La nouvelle Lamborghini Countach LPI 800-4 : la nostalgie insatiable
Le 25 août dernier, Lamborghini a dévoilé la réédition pour les 50 ans de la Countach, (47 ans exactement avant le début de la production en 1974, mais 50 ans depuis la présentation du concept LP-500 au salon de Genève de 1970). Je vous en aurais bien parlé plus tôt mais j’étais sur une plage, un peu mouillé, dégustant des crèmes glacées (on a la vie de stagiaire qu’on mérite). Ce n’est toutefois pas un problème, puisque de toutes les manières, cette nouvelle Countach n’avait aucune chance de plaire aux boomers. Et ce pour trois raisons que je vais évoqué dans la suite.
Première raison : le fantasme de l’ancienne Lamborghini Countach LP400
Si vous avez connu la Countach, vous aviez au moins 6 ans en 1974. Donc aujourd’hui, vous avez 54 printemps (ça fait mal, je sais, et ce n’est pas fini). A moins d’avoir un parent pilote, fan de Lamborghini et souhaitant assouvir un rêve onéreux et dangereux, il n’y a aucune chance que vous n’ayez réellement connu la Countach. Au mieux, vous avez, comme moi et comme beaucoup, squatté devant un modèle croisé une fois dans le sud de la France, avec pour seule chose financièrement accessible, un magazine auto et une paire de ciseaux, afin de scotcher le modèle sur le mur de votre chambre, défonçant salement le papier peint dans la foulée.
La ligne vous faisait rêver et vous n’aviez que faire qu’elle embarquait des radiateur de F1 ou que son V12 était appelé LP en référence à sa position longitudinale arrière. Donc pour vous, la Countach c’est une caisse à la ligne d’un futur qu’on imaginait dans le passé, démesurée pour l’époque (alors qu’une 407 coupé fait à peine 13 cm de moins en largeur), et magique. C’est un rêve flou dont les visuels et certaines vidéos ont pu, quelque peu, corriger la netteté. Mais ça reste un idéal, un fantasme. Vous idéalisez une voiture de sport d’une époque qui reste encore aujourd’hui dans vos esprits formidables. Par conséquent, soit la nouvelle version était une copie parfaite de l’ancienne et dans ce cas, vous auriez crié au scandale, soit elle est, comme c’est le cas, une version moderne et vous êtes forcément déçus. D’ailleurs, demandez à n’importe quel ado de 28 ans aujourd’hui ce qu’il en pense et il vous répondra « Sah ! Quel plaisir frérot ! » (ce qui signifie « effectivement, elle est superbe, à m’en déchirer la rétine »).
Seconde raison : la lassitude de la nostalgie et du néo-rétro
Quand Volkswagen a sorti une version moderne de sa voiture du peuple, le public fut aussi surpris que dubitatif. Si certaines tentatives ont foiré, comme le PT Cruiser, d’autres ont su s’imposer à tel point qu’aujourd’hui, les voitures néo-rétro sont craquantes :
La Mini (avant dernière version avec les bonnes proportions), la Mini en version Clubman avec ses ports d’utilitaires type Fiat Doblo, la Fiat 500, qui mériterait un article entier tant Lucas de Méo a réussi son coup de poker en la vendant 2 fois le prix initialement prévu et qui est encore aujourd’hui, ultra désirable 17 ans après la présentation du concept (identique au modèle de série) au salon de Genève de 2004.
On peut également citer la Honda-e, la Peugeot e-Legend, l’Opel Manta, l’Alpine, plus récemment la Renault 5 et on va s’arrêter là.
Vous avez saisi l’idée. Mais comme il s’agit de la Countach (et comme évoqué dans la première raison), vous vous attendiez forcément à un truc de fou, qui balaie d’un revers de la mitaine de cuir ces trucs de boomers, pour claquer la rétine et faire battre votre petit palpitant. Malheureusement, cette Countach peine à cacher son cœur d’Aventador. Or, vous avez sûrement remarqué que depuis quelques temps, le néo-rétro cède sa place au futur : des modèles comme le nouveau Duster, la Hyundai Ioniq 5 ou le Tesla Cybertruck viennent imposer un design moderne, différent. Une chose totalement logique puisque Tesla n’avait rien à sortir de l’ancienne époque, à part peut-être une carte-mère à roulette. Cela influe sur notre perception de ce néo-rétro. Il est encore tendance, mais, d’une manière lente et sournoise, les nouvelles formes suscite une lassitude et nous rendent de plus en plus exigeant.
Troisième raison : une Countach pas suffisamment mortelle
J’ai eu la chance de parler avec quelqu’un qui a eu le courage la joie de faire un Paris – Sud de la France avec une Lamborghini Countach LP400. C’était un mois quelconque de l’année « on n’en a rien à foutre » et il évoquait à quel point cette caisse était une plaie. Il racontait comment il fallait supporter la chaleur, car en été, sans clim (pour rappel), il était conseillé de mettre le chauffage à fond pour refroidir un peu le V12 qui bouillait. Il détaillait comment il avait dû nettoyer le siège en cuir qu’il avait marqué intensément suite à un passage éphémère sur une route grasse, et à la manière dont la Countach avait fait zouker ses hanches galbées pour se frotter délicatement bord de la route. Il comptait tous ses efforts pour réussir à passer chaque rapport sans taper dans la grille, comment gérer l’effet On/Off de la pédale d’accélérateur alors qu’il s’agissait pourtant d’un moteur atmosphérique bordel, comment supporter l’odeur du Super avec Plomb qui régnait dans l’habitacle et surtout comment, à chaque virage, cette Lamborghini Countach pouvait te prendre tes économies et ta vie avec.
Vous vous imaginez donc bien qu’en 2021, alors qu’on nous oblige à mettre un casque aux enfants qui font de la draisienne, à bouger quand on a mangé une tartine de pâte à tartiner sans sucre bio et à combattre l’injustice à coup de 280 caractères sur un site dont le logo est un oiseau bleu heureux, un tel engin, vendu de série avec la grande faucheuse comme copilote, aujourd’hui, serait classé comme armement militaire.
C’est pour cela que, peut importe ce qu’aurait pu proposer Lamborghini. Les gens qui comme nous avons rêvé de cette caisse à une période révolue n’aurions jamais pu l’apprécier. Car aucune réalité ne peut égaler un fantasme automobile. Sauf une Nissan GTR.
Les caractéristiques et les photos
Donc cette Lamborghini Countach est une vulgaire Aventador rebadgée, arborant un châssis monocoque en fibre de carbone afin de n’afficher que 1 595 kg sur la balance. C’est peu compte tenu du V12 toujours placé en position longitudinale arrière (Longitudinale Posteriore). Il délivre 780 taureaux chevaux en plus d’être aidé par un moteur électrique (le futur) 48V de 34 chevaux alimenté par un supercondensateur (selon Lamborghini, cette solution offre 3 fois plus de puissance qu’une batterie li-ion pour le même poids) monté directement sur la boîte de vitesse, pour une puissance cumulée de 814 chevaux. Le tout transmis aux 4 roues motrices (ça fait mal je sais) d’où le nom de Longitudinale Posteriore Ibrido 800 Chevaux 4 roues motrices ou encore LPI 800-4 (le compte est bon).
Tout ceci est transmis au sol sous la garde de roues 20 pouces à l’avant et 21 pouces à l’arrière de monte Pirelli (roulez bien le « r ») Zero Corsa.
La marque italienne ne s’est pas arrêté là niveau nouvelles technologies puisqu’on les grilles d’aération à l’intérieur de l’habitacle sont faites en impression 3D. Quant au toit, sa partie vitrée est photochromatique (photons = lumière ; chromatique = couleur) dont la transparence varie en fonction de l’intensité lumineuse. Une belle manière de contempler le ciel puisqu’au volant de cette nouvelle version, on a la vie devant soit plutôt que la mort à côté.
Pour les coloris, je serais bien passé outre mais une couleur m’a quelque peu interpelé : il y a donc le connu Impact White, le Giallo Countach et le Verde Medio. Ces coloris sont connus et déjà vus sur les modèles précédents. De nouvelles teintes font toutefois leur apparition : le Viola Pasifae et le Blu Uranus.
Aucun prix n’a été communiqué mais les 112 exemplaires ont déjà tous été réservés, alors on se contentera de ces quelques images.