : la romance, la volonté de réaliser ses rêves, le sentimentalisme. Comme pour vite se débarrasser des contraintes d’un cahier des charges trop axé communication. Sony d’ailleurs ne lâche rien et on a même droit au placement d’un lecteur MP3. C’est limite si on se tape pas un bandeau avec écrit : « achetez les produits SVP, soyez cool ! ».
Un film diesel, sans Vin, qui met du temps à démarrer
Mais passées les 30 premières minutes, les choses bougent. La trame du film se dessine. Neill reprend le contrôle sans jamais être limité. On commence à se prendre au jeu qui n’en est plus un. Je m’en suis rendu compte en rongeant mon 3ème ongle. Comme s’il avait filé aux producteurs ce qu’ils avaient réclamé en bloc pour s’en débarrasser et gérer la réal de manière plus libre derrière.
Les images sont belles, les scènes sont fortes, les sons des moteurs, puissants ont filé des frissons et fait vibrer la salle. La place de la musique est intelligente.
Il y a des raccourcis (pas sur le circuit, dans le film) et certaines facilités nécessaires pour gagner du temps. Les acteurs sont un peu limites et Orlando Bloom est noyé dans ce film de caisse, ce qui est cocasse quand on a joué un elfe (pas facile celle-ci). Mais osef car les voitures, elles, donnent la réplique à merveille.
Neill a intelligemment intégré Gran Turismo au film et on joue le jeu avec lui. On éprouve de la tension alors qu’on connait l’histoire. Mieux, on s’attache et on s’abandonne à Jann, à son aventure sans filet.
Les raisons pour lesquelles j’ai aimé le film, même si OSEF de ma vie
Il y a également d’autres raisons qui m’ont fait apprécier le film :
- En 2023, le jeu vidéo est encore considéré comme une perte de temps et un truc pour gamins ou chômeurs. Mais c’est désormais plus que ça. La GT Academy l’a prouvé depuis 2008.
- Le film Gran Turismo pioche allègrement dans Rush, Le Mans et Jour de Tonnerre. 3 putains de films à voir et revoir. C’est mieux que Michel Vaillant et Fast & Furious.
- Une petite claque est mise à l’univers super fermé et toxique de la compétition automobile.
- Le plus important, les voitures sont sublimées. En plus du son, les prises de vue sont oufissimes. Moi qui adorent les photographier, certains plans m’ont fait baver. On ressent la vitesse et les CGI sont très propres.
- La musique a eu droit à une gestion particulière et ça rend bien.
Oui, le film Gran Turismo est cool, mais…
Je ne vais pas être plus long. J’ai aimé. Ça ne veut pas dire que ce film Gran Turismo est bien. Parce que je suis toujours bon public pour les films de caisses. Parce que j’adore le jeu depuis le 1er opus. Parce que ce film est la mise en image du fantasme de millions de joueurs. Parce que je ne m’attendais à rien. Parce que Neill sait diriger un film malgré la pression des producteurs.
Je ne sais pas. Peut-être que devant l’écran, j’avais aussi, inconsciemment, envie de kiffer le film comme j’ai adoré et saucé les jeux. Avec une sorte de Suzuki Jimny Cricket qui me soufflait à l’oreille « ça aurait pu être toi si t’avais eu du talent et de la volonté, c’est dommage hein ».
Bref, n’y allez pas pour chercher ce qui ne va pas. Ce n’est pas du niveau de Rush ou Le Mans, mais c’est cool. Allez-y juste pour voir ce qu’un grand enfant a fait du jeu que vous aimez. Et si vous êtes plutôt Forza, ben attendez le film (c’est gratuit, je sais).
Spoilers de ce qui m’a fait un peu tiquer
- Ça passe vite de la GTR à la LMP2 du Mans.
- Un peu trop larmoyant, surtout le père à la fin.
- Le coup des trajectoires, façon coup de pied de Karate Kid, c’est un peu trop, mais bon, c’est un film.
- Quelques scènes de drama inutiles (le choix d’Orlando pour l’autre pilote qui ne sert à rien du tout à part à montrer qu’il joue mal un connard, ce qui en fait peut-être un type bien, qui sait ?).
- Le conflit riches/pauvres est mal amené. D’ailleurs tous les pilotes hors GT Academy sont des salauds dans le film. Dommage pour la nuance. Y a des gars cool, comme
VerstapenHamiltonFlash Mc Queen. - La
KoniggsKeunigseKoenigsegg Gemera en placement produit comme bagnole du méchant pilote connard riche, j’étais pas prêt, mais c’est validé. - Le coup de « suis TA trajectoire », en référence au titre de la B.O de Gran Turismo 7 d’ailleurs, qui est la métaphore de suivre sa voie, son envie, sa passion et de construire son propre destin. Une jolie morale pour éviter de finir avec un gilet jaune à un rond-point sans avoir été en panne. Le fameux quand on veut, on peut. Sous entendu : sinon t’es un looser. Ben cette morale est totalement conne, puisque la GT Academy, ça a été des milliers de joueurs qui ont voulu et n’ont pas pu. Après, le cafard, le lion, toussa.
Le mot de la fin
Franchement, Gran Turismo n’est pas parfait. Mais c’est un bon film de caisses, qui se donne les moyens financiers de ses ambitions. Comme le dirait Titouan : « Neill a pris une nouvelle trajectoire dans sa carrière et le film Gran Turismo tient bien la route ».
Il y a une seconde lecture qui nécessite un bon dealer probablement. Et vu le cahier des charges et le point de départ, ce n’était pas gagné. Puis ça change un peu de voir des caisses réelles sur circuits, plutôt que des trucs improbables dans l’espace avec 2 rappeurs US à l’intérieur.
Je ne me serais pas senti floué de le voir au ciné. D’ailleurs j’irai certainement le revoir avec mes proches, ça vaut bien plus les 12 € que GT7 ne valait ses 100 balles en édition collector à la sortie (aujourd’hui, il est moins cher et bien plus complet et il vaut ses 30 boules).